- Spoiler:
Coco Marshall
oc (c) Francesca Fedele
Croquez la vie... Mais non, pas comme ça ! Teste sur ton voisin ! CRUNCH-
"alien"
adapta+
curieuse
fleur bleue
négligée
teddy-addict
Nom :Marshall
Prénom :Coco
Surnom / Alias :Gloutonne et cie
Nom démoniaque :Baba
Origine :Canada même si elle a pas mal bougé lors de ses vies précédentes
Race :Démone de la gourmandise
Âge d'apparence :17 même si on pourrait lui en donner 22
Âge réel :792 ans [an 1229]
Occupation :lycéenne qui vit aux crochets des autres, vit en colloc' avec ses deux meilleures amies
Groupe :Residents
Arme démoniaque :
Prénom :Coco
Surnom / Alias :Gloutonne et cie
Nom démoniaque :Baba
Origine :Canada même si elle a pas mal bougé lors de ses vies précédentes
Race :Démone de la gourmandise
Âge d'apparence :17 même si on pourrait lui en donner 22
Âge réel :792 ans [an 1229]
Occupation :lycéenne qui vit aux crochets des autres, vit en colloc' avec ses deux meilleures amies
Groupe :Residents
Arme démoniaque :
butcher's knife
Caractère
- crush facilement
- adore consommer mais pas accumuler (sauf les peluches)
- à l'ouest
- déteste les anges et les rabat-joies
- insatiable à la limite du dangereuse
- n'a pas d'"ego" à proprement parler mais ne voit que ses propres intérêts
- déteste qu'on la prenne de haut
- mer calme x tsunamis
- déteste les gosses parce qu'ils sont aussi goinfres qu'elle et qu'ils n'aiment pas partager
- adore recevoir mais n'aime pas donner
- a la mauvaise habitude de croquer les gens qu'elle aime bien
- est du genre à se servir dans le frigo des gens si elle a un subit creux et que personne ne regarde
- flex
- facilement soudoyable quand on la cerne bien
- pas touche à ses peluches
- déteste les dentistes
- quand elle a trop faim, se met à grignoter le mobilier
- "odorat sélectif"
- n'aime les animaux qu'empaillés, en plastique ou à bouffer (soyez prudents avec les vôtres quand elle est à côté svp)
- n'écoute jamais les messages vocaux, fait partie de ce pourcentage agaçant de la population qui envoie littéralement 15 messages qui auraient pu tenir en 1 seul
- estomac d'acier
- du type shy attention whore mais avec ses exigences
- son chiffre fétiche est le 9
- nonchalante à la limite du flemmarde...
taille : petite/moyenne
corpulence : trop mince pour tout ce qu'elle bouffe
silhouette : jolies courbes
cheveux : déteints, mais bruns de base, courts
yeux : noisette
tenue : sport et jean flex noir, baskets et sandales en été
- adore consommer mais pas accumuler (sauf les peluches)
- à l'ouest
- déteste les anges et les rabat-joies
- insatiable à la limite du dangereuse
- n'a pas d'"ego" à proprement parler mais ne voit que ses propres intérêts
- déteste qu'on la prenne de haut
- mer calme x tsunamis
- déteste les gosses parce qu'ils sont aussi goinfres qu'elle et qu'ils n'aiment pas partager
- adore recevoir mais n'aime pas donner
- a la mauvaise habitude de croquer les gens qu'elle aime bien
- est du genre à se servir dans le frigo des gens si elle a un subit creux et que personne ne regarde
- flex
- facilement soudoyable quand on la cerne bien
- pas touche à ses peluches
- déteste les dentistes
- quand elle a trop faim, se met à grignoter le mobilier
- "odorat sélectif"
- n'aime les animaux qu'empaillés, en plastique ou à bouffer (soyez prudents avec les vôtres quand elle est à côté svp)
- n'écoute jamais les messages vocaux, fait partie de ce pourcentage agaçant de la population qui envoie littéralement 15 messages qui auraient pu tenir en 1 seul
- estomac d'acier
- du type shy attention whore mais avec ses exigences
- son chiffre fétiche est le 9
- nonchalante à la limite du flemmarde...
taille : petite/moyenne
corpulence : trop mince pour tout ce qu'elle bouffe
silhouette : jolies courbes
cheveux : déteints, mais bruns de base, courts
yeux : noisette
tenue : sport et jean flex noir, baskets et sandales en été
Histoire : /!\ TW CANNIBALISME /!\
Everything begins with the hungry.
Baba a eu de nombreuses vies, la majeure partie du temps sous la forme d'un homme. C'est il y a quelques vies qu'elle a décidé de tenter de façon plus régulière l'autre revers de la pièce, mais à vrai dire là n'est pas le sujet de son histoire.
Sa première vie commence chez les Aztèques, en Amérique Centrale. Cette vie a été un peu particulière, car elle l'a commencée sous la forme d'un bébé. Et pas n'importe quel bébé : elle remplaça l'enfant d'un très grand chef, assassiné par son collègue démon pour leur manigance diabolique. J'ai oublié son nom.
Une manigance qui semblait bien rôdée pour ces deux démons débutants. Ils s'infiltraient dans cette grande civilisation encore intouchée par celles occidentales, puis se débrouillaient pour accumuler des contrats et du pouvoir par la même occasion.
Au début, ça avait bien marché. Baba devait fournir beaucoup d'efforts pour être à la hauteur de sa "famille" - même si ses pouvoirs lui donnaient bien des facilités -, mais à vrai dire ils n'avaient pas visé leur bébé au hasard. Ce chef et sa moitié essayaient depuis des années d'avoir des enfants, sans succès. Baba était leur seul enfant donc - le coucou intrus. Ils n'en savaient rien, bien sûr...
Ils n'avaient ni oncles, ni neveux ni petit-fils - elle était donc le seul pilli de leur famille aristocrate.
Je disais donc que tout se passait bien, jusqu'à que Baba en aie marre de fournir des efforts tout le temps. Les conditions de vie à l'école étaient éprouvantables et elle ne voyait pas l'amusement à devenir un chef guerrier comme son père le voulait. La religion, ça la saoulait et de toute façon les autres métiers ne servaient en rien le plan qu'elle et son coéquipier avaient concocté en Enfer.
Coéquipier qui n'en foutait pas une, lui sembla-t-elle.
En plus, elle s'était prise d'affection pour ses "parents" et commençait à en avoir marre de leur mentir. C'était triste ça, un démon ayant mauvaise conscience !
C'est dans cette vie-ci qu'elle eut l'occasion de goûter quelques mets... particuliers. En effet, les plus puissants avaient le privilège de pouvoir manger de la viande humaine. Ça lui manque pas mal, de nos jours.
Un jour, une dispute éclata entre elle et son coéquipier. Baba décida une bonne fois pour toute qu'elle en avait ras-le-cul et alla parler à ses "parents". Elle leur dit qu'elle n'était pas leur fils et que celui-ci avait été assassiné peu après sa naissance ; qu'elle n'avait aucunement l'intention d'aller jouer le guerrier ou le chef et qu'elle préfèrait devenir cuistot au palais.
Bref : zéro ambition par rapport à leurs attentes, and fuck the world.
Bien sûr, les parents ne la crurent pas. Elle dut transformer sa main en patte d'animal pour qu'ils y croient très sérieusement. Sauf que son coéquipier déboula à ce moment-là, et voyant ce qu'elle avait fait et toutes les emmerdes que cela risquait de leur attirer s'il ne faisait rien, il supprima les parents. Il lui reprocha sa stupidité et son immaturité, lui annonça que c'était fini et que leur plan était fichu à cause d'elle.
Pendant qu'il se lamentait et donnait des coups de pied dans le mobilier en pestant de rage, une idée naquit dans l'esprit de la démone. Non parce qu'il l'avait vraiment emmerdée là. Il agissait comme s'il était son chef et qu'elle devait lui obéir au doigt et à l'œil. Il se prenait pour qui au juste ? Elle avait amassé bien plus de contrats en faisant les choses à sa manière qu'en suivant ses directives.
Elle planta sa patte en plein dans sa poitrine.
Le sang gicla.
Du sang couvrait les murs, beaucoup de sang. Le sien et celui des deux humains.
