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  • pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 3885748630 LES INTRIGUES sont de retour ! (ou plutôt elles se lancent héhé)
    Si ça t'intéresse de débloquer des trucs au niveau du contexte, c'est par ici ! fire 2
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pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues]

Tom O. Pieper
Tom O. Pieper
▬▬▬▬▬▬▬
https://undertheskin-rpg.forumactif.com/t675-pieper-tom-sweet-brhttps://undertheskin-rpg.forumactif.com/t736-tom-jerry-opeeen
Pronoms :
Il/Ael

Âge :
76 ans (20 d'apparence)

Occupation :
Guitariste, biker et serveur
$ CA :
671

Un autre truc à dire :
voix au chant :

Messages :
73

pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] Empty # Mer 26 Oct 2022 - 9:43
Supprimer
Spoiler:


Tom Ollie Pieper
Lars - Steven Universe

On a eu la chance de jamais se prendre au sérieux
Côtoyer le vice sans jamais faire le saut périlleux




relax
apaisant
chill
ouvert
pensif
sincère

Nom :Pieper
Prénom :Tom & Ollie
Surnom / Alias :Bipper, punk, loulou
Origine :Europe (République Fédérale d'Allemagne)
Race :Bâtard 2nd rang (exterminateur)
Âge réel :naissance en 1946, a eu 20 ans en 1966, a donc 76 ans aujourd'hui
Âge d'apparence :19-22 ans
Occupation :Guitariste et biker, travaille en tant que serveur
Groupe :Residents
Arme démoniaque :
Spoiler:


Caractère



LE PRINCIPAL

- sans prise de tête
- prend les choses simplement telles qu'elles sont
- clashs entre sa nature profonde et son côté démoniaque
- déteste la violence
- adore les animaux
- souvent fatigué
- un verre à demi-plein sera toujours ça de plus qu'un à demi-vide
- patient mais peut être rentre-dedans
- team premier degré mais sourit facilement
- aura apaisante... en général
- n'aime pas faire attendre
- un shiba dans un corps d'humain
- capricorne
- agenre
- (Ollie -> Oliver -> peace bringer)

PHYSIQUE

Tom est roux. C'est la première chose visible chez lui. Les traits fins et doux, il a une corpulence assez moyenne et fait dans le mètre 76. Il s'est toujours habillé dans un style un peu rock. Il a une très légère cicatrice sous son œil droit qu'il a eue lors d'un affrontement avec un.e surnaturel.le. Il porte souvent des boucles d'oreille. Sa voix : CLIC !







