Les contes du roi singe [Solo] [Fini]

Suen était entouré d'une centaine de personnes. Le siège d'Osaka était complètement assiégé de part en part. Il s'était fait avoir, Kansuke avait eu raison ! Il n'aurait pas dût le rejeter ! Il n'aurait pas du se croire supérieur à lui ! Son seul vrai ami, celui qui avait vraiment cru en ses capacités, en ses forces... Il l'avait humilié devant la majorité des conseillers, il lui avait dit qu'il ne savait rien, qu'il devenait sénile ! Quel putain d'idiot ! Il avait honte de lui, quel genre d'ange se laisse berner par ses propres émotions à ce point ?

Il sentait son front se faire serrer par son casque, il avait honte. A cette vitesse, il finirait par devenir ce qu'il combattait depuis des années. Ses lames  tranchèrent dans les corps autours de lui, dans cette cohue qui n'avait plus aucun sens. Trop d'hommes, trop de sang, trop de personnes autours de son honneur qui se faisait détruire. Il n'était pas fier de ce qu'il avait réalisé dans cette vie.

Sans Konzen pour le guider, il avait assassiné, il avait conquit, il avait espéré la guerre, il avait chercher à devenir toujours plus puissant, il avait abandonné des femmes, il avait trahis son meilleur ami. Il avait trahi le seul humain qui avait cru en lui, bon sang. Quel genre d'ignoble personnage avait-il était ?

Dans un cri de rage, d'indignation envers lui-même, il se rendait compte que même si on le dépeignait dans tous les écrits comme une bonne personne, un seigneur proche de son peuple, aimant et à l'écoute...
Cela n'avait pas été le cas dans sa vie personnelle. Il avait été une des pires personnes de cette époque. Son versus avait été bien plus à côté de son peuple, des siens, comme pour équilibrer sa propre bêtise.

Est-ce qu'il valait si peu quand il était laissé seul ? Est-ce qu'il était à ce point une chose aussi peu respectable ?

Sa lance transperça le torax d'un des combattants les plus puissant d'Echizen. Impossible de l'en retirer, il l'abandonna pour combattre avec la seule qui lui restait.
Il ne voulait pas mourir ici, il ne voulait pas mourir sans avoir pu lui dire désolé, sans s'excuser à cet humain. Il ne le reverrait plus, plus jamais ! Il le savait pertinemment et ça lui provoquait des douleurs impossibles à calmer pour son cœur. Son âme hurlait des excuses, lamenter ses actions, ses dires !

Dans un dernier assaut pour se rapprocher de la sortie, il se rendait bien compte du nombre de ses hommes qui étaient morts pour lui. Pourtant, quelle ne fut pas sa surprise, et quelle horrible surprise que de voir la trâinée de sang qui gicla sur son visage. Son regard se porta sur la robe bleuâtre qui venait de s'ouvrir en deux, de la lame qui avait transpercer un ennemi face à elle... mais particulière celle qui ressortait du dos, juste face à lui.

« Ka-...Kansuke ? »

Le sourire sur le visage du vieil homme à demi-aveugle, sa main qui se posa sur celle de ce jeune homme qu'il avait accompagné durant toute une vie.

« Allez, mon seigneur... »

Les larmes montèrent aux yeux de l'ange, oh non... Il, il n'allait pas avoir le temps !

«Je suis dé-
- Je sais. Je vous excuse... maintenant.. ; survivez... »

Il tomba juste à côté de lui, avec un sourire presque fier... Pourquoi était-il fier ? Il n'avait rien réussi !

Son crâne se serra autours de ses tempes, comme pour lui rappeler de ne pas s'énerver, de ne pas sombrer dans la rage pure. Il l'ignora.
La suite fut un carnage. Cela faisait un millénaire que la haine pure n'avait pas fait parti de son être. Le sang montait dans son crâne, ses yeux s'étaient ornés de sang à force de recevoir des coups, d'en donner, de vouloir en mettre. Il tua énormément. Il prit énormément de coup...

