[PEGI 15] Shut your mouth and run me like a river ¤ Evangéline TW : Allusions sexuelles [FLASHBACK]

Un client régulier. Une demande pas si banale que ça. Clope au bec, tu avances d’un air déterminé dans les rues resserrées de Current River. Tu ignores les quelques altercations, les quelques injures. Ton regard toujours si finement souligné de ce trait habile d’eye liner, une chemise blanche, un jean noir. Ce bordel organisé qu’est ta chevelure.

Un plan à 3. Ce n’est pas ce que tu préfères, puis tes clients ont des goûts chelous parfois. Si la personne ne s’y connait pas assez en face, ça devient facilement un véritable bordel qui n’a plus rien d’appréciable. Même si dans tous les cas, tu n’attends pas grand-chose de ce client… Et d’ailleurs, tu remarques enfin que ce n’est pas l’adresse habituelle. Et c’est quand tu vois le bâtiment en face de toi que tu comprends que la personne qui va t’accompagner cette fois-ci doit avoir des goûts de luxe. Avec toi, ils s’en foutent. Tu vas où ils veulent. Mais tu sais que ce n’est pas le cas de tous tes confrères et consœurs.

Tu regardes rapidement l’heure sur ton téléphone. Tu es à l’heure. Comme d’habitude. Et au loin, tu crois remarquer celle qui t’accompagnera. Et au fond, tu l’espères. Tu sais apprécier la beauté. Et clairement, celle-là aurait largement de quoi faire rougir Aphrodite. Et toutes les images de la beauté qu’il y a pu avoir depuis la création de ce monde. Tu continues d’avancer jusqu’à sa hauteur, expirant la fumée. Il semblerait bien que ce soir, ton client va être un petit peu moins ennuyant que d’habitude. Et t’es un rentre dedans. Jouer le tout pour le tout. Si ce n’est pas elle, tu passeras juste pour un fou. Ce n’est pas comme si tu as quelque chose à perdre : « Je ne lui connaissais pas de tels goûts de luxe. Madame~ »

Ton sourire ne se décroche pas de tes lèvres. Tu avais raison. T’as le flair pour ça. Et tu n’as jamais été aussi heureux que ton instinct ait eu bon. Tu retires tout ce que tu as pu dire avant :  tu sens que ça va être amusant, et intéressant. Il n’a pas choisi n’importe qui. Tu écrases ta cigarette à l’endroit prévu à cet effet. « Le plus amusant là-dedans, c’est que moi non plus, je ne le pensais pas bi… »

C’est vrai. Il semble tellement focus sur les mecs. Tu en parles avec tes collègues, de temps à autre. Et c’est vraiment rare qu’il quémande les services d’une femme. Et pour dire vrai, c’est la première fois que tu rencontres ce cas précis. Il semblerait simplement qu’il soit plus difficile en ce qui concerne le sexe opposé. Tu plantes ton regard dans celui de la démone, te poses contre le mur et lui réponds ensuite en conservant ce petit sourire malicieux : « Et j’en suis tout autant enchanté… Je peux lui reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas ses goûts. Et Ezequiel. Et le tien ? »

Tu passes une main dans ta chevelure, replaçant quelques mèches rebelles. Ce qui constitue environ 80% de ta tignasse blanche. Si ce n’est même plus. Mais tu trouves que ça participe à ton charme. M’enfin bref, assez parler de toi. Tu regardes rapidement ton téléphone pour checker l’heure, et vérifier qu’il n’y a pas une potentielle annulation. Ce n’est pas son genre d’être en retard. Vraiment pas. Au contraire d’ailleurs, il est toujours en avance. Il a dû lui arriver un truc. Un contre temps. Quelque chose. Tu ranges le petit appareil, et la regardes en souriant : « Je commence à penser qu’il ne viendra pas… » Sans détourner le regard, tu ajoutes avec un petit air presque innocent : « Mais je pense que dans tous les cas, je sais comment occuper ma soirée… »

Comment ? Tu peux jouer cette partie de mille et une façon, des plus banales aux plus fantaisistes… Mais dans aucun monde tu ne l’amènes chez toi dès le premier rendez-vous. Où elle veut, mais pas dans ton appart. C’est une collègue. Tu es dans le cadre et dans tes horaires de travail. Tu ne peux pas te permettre de la guider tout droit dans ton entre, c’est trop dangereux. C’est lui donner les moyens de venir et te contacter n’importe quand, et c’est hors de question. Tu tiens à rester en vie, encore quelques temps pour vérifier que ta jumelle ne va pas se foutre en l’air, et surtout, ne se fout pas avec cet imbécile d’Orpheus. Il est vraiment louche ce mec. Suffisamment étrange pour que ça t’énerve, et que tu n’aies pas envie d’y penser maintenant.

