[FLASHBACK] THOMAS BROWN ✕ KAELA ROY

Lypo · Lypo - ready when you are

Ouais j’ai le seum. J’ai raté mon année. Qui n’aurai pas le seum ? Et me voilà comme un con devant les listes, à lire les noms de mes camarades de classe. Des noms que je ne connais peu ou pas. Ça me gave. En plus j’avais bossé, bon la semaine avant les exams finaux, mais j’ai bossé au moins. Mais non, de tous mes potes, je suis le seul à encore être coincé dans ce bahut de merde.

Je crois que ce qui m’emmerde le plus, c’est même pas d’avoir redoublé. C’est l’Espagne. J’ai pas pu y aller pendant les vacances car « j’ai pas assez travaillé ». Les vieux sont relous avec ça. Du coup j’ai passé l’été ici, à Thunder Bay-de-mon-cul à faire des soirées dont la majorité des gens avait 16 piges. Sauf que j’en ai 18 et je déteste les mioches. En plus y’en a un qui s’est coupé j’ai failli vomir.

Bref, pas les meilleures vacances. Cela dit j’crois que j’ai rencontré deux ou trois personnes qui sont dans ma classe cette année, mais je sais pas si j’ai envie de traîner avec eux. Et v’la que y’a le prof qui appelle. 100% je le connais et il va me bully toute l’année. Je peux pas lui en vouloir je lui ai surement fait la misère l’année dernière, mais ça saoule, tout saoule.

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Ma meuf m’a largué. Je vous jure j’en peux plus. Une semaine qu’on a repris les cours et elle m’a tej car je suis « encore un enfant » alors que je suis né AVANT ELLE. Putain. Tout ça car j’ai repiqué. C’est ce bahut de merde aussi là, ils nous ont mis par ordre al-pha-bé-tique. Abusé. Avec mon nom de famille en B je suis devant c’est horrible.

Cela dit j’ai commencé à traîner avec une meuf et ses potes là, elle est mignonne et a l’air appréciée de tout le monde. Bon j’ai retenu aucun prénom mais au moins, pour l’instant, j’ai pas séché un seul cours, et ça c’est plutôt fort. Surtout que des fois j’ai juste envie d’aller jouer au volley avec mes potes à l’uni.

Kaela l’avait encore surpris. Un regard en coin vers l’avant droit de la pièce, en échange ? Un clin d’œil. Elle souriait timidement, luttant pour ne pas rougir. Elle se sentait spéciale dans ses yeux. Certaines de ses camarades de classe la jalousaient, d’autres faisaient des paris. Elle trouvait ça stupide mais elle n’allait pas le leur dire, ça n’avait pas d’intérêt, et puis ça la mettait mal à l’aise.

Elle et Tom c’était rapproché assez rapidement. Il trainait avec son groupe et il n’avait pas l’air bien. Kaela lui avait tendu la main, elle l’avait écouté râler sur ses parents sans rien dire sur les siens. Petit à petit, il s’était ouvert à elle, il s’était confié. Elle était privilégiée. C’était ce qu’elle ressentait.

Les autres filles le trouvaient si cool, il était drôle, mignon et sportif. Pour les plus intelligentes d’entre elles, elles rêvassaient à lui donner des cours particuliers. Héroïnes à 17 ans. Mais seule Kaela pouvait le faire. Car elle était la seule à le connaître un peu plus. Il avait plein de potes, mais c’était tout. C’était des gens pour rire.

Mais elle voyait bien, qu’à ses côtés, il était plus proche, plus sympa, il l’embêtait inlassablement, sans jamais se moquer réellement d’elle. Son nouveau truc, c’était de lui faire des clins d’œil en cours. De la faire perdre ses moyens. Et plus le temps passait, plus ça marchait. Elle sentait son cœur chaviré malgré le fait qu’elle s’était promis de ne pas craquer. Mais comment ne pas craquer quand il était constamment là ?

Cela faisait peut-être un gros mois qu’ils étaient en cours, c’était la dernière année, celle où il fallait assurer les cours, surtout qu’elle voulait faire médecine. Elle devait aussi gérer ses soucis de santé, cela faisait déjà presque 2 ans que ses migraines la clouaient au lit des jours entiers. Elle ne pouvait pas se permettre de se distraire ainsi. Et pourtant.

Bon ok, j’admets, elle n’est pas que mignonne. Elle est profondément gentille, douce, un peu fragile aussi, ça me donne envie de la prendre dans mes bras et de la protéger du monde entier. Elle s’était immiscée dans mon cœur et elle ne le savait même pas. Est-ce qu’elle faisait ça à tous les mecs autour d’elle ?