Résumé


- 1 ans & demi : naissance d'une mère prostituée française du nom de Léandre. Elle le dépose chez un couple de fermiers, Helge et Otmar, qui devinrent ses parents adoptifs, puis disparut de la circulation.
- 6 ans : Tom met très jeune la main à la pâte à la ferme et est obligé de parcourir de longues distances pour arriver à l'école chaque jour. Il y rencontre sa meilleure amie, Rosa. Souvent fatigué, il somnole en cours, s'attirant les foudres de quasiment tous les maîtres mais est protégé par Mme Eberhard (enseignante). Détail : sa position géographique fait qu'il y a quelques enfants américains et français dans sa classe.
- 11 ans : il prend le bus chaque matin pour aller au lycée à Francfort avec Rosa. Il découvre la métropole et cie. Il se fait pleins de potos au lycée, un cercle sain avec lequel il formera une bande de musiciens. Note : le bac pro s'obtient à 16 ans en Allemagne. Il a pour intention de retourner aider à la ferme après le lycée.
- 14 ans : Rosa lui offre une guitare d'occasion. Tom ou le bonheur.
- 16 ans : éveil des pouvoirs. Pendant plusieurs mois, il cause inconsciemment des bagarres autour de lui et de son entourage. Quelques mois plus tard, son groupe d'amis et lui jouent à une fête annuelle dans un village. Ce souvenir sera taché par ce qu'on a infligé à Rosa pendant qu'iels jouaient sur scène.
- 17 ans 1/4 : l'incendie. L'ambiance s'est détériorée chez Tom à cause de son influence démoniaque, et un incendie chamboule leurs vies à lui et ses parents. Ceux-ci finissent à l'hôpital. Pendant plusieurs mois, c'est Tom qui gère tout, dont les reconstructions (aidé par des amis et des voisins).
- 19 ans : le départ. Ses parents pouvant ne plus dépendre de lui et les travaux étant terminés, Tom décide de partir pour ne pas que son aura ne fasse plus de mal à celleux qu'il aime (même s'il ne sait pas encore pour sa nature démoniaque). Sa guitare sur le dos, il vadrouille sur les routes à bord de sa motocyclette.
- 19 ans 3/4 - 20 ans : Tom arrive à Paris et un jeune producteur ambitieux le remarque lors d'une soirée à un bar. C'est le début de sa petite carrière musicale. Au début c'est pas grand-chose. C'était une petite figure, très régulièrement un bouche-trou pour quand des musiciens manquaient à l'appel. Ça lui allait, tant que ça lui permettait de jouer devant un public, aussi petit soit-il.
- 20 ans - 22 ans : Son producteur, Patrick, le trimballa d'un bout de la France à un autre. Puis au fil des accords menés par son producteur, cela s'étendit à l'Espagne et l'Italie, bientôt la Suisse. Tom rêvait de l'Angleterre et de l'Amérique, comme beaucoup de personnes à cette époque. Son producteur le mit en duo avec une chanteuse en pente, Alexandra Mercier. Son rêve américain se réalisa car leurs prestations firent assez de bruit pour les catapulter de l'autre côté de l'océan. Alexandra, ange de nature, lui révéla sa nature à lui.
- 24 ans : Iels jouent ci et là en Amérique mais peinent à décoller sur les grosses scènes. Jusqu'à ce qu'un partenariat inopiné avec un chanteur de renom arrive, où Alexandra et Tom l'accompagneraient sur scène. C'était censé être leur coup de propulseur, mais la folie de Tom se réveilla plus tôt que prévu, le jour même du concert. Tom ne put jouer sur scène, paralysé par la rencontre-choc avec son démon intérieur.
- 24 ans - 28 ans : Après son échec sur scène, Tom fut tenté de rentrer en Allemagne et de tout abandonner, mais un appel de Rosa le motiva à faire face à ses peurs et à rappeler Patrick pour revenir sur scène. Sa musique ne fut jamais aussi forte qu'à ce moment de sa vie et leur duo à lui et Alexandra monta en flèche en renommée. Iels produisirent un disque qui se vendit plutôt bien. Tom put toujours compter sur Alexandra pour le soutenir alors que ses hallucinations se faisaient de plus en plus fortes et ses nuits de sommeil de plus en plus courtes. Tom avait cependant de plus en plus de trous de mémoire et il apprit bien assez tôt que son corps présentait des signes de manque. Ces années furent un enfer.
Un soir, il fit une mauvaise rencontre qui aurait pu très mal tourner pour lui, un démon qui soi-disant désirait achever ses souffrances.
- 28 ans et 1/2 : fin de la folie.
- 29 - 36 ans : Retour en Europe, années pour se guérir. Tom prend le temps de renouer contact avec ses proches.
- 36 ans-39 ans : Il tomba fou amoureux d'une chanteuse de 40 ans, qui se sépara de lui à cause du fait qu'il en paraisse 20. Cette histoire lui brisa le cœur.
- 40 ans : il rencontre la mère d'Alexandra, Agathe Mercier, l'amie de feu sa mère Léandre. Il apprend tout sur elle, sauf l'identité de son propre père.
- 44 ans : Son premier et seul contrat d'âme à ce jour.
- 44-75 ans : Tom perd pas mal de ses proches dont son père et Rosa. Il passe sa vie sur les routes, traversant les frontières au gré du vent. Il rencontre de nouveau le démon qui avait voulu les tuer lui et Alexandra aux États-Unis, qui affirme l'avoir longtemps cherché et qui l'oblige à aller au Québec sous peine de l'exécuter. Iel "l'invite" à rester un bon moment à Thunder Bay.
- 75 ans - aujourd'hui : Tom fait comme il a toujours fait et travaille dans un petit bar à crêpes et dans d'autres endroits en tant que serveur et musico de petite figure.