Elle n'avait même pas pu prendre son essence.
Elle regarda le cadavre à ses pieds avec un sourcil un peu étonné. Puis son ventre la démangea.
Le feu était encore allumé dans le foyer dévasté, il faisait nuit.
Ce serait dommage de gaspiller sa chair.
Un esclave découvrit la scène au petit matin, avec une Baba somnolente de son repas carnassier, entourée d'os et de viandes délaissées. Les deux humains étaient eux intacts. Seulement, le tribunal la jugea malgré tout coupable du meurtre de ses "parents". Elle fit partie des nombreux sacrifiés de l'année. Quelle ironie.
Sa seconde vie se déroule dans le royaume de Kanem (actuel Tchad) en tant que marchand d'esclaves. Son métier l'amène à découvrir les cultures arabes et surtout la Lybie, où le circuit de Baba atterrira majoritairement. Elle prendra sa retraite pour se poser dans un coin de l'Algérie - qu'elle n'a toujours pas pu investiguer personnellement. C'est malheureusement là que se terminera son parcours. Elle y croisa son versus, un jeune ange à ce moment-là. Autant dire que la rencontre se passa très mal. Elle fanfaronna qu'il ne pouvait rien lui faire sans lui-même se faire du mal. Il la tua sans absorber son essence. Elle n'avait pas prévu ce paramètre.
Elle se réincarna l'année d'après au Maroc, bien décidée à perpétuer un marché bien trop rentable sur tous les plans - financiers comme énergétiques. Et aussi parce qu'elle s'est pris d'intérêt pour la bouffe du coin et qu'elle était bien décidée à découvrir tout ce pan de continent. Elle mourut très bêtement dans cette vie-ci. Après s'être foutue une cuite comme elle n'en avait jamais connues avec un alcool incroyablement délicieux, son navire d'esclaves coula lors d'une tempête le même soir, victime d'un sabotage par un des membres de l'équipage. Il paraît que celui-ci survécut et se refit une vie au Cap-Vert.
C'est là qu'elle se dit qu'elle en avait un peu marre de se prendre toujours des merdes dans la gueule et décida de viser un peu plus au nord. Sa quatrième vie se passa donc à la Papauté d'Avignon en habits de prêtre. Enfin, avant de venir pour la France, elle se trouva tout d'abord en Italie aux côtés du pape. Par une suite d'évènements un peu improbables, ce dernier s'attacha à Baba et l'invita à fuir l'Italie pour Avignon avec lui et ses conseillers. C'était un lien un peu étrange, entre le distant poli et le respect attentif. Pour Baba, la vie de prêtre avait tous ses avantages : elle pouvait gagner des contrats assez facilement, était du côté du pouvoir et avait de la nourriture autant qu'elle le voulait. Plusieurs papes se succédèrent dans le même siècle mais elle ne bougea pas d'un pouce de sa petite position confortable.
De toute façon, monter en pouvoir, ça n'a jamais été son trip - ce qui en arrangeait plus d'un. "Chacun son biz".
C'est une incarnation qui se passa tranquillement, elle finit cette vie assez empâtée et partit juste avant que le vent ne ramène le pouvoir religieux vers l'Italie.
Comme la gastronomie arabe lui manquait, elle revint pour sa vie suivante en Algérie. Elle s'était dit que l'autre connard s'était barré et qu'elle pourrait ENFIN profiter de la culture locale. Ce fut le cas un moment. En fait, elle fut même cuistot dans cette vie-ci. Puis un jour, le même salopard à cheveux blonds entra dans son restaurant. La nuit tombée, il la coinça dans une allée.
"Je t'avais dit de ne plus jamais remettre les pieds ici."
Fallait croire que le petit commerce douteux à l'arrière du restaurant n'était pas resté inaperçu. Ce n'étaient pas des esclaves cette fois mais ça faisait quand même de gros dégâts. Sans compter les deux-trois âmes chipées de gauche à droite. Sauf que l'une d'entre elles comptait énormément pour cet ange-là. Malheureusement pour Baba qui avait fait plutôt profil bas dans cette vie-là, après un violent combat, son versus lui trancha la gorge.
Baba commença à se dire que le sud était définitivement son porte-malheur. Alors dans sa vie suivante, c'est sur les principautés russes qu'elle misa, s'incarnant près d'un village en bord de forêt. Il s'agit étonnamment de l'une de ses vies les plus longues.
Le climat était rude et il n'y avait pas beaucoup de nourriture dans le coin. Elle se mit à s'attaquer aux voyageurs de la forêt, chasseurs, commerçants, explorateurs perdus, délaissant toujours leur argent mais leur volant toutes leurs rations. Elle noua quelques contrats avec certain.e.s d'entre elleux, très souvent en échange de la vie sauve. Elle tournait de village en village, lançant ses attaques de plus en plus près de la population. C'était une sorte de rage affamée qui l'habitait, une haine qui la démangeait à cause de l'autre enfoiré d'ange.
Un jour, les autorités du village l'encerclèrent dans une grange où elle avait tenté de voler quelques porcelets. En fait elle avait déjà commencé à en dévorer un quand elles arrivèrent. Elle fut la seule à percevoir le gamin qui s'était caché sous les taillis séchés. Elle le prit en otage et transforma sa main en patte d'animal sous sa gorge, jouant sur la superstition des habitants et leur dévotion envers les divinités du monde pour se frayer un chemin en dehors de ce guêpier.
- EN PUNITION DE VOTRE INSOLENCE, JE DÉVORERAI CET ENFANT S'IL NE SE MONTRE PAS À LA HAUTEUR DE MES ÉPREUVES ! , avait-elle menacé.
Cela faisait des siècles qu'elle n'avait pas dévoré de chair humanoïde. Elle disparut dans la forêt.
Elle déposa le gamin qui resta aussi figé qu'un piquet.
Elle lui tourna autour pour l'ausculter comme un prédateur.
Il semblait... inquiet mais pas terrifié. Elle se mit à lui poser des questions.
Elle se rendit vite compte qu'il était sourd. Elle réussit néanmoins à savoir qu'il s'appelait Oleg.
Il portait le nom d'un prophète, que c'était agaçant.
De mots maladroits et difficilement prononcés, il lui demanda si elle était une divinité de la forêt et comment elle s'appelait.
Baba se faisait appeler Yaga à l'époque. L'enfant claqua légèrement les mains d'un air pieux. Il l'appela Baba Yaga à cause de son âge physique et de ses cheveux gris.
- Tu sais que tu risques bien de terminer dans mon estomac toi ? Montre-moi que tu peux m'être utile.
Ils restèrent plusieurs jours ensemble. Baba... se prit d'affection pour lui. Elle lui apprit quelques astuces de survie et comment repérer des personnes des kilomètres à la ronde dans la forêt, remonter des pistes et plein d'autres choses essentielles et ce malgré son handicap.
Un jour, Oleg pleura. Ses frères et ses parents lui manquaient.
À vrai dire, ses frères étaient partis à sa recherche mais Baba s'était toujours débrouillée pour qu'ils ne les retrouvent jamais. Baba se fâcha.
Puis elle se rendit compte que ce n'était pas ça qui empêcherait Oleg de se sentir triste.
Ce fut à son tour de se sentir triste. La vie dans la forêt en tant que vagabonde était excitante mais très solitaire aussi.
Elle décida d'offrir une broche à Oleg. Elle faisait partie des rares objets qu'elle avait volés au fil des années. Elle représentait un bouc blanc aux cornes d'obsidienne et aux yeux de lazuli. Un cadeau d'au revoir, ou plutôt d'adieu.
Elle ramena Oleg à la lisière de son village. Ce fut la dernière fois qu'ils se virent.
La broche fit la fortune de sa famille pendant un temps et Oleg se mit en tête d'en faire d'aussi belles un jour. Il est dit qu'un jour, un orfèvre de passage l'employa à titre d'apprenti et l'emmena à Moscou. Oleg racheta la broche de Baba quand il en eut enfin les moyens et elle se transmit alors de parent en enfant dans sa lignée. La légende de Baba Yaga avait aussi connu un grand coup de fouet dans tous les pays slaves puisqu'elle ne s'était pas contentée que des principautés russes au final.
