Tonton aime trop la neige

Jane solo (with Lukas et collègue Malboro menthe)

Il y a des matins comme ça, où tu te dis, ça va être une journée assez tranquille. Sauf que la tranquillité est quelque chose d’assez relatif dans un poste de police. Avant d’aller au commissariat, je fais un crochet à cette enseigne verte qui était originairement une femme. Je prends un double, je crois que la nuit dernière à regarder cette série de films n'était pas la meilleure idée que j’ai eue.


Dès que je passe les portes, je suis envahie par l’odeur de ce lieu, entre le produit de nettoyage, les donuts et le café, sans oublier les cigarettes à la menthe de ce collègue. Je bois mon café à petites gorgées, profitant de cette boisson buvable le plus longtemps que je peux. Alors que je fais un détour pour saluer Gilbert, le berger allemand de la brigade canine. L’animal remue un peu sa queue sous mes caresses tout en restant aux pieds de son maître. Une personne adorable avec des rondeurs où il faut. Il faut dire que ça pousse à la salle d’après ce que je sais. Alors que je quitte l’animal, je croise une dame en pleurs. Surprise, je tente de voir si elle se sent apte à me répondre, mais sa peine marque ses traits. Donc, je la laisse passer avec un pincement au cœur. J’arrive à mon bureau assez rapidement et je capte mon collègue.


« Puis-je savoir de quoi il en retourne ?

-Le dossier, je laisse ça à l’équipe de jour. Je vais me coucher moi.

Ne fais pas semblant, je sais qu’après deux heures de sommeil, tu retourneras sur World Of Warcraft.

-Pas ma faute, il y a une mise à jour qui est vachement cool. J’espère juste ne pas tomber sur des noobs.

Courage avec tes branquignols.

- Carmichael, tu me parles Finlandais... »


Je laisse un rire m’échapper, car il fait partie des rares personnes polyglottes du poste. Donc, il cite une langue qu’il ne maîtrise pas. Il me laisse donc avec un dossier très mince, celle de cette dame qui a perdu son mari. Je lis le nom du mari attentivement.


« Hum, étrange, il semble aassez ordinaire.

- Pourtant, tu sais bien qu’il faut se méfier un peu de ces gens. »


Voici le collègue qui fume ces fameuses cigarettes à la menthe. Il me pose un regard sur moi.


« Tu es déjà là ?

Bien vu Sherlock.

- Ne me cherche pas, sinon je t’envoie dans la jungle pour y dénicher l’autre Tarzan. »

La jungle dont il parlait tant était la ville. Oui, il y avait de l’agitation, oui ce n’était pas un endroit si tranquille dont se vantait certains sites de voyages. Mais en aucun cas, je regrettai mon choix d’être parti de là où j’étais. Parce que l’équipe semblait déjà plus réceptive à ces blagues pas toujours drôles. Il y avait toujours pire et mieux. Après un échange de sourires, je pense qu’il plaisante. C’est juste que le poste est un peu sur les nerfs avec cette grosse affaire que les services secrets semblent trop regarder à leur goût. Je me fie à la description de la pauvre femme, c’est un homme d’un quarantaine d’année un peu dégarni, portant fièrement le maillot de l’équipe de Hockey du Canada, et pantalon ample noir. Pas très flatteur, si cette femme s’était attaché à ce type, c’est qu’il devait avoir des qualités. Tous les hommes ont leurs défauts et qualités, c’était un fait. Mais il y avait déjà un indice, c’était un grand fan de Hockey sur Glace. Pour porter le maillot hors saison, il fallait être motivé.

La première personne que j’allais voir en cas de disparition, ce sont les proches, mais à part sa femme, il semblait bien seul au monde. Il ne restait que la patinoire et les cafés qu’ils devaient fréquenter pour assister aux matchs quand il ne pouvait pas se déplacer. La patinoire ouvrant que dans deux heures, il fallait se tourner vers les cafés. Prenant mes clés, je fis un signe à mon collègue. Mais ce dernier me fit grâce de Lukas. Le jeune homme semblait en forme.

