I need u
Hug, please.
Jane
Tu sais. Tu sais ce que ça fait de voir des proches mourir de tes propres yeux sans que tu ne puisses rien y voir. Tu sais ce que ça fait puisque, encore une fois, tu l’as subi. Avec Anton. Lorsque Scarlet l’a tué de sang-froid, torturé, et ce sans que tu ne puisses rien y faire. Tu as toujours été claustrophobe, mais honnêtement, cette histoire n’a rien arrangé. Dans ta vie, les seules fois où tu n’as pas pu agir, c’est parce que tu étais retenu : soit dans une pièce, fermée à clef. Soit par des chaines. Dans tous les cas, tu assimiles dorénavant cette incapacité de mouvement à une impuissance et c’est quelque chose qui se retrouve vraiment dans ton quotidien : ça explique aussi pourquoi tu ne tiens pas en place.
Tu chasses ces pensées de ton esprit. Si tu es ici, c’est pour te changer les idées. Pas pour t’enfoncer encore plus. Puis, tu ne veux pas non plus trop plomber l’ambiance, Jane mérite mieux qu’un pote qui se morfond sur un passé qu’il ne pourra jamais changer. Puis, tu n’es pas vraiment du genre à vivre dans le passé de toute façon : tu préfères le cacher sous un tas de faux-semblants, d’airs excentriques et d’enquêtes bien trop dangereuses qui finiront soit par te traumatiser un petit peu plus, soit par te tuer.
Te tuer. Ça aussi, tu devrais en parler. De cet espoir silencieux que tu as que quelqu’un finisse par t’achever avant que tu ne sois plus ou moins forcé de vendre ton âme au diable. Tu préfères de très loin mourir plutôt que de la lui donner : « Je sais ce que tu es, vieille dame. Je sais aussi que maintenant que je t’en ai parlé, tu ne me lâcheras pas la grappe. Mais de nous deux, crois-moi, je ne suis pas certain que tu sois la plus têtue. Cette affaire m’appartient, à moi, et à moi seul. Si tu y rentres, ça risque de faire plus de dommage que tu ne le penses. Etant donné que ma pauvre mère est déjà sur le lit de mort, elle risquerait de s’attaquer à Watson. C’est pour ça que je dois gérer tout ça seul. »
Tu lui souris alors. Watson reste proche de toi, en soutien émotionnel. Tu es entouré de personnes biens, maintenant. Tu sais que tu peux te reposer sur eux. Tu ne le fais simplement pas par inquiétude : si tu te montres trop proches, trop amical, trop attaché, plus que d’habitude tu veux dire, tu risques de leur attirer les foudres d’une démone qui n’a pas mangé énormément de carottes lorsqu’elle était petite. Et ça, c’est nul.
Si elle se frotte trop à la loi… Ô pauvre Jane, si tu savais à quel point cette loi qui lui semble si précieux, elle l’a piétiné à de nombreuses reprises, elle serait déjà en route pour aller lui casser la gueule. Mais tu ne vas pas rentrer dans les détails à ce sujet-là : trop dangereux : « Je ne manquerai pas de t’appeler à ce moment-là, c’est promis… Et si on parlait de sujets plus mignons maintenant ? Watson est allé chez le vétérinaire dernièrement, on a eu un petit souci et j’ai préféré vérifié qu’il allait bien et le vétérinaire a été étonné de son intelligence ! C’était super adorable comme moment, même si ce petit monstre ne s’est pas laissé faire au moment de la prise de température… »
Un petit souci. Du genre Scarlet a kidnappé ton chien et a voulu te le servir en rôti. Trois fois rien…