Seulement c'était la guerre, et ce clan venait de tuer les siens, ce clan qui était dirigé par son pire ennemi, par le pire démon qu'il eut connu, par son autre lui. Il venait de détruire tout ce qu'il avait essayé de construire, la paix qu'il avait presque réussi à faire !

Avec rage, il s'écria au milieu du champs de bataille, déjà mal en point mais assuré de la survie de son clan derrière lui. Les Takeda survivraient à l'histoire ! Il serait le flambeau rouge de la liberté, de la famille et de cette envie d'exister plus forte que la mort elle-même !

Ces hommes ne devaient pas mourir pour rien ! Kansuke ne devait pas être mort pour rien !

« ALLEZ Y ! PRENEZ MA TETE EN GUISE DE TROPHEE ! »

Il ne se laissa pas mourir.
Nataku, Date chérit sa tête tant qu'elle n'eut pas pourri.

Son regard se plantait dans les yeux de la créature en face de lui. Il s'abaissa à son niveau, quasiment allonger sur le sol. La boule orange le regardait avec curiosité et une forme d'inquiétude. Leur discussion silencieuse, l'herbe contre leurs membres qui vacille, le soleil au dessus d'eux, et l'odeur réconfortante de la plaine... La beauté du moment le laissait sans voix. Il n'avait pas particulièrement envie que l'animal se rapproche, il voulait le regarder, l'observer dans ses mouvements, son pelage qui avait l'air doux rien qu'à l’œil. C'était si doux... il se croyait dans un rêve éveillé.

Une main passa dans ses cheveux et il reconnut sa douceur sans se questionner. Shû était au dessus de lui, en train de tranquillement rendre honneur au haut du crâne. Ses paupières tombèrent un peu sous la tendresse du geste. Cela faisait maintenant plus de 2000 ans qu'ils étaient ensembles. Pour les humains, il dirait que c'était comme son père. Il aimait sa présence et se sentait en sécurité avec lui. Sans aucune équivoque... Shû était la personne la plus chère aux yeux du jeune homme.

L'animal se redressa sur ses pattes, comme pour dire un au revoir. Il était mignon, on aurait dit un panda-roux, un peu plus grand que la moyenne. Il partit d'un coup vers le brin de forêt le plus proche. Calmement, cela fit aussi se redresser Mô. Il eut un petit sourire en voyant le regard confortable de Shû.

Dans cette vie, Mô avait décidé de profiter... Il avait repris l'écriture de poème, la chasse au démon ainsi que les années de guerre. Cependant, il prenait le temps de parler avec les autres, le monde. L'animal essayait de sociabiliser.

Kansuke lui avait appris à prendre soin de lui. A prendre soin de sa sociabilité avant tout... Il sourit calmement au souvenir de l'humain. Finalement, Shû lui tapota sur l'épaule.  Il était tant d'y aller.

Mô hocha la tête.
Il était tant de rentrer dans l'armée, aux côtés de Shû.

Il avait passé les meilleurs moments de sa vie. Avec un grand sourire, il se mit contre la porte de la cuisine militaire. C'était si merveilleux. Chaque jour, il se sentait de plus en plus heureux. Le monde lui semblait devenir encore plus doux, tendre. Il n'avait qu'à ramener de la viande, quelques herbes parfois... il les mettait sur le plan de travail, ou sur le côté de la cuisine, puis il n'avait qu'à faire un grand sourire.

Là, il avait chaque jour le droit à une magnifique personne, ainsi qu'à sa cuisine. Ô sa cuisine ! Il adorait sentir les effluves, les bonheurs qui sortaient de chacun de ses plats. Il se sentait chaque jour bien plus joyeux quand la suite arrivait. Les goûts s'élevait déjà pour se mélanger dans ses narines. Les lèvres s'ouvraient dans un sourire presque idiot.

