Seven Devils.
All around you.
Seven devils in your house.

Une bougie, puis deux, puis trois. Une partie de la cire noire brûle la main de Selene, mais elle n’esquisse pas un seul soupir de douleur. Rien. La douleur ne lui fait pas quelque chose, à vrai dire. Elle en a eu au cours de ses vies, la douleur est comme une sorte de routine chez elle. Éteignant la lumière de la pièce, la femme se dirige vers le fond de la pièce, devant son autel. Les bougies allumées, noires pour la protection, blanches pour purifier la pièce sont la seule source de lumière dans ces ténèbres. Elle ne sourit pas.

Elle a un mauvais préssentiment, et quand elle en a un, elle ne se trompe jamais. Elle se fie peu à son instinct démoniaque, mais surtout à son instinct de “sorcière”. Elle n’aime pas se rappeler qu’elle est démone, mais en tant que démone, son instinct du futur est plus développé que la moyenne. Aucune idée pourquoi, elle n’est même pas de seconde hiérarchie. Elle finit d’allumer les encens et les deux dernières bougies sur son autel, puis s’assoit en tailleur.


Elle prend son tarot qu’elle a dessiné elle-même. Elle l’a reçu il y a de cela quelques temps, après avoir grandement discuté avec un éditeur freelance. Elle en avait besoin d’un qui représentait sa vie, ses visions, et ses pensées. Par exemple, la carte des amoureux est inspirée d’elle et de Helios. La carte du soleil, c’est Helios, mais personne d’autre qu’elle ne pourrait les reconnaître, ces petits signes… Sauf son chéri. Probablement, Qui sait. Il la connaît sur le bout des doigts. Elle mélange ses cartes avec une dextérité hors pair. Ces mains sont la seule chose dont elle ne voudrait pas se séparer. Ses yeux, sa langue, ses oreilles, d’accord… Mais ces mains… Ces mains qui l’aident à vivre, à toucher, à caresser. Ces mains qui lui feront reconnaître le visage de son chéri, ces mains qui sont celles qui caressent ses longues boucles blondes le matin. Ces mains qui lui font vivre sa passion et qui font en sorte qu’elle puisse s’exprimer, même lorsque les mots sont trop faibles pour s’évaporer de ses lèvres, comme un souffle.

Elle soupire. La dextérité de ses mains sont un peu faibles en ce moment. Elle est totalement soucieuse. Helios l’a remarqué, elle le sent, et elle le rejette un peu en ce moment. Elle s’en veut, mais elle n’arrive pas à être tranquille dans ses baskets. Elle a failli un peu plus, et une carte tombe. De base, elle utilise la technique “Je tire une carte, puis je la lis et c’est mon présage”. Sauf que là, elle sent que c’est son message. Elle le sent dans ses tripes. La carte est retournée et elle la prend alors. Nul besoin de faire tarder.

Destruction matérielle, changement soudain et brutal.

Chaos.

La tour, à l’endroit.

Les sueurs froides s’accaparent du corps de la tatoueuse. Bon, ce n’est qu’un tirage, nul besoin de paniquer. Elle continue de mélanger, la même chose se passe. La carte part: Le neuf d’épées. La peur, les idées noires. Elle continue de mélanger. Une carte part. L’arcane sans nom, la mort. Changement, nouveau cycle. Et elle en tire un dernier, sous la panique: Le dix d’épées. “Des choses sombres vont se révéler".

Elle lâche son tarot, sous les tremblements de sa main. Et une dernière carte, la seule retournée apparaît. Elle la tire, après avoir respiré un bon coup. Il faut dire que Selene est une femme extrêmement spirituelle. Ses réactions sont légitimes, puisqu’elle ne s’est trompé dans aucun tirage. Elle soupire, pour calmer son cœur et retourne la carte.

Le soleil.

Elle fronce des sourcils. C’est une bonne carte pourtant. Elle regarde la carte qui est représentée sous les traits et attributs de son chéri, lui avec un masque de théâtre, devant un soleil radiant. Elle analyse la carte, fixe les yeux du dessin, comme si elle cherchait un réel sens. Elle n’en trouve pas, autre qu’un mauvais tirage pour lui, pour son soleil. Elle ne se sent vraiment pas bien.


- Ça suffit. J’en ai marre, c’est des conneries tout ça!

Heureusement que Helios n’est pas chez eux, puisqu’il serait rentré, probablement. Le ton est monté, son aura s’éparpille un peu partout chez eux. Le stress et la colère s’est dévoilé, d’un coup. Elle se lève, rapidement et sous la fougue et éteint les bougies en soufflant dessus, et non en les éteignant correctement. Elle rompt tout contact d’une manière très désordonnée, contrairement à d’habitude. La paranoïa la ronge et elle allume la lumière pour se guider dans la pièce, cherchant son paquet de cigarettes. Elle le prend, puis sort de la pièce en claquant la porte.

Elle a besoin de réfléchir, de fumer une clope. D’être loin de sa pièce spirituelle. D’être loin de son antre.


Vanitas vanitatum, omnia vanitas.
elirose