Trois heures et quarante cinq minutes du matin. Le problème avec Asteria, c’est qu’elle dort peu. Ses cernes se démarquent naturellement de ses deux yeux dépareillés de couleurs, jouant entre le rouge et le bleu, ainsi que le violet. Sa bouche manque d’hydratation, laissant un goût amer au palais. Ses yeux fixent le plafond, son téléphone, son livre qui est étalé comme mort sur le lit. La jeune femme bouge dans tous les sens, l’anxiété qui remonte dans sa gorge par peur de ne pas pouvoir tenir les cours du lendemain. Elle a envie de hurler, de se fatiguer pour arriver à dormir…

Sauf que le problème, c’est qu’elle n’arrive pas à dormir. Et elle est épuisée. Épuisée de ses pensées, de sa vie, de cette solitude et de ces pensées noires qui tourmentent son insomnie. La platine tourne sur un air de mélancolie constante, représentation imagée de son cerveau on dirait. Sufjan Stevens continue ses notes sur sa guitare, tandis que les yeux de la femme se tournent vers les étoiles. Cette nuit d’automne n’est pas aussi claire que les nuits d’été, et naturellement plus froides.

Donc ce qu’elle fait, c’est qu’elle se lève et attrape son paquet de cigarettes légèrement torturé à cause de sa veste en cuir et déambule vers sa fenêtre. Ses lèvres frémissantes en essayant d’attraper la fumée qui s’échappe du tabac brûlé attrapent donc la cigarette. La lumière de la légère flamme s’échappant du briquet éclaircissent ses traits fatigués, mal démaquillés, accentuant donc ses cernes. Elle inspire, puis expire la fumée toxique en fermant les yeux. Elle se les gratte doucement, et regarde la ville depuis son appartement étudiant que son ami a réussi à lui dénicher. Quelque part, cette ville étouffante et polluante lui donne un sentiment de liberté. Elle en a même envie de sortir, mais… la flemme. Elle reste donc à sa fenêtre, regardant les étoiles cachées par les nuages d’automne et de la pollution, avant de sourire très légèrement. Les étoiles lui rappellent des bons et des mauvais souvenirs. Au parc, peut-être qu’elle les verrait mieux. Ça la motive un peu plus mais le goût de l’amertume dans sa bouche s’intensifie avec le tabac. Elle en tousse. Elle a besoin d’eau, mais… aucun dans la chambre. Son corps est fatigué, mais pas son mental. Sa cigarette s’éteint rapidement, arrivant à son terme et partant en cendre dans le vent, tandis qu’elle écrase son cadavre dans le cendrier. Elle vacille à nouveau vers son lit, lentement, comme un corps sans vie et s’écrase contre celui-ci. Comme au point de départ.

Uniquement 15 minutes se sont écoulées et… elle n’est toujours pas fatiguée. Va-t-elle pouvoir dormir cette nuit? Elle prie, quelconque Dieu (sauf ceux de sa famille) qu’elle puisse dormir. Elle aime dormir pourtant. Donc elle sort son téléphone, espérant au moins parler à un de ses amis avant qu’elle ne s’endorme, seule, dans cette chambre, alors que son cœur rêverait être dans la chambre d'un homme, d'une femme... Juste, autre part, dans les bras de quelqu'un quoi. Quelqu'un d'autre que son père.

C’est probablement à cause de ça qu’elle n’arrive pas à dormir. L’amertume reste dans la bouche, juste avant qu’elle ne sourit au message de cet photographe et à ce moment là… l’amertume disparait. Mais pas sa fatigue, malheureusement.

notes ~




Insomnia.
I cannot sleep, so I look after the stars and wonder if I am really human.
by xion of sonder