Nous rajoutons une magnifique personne, vraiment gentille, capable de l'écouter, de lui apportait le plus qu'on a dans un bon repas. Iel lui donnait les petits ornements qui faisait de ses plats les meilleurs de sa vie.

Même si leur temps était compté maintenant que Shû savait que son ami était un démon, il en profitait chaque jour, chaque heure, chaque repas. C'était juste comme ça, rien de plus.

Puis comme d'habitude, il était contre le mur, à attendre que son petit cœur arrête de battre. Il ouvrit la bouche pour prendre sa respiration. L'odeur venait jusqu'à lui. Il était déjà en train de retomber dans les vagues d'amour pour son palais... C'était le bonheur de chaque instant, le bonheur de se retrouver là, à ouvrir la porte avec deux sangliers sous le bras.

Avec un pas dans la cuisine, son sourire se fit d'abord doux, ses pommettes étaient rougies. Quand il lea vit, non, quand ils se virent, l'émotion de l'habitude et du moment partagé, d'un bref instant qui ramenait seulement de la joie entre eux !

Suen n'avait jamais ressenti ça, Mô avait de la chance dans toutes ses vies : c'était celle-ci où il avait rencontré la personne qui lui apportait le plus de joie. Il avait commencé cette existence avec une seule personne, maintenant il en avait deux...

« Bonjour ! »

Il s'assit devant le plan de travail, les deux bêtes juste à côté d'eux. Bien-sûr, un bon plat l'attendait déjà.

Il se mit contre Shû légèrement. Il repartait au Japon... il n'avait pas envie, mais il avait fait une promesse. Un peu comme un enfant, il avait osé le caprice de rester ami avec un démon. En échange quand le temps était venu, il devrait repartir... Le voilà donc là, sur ce bateau avec presque un trois cents personnes, à naviguer vers le Japon.

Son regard n'était pourtant pas vers le soleil levant, plutôt celui qui se couche... Il soupira largement quand soudain Shû lui attrapa l'épaule pour le secouer.

« Il est là. »

Il cligna des yeux et regarda son maître sans comprendre. Konzen avait commençait scintiller, son sceptre avait pris une belle couleur. Il ouvrit grande les yeux. Voilà tellement longtemps qu'il ne l'avait vu aussi sérieux.

« Qui ?
- Mon versus. Nous allons te faire le manger, Suen.
- Euuuuh, oui ? Il est pas super fort ?
- Nous sommes deux. »

Ce fut la première fois que le combat fut aussi serré. Suen eut du mal à suivre. Ça allait trop vite... Pourtant, il arriva à prendre la personne qui ressemblait tant à Suen. Leur énergie était la même sans être la même. Il se demanda comment c'était possible. Est-ce que c'était la même entre lui et Nataku ? Sûrement oui... Il inspira et pressa un peu plus le corps de la femme en dessous de lui.

Les yeux du démon lui firent peur, vraiment. Quand il avait entendu plus tôt qu'il allait tué tout le monde... c'était vrai. Il le savait maintenant, c'était vrai ! Il allait l'effondrer s'il ne l'arrêtait pas là. Alors il pressa encore, et encore. Il se mit même à hurler et forcer au point au ses vêtements se déchirèrent.

Ouvert de part en part, Konzen se mit face à son autre lui et commença l'extraction, son bâton pointait contre le front du démon. Il semblait se parler sans un mot, mais l'un et l'autre avait un sourire d'une puissance inégalée.

Suen le savait, il assistait à un combat de titan.

« Je suis heureux de purifier le monde de ta ignominie, Sergal... »

Le sourire du démon se changea en rire :

« Tu auras été fou du début à la fin Hammurabi ! »

Est-ce le vrai nom de son maître ? Il le regarda sans comprendre. Cet échange lui échappait. L'essence finit toutefois à passer au dessus du rire. Il la mangea... et sans comprendre le corps de son maître s'effondra...