arc 1


Eyes burning a way through me
Overwhelm, destroying so sweetly

Le goût des cendres. La brûlure de l'air dans les poumons. Il ne restait plus rien de la ferme, peut-être quelques moutons. La fumée avait tout dévoré.

C'est de ma faute.

Cette pensée qui revenait en boucle comme un écho dans le vide.
Ses yeux se refixèrent sur la porte où étaient traités ses parents.
Il n'arrivait pas à se détacher de ce qu'il s'était passé il y a quelques heures. Il se mit à fixer l'horloge de la salle d'attente. Ses mains tremblèrent. Il y réfugia son visage. Ses ongles se plantèrent dans son cuir chevelu, désespérés.

C'est de ma faute.

Il ne savait pas pourquoi, mais il le sentait. S'il n'avait pas existé, cela ne se serait jamais produit. Il avait l'impression que sa présence incitait les autres à la violence depuis plusieurs mois déjà. Il ne comprenait pas pourquoi. Et surtout, il n'aurait jamais imaginé que cela atteigne sa famille. Helge et Otmar étaient tout ce qu'il y avait de plus doux sur Terre.

C'est de ma faute.

Oui, c'était de la sienne. Et il n'avait jamais été aussi perdu et effrayé de toute sa vie.

Pourquoi ?

Une autre question qui se répétait sans rien débloquer.
Il n'arrivait pas à pleurer. Il se sentait paralysé, le souffle presque imperceptible.

S'ils mourraient, il s'en voudrait toute sa vie.

- Herr Pieper ?   (Mr. Pieper ?)

Il redressa la tête pour tomber sur le visage compatissant de l'infirmière.

- Herr Pieper ist aus dem Schneider. Der Zustand von Frau Pieper ist noch ungewiss, aber es besteht eine gute Chance, dass auch sie zurechtkommt.   (Mr. Pieper est sorti d'affaire. L'état de Mme Pieper est encore incertain mais il y a de bonnes chances qu'elle s'en sorte elle aussi.)
- Darf ich sie sehen?   (Puis-je les voir ?)
- Frau Pieper ist noch im Operationssaal, aber Herr Pieper wurde gerade versetzt. Ich kann Sie hinbringen.   (Mme Pieper est encore en salle d'opération mais Mr. Pieper vient d'être transféré. Je peux vous y mener.)

La gorge serrée, il eut du mal à sortir :

- Danke Sie.   (Merci.)

Il se leva, légèrement chancelant, et suivit l'infirmière. Il avait froid aux articulations des mains tellement il avait peur. Peur de voir l'état de son père, puis de sa mère. C'étaient les pires instants de sa vie.
La porte s'ouvrit.

Tout le côté droit de son père était couvert de bandages. Les deux doigts de sa main gauche brisés lors du tumulte étaient eux aussi enroulés.
Les larmes dégoulinèrent silencieusement.
Tom n'osa pas s'approcher. Il resta là à fixer cette vision qui le tourmenterait pendant des années.

Une légère secousse passa dans son esprit et il se décida à avancer lentement, puis à s'asseoir à côté de celui qui avait pris soin de lui pendant toutes ces années.
Il dormait d'un sommeil alourdi par les anesthésiants.

