Une tite photo svp ¤ Aiden

notes

L’image. Le paraitre. Les sourires. Plus ou moins forcé. Des comédiens. C’est tout ce que tu vois. Une immense pièce de théâtre. Rares sont ceux qui montrent réellement ce qu’ils ressentent. L’un craint le patron, l’autre la famille, et celui-là, il semblerait que ce soit sa femme, à la discussion agitée qu’il a au téléphone. Thunder Bay, c’est une grande fourmilière, et la reine de cette dernière, c’est l’image.

T’es photographe. Mieux que quiconque, tu le sais. Mais en ce moment, tu ne sais plus quelles photos prendre. Les écrivains ont le syndrome de la page blanche, toi… la pellicule blanche ? Peut-être ? Tu ne saurais pas trop comment appeler ça, mais en attendant, rien de ce que tu fais en ce moment ne te satisfait. Trop clair. Trop foncé. Trop exposé. Pas assez. La pose ne t’inspire pas. Le décor est moche, ne rend pas bien. Le maquillage est de trop, ou peut-être qu’il n’y en a pas assez ? Tout ce que tu sais, c’est que tu n’arrives plus à mettre cette patte, ta signature. Tes portraits sont…vides, sans identité. Ce ne sont que des copies de la réalité, et ce n’est pas ce que tu recherches.

Alors te voilà, assis sur ce banc, à regarder les passants, à la recherche d’inspiration. Inspiration que tu ne trouves pas puisque tout ce décor manque cruellement de personnalité. Il ne te reste qu’une seule et unique solution : te mettre à la place de tes sujets. Tu n’aimes pas particulièrement posé.e, du moins, pas sérieusement. Ça fait parti de cette longue liste de tout ce que tu prends pour un jeu. Mais il va bien falloir t’y résoudre. Et il y a cette annonce que tu as vu il y a peu, et que tu as pris soin de mettre en favoris puisque tu savais pertinemment que tu allais finir par céder.

Alors tu sors ton téléphone, ramène ta jambe contre toi et pousses un soupir. Longue réflexion. Les mots qui te viennent naturellement ne sont pas forcément les plus adaptés (je remarque d’ailleurs que c’est assez inhabituel que tu mettes des filtres, gg Frey). Genre « Salut mec, moi, c’est Frey, et je suis pourchassé.e par une secte de psychopathes, ils veulent tous ma mort, puis les anges et les démons existent, mais moi, je ne suis ni l’un ni l’autre, je suis simplement lae rejeton d’un démon et d’une humaine. Sinon, j’ai les cheveux verts. » Tu crains que ça fasse un peu… trop. Et bordel, ça me choque réellement d’écrire ce genre de mots avec toi.

Finalement, tu optes pour quelque chose de plus sobre. Tu te présentes simplement, et rapidement, ce n’est pas comme si on en a grand-chose à foutre de te connaitre, tu joins une photo de toi, et tu attends que ça morde. Ce que ça finit par faire.

C’est ainsi que quelques jours plus tard, tu es devant le studio de ce photographe. Aiden Prichar là, ou un truc dans le genre. T’espères qu’il n’y a pas de quiz sur sa personne, parce que t’as pas réussi à retenir son nom de famille. Il ne faudrait pas te griller dès le début. Tu entres. Tu ne hurles pas. Tu n’insultes pas la totalité de sa descendance. Tu fais en sorte de rester calme. Il faut dire que tu angoisses un peu, et que c’est un excellent calmant. Tu as l’habitude d’être derrière l’appareil photo. Pas devant.

Mais bon. Pour l’instant, tu n’as rien à faire, si ce n’est attendre qu’il arrive.  

notes

Eh, comment il te parle celui-là ? Tu ne sais pas pourquoi, c’est la première pensée qui te passe par la tête en l’entendant. Pourtant, les profils atypiques, tu as l’habitude, mais tu as simplement l’impression qu’il se paye ta tête… et tu aimes bien ! Ça le rend particulièrement amusant. Tu te doutes que c’est simplement qu’il est comme ça, qu’il ne cherche en rien à t’offenser mais tu n’as tellement pas l’habitude qu’on s’adresse à toi de la sorte que ça te fait vraiment tout drôle.

Mais tu te précipites ! Tu as oublié de parler de la première impression qu’il t’a fait. Lorsqu’il est apparu à cet encadrement de porte. Un maudit. C’est la première chose qui t’a frappé. Tu sais que ton frère est assez gêné face à eux, ils semblent représenter à ses yeux tout ce qu’il déteste le plus chez les démons. Toi… Tu estimes davantage que ce sont des idiots. Peut-être que les démons enjolivent la réalité de ce que c’est, être un maudit, mais ça n’empêche qu’ils devraient avoir conscience que leur âme a plus de prix que n’importe lequel des contrats. Après, ça t’arrange que les imbéciles existent, tu n’aurais pas cette puissance si ce n’était pas le cas.

Bref. Tout ça pour dire qu’en réalité, la première impression qu’Aiden t’a fait n’est pas des meilleurs. Tu as l’impression qu’il se fiche de ta gueule donc tu te fiches de la sienne en retour. De manière assez enfantine, tu le sais, mais ce genre de personnages qui semblent se prendre trop au sérieux, tu aimes bien dresser des caricatures assez grotesques d’eux, tu te dis que ça les aidera peut-être à poser un pied sur terre. Pourtant, t’es pas du genre à être bien ancré toi…

Tu te perds dans tes pensées, le suivant assez bêtement sans rien réponse. Tu as peur de dire une connerie si tu l’ouvres. Tu observes les murs, les photographies qui les décorent. Il semble être de ce genre de personnes qui pensent savoir. Qui pensent qu’avec quelques recherches, elles peuvent saisir des informations sur une personne… ça, tu l’as deviné grâce à l’approche neutre. Il a fait des recherches sur toi, c’est certain. Ce qui explique aussi ses élans de confiance : s’il savait à quel point il est à côté de la plaque.

Vous entrez dans son bureau. Et là, il te dit quelque chose qui te tire un sourire. A nouveau, tu regardes la pièce autour de toi, ne t’asseyant pas. Tu détestes être assis. Tu ne tiens pas en place de toute façon, excepté lorsque tu poses ! Tu te poses devant une des photographies, croisant les bras derrière son dos : « Habituellement, je ne travaille pas non plus avec les personnes qui ont l’air imbus de leurs personnes, suffisamment pour regarder leur client légèrement de haut en tout cas ! Il semblerait que nous fassions tous les deux des exceptions aujourd’hui ! » Tu lui adresses un clin d’œil, tu retournes à sa hauteur, t’accroupissant alors : « Alors tu vas rencontrer celui qu’est réellement Frey McQueen, beau gosse ~ Qu’est-ce que tu veux savoir ? »