I-Il était mort ? Juste comme ça ?
Malheureusement, il n'eut pas le temps d'y penser alors que dans son crâne venait vibrer des voix, une voix... ?! Il n'en avait aucune idée. En tout cas, ça lui provoqua rapidement un furieux mal de crâne. Il tomba à genoux alors que devant lui son bâton doré... son vieux et beau bâton doré réapparaissait devant lui. Il l'attrapa avec une petite faiblesse...

« Saluuuut, ça boom ? » Il cligna des yeux.

Dieu lui parlait ?

« Non, pas dieu, petite puce, le niveau en dessous... Je suis Kannon, enchanté. Je serai ton amie et ton guide maintenant, petit ange de la paix. Mais pour le moment, tu dois vivre ton présent. Bon courage petite puce... »

La voix était douce, il n'avait pas tout compris... Mais il s'effondra.

La voix continua de lui parler. Il appris qu'iel était un ange de second rang, une puissance de la miséricorde. Elle essaya de lui parler le mieux possible, le plus calmement aussi... Pourtant, ça ne calma pas son cœur... Konzen était mort dans cette vie aussi. Même si les habitants du navire l'avaient encensé, remercié... Il n'était pas fier de son action. Il avait l'impression de ne pas tout comprendre. Il avait l'impression d'avoir loupé quelque chose dans tout ça. Avec une légère forme sur son visage, il avait progressivement arrêté de parler.

Sur le sol du soleil levant, il ne trouvait pas vraiment où aller. Malgré la gentillesse de Kannon, la douceur des temps de cette année... Il n'avait même pas âme à écrire un poème. Cette vie aurait dût être celle où il aurait pu profiter, apprécier son existence. C'est en tout cas ce qu'il s'était dit, ce qu'il avait promis à la mort de Kansuke.

Pourtant, de toute cette existence, il n'avait apprécié qu'une année... et il avait abandonné l'endroit pourquoi ?

Pour voir mourir son maître, encore une fois.
Il en avait tellement marre.

« Kannon ?
- Oui ?
- Je me sens particulièrement fatigué...
- C'est la dépression ma petite puce... » Sa voix était bien plus lente, inquiète. « Ça ira mieux... »

Il s'assit sur un coin de banc, juste à côté d'une petite niche.

« Ça ira mieux Suen... Tu peux fermer les yeux... »

Il hocha lentement la tête... puis ses yeux se fermèrent avec lenteur. Après quelques instants, sa main perdit ses forces et sa tête bascula légèrement sur la droite...

Le regard du jeune homme était perdu dans les étoiles aux dessus de lui. C'était sincèrement la première fois depuis un long moment qu'il pouvait admirer la beauté du ciel sans avoir peur que quelque chose ne lui tombe sur la tête. La guerre ne s'était arrêté que depuis quelques mois... Il avait fait tout ce qu'il avait pu pour aider les autres, pour accompagner la vie vers de meilleures opportunités. Il espérait sincèrement avoir réussi. Même s'il n'avait pas fait beaucoup, Harald savait ses limites.

Il balançait sa jambe au rythme des vagues. Son cœur ne tambourinait plus dans son cœur. Il ferma les yeux en se souvenant des différents moments. Jamais une guerre n'avait été comme celle-là. Violente, sans homme, des véhicules avant des armes... L'honneur n'avait même pas existé dans tout ça. Il sourit calmement en remerciant le monde que ce fut fini. Plus jamais, il ne voudrait être à la place d'un soldat demandant après ses supérieurs pour aider les civils, ceux qui restaient derrière.

De plus... Il commençait à se demander si la personne qui l'avait récupéré... est-ce qu'il était vraiment Konzen ? Après tout, il l'avait plus d'un fois confronté en lui disant qu'il agissait mal... en disant qu'il aurait dût tuer ce démon la dernière fois. Sa jambe arrêta de se balancer.