Il n'empêchait que la solitude pesait de plus en plus pour notre démone vagabonde.
Quelques semaines après la séparation avec Oleg, son chemin croisa celui d'un explorateur perdu : Athanase Nikitine. Elle se mit tout d'abord en tête de l'effrayer et de le tourmenter, commençant à ressentir de la colère envers cette tristesse qui la plombait. Ça tombait bien : elle avait extrêmement faim.
L'homme fut rapidement effrayé mais ne s'enfuit pas pour autant - c'eut été inutile.
- B-baba Yaga ?
Baba se figea.
L'homme tendit prudemment la main.
- Je me présente : Athanase Nikitine. Je suis écrivain.
Baba plissa les yeux.
- Donne-moi ta bouffe, humain.
- Voilà la chose : je n'ai rien sur moi. Mon cheval s'est enfui avec toutes mes ressources sur lui. Si vous m'aidiez à le retrouver, je pourrais les parta... hm, vous les céder.
Brave humain, il comprend vite sa situation.
Baba se redressa de sa posture penchée.
- T'es en direction vers où ?
- Je... C'est une longue histoire. Mais je me dirige vers Tver pour m'embarquer pour l'Inde.
Baba appuya son poing contre sa joue d'un air instigateur.
- Voici le marché que je te propose. Raconte-moi tout et je te mènerai à ton cheval. Donne-moi tes provisions et je te laisserai la vie sauve.
Jamais on n'avait connu une Baba aussi clémente.
Dans la neige et l'air glacé, le pauvre explorateur se mit à raconter sa vie, ses rêves et ses ambitions.
Aussi improbable que cela puisse paraître, en très peu de temps, une forme d'amitié se développa entre la démone et l'humain. Baba remonta la piste jusqu'au cheval perdu. Comme convenu, Baba prit la nourriture. Ils firent un bout de route ensemble dans la forêt pendant un ou deux jours. Aussi surprenant que cela paraisse, il prit à Baba de partager sa nourriture avec l'écrivain. À croire qu'elle s'était adoucie avec l'âge - ou au contact de certains humains.
Ils se quittèrent au seuil de la forêt avant qu'il ne rejoigne la route qui le mènerait à Tver et l'aventure de sa vie.
- Tu m'enverras des lettres ? , demanda Baba.
Une curiosité pour l'Inde s'était allumée dans son vieil être. Elle se demandait ce à quoi ça pouvait ressembler et surtout les goûts qu'il y avait. Athanase sourit un peu gêné.
- Je veux bien, mais c'est un peu compliqué comme tu vis dans la forêt...
Baba s'approcha d'un arbre à côté et grava une croix nette dans sa chair. Elle se retourna vers l'humain.
- Demande à ton messager de mettre les lettres dans le creux de ce tronc. Je les lirai.
Athanase se gratta le cuir chevelu.
- Bien.
- Bonne route , sourit légèrement la démone.
Rien n'assurait qu'elle recevrait de ses nouvelles. Mais cela lui ferait plaisir. Peut-être que ça la motiverait à changer d'horizons une nouvelle fois, une fois cette incarnation définitivement usée et flétrie.
Athanase Nikitine partit pour l'Inde en 1466. Ils ne se revirent jamais, mais l'écrivain écrivit assez régulièrement à Baba à propos de ses découvertes et de la vie en dehors de la Russie. Puis les lettres cessèrent brusquement d'arriver en 1475, à la mort de l'explorateur. Baba décida alors de retourner en Enfer.
Mais peu après leur séparation survint un évènement non négligeable dont il convient de parler.
Baba tomba malade et ne mangea que très peu pendant plusieurs semaines. Avec la fièvre et l'insupportable faim qui la harcelait et l'affaiblissait remontaient des souvenirs tout aussi insupportables. Ses altercations passées avec son versus lancinèrent son ego à nouveau, et à la solitude, le mal-être et la rage s'ajouta l'impuissance. Aucune raison autre que subconsciente ne justifiait que ces souvenirs en particulier jaillissent entre deux pics de fièvre. Le manque de présence d'une personne comme Oleg ou Athanase amplifiait le tout. Elle se retrouva seule, au seuil de la mort, presque aveuglée par la fièvre, affamée, enragée et en manque d'affection.
Quelque chose en elle se dit qu'il y avait peut-être une solution à tout ça. Une solution qui lui permettrait de tuer quiconque l'empêcherait de vivre comme elle l'entendait. Une solution qui obligerait les gens à rester avec elle ou à défaut, de ressentir les mêmes choses qu'elle. Une solution qui la gonflerait de pouvoir sur le long terme.
Cet appel de puissance résonna dans toute son essence. L'Enfer lui répondit. Elle avait prouvé sa valeur à corrompre et détruire l'humanité au fil de ses vies et avait ramené un nombre non négligeable d'âmes. À partir de ce jour, elle serait une des vassaux du Péché.
Le déclic de puissance chassa la fièvre et elle se réveilla le lendemain emplie d'une force nouvelle, le corps fatigué et au-delà d'affamé, mais quelque chose avait changé. Un couteau de boucher tenait à la perfection entre ses doigts amaigris, crevassé comme les crocs d'une bête. Son énergie démoniaque pulsait dans chacun de ses reflets.
Ce matin-là, Baba partit à la chasse et se nourrit de lièvres. Elle retrouva sa force au fil des jours mais découvrit bien assez tôt que son sens du goût l'appelait à vouloir manger encore et toujours plus, si bien qu'elle s'attaqua à des proies de plus en plus grosses pour pourvoir à son estomac insatisfaisable. Une envie de variété se développa de même, mais au stade de cette vie elle ne se voyait pas rejoindre tout d'un coup une ville alors qu'elle avait vécu certes en mouvement mais malgré tout recluse pendant quasiment toute celle-ci.
Pendant dix ans rythmés par les lettres d'Athanase, elle fit quelques essais infructueux de son nouveau pouvoir encore très instable.
C'est dans sa vie suivante qu'elle eut plus d'opportunités de le maîtriser. Elle décida de s'incarner en Inde pour voir ce qu'il en était en dehors de ce que lui avait raconté Athanase de son vivant.
À vrai dire, il s'agit d'une des vies préférées de Baba. Surtout pour la bouffe. En fait la majorité des souvenirs qu'elle en a sont des souvenirs de bouffe. Puis globalement, c'était bien plus coloré que la Russie ou la France. L'influence arabe sur certains points de la culture lui rappelaient de bons et de mauvais souvenirs mais heureusement, l'autre saloperie de piaf n'était pas là à cette période. Elle devint l'assistant d'un chef cuisinier renommé. Elle ruina sa carrière en exacerbant sa gourmandise au point qu'il dévore les trois-quarts du buffet qu'il avait cuisiné pour un mariage le jour même. Les mariés et toute la foule qui les accompagnait le trouvèrent ronflant et affalé sur la table à la nappe dévastée.
Elle partit avant la formation de l'empire moghol, mourant d'une intoxication alimentaire... Mais à partir de là, la démone de la gourmandise se mit à raser au peigne fin toute l'Asie, s'incarnant dans sa vie suivante en Chine. Elle se fit cuistot dans l'armée. Combien de soldats n'étaient-ils pas prêts à vendre leur âme ne serait-ce que pour goûter une dernière fois avant la bataille au plat de leur grand-mère ou de leur tante après tout ? C'était une affaire rentable... Et Baba appréciait le spectacle de leurs faces stupides fondre de béatitude ou de mélancolie. Un dernier repas avant l'enfer.
Sauf que si elle avait mieux choisi sa période, elle aurait gagné beaucoup plus de contrats puisque la Chine était plutôt paisible et carrément prospère à ce moment-là. À part les quelques bandits et banqueroutes, il n'y avait pas beaucoup d'action... Même les pirates avaient coupé court à leurs attaques depuis que le pouvoir avait interdit à sa population de fabriquer des bateaux ou de quitter le pays.
Baba resta ici un bout de sa vie suivante encore, dans l'espoir qu'un peu de remous survienne puis décida d'aller au Vietnam en voyant que c'était peine perdue... Puis, elle était loin d'avoir fini sa conquête culinaire de l'Asie !
