SURPRIIIIISE ! (ft Sam Curtis, la frangine <3)

Tu vas peut-être trop vite. Tu crains de replonger totalement si tu ne te donnes pas des objectifs clairs, précis et sains surtout. Tu as envie de te reprendre réellement en main, et tu penses que les démarches que tu as faites constituent un bon début. Tu as galéré pour être accepté, heureusement que tu as tous tes diplômes, qu’on t’a forcé à aller jusqu’au bout… Déjà que là, tu te sens un peu con et carrément vieux, ça aurait été pire si tu avais dû passer tes diplômes. C’est un peu compliqué de prendre une année en cours de route, mais tu as trouvé un arrangement avec les supérieurs pour passer les examens que tu as loupé, et prendre normalement. Il se trouve que ça a suffi : ton dossier est suffisamment bon, et tu es surtout extrêmement motivé, et doué. Il semblerait que ce soit de famille ! Tu penses sincèrement que le profil de ta sœur a joué, il faudra que tu la remercies pour ça.

Pour l’instant, tu suis ta première journée de cours en histoire. Tu as toujours été passionné par ce domaine, c’est bien le seul que tu connais déjà sur le bout des doigts. Les professeurs sont réellement passionnants, tu t’es déjà fait remarqué par quelques-uns d’entre eux, et pour une fois, ce n’est pas à cause de la couleur de tes cheveux, mais bien de tes capacités à débattre, et rebondir sur les sujets. Et aussi à cause de ton nom, encore une fois, il semblerait que ta frangine ait marqué beaucoup de conscience, y compris celles des professeurs qui ne l’ont jamais eu… Elle a mis la barre haute, très haute.

Enfin bref. Te voilà donc à vagabonder dans les couleurs, un sac bandoulière en cuir noir accroché à ton épaule. Il contient un bloc note, à papier sans carreaux, de simples lignes, et une trousse. Tu aurais pu prendre un ordinateur, mais tu préfères le contact du stylo sur le papier. Les carreaux, tu détestes ça car tu trouves que ça encombre trop, tu as du mal à te relire. Pourtant, tu écris bien ! Tu as juste besoin que ce soit propre, tu n’arriveras pas à te plonger dedans sinon.

 La journée se finit, et tu n’as toujours pas croisé ta frangine. Il faut dire qu’ici, c’est grand, tu as eu l’occasion de te perdre un bon nombre de fois dans ces larges couloirs qui n’en finissent jamais. Tu es un peu fatigué par ta journée : il n’y a pas à dire, vendeur de charmes, c’est plus reposant ! Mais tu as envie de tester de nouvelles choses, sans abandonner ce côté-là de ta vie, tu y tiens malgré toi (je ne parle pas des Bones, juste de son métier), tu veux juste t’offrir un nouvel horizon, qui te permettra d’être encore plus heureux ! C’est peut-être ridicule, tu vas peut-être échoué, mais tu ne pourras pas te reprocher de ne pas avoir essayer.

Alors que tu te perds dans ces pensées, tu aperçois enfin ta sœur au loin. Orpheus lui colle au basque, comme d’habitude. Il te remarque avant elle, comme d’habitude aussi. Il faut dire qu’elle est dos à toi aussi, elle a des excuses. Puis, c’est elle qui parle, et lui qui écoute. Tu arrives à sa portée, et fais un signe de tête à Orpheus. Il comprend rapidement. Il saisit son sac, et ébouriffes les cheveux de ta sœur :

« J’vais te laisser seule sur ce coup-là, on se voit tout à l’heure ! »

Tu stresses. Bien plus qu’avant de venir ici. Son regard est celui qui t’importe le plus, si elle réagit mal, tu risques de prendre un petit coup au moral. Orpheus passe à côté de toi, tu esquisses un geste de la main comme remerciement, et il se contente de te sourire. Il ne veut pas s’attarder, et tu le comprends.

Comment va-t-elle réagir ? Va-t-elle deviner immédiatement le motif de ta présence ici ?

Tu n’as pas le temps de comprendre ce qu’il se passe. Elle se jette dans ses bras, avec force, te faisant reculer d’un pas. Tu lâches un petit rire, et d’un air apaisé, tu l’enlaces à ton tour. Le silence se creuse autour de vous, vous êtes au centre de l’attention. C’est dingue ce que les gens aiment ce genre de scène. Puis, vous êtes les Curtis, déjà de base, vous ne passez pas inaperçu, mais là… Elle relève les yeux vers toi, et ce regard… Il te donne envie de pleurer. Mais tu n’es pas Orpheus, c’est encore quelque chose de trop compliqué pour toi, surtout en public. Mais ce n’est pas l’envie qui te manque. Tu souris comme un idiot, admirant les expressions de ta frangine. Elle est éclairée par la joie, et tu as du mal à croire que c’est toi qui as provoqué ça. Tu es trop habitué à la souffrance, tu es habitué à la faire souffrir, à l’inquiétude qui plane comme une ombre menaçante dans son regard. Mais là… il n’y a rien de tout cela ! Pas une trace, comme si ça n’avait jamais existé, envolé ! Ton sourire est aussi doux que de la soie, tu la caresses tendrement du regard. Un vrai film pour les gens qui vous entourent.