Tu viens caresser du bout des doigts les lignes de la mâchoire de cette collègue vraiment appréciable, un sourire de chat accroché à tes lèvres. Tu crèves d’envie de l’embrasser, maintenant. Puis, tu n’as pas spécialement d’un endroit précis… Ouais, tu pourrais le faire n’importe où, mais tu ne veux pas lui offrir ce qu’elle et toi semblez vouloir directement. Se laisser un peu désirer… Mais pas trop non plus. Juste ce qu’il faut pour que cette tension, aussi agréable qu’enivrante, vous rende totalement fou tous les deux.

Tu passes derrière, poses tes mains contre ses yeux pour lui couper la vue. Tu viens murmurer dans le creux de son oreille d’une voix suave : « Et si tu te laissais guider ? Un petit jeu à l’aveugle ? Laisse-moi donc avancer mes pions, tu découvriras tout ça en temps et en heure… » Tu déposes un baiser rapide dans le creux de son cou, ne manquant pas de le mordiller très légèrement. Tu retires tes mains, et lorsque tu passes à côté d’elle, on dirait presque qu’il ne s’est absolument rien passé… Mais si elle scrute bien ton regard, elle pourra y trouver une petite touche de défi et de jeu.  

Elle reste de marbre à tous tes petits stratagèmes. Et pourtant, son regard… Elle joue. Elle joue avec toi. Elle veut te faire croire que tout cela ne lui fait rien, ne l’atteint pas. Il va lui en falloir plus pour craquer. Bien plus, et tu en as conscience. Elle est assez claire dans les messages qu’elle envoie : des mecs comme toi, à ses genoux, elle doit en avoir à la pelle. Tu veux dire, elle est incroyablement belle, elle contrôle ses réactions à la perfection, et elle semble inatteignable. Et ce mélange a tendance à en exciter plus d’un. Toi y compris, tu l’avoues. Tu as envie de la percer à jour. Tu as envie de faire tomber son masque. Et à force de persévérance, tu espères y arriver. Va falloir tenter de te démarquer. Et c’est le genre de jeu qui te plait : « Aucun mal ne vous sera fait, pauvre créature en détresse. »

Tu passes une main dans tes cheveux. De toute façon, la chambre est prise. Alors autant en profiter. Tu grimpes les quelques marches qui mènent à la porte de l’hôtel, l’ouvre, et tires une petite révérence, lui lançant un petit regard en biais : « Du moins, pas sans votre consentement… » Parce que ça ne t’étonnerait pas non plus qu’elle aime ce qui est un petit peu plus… pimenté.

Ce que tu ne sais pas encore, c’est qu’elle va tenter de te soumettre. Et toi, Ezequiel Curtis, lorsque tu n’es pas dans le cadre de ton travail, c’est littéralement impossible de te faire poser un genou à terre. C’est un jeu des plus amusants qui vous attend. Tu attends qu’elle passe, va te présenter à l’accueil pour récupérer les clefs. Vous grimpez ensuite dans la chambre, tu refermes derrière vous. Tu pousses un petit soupir. Maintenant, il est temps de sortir le grand jeu.

Tu te tournes vers elle, et t’avances doucement. Une nouvelle fois, tu poses ta main sur ses yeux, l’autre dans le creux de sa taille pour la ramener un petit peu plus contre toi : « Des mecs comme moi, tu dois en croiser souvent. Je ne pense pas que je sois le premier à te faire du rentre-dedans, et encore moins le premier à être dans le même lit que toi. Tu as un contrôle de tes réactions plus que parfait, tu n’en es clairement pas à ton coup d’essai. Alors on va en profiter, j’ai un défi à te proposer. »

Et bordel, tu pries pour qu’elle ne se vexe pas pour tes remarques, tu viens clairement de dire que c’est une salope, mais de manière gentille. Mais tu n’y peux rien, elle a vraiment l’air habituée. Tu t’approches de son oreille, et murmures : « Jusqu’à maintenant, personne n’a réussi à me soumettre… et si on jouait à ce jeu-là ? Personnellement, je suis certain à 4000% que tu n’arriveras jamais à faire de moi un soumis, je finirai toujours par gagner… mais on ne sait jamais, je sens que tu es pleine de surprise ~ »

Tu sais qu’elle n’y arrivera pas. Vraiment. Encore une fois, hormis dans le cadre de ton travail, tu n’en tires tellement aucune satisfaction que tu ne vois juste pas l’intérêt de te laisser faire. Et tu aimes bien trop l’autre côté de la barrière pour te laisser tomber dans la soumission.