Il y avait plus de tensions qu'en Chine déjà. Mais ce n'était pas plus passionnant qu'avant. Il y avait quelques similarités entre les deux pays puisque l'un avait appartenu à l'autre pendant un temps mais Baba prit quand même plaisir à découvrir les cultures locales.
Elle y prit tellement de plaisir qu'elle ne s'attacha pas plus que ça à voler des âmes. Elle avait volé celles de deux ou trois personnes dont deux enfants affamés mais pendant 50 ans elle prit un peu cher en Enfer, quand elle revint. Ça va, comparé à ce que certain-s démon-s avaient subi ici-bas. N'empêche que ça douille salement. Baba retourna en Chine pour retrouver sa position confortable de cuistot de l'armée. C'est pas de chance, si elle était restée en Chine jusqu'à 1616, elle aurait pu assister à la montée de la dynastie Qing. Malgré tout, elle eut quand même son rôle à jouer en tant que cuistot puisque celle-ci n'eut d'emprise sur toute la Chine qu'à partir de 1683. Elle avait enfin la période de trouble qu'elle recherchait pour faire son flouz.
C'est dans cette vie-ci qu'elle rencontra sa meilleure amie, Makara, une démone d'eau. Pendant que la guerre et la violence fusaient de toutes parts, cette dernière s'intéressait de près aux arts humains... Baba étant une grande connaissance de l'art culinaire, il n'est pas compliqué d'imaginer comment elles se sont rapprochées. Makara était alors marchand d'art. Elle suivit Baba et son armée, voyant là l'occasion d'observer les différentes contrées de Chine qui n'étaient pas encore absorbées de près. Une fois le pays "pacifié", elles partirent toutes les deux sur les routes, contentes d'avoir un autre démon à qui parler de leurs passions respectives.
Elles se suivirent jusqu'à leur vie suivante au Portugal à l'architecture foisonnante. Baba se fit boulangèr-pâtissièr et devint rapidement la coqueluche de la ville à cause de l'utilisation déloyale de sa Gourmandise (d'autant plus que sa cuisine avait une touche indéniablement orientale). Encore une fois dans cette vie-ci, elle visa les âmes des personnes les plus démunies en les désarmant puis manipulant avec son péché capital - mais pas que. En effet, elle se fit tellement remarquer qu'on lui proposa de rejoindre la cuisine royale. De là, elle profita d'une position privilégiée qui lui permit de taper dans les âmes de quelques humains haut-placés... Surtout du côté religieux. Comment ça, ils ont fait vœu de pauvreté ?
Sauf qu'il faut savoir que l'inquisition portugaise était presque aussi vénère que l'inquisition espagnole à l'époque. Pour une fois, la poisse de Baba quand elle s'incarne dans le Sud ne la frappa pas.
Par contre, Makara se fit torturer puis tuer par l'inquisition (opération menée par un ange ne visant que les démons : des preuves contre Makara ont été placées dans sa maison pour sceller son destin).
Baba quitte cette vie avec une colère glaciale et beaucoup d'amertume, ainsi qu'une haine acerbe et silencieuse envers les anges. Le souvenir de ce qu'avait subi son amie lui hérisse encore les cheveux à l'en rendre folle aujourd'hui. Si elle remet la main sur cet ange, elle lui n* sa race.
Elle décida de retourner en Asie, plus précisément au pays du soleil levant. Encore une fois, elle fut dans les cuisines des puissants, sous l'égide de l'humain Tokugawa Ieharu, shogun en son temps.
Elle fit partie des morts de la grande famine de Tenmei en 1783. Elle aurait dû être protégée de cet évènement en temps normal, au vu de sa position. Mais un autre démon de la Gourmandise encore plus âgé qu'elle lui vola sa place, la laissant totalement démunie.
Il n'y a rien de pire pour une démone de la gourmandise que de mourir de faim. Cela signa pour de bon la fin de ses vies en Asie.
Baba décide de revenir en France car elle en avait de bons souvenirs de l'époque de la Papauté d'Avignon.
Ah bah que voilà qu'a plus d'rois. La révolution est passée par là et a foutu un sacré bordel.
Un article de 1755 publié par le chevalier Louis de Jaucourt sur la cuisine dans l'Encyclopédie lui donne l'envie de tenter une carrière dans la presse. Mais la presse n'en a rien à carrer de ses articles à base de recettes et d'astuces de cuisine. Puis quelle idée de s'incarner en femme dans cette vie-là ! Alors voilà, frustrée et bougonnante, Baba voit avec joie un blanc-bec du nom de Napoléon débouler en 1804 et fermer le claper à tous ces crétins sans cervelle.
Baba ne suivit pas trop la politique à vrai dire. Elle avait eu sa dose avec l'autre con de shogun, pas la peine d'en rajouter. Par contre, s'il y a une chose qui l'a pas mal excitée à l'époque, c'est l'apparition de la première voie de fer en France (oui bon, les Anglais avaient pas mal d'avance certes, mais l'Angleterre, elle n'a pas encore visité). Elle écrit pas mal là-dessus. En se faisant passer pour un homme, un journal accepta de publier un ou deux de ses articles. Ce fut là le plus grand succès de sa carrière d'écrivain et sans doute le dernier. Baba part d'ennui de cette vie un peu trop calme par rapport aux précédentes (bien que moins violente - ce qui est appréciable).
En parlant d'Angleterre, elle décide de s'y incarner dans sa vie suivante.
L'Angleterre à l'époque, ça pue et c'est crade. C'est la révolution industrielle avec sa dose de charbon et d'esclavage moderne dans sa plus grande barbarie. Et pourtant, c'est dans cette misère noire que Baba repéra les bijoux scintillants d'une démone du nom de Salari, qui devint l'amie de Baba par l'intermédiaire de Makara (qu'elle croisa de nouveau dans cette vie-ci). Makara et Salari avaient fait un bout de chemin ensemble dans une ou deux vies précédentes. Malgré les caractères différents et plus ou moins marqués des trois démones, elles formèrent un trio assez fort. Baba aurait pu s'ennuyer de voir les mêmes scènes de misère humaine et d'injustices sociales, mais grâce à Makara et Salari cela passa tout seul. C'est dans cette vie-ci qu'elle se dit que de vivre aux crochets des autres, c'était pas mal quand même.
Elle ne participa aucunement à la première guerre mondiale, tout au plus suivit-elle les évènements d'un air vaguement intéressé... Puis quand elle se finit, elle décida de faire tchao !
Prochaine vie, montée d'Hitler et seconde guerre mondiale, Allemagne.
Pareil, elle n'a pas d'implication particulière dans tout ce qui s'y déroula alors. Par contre, c'est avec une curiosité sincère qu'elle observa toute la cruauté dont étaient capables les humains quand on les manipulait et les canalisait dans une direction précise. Elle trouva cela fascinant, le mouvement des foules, l'atmosphère gonflée de folie et de pensées violemment animales.
Elle visita les camps à la fin de la guerre. Elle se demanda alors si les humains auraient pu aller encore plus loin dans leurs actions ou s'ils avaient touché le fond de l'exaction. La question peut toujours se poser aujourd'hui.
Baba débarque ensuite dans les quartiers pauvres de New York dans les années 60.
Baba, dans cette vie-ci ? Une hippie au style punk. Ah mais les délires avec la nature en se fumant un tarpé, franchement y'a rien de plus rafraichissant après deux guerres en l'espace de quelques décennies. Oui bon, elle n'y a pas participé directement mais ça reste lourd mentalement ! Elle prit son kiff pendant quelques années, ne roulant pas franchement sur l'or (personne pour l'entretenir). Puis quand le mouvement commence à se radicaliser, elle se dit que fumer son tarpé dans son coin serait moins casse-couilles que ces histoires de révolution à la con... Qu'on lui fiche la paix, vous savez ?
Un soir, elle rencontra un joueur de saxo dans un bar. Il l'invita à manger. Baba n'allait jamais dire non à ce genre de propositions.
Qu'est-ce qu'il blablatait ce gus, elle s'en souvient. Il parlait, parlait, parlait, puis elle, elle ne disait rien et mangeait - ce n'est pas comme s'il attendait une réponse particulière de sa part. Il se sentait tellement important ! Il fallait juste qu'il confirme régulièrement son sentiment auprès d'une jolie femme (qui avait largement plus d'intérêt pour la bouffe que pour sa gueule). Puis le musicien partit en tournée et avec lui ses occasions de restau gratos. Pas cool bro.
