Everyone can start again, not through love, but through revenge.
RP Solo (Mention de drogue)



“Votre client arrive dans 10 minutes, madame Aureate.”

Je sais bien qu’il arrive. J’éteins mon téléphone et je soupire en retouchant les contours de mes lèvres avec mon crayon à lèvres carmin. C’est mon préféré, puisqu’il me fait penser à du rouge sang, mais avec une légère teinte séductrice que chaque homme adore. Les femmes aussi adorent cette teinte-là, mais différemment. Les femmes complimentent la teinte de mes lèvres pulpeuses, me demandant la référence de ce rouge à lèvre, tandis que les hommes me disent souvent que j’ai une bouche qui pourrait les satisfaire, ou bien qu’ils aimeraient ruiner mon maquillage.

Le bénévolat que je fais pour les Bones fait en sorte de me donner plus d’âmes, ainsi que satisfaire ma faim insatiable de luxure. Ce petit contrat me donne plus de bénéfices qu’ils ne le pensent, puisque je n’accepte que les grands clients qui sont prêts à donner leurs âmes ou bien à me chérir de cadeaux. Souvent des vieux riches qui sont totalement en manque intense de chaleur humaine, surtout d’une belle femme comme moi. Ce soir je ne sais pas qui est en route pour venir me charmer et me supplier de peut-être le dominer, mais je ne me sens pas excitée.

En effet, en ce moment, je me sens plutôt mélancolique. Plutôt logique quand on commence à atteindre le premier quart de son cinquième millénaire et être une rare démone à être aussi vieille et toujours en vie, pas annihilée par un ange tôt ou tard… C’est plutôt rare. A vrai dire, j’ai plutôt de la chance d’être passée dans les mailles du filet des anges, surtout des archanges. Les anges me dégoûtent. Probablement parce que j’ai toujours envié leur lueur éternelle, ou bien leur douceur que je n’ai jamais pu avoir, même dans mes anciennes vies. Qui sait. J'aimerai être autrement de temps à autre.

Avoir un mari ou une femme.

Des enfants.

Une vie stable.

Mais étant de nature démoniaque, je sais bien que cela m’est impossible. Tout ce que je désire, autre que d'une manière pécheresse, me mène d’une manière ou d’une autre vers la perdition et la décadence. Je ne peux m’en empêcher. C’est comme si ces pulsions me font devenir une autre personne. J’ai essayé de les repousser au début de ma vie, pour n’être que plus malheureuse après. Malheureuse puisque l’on abusait de moi, de ma patience et de ma gentillesse. J’essayais de me dissimuler parmi les humains pour comprendre ce que c’est d’être les favoris de Dieu, essayer de les rassembler pour avoir une once d’humanité en moi. J’ai compris au fil des siècles, au fil de mes châtiments infernaux, que la seule chose d’humain en moi n’est que mon apparence… et l’admiration que j’ai pour la culture humaine. Mis à part cela… Je ne suis qu’un loup déguisé en agneau, qui cherche juste à faire des pactes pour éviter des souffrances accrues de là d’où je viens.

Je me regarde dans le miroir et je soupire en baissant mes yeux vers mon téléphone. Un message de Aiden, d’autres partenaires sexuels et de mes parents adoptifs. Je soupire. Je me lasse de cette vie. J’aimerai tellement ressentir la folie que j’aimais chez moi lors de mes temps en maison close, où je me défonçais à l’opium, à l’absinthe et à la cocaïne. C’était le bon temps, où les drogues pures étaient encore considérées comme des médicaments bénéfiques pour le corps.

Cela serait mentir si je ne dis que je ne prends pas quelques rails de temps à autre, où qu'en soirée libertine, je ne me repoudre pas le nez dans les toilettes ornées d’or.

Au moment où je regarde ma notification pour répondre au petit blond, je reçois une autre notification et je me regarde une dernière fois dans le miroir, observant mes boucles d’ébènes et mes yeux de vipères. Je me lève, prend mon sac avec une élégance innée, puis je sors de ma pièce calmement, pour descendre et rentrer dans la limousine où je vais rencontrer à l’aveugle l’homme avec qui je vais passer la nuit… et la dernière, puisqu’il va payer sur la route son prix indirectement: une place V.I.P pour l’enfer.

Tant qu’à faire, pour l’inciter, je lui proposerai de faire un rail de coke sur ma poitrine. Parce que je n’ai plus envie d’être une gentille femme, essayer d’être humaine. Je veux être une démon qui se nourrit de décadence et de vengeance, de m’embrasser comme je suis… puisque c’est ce que je peux uniquement faire.

Pécher. Torturer. Corrompre.


 

PRETTYGIRL