- Wie lange wird es dauern, bis er wieder gesund ist?   (Il lui faudra combien de temps pour s'en remettre ?)
- Er muss einige Tage im Krankenhaus bleiben, bevor er nach Hause zurückkehren kann.   (Il devra rester quelques jours à l'hôpital avant de pouvoir retourner chez lui.)

Tom avait la respiration légèrement tremblante. Les larmes continuaient de couler. Il leva les yeux sur l'infirmière.

- Können Sie mir sagen, wann meine Mutter gerettet ist?   (Pourrez-vous me dire quand ma mère sera sauvée ?)

Le regard compatissant de cette personne l'apaisait et inexplicablement accentuait son désespoir en parallèle.

- Ich halte Sie auf dem Laufenden.   (Je vous tiendrai au courant.)

Elle sortit, le laissant seul avec son père.
Un sanglot passa dans son souffle.

- Wie ist es dazu gekommen...?   (Comment en sommes-nous arrivés là...?)

Il s'enfouit de nouveau la tête entre les mains, s'enfuit dans des souvenirs plus lointains.

Enfance

Tom avait connu très tôt une vie qui (justement) se lève tôt. Ses parents adoptiefs tenaient une ferme en marge de la ville et il mit très jeune la main à la pâte. C'était lui qui nourrissait les animaux.

C'est certainement l'une des meilleures choses qui pouvait lui arriver. Il ne s'était jamais senti autant en sécurité qu'avec ces vaches au regard doux, ces brebis à la laine moelleuse, ces poules au dandinement amusant et ces lapins à la chaleur aussi réconfortante. C'était une vie simple et paisible...

Cette ferme avait miraculeusement survécu à la guerre, même si comme pour beaucoup, le couple d'Helge et Otmar s'en était sorti fortement appauvri. À vrai dire, iels avaient subi plusieurs razzias de l'armée nazie pendant ces dernières années. C'est en rusant qu'iels ont réussi à garder au moins de quoi se nourrir pendant les temps durs.

Helge et Otmar ont perdu tous les deux leur famille à cause de la folie nazie. Iels étaient les seuls à ne pas s'être endoctrinés jusqu'à l'âme et cherchaient uniquement à faire profil bas pendant ces six années pour ne pas s'attirer d'ennuis. Leurs sœurs, leurs frères ainsi que leurs enfants, s'ils n'ont pas été tués à Berlin lors de la percée soviétique, ont soit été victimes de sabotages soit s'étaient donné la mort quand celle d'Hitler avait été annoncée. Les deux fermiers étaient bien loin de tout ça.
Aussi, quand un jour une jeune femme aux yeux bruns toqua à leur porte avec un visage émacié et un bébé dans les bras, malgré que leurs rations soient basses, iels l'accueillirent pendant une nuit. Iels avaient besoin de sentir un peu d'humanité, de se sentir un peu humains après toutes les horreurs qui s'étaient déroulées. Elle s'appelait Léandre.

Léandre s'était trouvée sans moyens de subsister quand il n'y eut plus de soldats à sustenter. Pas d'argent pour manger et encore moins pour voyager et rejoindre sa famille en France. Sa seule famille en Allemagne, sa tante, l'avait reniée quand elle avait appris la profession qu'elle exerçait. Léandre avait erré, alourdie par le fardeau de l'enfant à qui elle avait enfin donné naissance quelques mois après la fin de la guerre. Quand celui-ci naquit, il lui fut évident qu'elle n'arriverait jamais à s'en occuper comme il le faudrait. Une ancienne amie de la profession lui parla d'une opportunité en Indochine avec l'armée, de nouveau.

Mais Léandre en avait marre de la guerre, marre de la misère et des militaires.

Léandre déposera Tom chez les deux fermiers puis aura finalement l'opportunité d'avoir des cours de dactylographie grâce aux contacts de cette même amie, et de survivre en tant que secrétaire en Allemagne. Elle mourra d'une pneumonie un ou deux ans après. Elle sera retournée chez sa famille française à ce moment-là.
Elle taira le fait que le géniteur de Tom était un haut-officier nazi aux deux fermiers, et ne parlera probablement de l'existence de Tom qu'à sa meilleure amie Agathe Mercier.