Baba se prit de passion par la suite pour les musiques hip-hop et pour tout l'univers qui s'en découlait. Pour résumer, elle passa de hippie à punk à hip to hop. (En fait c'est en quelque sorte un retour aux sources puisque "hip-hop" viendrait du mot hippie )
Ses cibles dans cette vie sont majoritairement des âmes d'ados et de jeunots
On en vient donc à sa vie actuelle !
Baba décide de s'incarner à l'âge adolescent parce qu'elle se dit que ce sont des proies faciles qui ne demandent pas forcément beaucoup d'efforts. Elle arrive en 93 pour tâter le terrain et rencontre alors Makara et Salari, qui deviendront ses colocataires par la suite (sans qu'elle n'ait à payer un rond, ça c'est cool !) Puis une fois sûre de son coup, elle s'inscrit à l'école pour s'incruster parmi les jeunes générations z'est parti les zamis
Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que son versus rôde lui aussi dans le coin... Et que des traumatismes vont très certainement remonter avec d'autres trucs pas très cools... (stay tuned ! )
Sa première vie commence chez les Aztèques, en Amérique Centrale. Cette vie a été un peu particulière, car elle l'a commencée sous la forme d'un bébé. Et pas n'importe quel bébé : elle remplaça l'enfant d'un très grand chef, assassiné par son collègue démon pour leur manigance diabolique. J'ai oublié son nom.
Une manigance qui semblait bien rôdée pour ces deux démons débutants. Ils s'infiltraient dans cette grande civilisation encore intouchée par celles occidentales, puis se débrouillaient pour accumuler des contrats et du pouvoir par la même occasion.
Au début, ça avait bien marché. Baba devait fournir beaucoup d'efforts pour être à la hauteur de sa "famille" - même si ses pouvoirs lui donnaient bien des facilités -, mais à vrai dire ils n'avaient pas visé leur bébé au hasard. Ce chef et sa moitié essayaient depuis des années d'avoir des enfants, sans succès. Baba était leur seul enfant donc - le coucou intrus. Ils n'en savaient rien, bien sûr...
Ils n'avaient ni oncles, ni neveux ni petit-fils - elle était donc le seul pilli de leur famille aristocrate.
Je disais donc que tout se passait bien, jusqu'à que Baba en aie marre de fournir des efforts tout le temps. Les conditions de vie à l'école étaient éprouvantables et elle ne voyait pas l'amusement à devenir un chef guerrier comme son père le voulait. La religion, ça la saoulait et de toute façon les autres métiers ne servaient en rien le plan qu'elle et son coéquipier avaient concocté en Enfer.
Coéquipier qui n'en foutait pas une, lui sembla-t-elle.
En plus, elle s'était prise d'affection pour ses "parents" et commençait à en avoir marre de leur mentir. C'était triste ça, un démon ayant mauvaise conscience !
C'est dans cette vie-ci qu'elle eut l'occasion de goûter quelques mets... particuliers. En effet, les plus puissants avaient le privilège de pouvoir manger de la viande humaine. Ça lui manque pas mal, de nos jours.
Un jour, une dispute éclata entre elle et son coéquipier. Baba décida une bonne fois pour toute qu'elle en avait ras-le-cul et alla parler à ses "parents". Elle leur dit qu'elle n'était pas leur fils et que celui-ci avait été assassiné peu après sa naissance ; qu'elle n'avait aucunement l'intention d'aller jouer le guerrier ou le chef et qu'elle préfèrait devenir cuistot au palais.
Bref : zéro ambition par rapport à leurs attentes, and fuck the world.
Bien sûr, les parents ne la crurent pas. Elle dut transformer sa main en patte d'animal pour qu'ils y croient très sérieusement. Sauf que son coéquipier déboula à ce moment-là, et voyant ce qu'elle avait fait et toutes les emmerdes que cela risquait de leur attirer s'il ne faisait rien, il supprima les parents. Il lui reprocha sa stupidité et son immaturité, lui annonça que c'était fini et que leur plan était fichu à cause d'elle.
Pendant qu'il se lamentait et donnait des coups de pied dans le mobilier en pestant de rage, une idée naquit dans l'esprit de la démone. Non parce qu'il l'avait vraiment emmerdée là. Il agissait comme s'il était son chef et qu'elle devait lui obéir au doigt et à l'œil. Il se prenait pour qui au juste ? Elle avait amassé bien plus de contrats en faisant les choses à sa manière qu'en suivant ses directives.
Elle planta sa patte en plein dans sa poitrine.
Le sang gicla.
- TW GORE:
- La surprise fut la première émotion à s'afficher sur le visage du démon.
En fait, une part d'elle aussi était un peu surprise par sa réaction. Ce geste était venu aussi rapidement que naturellement.
Elle observait le visage tordu de douleur et de consternation de son "partenaire" avec une curiosité presque enfantine. Ses doigts étaient bien agrippés à cette chose pulsant dans sa poitrine... Ils se resserraient, se resserraient... Et lentement, elle observait.
Quand elle en eut marre, elle tira en arrière. Un cri sortit de la gorge du déjà-mort.
Il s'écroula, le visage gris et terne.
Du sang couvrait les murs, beaucoup de sang. Le sien et celui des deux humains.
Elle n'avait même pas pu prendre son essence.
Elle regarda le cadavre à ses pieds avec un sourcil un peu étonné. Puis son ventre la démangea.
Le feu était encore allumé dans le foyer dévasté, il faisait nuit.
Ce serait dommage de gaspiller sa chair.
Un esclave découvrit la scène au petit matin, avec une Baba somnolente de son repas carnassier, entourée d'os et de viandes délaissées. Les deux humains étaient eux intacts. Seulement, le tribunal la jugea malgré tout coupable du meurtre de ses "parents". Elle fit partie des nombreux sacrifiés de l'année. Quelle ironie.
- chronologie:
- - 1229 : Royaume Aztèque (Mexique) - - - (départ en 1244)
- 1245 : Royaume de Kanem (Tchad) / Lybie / petit bout en Algérie () - - - (départ en 1290)
- 1291 : Maroc - - - (départ en 1328)
- 1329 : Italie/Papauté d'Avignon (France) - - - (départ en 1376)
- 1377 : Algérie - - - (départ en 1402 ())
- 1414 : passage démon 2dn rang ~1466 ; "Baba Yaga", principautés russes - - - (départ en 1476)
- 1480 : Inde () - - - (départ en 1525 (juste avant formation de l'empire moghol))
- 1528 : Chine - - - (départ en 1566)
- 1572 : Chine / Vietnam - - - (départ en 1616)
- 1666 : Chine, dynastie Qing, poto démon.e Makara - - - (départ en 1714)
- 1717 : Portugal, poto démon.e Makara- - - (départ en 1759)
- 1758 : Japon, époque Edo - - - (1782, famine du Temmei)
- 1790 : France - - - (départ en 1850)
- 1869 : Angleterre - - - (départ en 1919)
- 1932 : Allemagne - - - (départ en 1951)
- 1960 : Etats-Unis - - - (départ en 1989)
- 1993 : Canada / période actuelle.
flemme de se taper toutes les vies walah j'veux sa vie actuelle --> ctrl + f + "On en vient donc à sa vie actuelle !" (sans les guillemets)
Sa seconde vie se déroule dans le royaume de Kanem (actuel Tchad) en tant que marchand d'esclaves. Son métier l'amène à découvrir les cultures arabes et surtout la Lybie, où le circuit de Baba atterrira majoritairement. Elle prendra sa retraite pour se poser dans un coin de l'Algérie - qu'elle n'a toujours pas pu investiguer personnellement. C'est malheureusement là que se terminera son parcours. Elle y croisa son versus, un jeune ange à ce moment-là. Autant dire que la rencontre se passa très mal. Elle fanfaronna qu'il ne pouvait rien lui faire sans lui-même se faire du mal. Il la tua sans absorber son essence. Elle n'avait pas prévu ce paramètre.