On a rendez-vous dans un petit café pour « bosser nos cours ». Bon c’pas du tout ce que j’ai prévu mais je sais que j’vais portez son sac plein de cahier. J’ai dit que c’était une tronche ? Je ne sais pas si elle a des défauts, je ne les trouve pas. Elle est parfaite. Elle est incroyable. Et les autres me disent de foncer, qu’elle va me rendre mes sentiments, que ce sera réciproque. J’y crois pas trop.

J’ai failli arriver en retard, mais ça va, ça passe. Elle est toujours en avance en plus. Et encore une fois, elle est là, et elle m’attend, toute mignonne. Elle n’a pas lissé ses cheveux, ils ondulent sur ses épaules.

« - Salut beauté ! » Je la saluais souvent comme ça, et comme souvent, elle rougit en me saluant. Cette fille fait vraiment du bien à mon égo. Elle me regarda en souriant, c’est à ce moment là que je sortis deux places de cinoche de ma poche, attrapant la lanière de son sac avec mon autre main. Daaamn heureusement que je fais du sport, elle a pris la dose de trucs. Comment elle fait pour porter ça comme si de rien n’était ?

Elle a l’air choquée, et pourtant ce n’était pas si grandiose que ça, comme surprise. Et elle est encore plus rouge que tout à l’heure. Elle me tuera à réagir ainsi. Je lui souris de toutes mes dents parfaitement alignées.

« - C’est un date by the way! Tu viens on va être en retard ? » je lâche en lui attrapant la main. Elle me suivi sans contester, elle savait que c’était mort et que je bosserai pas de toute façon.

Elle n’en pouvait plus. Le film qu’il avait choisi était un film d’horreur. Elle s’était agrippée à sa main et se cachait sur son épaule. Sa stratégie était minable mais elle fonctionnait. Et elle le voyait aussi par le sourire dessiné sur le visage de Thomas. Il avait grimacé une ou deux fois quand elle avait serré, elle avait dû lui faire mal sans le faire exprès, mais il fallait bien le faire payer pour ce qu’il lui faisait subir.

Ils étaient sortis de salle sombre plus proches qu’ils n’y étaient entrés. Kaela ne tenait pas sa main mais elle avait son bras autour de celui de Tom. Il déposa un rapide baiser sur sa tête et elle rougit à nouveau. Elle entendait son cœur accélérer. Ça y est, ça arrivait n’est-ce pas ? Il allait lui demander d’être sa petite amie. Elle l’attendait depuis longtemps.

Le jeune couple entra dans le petit café. Ils commandèrent leurs boissons, débriefant du film. La conversation ne l’intéressait pas vraiment. Elle, ce qu’elle voulait savoir, c’était l’évolution de leur relation. Elle attendait, mi excitée mi angoissée. Elle voyait ses yeux marrons pétiller de joie et d’amusement. Mais il ne se déclarait toujours pas, et elle, elle n’osait pas. Elle ne l’avait jamais fait, d’eux deux, il était le plus expérimenté dans ce domaine.

Ils se promenaient, mains dans la main, le long du port. La pluie commença à tomber, doucement, puis un peu plus fort. Elle sentit la main de Tom la retenir en arrière. Elle se retourna vers lui, se demandant ce qu’il faisait. Pourquoi s’arrêtai-t-il sous la pluie ?

Tom plongea une main dans une poche de laquelle il sorti une petite boîte. Il la tendit à Kaela doucement, un sourire confiant habillait son visage. Elle l’ouvrit pour découvrir une fine chaîne dorée ornée d’une pierre d’un gris lumineux. Elle releva les yeux, prête à parler, mais il la coupa :

« - J’ai choisi cette pierre car elle me rappelle tes yeux… » Il marqua une pause, réalisant que ce n’était pas du tout ce qu’il souhaitait dire à ce moment-là. Après une grande inspiration, il reprit : « - Kaela, est-ce que tu veux bien sortir avec moi et enfin être ma petite amie ? »

Sa réponse fut presque un murmure, mais un « oui » se fit entendre entre les vagues s’écrasant sur le quai et les gouttes de pluies les entourant. Ils se regardèrent, les yeux brillants, souriants. Thomas plaça délicatement le précieux bijou autour de cou de sa douce.