« Pitié, pas les égouts…
Non, plutôt un café où des gens se rassemblent.
- Ok, ça me va. »

Je roule des yeux. Je n’ai rien contre Lukas, mais je pense que mon collègue fumeur aurait été plus utile. Je pense que si on me met avec lui, c’est parce que je suis une des seules personnes qui n’a pas envie de l’étrangler à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Ou un quelque chose du genre. Je le trouve mignon, comme un labrador, fougueux, mais pas méchant.

Le bar est assez calme, vu l’heure ce n’est pas très surprenant, les équipes de nuit doivent dormir, ce qui me laisse peu de marge pour trouver le disparu. Pourtant, je sens que je peux y aller. Que j’aurai au moins un peu d’informations malgré tout. Me laissant porter par cet instinct, je pousse la porte, un homme entre deux âges nous salue.

« Bonjour, excusez-nous, mais nous avons quelques questions à vous poser. »

Je montre mon badge, je vois l’homme lâcher un soupir plus que l’entendre.

« Je vous écoute.
-Vous connaissez Monsieur Simons ? Quarante ans environ, maillot de hockey, crâne dégarni…
- Hum… Ben, il lui est arrivé quelque chose ?
Sa femme le cherche, vous savez s’il était là dans les derniers jours ?
- Non, il n’est pas venu depuis une semaine. Lors du match de foot.
- Du foot ?
- Oui, ça m’a moi-même surpris, mais il hurlait avec les autres... »

Je note ça dans un coin de ma tête, il a regardé le foot et que ce n’était pas habituel de sa part. Il devait avoir une raison de sa présence à ce moment. Et quelque chose me dit qu’il y a anguille sous roche. Même si cette dernière est excellente frite, il ne fallait pas non plus abuser. Je prends avec moi Lukas afin pour qu’on puisse parler ensemble de nos théories. Une fois sortie de ce bar, je lâche un soupir.

« Je ne comprendrai jamais ce que les gens font dans ce genre de boui-boui.
Ce n’est pas le sujet Lukas. Pense à notre disparu. »

Il se renfrogne en croisant les bras. Toujours aussi immature, je ne dis rien et je me contente de l’observer en train de bouder. J’ai eu droit à des enfants plus terribles que ça dans mes vies antérieures. Je laisse le jeune homme dans ce silence qu’il finira par briser tout seul.

« Ok Carmichael, pourquoi il n’est pas venu depuis une semaine. Surtout si ce dernier suit le foot, il y a un match toutes les semaines si tu suis toutes les équipes du pays, même plus.
Je ne pense pas qu’il soit venu pour le foot, mais pour autre chose. Même si, au final, il finit par suivre le match. Il avait un rendez-vous.
- Une femme ?
Je pencherai plus pour un dealer.
- Mais… Pourquoi penser ça ? »

Je hausse les épaules, je ne sais pas, quelque chose me dit que derrière l’homme ordinaire se cache un terrible secret et la drogue est bien le moins grave de ceux qui sont proposés dans mon esprit. Parce que le pire ça serait qu’il devrait de l’argent à la mafia du coin et donc nourrirait les poissons avec comme chaussure, un joli parpaing.

« Tu te fies à ton intuition, sérieusement ?
- Que ça te plaise ou non, c’est une hypothèse.
- Il y a sûrement une autre explication à sa disparition. Il y a bien des gens qui disparaissent comme ça.
Espérons qu’on ai le fin mot de l’histoire. Allons à la patinoire. »

Cet endroit était assez désert du fait que ce n’était pas la saison du hockey. Mais il y avait toujours des gens, y compris une demoiselle qui dansait sur la glace. L’interrogatoire des gens responsable n’était pas très glorieux. Aucun indice. Je pense que cette enquête va piétiner sans ça ou vite abandonnée par mes collègues. Je n’ai aucune envie de ça. Mais je devais faire attention à l’heure qui tourne. Même si Lukas ne serait pas contre un peu plus d’heures. Je pense que le commissaire va m’en vouloir et me dire encore que j’en fais trop. 

