Tu ne comprends pas bien les codes de ce monde, dû à l’extrême violence qui a rythmé ton enfance. Est-ce normal, ce qu’il t’arrive, là ? Les humains sont-ils toujours pareils ? Ont-ils tous un immense besoin de te frapper, de te ramener plus bas que terre, de te cracher à la gueule, faire comme si tu n’étais moins que rien à leurs yeux ? Il semblerait que la réponse à toutes ces questions soient : oui. Mais tu préfères ne pas t’emporter contre eux, ce ne sont encore que de petits humains, puis, ce n’est que toi. Ils ont le droit de te faire du mal, et ça ne te dérange pas tant que ça : ils ne frappent pas fort. Ils sont franchement petit joueur à côté de ton bourreau.
Tu restes donc en boule, sans un mot, sans une larme, à simplement te faire insulter gratuitement, ou frapper, ou tirer les cheveux. Ils espèrent que tu redresseras la tête. Ils espèrent que tu les regarderas en face, mais rien n’y fait : tu ne bouges pas d’un poil. Tu restes dans la même position : et si ça les frustre, tant mieux. C’est le jeu, ma pauvre lucette. Ce que tu te demandes, c’est combien ? Combien de personnes sont passés sans rien dire, sans oser intervenir ? L’harcèlement est définitivement une des plus belles images qui soient pour illustrer ce monde : ils regardent, ils voient, ils parlent, disent que c’est mal, collent des pancartes, mais n’agissent pas. Ils n’agissent jamais.