Le tic-tac de l'horloge te réveille en sursaut. Tu faisais un cauchemar, tu ne t'en souviens pas. Tu sais juste que tu es en nages, que ta gorge te fait mal comme si on avait essayé de t'étrangler et que tes tempes vrombissent de manière métallique contre ton cerveau. Ton cœur et tes draps sont désordonnés, tordus et plissés.
Les sueurs deviennent froides car tu tiltes très rapidement le problème. Tu n'as pas d'horloge à cadran, donc le seul bruit susceptible de déranger le quasi silence de ton chez-toi est le ronron sourd du frigo, quand il ne tombe pas en panne.
Tes yeux fixent le plafond, cherchant d'autres anomalies dans ton environnement par ton ouïe, mais il semblerait que ce soit la seule. Ta respiration s'apaise pour se faire silencieuse. Tu refermes les yeux. Ce n'est qu'un rêve. Tu as l'habitude qu'ils paraissent aussi vifs. Dans quelques minutes, tu te réveillerais pour aller à ton boulot nocturne de la semaine. Tu glanerais des informations utiles ou non au passage. C'était tout.
C'était tout.
BANG BANG BANG BANG !!!
Cette fois, tu te redresses avec la vitesse des proies aux aguets.
Les coups à la porte continuent, durs et implacables.
Tu bondis silencieusement hors de ton lit, le cœur battant de façon si serrée qu'il te semblait qu'on le pressait trop fort contre tes côtes. La panique frôla tes nerfs pour mieux les foutre à vif. Tu avais la respiration courte, de nouveau. Tu t'enfuis vers la cuisine, cherchant là un couteau, tes mains fébriles fouinant dans les tiroirs. Tes doigts suaient, glissaient, mais finirent par trouver et saisir.
Les pensées se bousculaient dans ton esprit maintenant à l'opposé de l'embrumé.
Comment m'a-t-on trouvé ? Que me veut-on ? Qui est-ce ? Danger ? Tuer ? Capturer ? Torturer ? Sang ? Douleur ? Brisures ? Cassures ? Fuir ? Fuir ? Fuir... Fuir.Les coups s'arrêtèrent soudainement.
Tu sortis précautionneusement le nez hors de la cuisine, maîtrisant à grande peine ton effroi.
Ta poigne se raffermit sur ton couteau.
Tu devais te calmer. S'il s'agissait d'un démon ou d'un ange, il pourrait sentir l'odeur de ta peur.
Tu inspiras par le nez, bloqua l'air dans tes poumons. Tes veines pulsaient désagréablement, étrécies par le stress soudain bien qu'accoutumé.
Et toujours ce tic-tac.
Tu avisas l'horloge, en plein centre de la pièce qui faisait à la fois office de chambre et de petit salon, bien que tu n'y invitais personne d'autre que la solitude.
Tu expiras longuement, en silence.
Tu ne tremblais plus.
Tu avanças prudemment. Tu t'attendais d'un instant à l'autre à ce que quelqu'un brise ta fenêtre, détruise les volets à coups de hache et pénètre à l'intérieur pour t'atteindre. Tu surveillais les ombres suspectes de l'endroit, épiant le moindre signe de danger.
Tu avais une porte arrière, mais elle était peut-être cernée.
Tu décidas d'aller jeter un œil à l'œil-de-bœuf. Tu te penchas dessus, le sang circulant bien trop vite à travers ton corps.
Rien.
C'était noir. Vide.
Badum-badum-badum-badum-badumTu posas ta main sur la poignée.
Peut-être pourrais-tu faire semblant que cet endroit est abandonné. Tu ne comprenais rien à ce qu'il se passait. Une horloge brisée ? Des coups sur la porte à trois heures du matin ?
Ce qui te décida à ouvrir, c'est d'entendre des voix de l'autre côté, résonnant comme si elles se trouvaient dans un couloir.
Un couloir.
Alors que tu vis presque littéralement en pleine cambrousse.
Un couloir.
Tu collas d'abord ton oreille à la porte à la peinture ternie depuis des années maintenant.
C'est après de longues secondes que tu ouvres ta porte, le couteau prêt à fendre et défendre.
C'était bien un couloir.
... C'était bien un rêve, du moins c'est ce que tu crus.
D'autres personnes étaient là, tu en connaissais au moins une.
Tu voulus retourner en arrière, mais ta porte se ferma silencieusement derrière toi. Tu essayas de la rouvrir, mais impossible. Tu te figeas.
Que se passait-il.
C'était n'importe quoi.
Qu'importe ce que ce rêve te réservait, tu effaças ta présence comme seul.e tu sais le faire. Tu camouflas la lame dans ta manche.
Tu remarquas le papier à tes pieds et le saisis, le déplias.
Une horloge pointant minuit.
Tu le rangeas dans la poche de ton legging. Malgré ta polaire, tu frissonnais.
Comment te réveiller ? Parce que oui, tu connaissais les anges et les démons assez pour savoir ce dont ils étaient capables et non, créer ce genre d'endroits et de situations n'en faisait pas partie.
Tu ne bougeas pas, espérant passer inaperçu.e. Tu préférais te fondre dans les décors plutôt que de te faire remarquer. Ce sont ceux qui se font le plus remarquer qui se font abattre les premiers.