Nobody ☾ Une ombre dans la ville

L'histoire de quelqu'un qui se battit, qui se démena, qui beaucoup perdit mais qui résista.


-Si tu dois prendre mon âme alors fais que quiconque me poursuivant voie mon identité s'effacer de leur mémoire. Que nul ne reconnaisse mon visage, que nul ne sache mon nom. Fais de moi une ombre, et mon âme tu auras.

Le démon souleva légèrement son chapeau, saluant ces paroles, les prunelles brillant de l'appât du gain.

-C'est comme si c'était fait, petite ombre.

Des mains qui se serrent, un moment de déchirement éphémère.
La pluie tombe, goutte, efface les traces de pas, s'imprègne dans les mémoires.
Elle est de la couleur du sang.


Qu'est-ce qui a poussé cette âme à se vendre ainsi, avec pour souhait ardent de disparaître des esprits des autres ? Il faut se plonger dans son histoire pour comprendre, cette histoire que nul d'autre à part iel ne connaît. Cette histoire qui commence à Tokyo, peu avant ou peu après le début du 21ème siècle. Iel s'en souvient dans les moindres détails.





C'est ici que Nobody a grandi. Comme beaucoup d'humains, iel alla à l'école, rentrait manger, jouait éventuellement avec quelques camarades, avait une vie familiale. Une vie familiale un peu spéciale étant donné qu'une bonne partie de ses membres était affiliée aux yakuzas. 
C'est la mère de Nobody qui fit en sorte de l'épargner un peu de toutes ces affaires qui les environnaient, l'encourageant à fond pour les études, extrêmement stricte mais c'était pour le bien de son enfant. Elle voulait qu'iel ait le choix de la voie qu'iel prendrait et non pas que ce soit le destin qui s'impose à iel. C'était une femme forte, un morceau de métal impossible à plier, qui dirigeait les affaires d'une poigne ferme et intransigeante.

Nobody se lia assez vite à un autre môme de yakuzas, un certain Ren et bientôt il fut rare de ne pas les voir traîner ensemble. C'est un même délire autour des katanas qui les rapprocha et ils s'amusèrent de nombreuses fois à s'organiser des combats d'épées de bois. Ils se comprenaient facilement et rapidement sans qu'il n'y ait besoin de parler de trop. La salive, ça ne se gaspille pas en paroles inutiles, leurs parents le leur avaient bien appris. Impossible de dire si c'est Nobody ou Ren qui les entraîna tous les deux à s'inscrire à un club de self-défense à 11 ans - à moins que ce ne soit leurs parents - mais on peut dire qu'à eux deux, c'étaient des furies si jamais ils se faisaient attaquer. 

En effet, de par leur condition d'enfants de crapules, les autres parents déconseillaient silencieusement à leurs gamins de les approcher, ce qui de fil en aiguille les isola et comme on le sait, c'est lorsque la proie est esseulée que les hyènes sortent. Sauf qu'ils n'étaient pas seuls. Chacun protégeait les arrières de l'autre en une confiance totale. Certes, quand ils étaient face à plus fort, la meilleure option restait souvent la retraite stratégique, mais qu'est-ce qu'ils avaient pu en distribuer des raclées quand même.

C'est que, en tant que mini-yakuza, même si on est pas mal surveillés par les grands, il faut aussi savoir se défendre. Nobody n'était pas fan de violence mais iel n'allait pas se laisser marcher sur la tête, et Ren non plus.

☾ Japon, Tokyo, Roppongi, yakuzas : enfance + adolescence




☾ N. décide finalement de ne pas se mêler aux affaires des mafieux ce qui attire de nombreux regards mauvais sur iel malgré la position de sa mère. Sous la pression, iel se retrouve contraint avec Ren de participer à quelques coups.




☾ Les yakuzas, ça ne lui plaît absolument pas, alors iel décide de se barrer. Avec un butin de yakuzas pour marquer le coup : deux précieux katanas d'une famille ancienne et respectée, qu'iel remet à un musée de l'Histoire Nippone de la Guerre ou quelque chose du goût. C'est une petite "vengeance" personnelle qui lui coûta beaucoup, mais au point où iel en était...

Iel se fit donc poursuivre.

Galère, sang, drama. En a marre de devoir fuir, de vivre dans la crainte de se faire attraper au moindre relâchement. Iel ne veut pas retourner chez les yakuzas, d'autant plus que c'est sa peau qu'ils veulent maintenant, enfant de Mikasa ou non. Sa peau, car pour s'en sortir iel a balancé quelques noms, mettant dans la mouise beaucoup de membres. Ça ne pardonne pas, encore moins que son vol. S'ils remettent la main sur iel, c'est la fin.




☾ Arrive au Québec, se fait accueillir par un petit couple de vieux adorables. Sauf que qui dit pas loin du Canada dit Bones, et qui dit Bones dit mafia et entre mafieux, les infos circulent beaucoup. Petits vieux tabassés pendant son absence. Nobody souhaite disparaître sous terre. 
C'est alors que débarqua un démon, qui lui proposa un contrat. Un contrat qui lui permettra de se poser, d'arrêter de fuir, qui lui assurerait une certaine sécurité à l'égard de ses poursuivants. S'iel devait vivre puis mourir, ce ne serait pas comme un sale chien au coin d'une rue tremblotant d'incertitude, seul face au monde. Plutôt l'Enfer qu'une fin aussi merdique. Iel réfléchit à ce qu'iel souhaitait de ce contrat et le conclut, modifiant ainsi la finalité de son destin.

Iel était maintenant maudit.e, mais au moins iel n'aurait plus besoin de fuir puisqu'iel disparaîtrait de l'esprit de ses poursuivants. Sans un visage, sans un nom, comment retrouver quelqu'un après tout ? 
C'était déjà l'enfer de devoir vivre dans l'insécurité et dans la fuite, ça ne doit pas vraiment changer grand-chose six pieds sous terre. Iel ne regrette pas son choix.




☾ Se déplace à Thunder Bay et s'y fait une vie discrète, faisant une formation en régie parce que maudit.e ou non, iel reste humain et faut bien avoir de quoi s'acheter du pain. Et un toit, accessoirement.
☾ La découverte de l'existence des anges et des démons lui fait d'abord froid au dos puis iel se dit qu'il vaut mieux ne pas trop se mêler à eux. 

Sauf que par la force des choses, iel se rendit compte qu'il y aurait beaucoup à gagner à jouer les navettes informationnelles. Iel reste prudent, mais iel se dit aussi que la malédiction qu'iel s'est infligé.e pourrait lui servir à rétablir le bien en rétamant les mafieux, pour qui iel n'a plus que peu d'estime après avoir vu ce dont ils étaient capables. C'est le revers de sabre, l’œil pour l’œil et le croc pour croc après tous les malheurs qu'ils ont semés et continuent de répandre.
Nobody agit dans l'ombre. Pour la lumière. Pour sa satisfaction personnelle. À distance, à l'abri. Le brouillard sur son identité est jusque-là sa protection la plus efficace.
Nobody n'a jamais été du genre à se laisser abattre et ça ne changera pas même si son âme n'a plus aucune chance de salut.