GRAGROUUUU !!! [PHOBOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOS]

Tu erres dans les rues, toujours à la recherche de divertissement, de nouvelles découvertes. Thunder Bay a pas mal évolué ces 10 dernières années, plein de nouveaux bars sont arrivés, de nouveaux endroits plein de sucrerie et de petites douceurs en tout genre. Ou de grosses malbouffes. Et toi, les deux te vont à merveille. Puis, là, c’est l’heure de manger. Et tu ne rates pas un seul repas : ce serait un sacrilège.

Alors tu cherches. Tu cherches une petite pépite qui saura te faire saliver… Et cette gamine qui croque la jambe d’un pauvre homme qui semblait un peu trop confiant semble être un parfait amuse-bouche. Un petit sourire amusé étire tes lèvres. Quel fascinant spectacle. Bordel, si seulement tu avais du maïs à popcorn et un micro-onde sur toi ! Tout serait tellement plus simple ! Ouais… T’as des pensées cheloues quand t’as fait, t’en as conscience.

N'empêche, c’est qu’elle a l’air de mordre fort c’te saloperie ! Un vrai parasite ! Et toi, en bon gentleman que tu es, tu vas aller aider ce brave homme. Solidarité masculine. C’est faux, elle t’intrigue juste. Tu tires légèrement sur tes gants puis t’approches de la démone. Tu t’accroupis afin d’être à sa hauteur et ricane : « Lâche la jambe. »

Tu tapotes sur sa tête d’un doigt autoritaire. Elle va te bouffer le doigt ou pas ? Franchement, t’es curieux ! A quel point cette nana est-elle malade ? Tu répètes, te retenant vraiment de rire : « La jambe ! J’ai quelque chose de plus appétissant à te proposer, c’est plein de poil, c’est indigeste. »

Tu relèves la tête vers l’homme : « Sans vouloir vous vexer, monsieur. »

Tu lances un petit regard à l’homme qui chouine au sol. Lamentable. Ce n’est qu’une gamine. Certes, une démone, mais une gamine quand même. Il ne fait pas d’effort. Il n’a vraiment aucune fierté. Ça te donne légèrement envie de lui éclater le crâne. Il te dégoûte. Ce n’est pourtant pas si compliqué de rester debout, ou au moins de ne pas se laisser à toutes ces larmes puériles qui semblent sortir tout droits des yeux d’un enfant qui a un petit peu trop peur du croque-mitaine.

Finalement, tu reconcentres ton attention sur la démone. Tu as attiré son attention, sans grande surprise. Tu te relèves, prêt à lui tourner les talons. Elle te suit, ou elle ne te suit pas, c’est son problème. Tu resserres légèrement ta queue de cheval, commençant à t’éloigner de cette scène aussi grotesque qu’amusante : « Viens gamine, je te laisse choisir le restau. C'est moi qui régale. »

La population commence à se regrouper autour de ce pauvre homme qui continue de geindre comme un chiot perdu pour lui venir en aide. Toi, tu finis par t’arrêter pour qu’elle te rejoigne, tournant la tête vers elle, les mains dans les poches. Ouais… tu n’arrives pas à la voir comme autre chose qu’une enfant. Une enfant capricieuse, mais qui a son petit côté attachant : « Tu feras gaffe, mon offre a ses limites, et je doute fortement que tu préfères le goût de sa viande à lui, elle n’a vraiment pas l’air appétissante. »

Et toi, t’as à peine l’air fou, tranquille.

Rolala, la crise d’ado. Ça te fait doucement sourire. Elle est mignonne avec son petit air fier et suffisant. Ouais, vraiment. Tu la laisses passer devant sans broncher, regardant rapidement autour de toi. Les échos des pleurs de l’autre imbécile résonne encore au loin. Elle doit être fière d’elle. En mordant ce type, elle se fait inviter gratos. Maintenant que tu y penses, c’est étrange comme réaction. Tu veux dire, c’est un peu comme avec un chien, il faut le féliciter d’un bon comportement et il recommencera… Tu espères qu’elle n’est pas comme ces animaux, sinon, elle risque d’avoir pas mal de désillusions… et de poils dans la bouche aussi. « Personne ne va chialer ici, ne t’inquiète pas pour mon portefeuille. Et pas besoin de monter sur tes grands chevaux Prunille, tout va bien se passer. »

Prunille. La plus jeune des orphelins de Baudelaire. Une sorte de machine à mordre qui communique avec ses dents. A défaut de se présenter, il a fallu que tu lui trouves un p’tit surnom. Tu finiras peut-être par lui mettre un petit collier avec son nom dessus. Pour ne pas la perdre, au cas-où.