Tu acquiesces doucement, et ajoutes calmement :

« Surpriiiiiiise ! Ça fout la pression d’être ton frère Sam, sache le. Tous les profs te connaissent, ou ont entendu parler de toi. Je fais comment moi au milieu de tout ça ? »

Tu lâches un petit rire, et regardes les gens qui vous entourent. Ces commères, ils sont obnubilés par la scène. Pour une fois, ça ne te dérange pas trop d’être au centre de l’attention. Tu as croisé quelques collègues maffieux aujourd’hui, mais trop fois rien. Puis, tu en as assez de dissimuler ton lien de fraternité à tout le monde. Si les Bones cherchent ton point faible un jour, ils remonteront facilement à Sam, que tu en parles ou non. Alors autant ne plus la cacher.

« Ça ne devrait pas te surprendre, mais je me suis dirigé vers l’histoire. »

Ce bonheur sur son visage… Un plaisir pour les yeux. Tu la sers un petit peu plus contre toi, et déposes un baiser sur son front. Ces marques d’affection aussi, tu ne lui en faisais plus depuis longtemps. Ça t’a manqué. Tout t’a manqué. Tu veux devenir un frère exemplaire, mais surtout, tu ne veux plus avoir à te reprocher quoi que ce soit. Tu fais des études pour… t’amuser. Oui. Prendre du bon temps, t’éduquer, te sortir la tête des Bones. Croiser ta sœur en journée, parler de vos cours, lui demander de l’aide ? Tu sais que ça finira par arriver. Et tu sais que même ça, ce sera compliqué. Demande de l’aide l’a toujours été. Mais tu es un homme nouveau maintenant ! Tu veux pouvoir être fier de toi autant que ta sœur le sera. Vivre un peu pour toi. Vivre un peu, tout simplement.

Son regard est probablement la plus belle chose que tu as vu depuis des années. Une félicitée immense, et ce bonheur, c’est toi qui en es la source. Tu te le répètes, en boucle. Tu es en train de briser ce cercle infernal d’angoisse, de regret, de peur. Doucement, mais sûrement, tu sens que tu y arrives, à cette vie idéale : normale, dans laquelle ton entourage ne sert plus en danger par ta faute. Normale : ton cœur cessera de peser des tonnes, chaque petit battement cessera de n’être que torture. Normale : des petits repas de famille dans lesquels vous rirez sans craindre qu’une entrée ne perturbe le cours de votre vie parce que tu n’auras pas prévenu telle personne de ton absence. Tout ça, c’est à portée de main : ce regard qu’elle t’adresse, il doit cesser de n’être qu’une exception à tes yeux : tu veux qu’elle puisse être fière de toi. Constamment.

Elle exerce une légèrement pression sur tes mains puis te tire en dehors de cet attroupement que tu n’as même pas réellement remarqué. C’est elle qui est rayonnante, et elle l’a toujours été. Si elle n’avait pas été ce petit soleil, tu ne serais probablement jamais sorti de l’ombre. C’est elle qui a percé les épais nuages qui te masquaient la vue : et Orpheus aussi. Un peu. Il a un peu de mérite à s’attribuer. Quel culot. Tu souris à cette pensée : le mec de ta sœur est aveugle, il aurait bien besoin aussi que quelqu’un dégage tous ces nuages de sa vue. Mais il se comporte bien avec elle, et c’est franchement tout ce qui compte pour toi : il l’a soutenu quand elle en a eu besoin, à défaut d’avoir son jumeau, elle a eu son… meilleur pote. Il ne faut pas que tu commences à les mettre en couple trop tôt, tu vas avoir des lapsus sinon, et Sam va t’enterrer.

Elle te bombarde de question avec une énergie qui lui correspond bien. Tu lâches un petit rire, pendant que vous fuyez à l’abris des regards indiscrets. « Si tu fourres ton nez partout au campus aussi, c’est très probable qu’il le connaisse moins bien que toi, en effet ! » C’est simple de trouver des informations sur Sam. Il y a peu, tu as tapé son nom dans la barre de recherche (oui, tu as effectué des recherches sur ta propre sœur, ET ALORS ? Tu voulais savoir où elle en était dans sa vie… ça t’a foutu un p’tit coup au moral de devoir demander à Google pour connaitre les réponses…), et beaucoup de média la connaisse, ses services ont l’air d’être précieux. Elle réussit bien, et toi, tu es fier d’elle. « Je vais avoir des petits soucis de méthodologie je pense, mais les savoirs ne seront pas un problème ! »

Tu as envie de te fumer une p’tite clope. Comme à chaque fois que tu as un trop plein d’émotions, mais ça aussi, tu tentes d’arrêter. C’est vraiment compliqué, et tu ne veux pas t’imposer trop de changement d’un coup par peur d’empirer la situation, et de finir par couler lamentablement une nouvelle fois : il faut que tu puisses tenir la barque, alors pour l’instant, tu ralentis juste le rythme. Tu en fumes moins, tu y vas vraiment petit à petit. « Je te laisse poser les questions, je suis nul pour raconter les histoires, surtout quand c’est la mienne ! »