Konzen était dur, très dur comme personne. Il ne pensait qu'à sa quête mais... il ne lui avait jamais dit qu'il était un moins que rien, qu'il ne méritait pas le jour où il était devenu un archange. Puis cette faible lueur en lui, il ne se souvenait pas d'une si faible lumière en lui... Ce n'était pas comme avant ? Est-ce que c'est à cause de la perte de son versus ? Est-ce que les anges qui perdaient leur versus...

Il ramena ses jambes vers lui alors que son visage se fixait sur l'horizon, perdant son sourire. Est-ce que les anges qui perdaient leur versus changeaient de mentalité ? Perdaient leur force ? Est-ce qu'il avait encore vraiment Konzen avec lui ? Il ne savait pas, pourtant pour lui sauver un ange était plus important que de tuer un démon non ? Protéger avant de tuer, c'est ce qui lui semblait pourtant le plus important.

Sa main se mit sur son visage.
Il avait parfois peur de se tromper, de ne pas reconnaître la personne qui fut son parent durant tant d'année. Il ne savait pas si c'était par ce qu'elle avait à ce point changé... mais l'ancien lui lui manquait.

« Kannon... est-ce que...»
Elle ne lui répondit pas encore, comme souvent.
« Est-ce que je me trompe ? »

Petit silence avant qu'elle demande à son tour :
« Sur quoi ? »

Il ne lui répondit pas. Il ne savait pas quoi dire.

Une main passa dans ses cheveux. Il redressa le visage sur elle. Avec un petit sourire, il se promit de lui faire un autre câlin. Cela faisait 3 ans qu'il avait quitté sa mère patrie pour rejoindre l'étrange contrée bleutée au-delà de la mer. Il avait fait le choix d'abandonner Konzen pour prendre du temps pour lui, pour savoir ce qu'il voulait faire de la suite.

Ainsi, il s'était retrouvé dans cette étrange petite colonie. Les gens y étaient gentils, agréables. Ils profitaient de la nature et s'entraidaient tous. Pour lui, ça ressemblait à ce qu'on lui avait longtemps narré du jardin d'Eden. Parfois, ils s'accoudaient tous à une table en profitant d'alcool et d'autres mets divers, les amenant sur d'autres formes de paradis.

C'était le cas actuellement. La tête sur les genoux de son amie, il caressait ses cheveux dorés avec un air hébété. Elle aussi, c'était une ange. Elle était bien plus jeune que lui, mais aussi et sûrement plus adulte. Avec les couleurs qui saturaient suite aux champignons, il avait presque l'impression de revoir la première image qui lui restait de Konzen dans sa première vie. Et là, grâce à ces petits trésors, il avait enfin le droit de caresser les cheveux dorés.

« A quoi tu penses Harald... ?
- A mon maître. »

Elle gloussa, sûrement en pensant qu'il lui faisait une blague. Qui pouvait bien dire ça d'une autre personne après tout. Il ne le prit pas mal. Au contraire, il rit un peu avec elle.

« Elle avait tes cheveux la première fois.
- Ha oui... ? Comment elle s'appelle ?
- Konzen... »

Le silence lui répondit. Il cligna des yeux alors que le visage de la jeune femme s'était brutalement durci, non pire, elle avait peur. De quoi pouvait-elle bien avoir peur ? Il se redressa doucement et mit ses deux mains autours de son magnifique visage.

« Ça ne va pas ? »

Elle semblait presque tétanisée.

« J'ai dit quelque chose de mal ? »

Puis, la belle blonde s'écarta de lui.

« Tu... tu as comme maître … Konzen ? Mon mentor m'a parlé de lui... Il l'avait croisé il y a longtemps... un mec horrible, qui était persuadé qu'il fallait absorber l'âme des démons pour permettre à l'humanité de survivre correctement... Tu fais ça toi ?
- … En quoi ? Enfin, c'est pour le bien de tous... non ? »

Son esprit était embrumé, ses paroles n'avaient pas de sens pour lui. En quoi c'était mal ? Il fronça les sourcils et avant qu'elle ne s'échappe, il lui attrapa la main :

« Attends ! Je... J'ai besoin de savoir ! »

Elle venait de passer de la crainte à la tristesse. Il semblait dans son regard qu'elle avait pitié de lui.