… Elle serait capable d’apprécier de la bouffe pour chien ? Ouais, tu te poses des questions étranges, mais la vie est faite d’expériences, et tu as bien envie de tester ses limites culinaires ! « Et évite de parler trop fort de tes potentielles pratiques cannibales, tu as l’air d’en savoir un peu trop, ça peut paraitre louche pour le commun des mortels~ »

Elle change de sujet, te tirant un petit sourire. Elle aurait pu s’en foutre. Elle aurait pu continuer sur sa lancée cannibale. Elle aurait pu continuer à jouer la folle : de toute façon, elle s’est déjà suffisamment enfoncé dans ce rôle pour que ce ne soit pas étrange, aux yeux de qui que ce soit. Mais non : elle a écouté tes précieux conseils, et a changé de sujet. Quel brave toutou. Aussi docile qu’une enfant. Décidément, on y revient souvent, à cette Prunille. Elle a probablement les mêmes capacités intellectuelles qu’elle… Bordel, si seulement elle pouvait t’entendre penser.

Alors elle se décide à parler de ton portefeuille. Il y a une chose à savoir sur ta personne : tu as un égo surdimensionné. Ange a réussi à y mettre un coup, mais pour cela, elle a dû travailler d’arrache-pied pendant 10 ans. Tu as bien compris ce que la gourmande essaye de faire, mais très franchement, ça te passe au-dessus de la tête : c’est bas et mesquin, tout ce qui ne te touche pas, en bref. Surtout venant d’une inconnue qui quelques minutes plus tôt semblait pouvoir se contenter d’un peu de poils à la viande. Ouais parce que vu la quantité de poils qu’il y avait… même ton chien en bouffe moins lorsqu’il se fait sa toilette : « Disons que je n’ai pas à me plaindre de ma situation financière, plutôt. »

Surtout, qu’elle n’hésite pas à te le dire si tu fais des phrases trop longues avec des mots trop compliqués dedans, parce que tu doutes réellement de sa capacité à comprendre certaines choses. Intérieurement, tu es mort de rire. Tu sens que cette après-midi va être amusante, à ses dépens, mais amusante quand même : « Elle est drôle ta manière de marcher. Tu fais comment pour ne pas te faire de croche-patte toute seule ? T’es une drôle de bestiole, j’t’aime bien ! »

Et une nouvelle fois, tu ris. Franchement, ses pics ne te font pas grand-chose. Tu as un peu l’impression de voir un poisson en dehors de l’eau qui tente de se débattre pour tenter d’y retourner. La plus grande différence entre elle et toi, c’est qu’elle ne peut qu’aboyer. Toi, tu peux mordre si tu le souhaites. Enfin, non pas qu’elle en soit incapable, elle t’a prouvé le contraire quelques minutes plus tôt, mais tu mords plus fort, et elle le sait. Alors même si elle fait tout pour piquer ton égo, tu sais qu’elle ne fera rien de plus. Si ce n’est faire chauffer ton compte bancaire, mais ça, ça ne te fait ni chaud ni froid : « Oui maman, je promet d’être sage maman. On peut se tenir la main maman ? J’ai peur de me mettre à courir partout, ou de ne pas réussir à me retenir de pleurer face à toutes mes frustrations ~ »

Et tu lui souhaites vraiment un bon courage pour tenter de vider ton portefeuille. Tu t’assois en face d’elle sans adresser un seul mot au serveur, de simples sourires et hochement de tête. C’est marrant, vous ressemblez un peu au tonton et à la nièce, sauf que c’est la nièce qui prend les devants. Le serveur s’éloigne, toi, tu le reluques un coup. Il a un cul de malade, ce serait un crime de ne pas en profiter, et toi, tu es trop faible pour ce genre de choses !

Tu attrapes le menu et le lis. Tu en profites pour te présenter : « Enfaite, moi, c’est Phobos. Tu peux te présenter aussi, mais je doute que j’arrive à t’appeler autrement que Prunille. Tu lui ressembles bien trop. »

Et tu ne peux vraiment pas t’empêcher de faire la comparaison. C’est bien trop tentant. Tu penses qu’elle va te ramener à ton portefeuille, ou un délire dans le genre. Dans tous les cas, elle risque de chercher un moyen de te rabaisser, de te ramener à un moins que rien. Mais venant d’une gamine qui semble prendre du plaisir à bouffer les jambes et les poils de mecs franchement pas beaux, ça ne te touche pas des masses. Ouais, ça te fait vraiment autant d’effet que lorsque les chihuahuas t’aboient dessus. Ça t’amuse au début, puis sur la finalité, tu as juste envie de leur donner un coup de pieds parce que leurs aboiements sont un poil stridents et agaçants. Et tu as l’impression que ça finira par faire la même chose avec elle…