LES INTRIGUES sont de retour ! (ou plutôt elles se lancent 
) Si ça t'intéresse de débloquer des trucs au niveau du contexte, c'est par 
Have you ever been punch in u'r mother-fucking face ?
Aanya quitta la boutique en comptant les quelques dollars qu’il lui restait. Pas folichon : 5o cts pour finir le mois. Sa logeuse allait lui tomber dessus pour le loyer.
L’ange avait retroussé les manches de son col-roulé noir jusqu’aux coudes et tenait son anorak sur un bras. Après une pluie matinale printanière, les rue miroitaient de flaques qui renvoyaient au ciel les rayons déjà chauds du soleil. L’atmosphère la revigora, mais ces derniers jours, son quotidien manquait cruellement d’adrénaline. Et pour y remédier, Aanya avait ses propres astuces, l’ange reporta son attention sur les rues malfamées. Nul besoin de traquer sa proie dans un univers urbain. Il lui suffit d’aller là où se concentre les signes d’une misère palpable et suffocante.
Aanya se posta sous le panneau lumineux d’une enseigne criarde, au milieu des effluves de viennoises chaudes, et sorti du sac de papier les croissants encore fumants. L’ange avisa un homme qui la guettait avec un étrange regard. L’individu était grand et gras, les cheveux bruns, plaqués en arrière, il était habillé comme un vrai thug, avec chemise noir et chaine en toc. Aanya était capable de flairer la thune aussi surement qu’un limier, mais ce type avait l’allure d’un caïd de bac à sable...L’homme parut gêné et aspira une bouffée de sa cigarette avant d’attraper un sac qui semblait très lourd et de reparti de son côté. Aanya le fixait froidement, des lueurs ressemblant aux rayons du soleil sur l’eau bleue dansaient dans ses yeux clairs. Elle adorait les gangsters, ils étaient annonceurs d’amusements. Elle interpréta sa présence comme un signe et, cette fois-ci, n’eut pas besoin de se forcer pour sourire.
Des poubelles renversées répandaient leur entrailles sur le chemin et l'odeur fétide qu'elles dégageaient rendait l'atmosphère irrespirable. La pluie des derniers jours s'était accumulée dans les égouts déjà bouchés, qui avaient régurgité une bonne partie de leur contenu. Elle nota que les moindres lumières scintillaient d’un éclat particulier. À mesure qu'elle avançait, ses pieds s'embourbaient dans les ordures et s'en extirpaient dans un écœurant bruit de succion. Lorsqu'elle s'arrêtait, un silence épais l'entourait. L'allée obscure semblait coupée du reste du monde : aucun éclat de voix, grondement de moteur ou coup de Klaxon, aucun battement d'aile ou roucoulement de pigeon, pas même le sifflement du vent ne s'aventurait ici pour chasser au loin les effluves nauséabonds des détritus éparpillés.
- Es ist eine echte Müllhalde, mein Wort[1].
Comme si entendre sa propre voix lui avait rappelée qu'elle était bien éveillée, Aanya secoua la tête, saisi de l'impression tenace qu'elle émergeait d'un rêve. Elle observa plus attentivement son environnement et s'arrêta net. Avait-elle perdu l’esprit ?
-... ich verliere den Verstand[2]. C’est du propre.
Elle soupirait de dépit lorsque des pas rapides, réverbérés et amplifiés par l'étroitesse de la venelle, déchirèrent le silence. Capuche sur la tête, une petite silhouette toute de noir vêtu se précipitait dans sa direction, comme pourchassée par la mort en personne. Ou en l'occurrence ici, trois gaillards bâtis comme des gladiateurs. Le slip de cuir en moins. Elle le heurta de plein fouet. Aanya accusa le coup ; le gamin rebondit contre son ventre musclé et fit un pas en arrière pour retrouver son équilibre. La silhouette manqua de trébucher sur un monticule d'ordures, mais L’ange eût l'heureux réflexe de la rattraper. Elle tiqua, quand la masse légère de l'inconnu s'appuya sur elle. Loin d'être un gamin des rues, ce qu'elle avait dans les bras était une femme fluette, à la silhouette gracile. D'un geste un peu trop brusque, elle tira la capuche en arrière, révélant les traits délicats d'un visage féminin. Une épaisse masse de cheveux noirs, cascadait en grosses boucles dans son dos, libérés de leurs entraves de tissu. Des sourcils fins, et des yeux olive, bordés de longs cils noir.
Aanya eut la chair de poule. Puis, peu à peu, les picotements devinrent crépitements. Aanya se réveillait. Elle ne tenait plus en place, serrant et desserrant convulsivement ses poings. Ferma les yeux pour se concentrer. Depuis le réveil elle avait un peu mal derrière les yeux. Les lumières étaient toutes un peu aveuglantes et les couleurs saturées. Elle se souvint que ses lunettes de soleil étaient dans sa poche et elle les posa sur l’arrête de son nez. Elle se sentait mieux ainsi.
La fille l'attrapa par l'épaule et tenta de l’entrainer à sa suite, à l'abri de ses poursuivants. Le regard rempli de terreur.
- Bon sang ! Mais qu'est-ce que tu fou ici ! Bouges !
Aanya se contenta d'un haussement d'épaules et lui indiqua du bout des doigts, les trois hommes devant elle.
-…ces types…ce sont des méchants ?
-…mais c’est quoi ton problème ?! Cours je te dis !
Aanya se tourna prestement et se saisit de son coude pour la projeter en dehors de la ruelle.
-Dégage. Tu gênes.
[1] C'est une véritable décharge, ma parole.
[2] Je perds la tête.
Codage par Libella sur Graphiorum