Alec Benjamin · Water Fountain

« Ce qu’il s’est passé ? Aaaaaaaaaaaaaah. Comment expliquer ? Elle est trop tout. Trop parfaite, trop fragile, trop souvent avec son voisin de classe, trop casse couille ouais ! J’ai juré elle saoule. Elle est là, à me mentir au visage comme s’il n’était pas évident qu’ils couchaient ensemble dans mon dos. Je vois bien qu’elle fait semblant d’être « que » pote avec. Et ce connard il me nargue. En plus elle joue bien la comédie, je le sais, je le vois. Elle continue à me regarder avec ses yeux si clairs qu’ils donnent le vertige - et pas dans le bon sens – comme si ses sentiments étaient réels.

Je sais même pas quand ça a commencé. Elle crachait presque dans son dos et d’un coup : meilleurs amis pour la vie, il était h-24 avec nos potes, et en plus tout le monde l’adore. Moi j’ai été patient, j’ai attendu qu’elle me fasse confiance, qu’elle m’accepte. Et elle, elle se donne au premier venu qu’elle pouvait pas voir. J’en peux plus. Dès que je la confronte elle me répond que non. »

« Connasse. »

Le ballon s’écrase sur le mur du gymnase. Faut que je vide mon sac, Hugo est pas là, alors j’imagine sa tête sur le ballon jaune, bleu et blanc Le volley au moins, elle ne me l’a pas volé. Elle a pris mon cœur et l’a réduit en bouilli.

Je me lève et let’s go à la douche. Ce soir, je serai enfin libéré de tout ça. Il reste pas longtemps avant la fin des cours, elle m’aurait abandonné aussi, comme l’autre. J’espère qu’avec tous les aprem passés à taffer j’aurai au moins réussi à valider pour partir d’ici.

Une fois la douche prise je rentre tranquillement, il me reste une petite heure avant d’aller la voir, non, la chercher. On va en soirée ensemble, comme si ça arrangerait la situation. Marre de faire semblant.

Elle prit une grande inspiration et ouvrit la porte.

« Hey ! »

Tom était là, elle lui souriait amoureusement. Il avait accepté de venir avec elle malgré son match de volley de l’après-midi. Il ne se rendait pas compte à quel point ça lui faisait plaisir. Elle l’enlaça et déposa un rapidement baiser sur la joue de son petit ami.

Kaela voyait bien que ce n’était plus comme avant. Elle le perdait à petit feu face à sa jalousie. Il ne voulait pas l’écouter, il était persuadé d’avoir raison. Et elle savait que Lethor ajoutai au problème. Il n’avait jamais nié les accusations de Tom, il lui souriait juste, les yeux pleins de malice. Le démon adorait le chaos. Sa plus grande passion ? La guerre. Mais son mec avait besoin de l’entendre de Leth, « d’homme à homme » qu’il disait.

Kaela répondait toujours à toutes ses questions, tous ses messages. Il pouvait fouiller son téléphone autant qu’il le voulait, elle ne lui cachait rien. Outre le fait qu’elle ne soit pas humaine, bien entendu. Si Lethor voulait lui dire un truc en rapport avec les surnaturels, il le faisait en cours, quand ils étaient coincés côte à côte.

Le couple arriva dans la soirée, accueillis par à peu prêt tout le monde. Kaela voulait profiter de cette soirée pour lui montrer qu’elle était là pour lui, pour eux, qu’il n’y avait personne d’autres et encore moins l’autre connard. Elle ne l’avait jamais porté dans son cœur, mais maintenant elle devait faire semblant d’être son amie.

Une voix les salua chaleureusement. Des frissons parcoururent son corps. Il ne devait pas être là, et elle était tellement concentré sur Tom qu’elle ne l’avait pas senti. La soirée s’annonçait beaucoup moins fun que prévue. Thomas lui avait demandé de couper les ponts avec Lethor. Ce dernier avait menacé de torturer Sienna et son petit ami si elle l’ignorait.

Putain elle abuse. Elle m’avait promis qu’il serai pas là. Qu’est-ce qu’elle fou ? Une embuscade pour que ses 2 mecs se réconcilient ? J’en ai vraiment ras le cul. Je comprends pas pourquoi elle le dégage pas juste de ses potes, ça résoudrai tout. En vrai ça fait chier, déjà ensemble on était iconique, mais en plus, j’y croyais vraiment, au début.

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Une nouvelle gorgée de bière coula dans ma gorge. Je la regarde danser du coin de la pièce, et elle me fixe, se déhanchant sous les lumières tamisées. Bordel en fait le plus relou c’est son physique. Depuis quelques mois elle a pris encore plus de seins. Quitte à en finir ce soir, autant en profiter une dernière fois.