Elle se réincarna l'année d'après au Maroc, bien décidée à perpétuer un marché bien trop rentable sur tous les plans - financiers comme énergétiques. Et aussi parce qu'elle s'est pris d'intérêt pour la bouffe du coin et qu'elle était bien décidée à découvrir tout ce pan de continent. Elle mourut très bêtement dans cette vie-ci. Après s'être foutue une cuite comme elle n'en avait jamais connues avec un alcool incroyablement délicieux, son navire d'esclaves coula lors d'une tempête le même soir, victime d'un sabotage par un des membres de l'équipage. Il paraît que celui-ci survécut et se refit une vie au Cap-Vert.
C'est là qu'elle se dit qu'elle en avait un peu marre de se prendre toujours des merdes dans la gueule et décida de viser un peu plus au nord. Sa quatrième vie se passa donc à la Papauté d'Avignon en habits de prêtre. Enfin, avant de venir pour la France, elle se trouva tout d'abord en Italie aux côtés du pape. Par une suite d'évènements un peu improbables, ce dernier s'attacha à Baba et l'invita à fuir l'Italie pour Avignon avec lui et ses conseillers. C'était un lien un peu étrange, entre le distant poli et le respect attentif. Pour Baba, la vie de prêtre avait tous ses avantages : elle pouvait gagner des contrats assez facilement, était du côté du pouvoir et avait de la nourriture autant qu'elle le voulait. Plusieurs papes se succédèrent dans le même siècle mais elle ne bougea pas d'un pouce de sa petite position confortable.
De toute façon, monter en pouvoir, ça n'a jamais été son trip - ce qui en arrangeait plus d'un. "Chacun son biz".
C'est une incarnation qui se passa tranquillement, elle finit cette vie assez empâtée et partit juste avant que le vent ne ramène le pouvoir religieux vers l'Italie.
Comme la gastronomie arabe lui manquait, elle revint pour sa vie suivante en Algérie. Elle s'était dit que l'autre connard s'était barré et qu'elle pourrait ENFIN profiter de la culture locale. Ce fut le cas un moment. En fait, elle fut même cuistot dans cette vie-ci. Puis un jour, le même salopard à cheveux blonds entra dans son restaurant. La nuit tombée, il la coinça dans une allée.
"Je t'avais dit de ne plus jamais remettre les pieds ici."
Fallait croire que le petit commerce douteux à l'arrière du restaurant n'était pas resté inaperçu. Ce n'étaient pas des esclaves cette fois mais ça faisait quand même de gros dégâts. Sans compter les deux-trois âmes chipées de gauche à droite. Sauf que l'une d'entre elles comptait énormément pour cet ange-là. Malheureusement pour Baba qui avait fait plutôt profil bas dans cette vie-là, après un violent combat, son versus lui trancha la gorge.
Baba commença à se dire que le sud était définitivement son porte-malheur. Alors dans sa vie suivante, c'est sur les principautés russes qu'elle misa, s'incarnant près d'un village en bord de forêt. Il s'agit étonnamment de l'une de ses vies les plus longues.
Le climat était rude et il n'y avait pas beaucoup de nourriture dans le coin. Elle se mit à s'attaquer aux voyageurs de la forêt, chasseurs, commerçants, explorateurs perdus, délaissant toujours leur argent mais leur volant toutes leurs rations. Elle noua quelques contrats avec certain.e.s d'entre elleux, très souvent en échange de la vie sauve. Elle tournait de village en village, lançant ses attaques de plus en plus près de la population. C'était une sorte de rage affamée qui l'habitait, une haine qui la démangeait à cause de l'autre enfoiré d'ange.
Un jour, les autorités du village l'encerclèrent dans une grange où elle avait tenté de voler quelques porcelets. En fait elle avait déjà commencé à en dévorer un quand elles arrivèrent. Elle fut la seule à percevoir le gamin qui s'était caché sous les taillis séchés. Elle le prit en otage et transforma sa main en patte d'animal sous sa gorge, jouant sur la superstition des habitants et leur dévotion envers les divinités du monde pour se frayer un chemin en dehors de ce guêpier.
- EN PUNITION DE VOTRE INSOLENCE, JE DÉVORERAI CET ENFANT S'IL NE SE MONTRE PAS À LA HAUTEUR DE MES ÉPREUVES ! , avait-elle menacé.
Cela faisait des siècles qu'elle n'avait pas dévoré de chair humanoïde. Elle disparut dans la forêt.
Elle déposa le gamin qui resta aussi figé qu'un piquet.
Elle lui tourna autour pour l'ausculter comme un prédateur.
Il semblait... inquiet mais pas terrifié. Elle se mit à lui poser des questions.
Elle se rendit vite compte qu'il était sourd. Elle réussit néanmoins à savoir qu'il s'appelait Oleg.
Il portait le nom d'un prophète, que c'était agaçant.
De mots maladroits et difficilement prononcés, il lui demanda si elle était une divinité de la forêt et comment elle s'appelait.
Baba se faisait appeler Yaga à l'époque. L'enfant claqua légèrement les mains d'un air pieux. Il l'appela Baba Yaga à cause de son âge physique et de ses cheveux gris.
- Tu sais que tu risques bien de terminer dans mon estomac toi ? Montre-moi que tu peux m'être utile.
Ils restèrent plusieurs jours ensemble. Baba... se prit d'affection pour lui. Elle lui apprit quelques astuces de survie et comment repérer des personnes des kilomètres à la ronde dans la forêt, remonter des pistes et plein d'autres choses essentielles et ce malgré son handicap.
Un jour, Oleg pleura. Ses frères et ses parents lui manquaient.
À vrai dire, ses frères étaient partis à sa recherche mais Baba s'était toujours débrouillée pour qu'ils ne les retrouvent jamais. Baba se fâcha.
Puis elle se rendit compte que ce n'était pas ça qui empêcherait Oleg de se sentir triste.
Ce fut à son tour de se sentir triste. La vie dans la forêt en tant que vagabonde était excitante mais très solitaire aussi.
Elle décida d'offrir une broche à Oleg. Elle faisait partie des rares objets qu'elle avait volés au fil des années. Elle représentait un bouc blanc aux cornes d'obsidienne et aux yeux de lazuli. Un cadeau d'au revoir, ou plutôt d'adieu.
Elle ramena Oleg à la lisière de son village. Ce fut la dernière fois qu'ils se virent.
La broche fit la fortune de sa famille pendant un temps et Oleg se mit en tête d'en faire d'aussi belles un jour. Il est dit qu'un jour, un orfèvre de passage l'employa à titre d'apprenti et l'emmena à Moscou. Oleg racheta la broche de Baba quand il en eut enfin les moyens et elle se transmit alors de parent en enfant dans sa lignée. La légende de Baba Yaga avait aussi connu un grand coup de fouet dans tous les pays slaves puisqu'elle ne s'était pas contentée que des principautés russes au final.
Il n'empêchait que la solitude pesait de plus en plus pour notre démone vagabonde.
Quelques semaines après la séparation avec Oleg, son chemin croisa celui d'un explorateur perdu : Athanase Nikitine. Elle se mit tout d'abord en tête de l'effrayer et de le tourmenter, commençant à ressentir de la colère envers cette tristesse qui la plombait. Ça tombait bien : elle avait extrêmement faim.
L'homme fut rapidement effrayé mais ne s'enfuit pas pour autant - c'eut été inutile.
- B-baba Yaga ?
Baba se figea.
L'homme tendit prudemment la main.
- Je me présente : Athanase Nikitine. Je suis écrivain.
Baba plissa les yeux.
- Donne-moi ta bouffe, humain.
- Voilà la chose : je n'ai rien sur moi. Mon cheval s'est enfui avec toutes mes ressources sur lui. Si vous m'aidiez à le retrouver, je pourrais les parta... hm, vous les céder.
Brave humain, il comprend vite sa situation.
Baba se redressa de sa posture penchée.
- T'es en direction vers où ?
- Je... C'est une longue histoire. Mais je me dirige vers Tver pour m'embarquer pour l'Inde.
Baba appuya son poing contre sa joue d'un air instigateur.
- Voici le marché que je te propose. Raconte-moi tout et je te mènerai à ton cheval. Donne-moi tes provisions et je te laisserai la vie sauve.
