Ta soirée, tu ne l’avais pas anticipé comme ça, tu dois bien l’avouer. Tout devait se passer calmement, et pourtant, tu as réussi à te retrouver dans une sacrée situation. Le sang qui coule de ton nez pour s’écraser dans un bruit sourd sur le béton gris en est la preuve la plus flagrante. Comment es-tu arrivée là déjà ? Entourée d’une bande de gros bras bien motivés, à ne pas te laisser partir, toi et l’étrange personne à tes côtés. Ah oui, je m’en souviens maintenant.
Tout à commencer avec un simple appel. Une voix sanglotante au bout du fil, et de simples mots, prononcés dans la précipitation :
« Au mon dieu je crois qu’ils tuent des gens au Rats Den ! Je... Merde, je peux pas rester ici ! » Et puis plus rien. Seul le bip de la rupture de communication avait résonné dans tes oreilles, te laissant dubitative. Le Rats Den ... Traduisible par « le repaire des rats » ... Un vieux bar qui se trouvait justement près du lieu, où une personne recherchée avait disparue. Simple coïncidence ? Tu n'y croyais pas. Mais pouvais-tu faire confiance à un tel appel ? Tu avais pris quelques minutes pour y penser, mais, qu’importe le chemin que ton esprit empruntait, tu finissais toujours par conclure à la même chose : Tu ne pouvais pas prendre le risque de laisser des personnes se faire tuer alors que tu avais l’information. Rapidement, tu avais attaché ton arme au harnais qui entourait ta poitrine, enfilé ta veste en faux cuir sombre et sans demander ton reste, était partie, droit vers le miteux et suspicieux petit bar.
30mn plus tard, tu t’étais retrouvée perchée sur le toit d’un bâtiment adjacent, des jumelles collées aux yeux, observant les divers vas et viens d’une bande, que tu savais indépendante des Bones, par l’absence du si fameux tatouage. Comme quoi, ce bat portait un nom parfait : Il accueillait des rats, grouillants et répendants le chaos derrière eux. Des rats que la célèbre mafia finirait par éradiquer, dès qu’ils prendraient un peu trop d’ampleur. Une fois fait, tu le savais, il serait bien plus difficile de mettre fin au trafique qui se déroulait sous tes yeux. D’ailleurs, tu avais une forte idée de ce qui se tramait dans l’arrière-boutique. Il faut dire que les indices étaient plus que flagrants. Cela faisait déjà 3 fois qu’un homme chauve allait remplir de petites glacières à l’aide d’un distributeur de glaçon, au motel d’en face, et un autre avait sortir un sac à déchet, dont la conception était la même que ceux utilisés pour les déchets biologiques dans les hôpitaux. Cela ne pouvait donc être qu’une chose :
Du trafic d’organes.
Malheureusement, quelques observations n’étaient pas suffisantes. Il te fallait plus, pour faire bouger les forces de l’ordre, déjà bien débordée, et corrompue. Il fallait que tu t’approches, et que tu voles des preuves. Tu n’avais pas d’autre choix. Heureusement, tu avais des gants dans la poche arrière de ton pantalon. Tu étais prévoyante. Tant mieux. C’était quelque chose qui te permettrait d’aller loin.
Mais tandis que tu t’apprêtais à descendre de ton perchoir, une silhouette sombre qui s’enfuit en courant attira ton attention. À ses trousses se lançait une bande d’hommes de mains, qui te rappelaient des gorilles. Les voix graves résonnaient dans l’obscurité humide et nocturne du mois de novembre. Tu ne pouvais en déduire qu’une chose : Cette personne avait les preuves qu’il te fallait. Sinon, elle ne se ferait pas courir après ainsi. Le résultat de tout cela était simple :
Tu avais besoin de preuves. Ces preuves étaient égales à cette personne. Il fallait donc que tu mettes les mains sur cette personne avant eux.
L’adrénaline s’était, en moins d’une seconde, propulsée dans tes veines et avant même d’y avoir vraiment pensé, ton corps s’était élancé. Comme un ninja, tu t’étais mise à courir et à sauter, de toit en toit, pour ne pas perdre leurs traces. Ton souffle se faisant court. Ton cœur s’emballait. Ton esprit se focalisait seulement sur ton objectif et, à ce moment précis, tu devais être honnête, tu te sentais vivante. Terriblement vivante.
La rue était longue. Mais tu avais l’avantage de la hauteur. Tu savais ce qui t’attendait plus loin. Et où ta cible tournerait, face à la seule possibilité qui s’offrait à elle. Alors, quand tu arrivas au niveau du virage, ta main agrippa l’acier des escaliers de secours. La force de ta course te propulsa autour de cette axe, grâce au principe d’énergie cinétique et, en quelques secondes, tu te retrouvas en bas des immenses escaliers, ou tout du moins, à seulement deux mètres du sol. Tu n’avais pas le temps de descendre la dernière rangée de marche à pied. La cible était là. Maintenant. Pas une seconde plus tard ou plus tôt. Alors, ton corps, tu le jetas violement en avant, et en une roulade tu te retrouvas à califourchon sur cette étrange personne, qu’il te fallait attraper à tout prix. Le choc avait été douloureux, pour elle, comme pour toi. Mais au moins, tu avais atteint ton objectif. Tu ne pouvais pas t'empêcher de sourire.
« Vous, vous venez avec moi ! »Ton regard écarlate était plongé dans le sien, quand les pas des brutes à sa poursuite te ramenèrent à la réalité. Tu t’étais redressée rapidement, relevant par la même occasion « tes preuves vivantes » en attrapant sa main et la seconde d’après, tu esquivais un coup de poing dirigé directement vers ta jolie bouille.
« Voyons messieurs, pourquoi on ne discuterait pas comme des êtres civilisés ! »Ton pied avait dit le contraire, en venant s’enfoncer avec violence au niveau de la rate de ton premier agresseur. Il faut dire les choses comme elles sont : Tu avais vachement la classe à ce moment précis. Les rayons de la lune se reflétaient sur ta chevelure couleur neige, la brise nocturne secouait celle-ci avec douceur, ton regard était déterminé et, malgré la situation, tu gardais un calme olympique. Dommage que la seconde d’après, tu recevais un coup de poing dans le nez.
Oui, voilà, c’est comme ça que tu en es arrivée là. Avec ton nez souligné de rouge, et ton regard empli d’une colère retenue, les poings montés au niveau du visage comme une boxeuse.
« C’est pas cool ça ... » Ouais, c’est pas cool. Tu vas devoir faire gaffe. Ce coup n’était pas faiblard. Et tu as beau t’être entraînée, tu n’es pas indestructible. Ta cible non plus d’ailleurs. Au fond de toi, tu espères qu’elle sait se battre.
« Si t’essayes de te barrer, je te préviens, je te retrouverais et je t’arrêterais pour délit de fuite »
Ouais, bon, t’es pas flic. Mais ça, il ne le sait pas ! Alors autant en jouer ! Puis tu as une arme, ça ne peut que renforcer ta crédibilité ! Même si tu espères ne pas avoir à t’en servir. Tu ne fais pas ce boulot pour tuer, bien que de telles ordures ne manqueraient pas à la société ... Mais tu vaux mieux que ça Sam, tu le sais. Tu n’oserais pas regarder Ézéquiel dans les yeux si tu devenais comme ceux que tu méprises.