De bar en bar, rien de plus que cet homme et d’autres fêtant les victoires de divers sports qui passe à la télévision. Mais l’homme accompagnant le disparu était invariablement relativement jeune. Un adolescent généralement. Celui qui revenait était un jeune à moustache portant une casquette à l’envers. Il commençait à se faire taire et ce fut l’estomac de mon collègue qui mit fin à notre recherche. Avec surprise, il avait choisi une enseigne pas chère. Ce qui ne me surprenait pas tant que ça en vérité. Le fast-food était rempli de personnes de tout âge. Y compris des adolescents, plus ou moins âgé. Dans la foule, alors que mon collègue mangeait, je remarquais un jeune homme d’environ vingt an avec moustache et une casquette sous le bras. Le vigile avait dû lui demander de la retirer de sa tête. Ses cheveux étaient sales, mais l’indice le flagrant était un tremblement typique des gens en manque. Sauf que m’approcher de lui paraîtrait trop suspect. Je retenait sa tête et sortais libérant de ses activités mon collègue.

Même si mes talents en dessins sont relatifs, je me débrouille assez pour noter à côté tous les détails du jeune homme. Un pauvre gars perdu qui porte la moustache sûrement pour paraître plus mature. Quand je finis par m’endormir, je réfléchis comment l’approcher le discrètement possible. Épuisée, je laisse le sommeil reprendre ses droits ce soir-là.

Quand je me lève des heures plus tard, je suis encore loin de m’imaginer ce qui va se passer. Alors que je rentre au commissariat. Un jeune homme, le même qu’hier est là. Il parle au chef. Ce dernier le regarde avec une certaine tendresse. Ne me dites pas que c’est son fils. Par pitié, tout sauf ça. Ça ne serait pas très bon. Vraiment pas bon. Donc je fais mon joli sourire avant de frapper dans le dos le pauvre jeune homme. Me retenant au mieux. Ce qui même en retenant est quand même puissant. Le pauvre. Après des excuses, je lui demande simplement.

« Poudre ou herbe, je ne veux pas savoir. Mais tu as vu un type quarante ans, dégarni, maillot de hockey ces derniers jours ?
- Euh, j’en vois quelques-uns parfois, mais c’est trop vague, tu as un blase ?
Ben.
- Avant-hier, le parc. »

Je laisse le jeune homme partir, je signalerai son cas plus tard. L’important, c’est de retrouver cet homme. J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard. Je choppe Lukas au passage. Le pauvre, il va avoir la trace de mes doigts sur son bras à force. Je l’emmène au parc, l’endroit que j’aime pour ces chiens. D’ailleurs, ils sont sûrement de sortie. Si cet homme est là. On ne devrait pas attendre longtemps pour avoir un mouvement de panique. Restons attentifs. J’observe le parc assez calme. Les quelques coureurs me saluent. Il fallait dire que venir ici souvent créait certains contacts. Du coup, les coureurs en baskets blanches s’approchent et viennent me dire qu’il y a un type qui dort sur la pelouse. Rapidement, je me retrouve avec mon disparu endormi. Mais il a disparu un jour entier. Il n’a pas donné de nouvelles, ni rien. J’espère qu’il a des explications. Car là, il se tape un truc typique d’un bad trip. Le pauvre type me suit aussi mollement qu’une guimauve cuite. Donc je me retrouve avec lui et sa femme. Lui sort son excuse de l’alcool, je lève un sourcil.

« Sans me montrer méchante, votre mari se drogue, je ferais attention si j’étais vous.
- Tu as donc recommencé ? »

Comme ça, ce n’était pas une première ? Alors là, je suis sur le cul. Mais bon, je ne peux rien faire de plus. Je les laisse repartir. Une affaire qui fini bien. Ou du moins, pas de morts...


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