Par ailleurs, après cette nuit-là, Helge et Otmar n'entendirent plus jamais parler de Léandre.

Leur ferme se trouvait à plusieurs kilomètres de Francfort mais il existait quelques villages à côté. Tom, après s'être occupé des animaux, devait accomplir quelques kilomètres à pied chaque jour pour aller à l'école quand il fut en âge d'y aller. (note : il n'alla pas au Kindergarten (= école maternelle)) Helge et Otmar voulaient qu'il bénéficie de cette chance, qu'importe qu'il doive se lever à cinq heures du matin pour y arriver. Et de toute manière, c'était obligatoire.

On ne va pas se mentir, vivre en RFA était plus paisible qu'en RDA. Tom bénéficia d'un enseignement de qualité, que ce soit sur le plan humain ou intellectuel. Dans sa classe se trouvaient à la fois des enfants de l'Allemagne, des Etats-Unis et de la France. C'étaient des petites classes mais Tom avait toujours eu du mal à tisser des liens. C'était l'enfant silencieux qui restait dans un coin de la cour à regarder les feuilles au sol ou à laisser les fourmis monter sur ses mains pour les observer de près.

Tom a toujours été doué de bonnes capacités d'écoute. Cependant, il s'endormait souvent en cours du fait de la fatigue. Il s'en sortait grâce à sa bonne mémoire mais la majorité des profs le détestait, le croyant fainéant.

Tous, sauf une : Mme Eberhard.
Contrairement à ce que son nom de famille pourrait laisser entendre, Frau Eberhard était d'une douceur sans nom. Elle sentit que Tom était curieux de tout ce qu'il y avait à apprendre derrière cette mine endormie et lui prêta des livres quand il sut lire. Elle se prit d'affection pour ce tempérament doux et rêveur. C'est certainement grâce à elle qu'il ne se fit pas entièrement couler par les autres enseignants.

Il y avait quelqu'un d'autre que son air somnolent énervait. Une petite gamine du nom de Rosa, qui s'amusa très tôt à venir le bousculer dans sa solitude, le poussant à s'agiter un peu. En fait, elle devint sa meilleure amie.

Rosa et sa famille vivaient à mi-chemin entre l'école du village et la ferme de Tom. Ils se retrouvèrent assez vite à faire les trajets ensemble, matin et soir. Éventuellement, leurs parents tissèrent des liens à leur tour, assez pour que Rosa passe quelques weekends chez Tom et inversement.

Tom apprit assez vite que sa chair n'était ni celle d'Helge ni celle d'Otmar. L'une trop blonde et l'autre trop brun ; des yeux bleus et des yeux marrons ; des traits secs et une mâchoire trop carrée ; la chevelure rousse du bambin et la douceur de son visage indiquaient l'ailleurs. C'est Rosa qui un jour lui en fit la remarque :

- Deine Eltern sind' nich' wie du   (Tes parents ils t'ressemblent pas)

Ce à quoi Tom n'avait rien répondu, tout simplement parce qu'il ne voyait pas quoi dire. C'était quelque chose qu'il avait remarqué mais qui ne l'avait jamais gêné jusqu'ici. Devrait-il ?
Rosa lui avait cogné légèrement le bras pour lui arracher une réaction.

- Wie wär' es dann?   (Bah alors ?)

Tom s'était frotté le bras et s'était légèrement détourné.

- Und ?   (Et ?) , avait-il marmonné.

Cette fois c'était Rosa qui n'avait rien trouvé à dire. Elle ne voulait pas lui dire quelque chose de blessant, alors elle changea de sujet.

Mais cela trotta dans la tête du petit Tom, qui le soir d'après alla voir ses parents adoptiefs.

- Warum bin' ich rot?   (Pourquoi je suis roux ?)