« Tu sais bien, si on en finit avec l'essence d'un démon, on fait de même avec son versus ange. »

Tout ce qui avait pu embrumé son esprit disparut. Il devient brusquement livide. Brutalement, il sentit autours de son crâne se resserrer un diadème qui depuis longtemps n'y était plus.

Plusieurs choses se firent dans son esprit. Il mit sa main sur son visage. La petite ange essaya de l’appeler, de le ramener avec elle... Rien n'y fait. Il se mit en boule sur le sol, incapable de respirer alors que tout les liens se faisaient en lui. Les doigts s'enfonçaient dans les plies de son visage. Il hurlait sans son, incapable d'en formuler, incapable de bouger aussi.

Sauf qu'il le fit en se libérant de la demoiselle. Il se précipita vers le champs le plus proche et y perdit tout ce qu'il avait en lui.

Konzen.
Les essences.

Combien d'anges avait-il tué ?
Il avait tué Konzen ?

Avoir tué Konzen avait fait de lui un archange ?
Ou est-ce le fait d'avoir tué Sergal ?

Donc, cet homme n'était pas Konzen, fils de...

Il ne répondit pas pendant plusieurs jours.

Ok, combien il en avait pris ?
Il en avait aucune idée...
Franchement, c'était pas la mort la plus glorieuse. Il était dans un des camps du coin, au milieu de il savait pas trop quelle contrée d'Amérique. Il avait juste l'impression d'y être depuis des jours et des jours. Pourtant, son journal lui disait toujours 3 Mai... C'est fou ça. Il se sentait épuisé et en même temps en forme. Depuis quelques temps son corps lui donnait des signaux complètement différent. Il avait sûrement pas pris assez d'Ayahuasca. Il se redressa alors même qu'il retombait, ou l'inverse ?

Aucune idée. Il pouffa mais se redressa quand même au bout d'un moment. Les jeunes gens du coin était tous soit sur un des canapés soit dans la piscine, ou encore en train de danser avec grâce au milieu du salon. C'était vraiment un beau petit monde. La méditation de ce matin s'était bien passé et ça lui avait clairement ouvert l'esprit à d'autres façons de voir le monde, de le ressentir, de toucher ce divin qu'il avait clairement jamais pu atteindre même avec les conseils de Kannon.

Ouais, il avait peut-être réussi à trouver la paix en lui-même. Ne plus penser au sujet auquel on ne pourrait rien faire, avancer pour faire le bien quand on le pouvait. Il sourit un peu en voyant deux jeunes personnes entrain de s'embrasser... Haaa, ça aussi ça lui plaisait de le voir. Puis la petite fleur a côté devait beaucoup aimer la joie et la bonne humeur de la maison..

Allez, il mit la mixture dans l'eau et laissa réchauffer un moment sur le feu. Il se dandina un peu sur le rythme du folk qui passait en fond tout en profitant de son corps, de l'intensité qui y passait, des mots doux qu'on lui murmurait. Franchement, tout allait plutôt bien là. Il y avait parfois des démons à tuer, mais ça on s'en fout... il préférait même leur faire un gros câlin et qu'ils se posent tous ensembles à fumer un p'tit truc au calme. Frère, profite de ta vie et du temps magnifique. Ce soleil dans le ciel, la beauté de la nature autours d'eux.... Mais quoi de mieux en fait ?

Il se mit contre le placard tout en sirotant sa boisson. La tête qui part en arrière, il profita du bond vers les paradis artificiels.

Et n'en revient jamais. En tout cas, il n'en eut aucun souvenir.