Jamais on n'avait connu une Baba aussi clémente.
Dans la neige et l'air glacé, le pauvre explorateur se mit à raconter sa vie, ses rêves et ses ambitions.
Aussi improbable que cela puisse paraître, en très peu de temps, une forme d'amitié se développa entre la démone et l'humain. Baba remonta la piste jusqu'au cheval perdu. Comme convenu, Baba prit la nourriture. Ils firent un bout de route ensemble dans la forêt pendant un ou deux jours. Aussi surprenant que cela paraisse, il prit à Baba de partager sa nourriture avec l'écrivain. À croire qu'elle s'était adoucie avec l'âge - ou au contact de certains humains.
Ils se quittèrent au seuil de la forêt avant qu'il ne rejoigne la route qui le mènerait à Tver et l'aventure de sa vie.
- Tu m'enverras des lettres ? , demanda Baba.
Une curiosité pour l'Inde s'était allumée dans son vieil être. Elle se demandait ce à quoi ça pouvait ressembler et surtout les goûts qu'il y avait. Athanase sourit un peu gêné.
- Je veux bien, mais c'est un peu compliqué comme tu vis dans la forêt...
Baba s'approcha d'un arbre à côté et grava une croix nette dans sa chair. Elle se retourna vers l'humain.
- Demande à ton messager de mettre les lettres dans le creux de ce tronc. Je les lirai.
Athanase se gratta le cuir chevelu.
- Bien.
- Bonne route , sourit légèrement la démone.
Rien n'assurait qu'elle recevrait de ses nouvelles. Mais cela lui ferait plaisir. Peut-être que ça la motiverait à changer d'horizons une nouvelle fois, une fois cette incarnation définitivement usée et flétrie.
Athanase Nikitine partit pour l'Inde en 1466. Ils ne se revirent jamais, mais l'écrivain écrivit assez régulièrement à Baba à propos de ses découvertes et de la vie en dehors de la Russie. Puis les lettres cessèrent brusquement d'arriver en 1475, à la mort de l'explorateur. Baba décida alors de retourner en Enfer.
Mais peu après leur séparation survint un évènement non négligeable dont il convient de parler.
Baba tomba malade et ne mangea que très peu pendant plusieurs semaines. Avec la fièvre et l'insupportable faim qui la harcelait et l'affaiblissait remontaient des souvenirs tout aussi insupportables. Ses altercations passées avec son versus lancinèrent son ego à nouveau, et à la solitude, le mal-être et la rage s'ajouta l'impuissance. Aucune raison autre que subconsciente ne justifiait que ces souvenirs en particulier jaillissent entre deux pics de fièvre. Le manque de présence d'une personne comme Oleg ou Athanase amplifiait le tout. Elle se retrouva seule, au seuil de la mort, presque aveuglée par la fièvre, affamée, enragée et en manque d'affection.
Quelque chose en elle se dit qu'il y avait peut-être une solution à tout ça. Une solution qui lui permettrait de tuer quiconque l'empêcherait de vivre comme elle l'entendait. Une solution qui obligerait les gens à rester avec elle ou à défaut, de ressentir les mêmes choses qu'elle. Une solution qui la gonflerait de pouvoir sur le long terme.
Cet appel de puissance résonna dans toute son essence. L'Enfer lui répondit. Elle avait prouvé sa valeur à corrompre et détruire l'humanité au fil de ses vies et avait ramené un nombre non négligeable d'âmes. À partir de ce jour, elle serait une des vassaux du Péché.
Le déclic de puissance chassa la fièvre et elle se réveilla le lendemain emplie d'une force nouvelle, le corps fatigué et au-delà d'affamé, mais quelque chose avait changé. Un couteau de boucher tenait à la perfection entre ses doigts amaigris, crevassé comme les crocs d'une bête. Son énergie démoniaque pulsait dans chacun de ses reflets.
Ce matin-là, Baba partit à la chasse et se nourrit de lièvres. Elle retrouva sa force au fil des jours mais découvrit bien assez tôt que son sens du goût l'appelait à vouloir manger encore et toujours plus, si bien qu'elle s'attaqua à des proies de plus en plus grosses pour pourvoir à son estomac insatisfaisable. Une envie de variété se développa de même, mais au stade de cette vie elle ne se voyait pas rejoindre tout d'un coup une ville alors qu'elle avait vécu certes en mouvement mais malgré tout recluse pendant quasiment toute celle-ci.
Pendant dix ans rythmés par les lettres d'Athanase, elle fit quelques essais infructueux de son nouveau pouvoir encore très instable.
C'est dans sa vie suivante qu'elle eut plus d'opportunités de le maîtriser. Elle décida de s'incarner en Inde pour voir ce qu'il en était en dehors de ce que lui avait raconté Athanase de son vivant.
À vrai dire, il s'agit d'une des vies préférées de Baba. Surtout pour la bouffe. En fait la majorité des souvenirs qu'elle en a sont des souvenirs de bouffe. Puis globalement, c'était bien plus coloré que la Russie ou la France. L'influence arabe sur certains points de la culture lui rappelaient de bons et de mauvais souvenirs mais heureusement, l'autre saloperie de piaf n'était pas là à cette période. Elle devint l'assistant d'un chef cuisinier renommé. Elle ruina sa carrière en exacerbant sa gourmandise au point qu'il dévore les trois-quarts du buffet qu'il avait cuisiné pour un mariage le jour même. Les mariés et toute la foule qui les accompagnait le trouvèrent ronflant et affalé sur la table à la nappe dévastée.
Elle partit avant la formation de l'empire moghol, mourant d'une intoxication alimentaire... Mais à partir de là, la démone de la gourmandise se mit à raser au peigne fin toute l'Asie, s'incarnant dans sa vie suivante en Chine. Elle se fit cuistot dans l'armée. Combien de soldats n'étaient-ils pas prêts à vendre leur âme ne serait-ce que pour goûter une dernière fois avant la bataille au plat de leur grand-mère ou de leur tante après tout ? C'était une affaire rentable... Et Baba appréciait le spectacle de leurs faces stupides fondre de béatitude ou de mélancolie. Un dernier repas avant l'enfer.
Sauf que si elle avait mieux choisi sa période, elle aurait gagné beaucoup plus de contrats puisque la Chine était plutôt paisible et carrément prospère à ce moment-là. À part les quelques bandits et banqueroutes, il n'y avait pas beaucoup d'action... Même les pirates avaient coupé court à leurs attaques depuis que le pouvoir avait interdit à sa population de fabriquer des bateaux ou de quitter le pays.
Baba resta ici un bout de sa vie suivante encore, dans l'espoir qu'un peu de remous survienne puis décida d'aller au Vietnam en voyant que c'était peine perdue... Puis, elle était loin d'avoir fini sa conquête culinaire de l'Asie !
Il y avait plus de tensions qu'en Chine déjà. Mais ce n'était pas plus passionnant qu'avant. Il y avait quelques similarités entre les deux pays puisque l'un avait appartenu à l'autre pendant un temps mais Baba prit quand même plaisir à découvrir les cultures locales.
Elle y prit tellement de plaisir qu'elle ne s'attacha pas plus que ça à voler des âmes. Elle avait volé celles de deux ou trois personnes dont deux enfants affamés mais pendant 50 ans elle prit un peu cher en Enfer, quand elle revint. Ça va, comparé à ce que certain-s démon-s avaient subi ici-bas. N'empêche que ça douille salement. Baba retourna en Chine pour retrouver sa position confortable de cuistot de l'armée. C'est pas de chance, si elle était restée en Chine jusqu'à 1616, elle aurait pu assister à la montée de la dynastie Qing. Malgré tout, elle eut quand même son rôle à jouer en tant que cuistot puisque celle-ci n'eut d'emprise sur toute la Chine qu'à partir de 1683. Elle avait enfin la période de trouble qu'elle recherchait pour faire son flouz.
C'est dans cette vie-ci qu'elle rencontra sa meilleure amie, Makara, une démone d'eau. Pendant que la guerre et la violence fusaient de toutes parts, cette dernière s'intéressait de près aux arts humains... Baba étant une grande connaissance de l'art culinaire, il n'est pas compliqué d'imaginer comment elles se sont rapprochées. Makara était alors marchand d'art. Elle suivit Baba et son armée, voyant là l'occasion d'observer les différentes contrées de Chine qui n'étaient pas encore absorbées de près. Une fois le pays "pacifié", elles partirent toutes les deux sur les routes, contentes d'avoir un autre démon à qui parler de leurs passions respectives.
