Les souvenirs de Marnie ¤ Aanya

Aanya, assise à côté d'iel dans la petite barque, observe l'horizon qui se rapproche peu à peu, les reliefs et les contours de cette île qu’elle n'a jamais eu l'occasion d'observer. Son regard pâle voyage et glisse au rythme du petit clapotis de l'eau sur les flancs du frêle esquif. Une impression de calme et de sérénité l'envahit.

Elle observe avec attention son enthousiasme pour cette île, cette Mc Kellar Island, qu’iel aime tant. Elle écoute attentivement ses paroles et se laisse bercer par la mélodie de sa voix. Elle peut presque ressentir la paix qui l'envahit lorsqu’iel se trouve là-bas. Et elle espère secrètement ressentir cette paix, que cette escapade l'aide à comprendre d'où provient cette douceur.

Elle pense à cette proximité récente qu’ils partagent, ce moment où ils ont frôlé la mort ensemble et où, malgré l'effroi initial, ils ont réussis à rire de la situation. Elle réalise que ça à marqué un tournant. Et il y a la douceur désarmante de son sourire, qui peu à peu s'insinue dans ses fissures. Elle apprécie cette écoute sincère qu’iel lui offre et elle est touchée par sa persévérance à vouloir la connaître davantage.

Lorsqu’iel lui propose d'observer les oiseaux sur cette île, Aanya accepte avec curiosité. Elle est reconnaissante de l'opportunité de partager cette expérience avec iel, de pouvoir explorer un nouvel aspect de la nature en sa compagnie. Elle sent que iel veut lui offrir un peu de son univers, de ses passions, et cela l'enchante.

Alors qu'iel interrompt brièvement son avancée pour contempler la maison du gardien qui se profile à l'horizon, Aanya se tourne également vers l'île qui se rapproche. Elle imagine les histoires qui peuvent se dérouler entre ses arbres et ses rochers, se demandant si elle aussi peut y trouver sa propre histoire, sa propre voix à écouter.

Lorsqu’iel lui parle des souvenirs de Marnie, des romances et des drames qui peuvent s'y dérouler, elle sourit doucement. Elle ne connaît pas ce film, à son grand désarroi, mais elle est captivée par son enthousiasme et son désir de lui partager cette part de iel-même. Elle accepte volontiers d'être kidnappée pour les découvrir, sachant que c'est pour la "bonne cause", comme iel le dit si joyeusement.

Aanya lui offre un sourire peu assuré, ouvre la bouche, et la referme, hésite. Et si le ton de sa voix est trop sec ? Trop cynique ? Elle craint de le faire fuir, comme un petit oiseau sauvage.
-…euh…non…jamais vu.

Et elle se renfrogne, embarrassée de son manque de chaleur, de ce coeur qu’elle trouve trop froid.

"Je n’ai pas peur de me salir," soupire-t-elle, en contemplant la l’eau qui s'écoule avec une douceur presque hypnotisante. Elle retire ses chaussures, sent l'herbe humide sous ses pieds nus et savoure la fraîcheur de l'air. Le ciel est sombre, parsemé d'étoiles brillantes et énigmatiques qui semblent se moquer d'elle depuis leur lointain sommet. Aanya sourit, un petit sourire à peine osé qui est à la fois triste et résolu. Elle se débarrasse de son manteau, laissant la fraîcheur caresser sa peau. Il y a une élégante tranquillité en elle, une force qui semble défier la nature de sa lumière. Elle s'avance vers le bord de l'eau, ses pieds nus fouissent le sol mouillé et froid. Son reflet dans l’eau est presque spectral.

“On finira par se poser, j'ai pris de quoi manger dans mon superbe sac à dos. Mais seulement une fois qu'on sera dans un endroit encore plus tranquille que celui-ci. Ça te va ?”

"Parfaitement," dit-elle en souriant doucement. Elle acquiesce et marche lentement vers iel, ses pieds nus effleurant les brins d'herbe encore humides. Ses cheveux dansent sur ses épaules à chaque pas qu'elle fait. Peu à peu la nature les accueille, chaque arbre semble se pencher vers eux, offrant un abri contre le ciel, absorbé par les grandes feuilles qui tourbillonnent dans la brise.

Mais le calme ambiant et la douceur de son compagnon ne l’aide pas a se calmer. Derrière son masque soigneusement préparé, le noir lui ronge encore l'esprit, comme une bête affamée qui dévore incessamment son cœur. Son ombre se tortille comme un monstre hideux. Elle cligne des yeux, espérant chasser les visions qui l’oppressent.

“Dis, comment tu fais ?” demande Aanya fixant son compagnon, ses yeux froids reflétant le ciel vide. Elle prend une profonde inspiration, sentant l'odeur terreuse de l'herbe fraîchement foulée et l'humidité du lac qui perle sur sa peau.