Jasmin s'était retrouvé pour la toute première fois de son existence dans une famille d'ange. Pire que ça, il avait été avec deux archanges... une « petite sœur » plus jeune et visiblement aussi sportive que lui, avec des paillettes dans les yeux à chaque instant de sa vie. Puis il y avait son « père », dont franchement, il ne datait pas l'existence ni la sagesse. Cette homme était un génie urbain, capable de réflexion au-delà de ce que le jeune homme pouvait imaginer. Sauf qu'il y avait un mais, et même un gros mais...

Aucun des deux n'avaient vraiment la capacité de vivre seul ma parole ! Après un énième facepalm, puis un grognement, il finit de réparer la machine à café.

« Voilà ! Faites attention la prochaine fois... hein.  »

Bien-sûr que Sonny lui lâcha un oui excité, mais ça ne voulait clairement pas dire qu'elle s'y tiendrait. Bordel de bon sang de bonne foi. Il soupira alors que son « père » lui fit une petite tape sur l'épaule et un pouce en l'air. Il le regarda puis son sourire et revient et ils se firent un check de fesses.

Il était magnifique leur check de fesses, le plus beau de votre vie. Émoticône muscle.

« Bon, vu que t'as réussi cette épreuve ! » Et quelle épreuve. « Tu vas pouvoir aller étudié tout seul à Thunderbay ! »

…

« Quoi ?  »

Il le regarda sans comprendre. Il pencha juste la tête avec des paillettes tout autours de lui.
Ha- Ha bha ok ?

Suen se demandait vraiment ce qu'il devait pensé de cette nouvelle existence. Elle était... si différente de toutes celles d'avant... tellement plus paisible qu'il... Qu'il n'aurait pas imaginé la perdre comme ça. Il la perdait ? Ou bien... est-ce qu'il apprenait à vivre de son côté... comme un grand ?

« Tu vas y arriver ? » Il ne savait pas si Riwardo avait lu en lui, mais il hocha juste la tête.

« Ouais, je vais y arriver.  » Ils se sourirent, l'un certain, l'autre pas vraiment.

Le secondaire à Thunderbay, ça avait été quelque chose. Il avait retrouvé Luke, avait été mis sous la coupelle de la famille Richardson vu que visiblement... son père avait de bonne relation avec eux ? Il en découvrait tous les jours sur cet homme, vraiment. Puis il avait continué à agir comme il le devait. Il avait repris l'écriture, les poèmes, la littérature. En dehors, son corps était toujours sa priorité... Arts martiaux, salles, sports extrêmes, routine et lire, c'était sa vie quand il n'était pas en train d'aider les voisins, la milice, ce qui avait besoin de lui.

Sa vie n'était pas rythmée comme elle le fut avant durant la guerre. Au contraire, elle était rythmée par les bonnes actions, par l'envie de se rendre utile, d'exister en dehors de ce qu'il fut. Sa méfiance avait bien augmenté en une vie. Sa colère ne montait plus aussi facilement... au contraire, il se révélait d'une patience sans borgne.

Sa faim par contre, n'avait jamais été aussi forte. Est-ce par manque d'essence ou par pur traumatisme ? Que ce soit l'un ou l'autre, il s'en foutait, il dépensait tout.

Puis bon, foutre une raclée à deux ou trois idiots, ça lui faisait du bien.
Bon sang, qu'il aimait se battre, qu'il aimait manger...

Dieu, merci, qu'est-ce qu'il aimait juste vivre finalement ?
Les souvenirs faisaient de lui qui il était et ça lui donnait envie de toujours mieux être ? Il avait fait des erreurs, il avait été naïf, il avait foutrement cru en son père au-de-là de ce qu'il aurait dût... Peu importe.

Maintenant, il devait prendre tout ça, et en faire du mieux. Juste du mieux.

Quand il ouvrit sa librairie, quand il rentra pour de bon dans les eagles, il le fit avec ça en tête.

Son mantra, maintenant, c'est vivre au mieux et pour le mieux.