Elles se suivirent jusqu'à leur vie suivante au Portugal à l'architecture foisonnante. Baba se fit boulangèr-pâtissièr et devint rapidement la coqueluche de la ville à cause de l'utilisation déloyale de sa Gourmandise (d'autant plus que sa cuisine avait une touche indéniablement orientale). Encore une fois dans cette vie-ci, elle visa les âmes des personnes les plus démunies en les désarmant puis manipulant avec son péché capital - mais pas que. En effet, elle se fit tellement remarquer qu'on lui proposa de rejoindre la cuisine royale. De là, elle profita d'une position privilégiée qui lui permit de taper dans les âmes de quelques humains haut-placés... Surtout du côté religieux. Comment ça, ils ont fait vœu de pauvreté ?
Sauf qu'il faut savoir que l'inquisition portugaise était presque aussi vénère que l'inquisition espagnole à l'époque. Pour une fois, la poisse de Baba quand elle s'incarne dans le Sud ne la frappa pas.
Par contre, Makara se fit torturer puis tuer par l'inquisition (opération menée par un ange ne visant que les démons : des preuves contre Makara ont été placées dans sa maison pour sceller son destin).
Baba quitte cette vie avec une colère glaciale et beaucoup d'amertume, ainsi qu'une haine acerbe et silencieuse envers les anges. Le souvenir de ce qu'avait subi son amie lui hérisse encore les cheveux à l'en rendre folle aujourd'hui. Si elle remet la main sur cet ange, elle lui n* sa race.
Elle décida de retourner en Asie, plus précisément au pays du soleil levant. Encore une fois, elle fut dans les cuisines des puissants, sous l'égide de l'humain Tokugawa Ieharu, shogun en son temps.
Elle fit partie des morts de la grande famine de Tenmei en 1783. Elle aurait dû être protégée de cet évènement en temps normal, au vu de sa position. Mais un autre démon de la Gourmandise encore plus âgé qu'elle lui vola sa place, la laissant totalement démunie.
Il n'y a rien de pire pour une démone de la gourmandise que de mourir de faim. Cela signa pour de bon la fin de ses vies en Asie.
Baba décide de revenir en France car elle en avait de bons souvenirs de l'époque de la Papauté d'Avignon.
Ah bah que voilà qu'a plus d'rois. La révolution est passée par là et a foutu un sacré bordel.
Un article de 1755 publié par le chevalier Louis de Jaucourt sur la cuisine dans l'Encyclopédie lui donne l'envie de tenter une carrière dans la presse. Mais la presse n'en a rien à carrer de ses articles à base de recettes et d'astuces de cuisine. Puis quelle idée de s'incarner en femme dans cette vie-là ! Alors voilà, frustrée et bougonnante, Baba voit avec joie un blanc-bec du nom de Napoléon débouler en 1804 et fermer le claper à tous ces crétins sans cervelle.
Baba ne suivit pas trop la politique à vrai dire. Elle avait eu sa dose avec l'autre con de shogun, pas la peine d'en rajouter. Par contre, s'il y a une chose qui l'a pas mal excitée à l'époque, c'est l'apparition de la première voie de fer en France (oui bon, les Anglais avaient pas mal d'avance certes, mais l'Angleterre, elle n'a pas encore visité). Elle écrit pas mal là-dessus. En se faisant passer pour un homme, un journal accepta de publier un ou deux de ses articles. Ce fut là le plus grand succès de sa carrière d'écrivain et sans doute le dernier. Baba part d'ennui de cette vie un peu trop calme par rapport aux précédentes (bien que moins violente - ce qui est appréciable).
En parlant d'Angleterre, elle décide de s'y incarner dans sa vie suivante.
L'Angleterre à l'époque, ça pue et c'est crade. C'est la révolution industrielle avec sa dose de charbon et d'esclavage moderne dans sa plus grande barbarie. Et pourtant, c'est dans cette misère noire que Baba repéra les bijoux scintillants d'une démone du nom de Salari, qui devint l'amie de Baba par l'intermédiaire de Makara (qu'elle croisa de nouveau dans cette vie-ci). Makara et Salari avaient fait un bout de chemin ensemble dans une ou deux vies précédentes. Malgré les caractères différents et plus ou moins marqués des trois démones, elles formèrent un trio assez fort. Baba aurait pu s'ennuyer de voir les mêmes scènes de misère humaine et d'injustices sociales, mais grâce à Makara et Salari cela passa tout seul. C'est dans cette vie-ci qu'elle se dit que de vivre aux crochets des autres, c'était pas mal quand même.
Elle ne participa aucunement à la première guerre mondiale, tout au plus suivit-elle les évènements d'un air vaguement intéressé... Puis quand elle se finit, elle décida de faire tchao !
Prochaine vie, montée d'Hitler et seconde guerre mondiale, Allemagne.
Pareil, elle n'a pas d'implication particulière dans tout ce qui s'y déroula alors. Par contre, c'est avec une curiosité sincère qu'elle observa toute la cruauté dont étaient capables les humains quand on les manipulait et les canalisait dans une direction précise. Elle trouva cela fascinant, le mouvement des foules, l'atmosphère gonflée de folie et de pensées violemment animales.
Elle visita les camps à la fin de la guerre. Elle se demanda alors si les humains auraient pu aller encore plus loin dans leurs actions ou s'ils avaient touché le fond de l'exaction. La question peut toujours se poser aujourd'hui.
Baba débarque ensuite dans les quartiers pauvres de New York dans les années 60.
Baba, dans cette vie-ci ? Une hippie au style punk. Ah mais les délires avec la nature en se fumant un tarpé, franchement y'a rien de plus rafraichissant après deux guerres en l'espace de quelques décennies. Oui bon, elle n'y a pas participé directement mais ça reste lourd mentalement ! Elle prit son kiff pendant quelques années, ne roulant pas franchement sur l'or (personne pour l'entretenir). Puis quand le mouvement commence à se radicaliser, elle se dit que fumer son tarpé dans son coin serait moins casse-couilles que ces histoires de révolution à la con... Qu'on lui fiche la paix, vous savez ?
Un soir, elle rencontra un joueur de saxo dans un bar. Il l'invita à manger. Baba n'allait jamais dire non à ce genre de propositions.
Qu'est-ce qu'il blablatait ce gus, elle s'en souvient. Il parlait, parlait, parlait, puis elle, elle ne disait rien et mangeait - ce n'est pas comme s'il attendait une réponse particulière de sa part. Il se sentait tellement important ! Il fallait juste qu'il confirme régulièrement son sentiment auprès d'une jolie femme (qui avait largement plus d'intérêt pour la bouffe que pour sa gueule). Puis le musicien partit en tournée et avec lui ses occasions de restau gratos. Pas cool bro.
Baba se prit de passion par la suite pour les musiques hip-hop et pour tout l'univers qui s'en découlait. Pour résumer, elle passa de hippie à punk à hip to hop. (En fait c'est en quelque sorte un retour aux sources puisque "hip-hop" viendrait du mot hippie )
Ses cibles dans cette vie sont majoritairement des âmes d'ados et de jeunots
On en vient donc à sa vie actuelle !
Baba décide de s'incarner à l'âge adolescent parce qu'elle se dit que ce sont des proies faciles qui ne demandent pas forcément beaucoup d'efforts. Elle arrive en 93 pour tâter le terrain et rencontre alors Makara et Salari, qui deviendront ses colocataires par la suite (sans qu'elle n'ait à payer un rond, ça c'est cool !) Puis une fois sûre de son coup, elle s'inscrit à l'école pour s'incruster parmi les jeunes générations z'est parti les zamis
Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que son versus rôde lui aussi dans le coin... Et que des traumatismes vont très certainement remonter avec d'autres trucs pas très cools... (stay tuned ! )
Derrière l'écran
C't'encore oim !! N'ayez pas peur de ma grande morfale, promis, si vous lui refilez votre sandwich elle mord pas-