Je termine la bière et attrape sa main, l’embarquant derrière moi. J’entends son petit rire de meuf bourré qui me suit. Elle a direct capté mon objectif. En même temps je me demande si c’est pas le sien aussi, vu comment elle se trémoussait y’a 30 secondes.

La majorité des chambres sont occupées par des couples, j’ouvre la dernière, sinon tant pis, je trouverai une solution. Rien n’empêche d’être créatifs. Je souris à cette idée mais le perds aussitôt en voyant Lethor dans la pièce. J’avais presque oublié qu’il était là lui, dommage. Je m’arrête d’un coup, Kaela se prend mon dos et ricane. Son rire s’arrête net quand elle entend l’autre abruti, faut dire que j’arrête aussi de respirer. Il est là à me remercier de lui avoir amener ma meuf pour la sauter, qu’il avait réserver la chambre pour ça.

Je vois bien qu’elle a l’air aussi choquée que moi, mais une partie de moi me répète que c’était leur plan depuis le début pour m’humilier encore plus. J’ai même pas eu le temps de lui demander de partir qu’il avait fini de parler, de faire naître en moi la colère que je peine à apaiser depuis des mois. J’entends sa voix qui appelle mon nom doucement. Je le reconnais, elle me prend en pitié avec sa fausse gentillesse.

Je me retourne et la pousse contre le mur, smart move je sais. Je commence à partir et m’arrête net, je regarde vers elle. Mes yeux se posent sur le collier. Evidemment qu’elle porte le putain de collier de notre premier rendez-vous, du premier jour.

« Tu sais quoi Kae ? C’est mort j’en peux plus ! JE FAIS TOUT POUR TOI ET TU ME FAIS CA EN BOUCLE. DE TOUTE FACON J’AVAIS PLUS D’ESPOIR JE VOULAIS JUSTE TE BAISER UNE DERNIERE FOIS AVANT DE TE LARGUER MAIS J’AI PLUS ENVIE ! VA SAUTER L’AUTRE CONNARD ET ME CONTACTE PLUS JAMAIS »

Trop fort ? Peut-être. J’ai vu dans son regard quand je me suis retourné qu’elle avait compris. Son visage qui se décompose c’en était presque satisfaisant.

Le cauchemar. Elle n’avait même pas réussi à se redresser complètement que Tom était déjà parti. Sa poitrine était si serrée qu’elle en avait mal. La douleur l’écrasait. Elle savait qu’il ne reviendrait pas. Jamais. Pleurait-elle ? Si c’était le cas, elle ne s’en rendait pas compte. Et d’un coup, à ses côtés, elle senti l’ombre du démon planer.

« Je t’avais dit que tu devais le quitter avant de trop t’attacher, ça fini toujours comme ça. » Il rigolait. Il riait. Mais Kaela ne pouvait pas le supporter. Elle ne supportait pas grand-chose.

Quand elle se redressa, les yeux d’une couleur nouvelle, elle ne vit que 3 choses alignées les unes avec les autres : l’encadrement de la porte de la chambre, Lethor, la fenêtre. Son poing parti, chargé de sa rage et de sa douleur, dans le démon.

Ce n’est pas un cri qu’elle lâcha mais un couinement de douleur. Elle aurait frappé un humain, il serait passé par la fenêtre et tombé de l’étage. Mais elle frappait un démon de 2nd rang avec des pouvoirs de bâtards nouveau-né. Sa main lançait. L’impact entre leur corps avait cependant créé une onde de choc, faisant tomber les quelques tableaux du mur du couloir.

Kaela baissa la tête, se tenant la main droite, sa lèvre inférieure entre ses dents. Lethor, face à elle, posa sa main sur les cheveux de la jeune fille, un petit sourire victorieux aux lèvres. Les prunelles grises se troublèrent, les larmes commencèrent leur course sur les joues de la jeune femme tandis que le démon lui caressait doucement la tête.

« Je sais que t’avais refusé le pari, mais si t’avais accepté, j’aurais 50 balles de plus. »
« Je te hais. T’avais pas à faire ça. »
« Mais c’est drôle. »

Elle entendait son sourire, son sadisme, son plaisir. Elle avait envie de le tuer. Et le pire dans tout ça, c’est que malgré la rupture, elle ne pourrai jamais envoyer promener Lethor, réduisant ses chances de récupérer Tom. Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Est-ce qu’elle ne devrait pas abandonner ? Laisser Leth prendre le contrôle ? Cette idée la répulsait encore plus que l’idée de souffrir par sa faute.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il l’enlaça pendant qu’elle pleurait. Elle n’avait pas l’énergie de le repousser et avait besoin du réconfort. Lui, se délectait de sa souffrance.