Helge et Otmar ne cherchèrent pas à lui cacher d'où il venait - déjà qu'il n'y avait pas grand-chose qu'iels savaient. Iels lui dirent que celle qui lui avait donné naissance était partie juste après l'avoir confié à eux. Iels lui dirent qu'iels ne savaient rien d'elle si ce n'est son prénom, son visage et son léger accent français, ainsi qu'une vague information comme quoi elle aurait une tante en Allemagne - mais l'Allemagne est vaste. Tom demanda à quoi elle ressemblait. Puis il demanda pour son géniteur. Mais Helge et Otmar n'avaient aucune idée de qui ça pouvait bien être.

- Aber du bist wie ein Sohn für uns.   (Mais tu es comme un fils pour nous.)

C'était quelque chose que le jeune Tom avait besoin de savoir. Cette révélation ne perturbait pas la stabilité que lui offraient Helge et Otmar ni l'amour qu'iels lui portaient.
Cela provoqua néanmoins un malaise dans sa quiétude, une zone d'inconnu. Ayant une imagination débordante, il se dit que sa mère était la reine de la forêt et qu'elle s'était sauvée pour le sauver d'un grand et vilain dragon qui voulait le manger.
Si seulement il savait à quel point ça se rapprochait de la vérité.

Son cursus lui permit d'apprendre l'anglais et l'allemand, et la promiscuité avec ses quelques camarades étrangers quelques bouts de français. Quand il alla en Gesamtschule (lycée regroupant apprentissages, bacs pros et généraux) avec Rosa, il souhaita se rapprocher au maximum de la langue de sa génitrice et prit français en langue vivante.

Rosa fit le Gymnasium (bac général) tandis que Tom prit le cursus Realschule (bac pro) dans l'idée de continuer à aider ses parents à la ferme après ses études. En réalité, Helge et Otmar se faisaient dépasser par tous les élevages intensifs qui commençaient à se développer petit à petit tout autour. Iels avaient besoin de toute l'aide qu'iels pouvaient. Mais en même temps, iels étaient pris d'un sentiment mitigé : celui de garder Tom en sécurité à la ferme et bénéficier de son aide ou de le laisser s'envoler en dehors vers son propre chemin.

Le lycée se trouvant encore plus loin que le village où il allait jusqu'ici, il se mit à prendre le bus jusqu'à la périphérie de Francfort.

Il y était déjà allé une ou deux fois avec ses parents pour des courses spécifiques, mais ça n'empêcha pas le tournis qu'il connut en y allant tous les jours pour aller à l'école. Il y avait trop d'activités dans cette métropole, trop d'odeurs, de gens et de paroles.

Mais c'était sans compter sur le soutien indéfectible de Rosa, qui le traîna de rue en rue jusqu'à connaître presque chaque recoin comme leurs poches. Avec cet entraînement quotidien, le tournis ne fut bientôt plus.

C'est lors de l'une de leurs escapades que Rosa remarqua les discrètes étoiles d'envie dans les yeux de son meilleur ami quand il fixa une guitare dans une vitrine en passant. Son anniversaire arrivant la semaine d'après, elle lui fit la surprise de lui acheter une guitare d'occasion.

- A-aber ich kann nicht einmal spielen   (M-mais je ne sais même pas en jouer)  , avait-il bredouillé sous le coup de la surprise et de l'émotion.
- So lernst du es.   (Justement, comme ça, tu vas apprendre.)

Tenir le manche de l'instrument lui envoyait de petits électrochocs d'anticipation. Il ne sut quoi dire à part partir en effusion de remerciements. Il était heureux comme un gamin ; en général pour les anniversaires il recevait soit une pièce de vêtement soit des friandises de la part de ses parents. C'était toujours Rosa qui arrivait à mettre le doigt sur ce qui le faisait vraiment tripper. Elle avait ce don de lire en lui comme dans un livre ouvert. Tom faillit l'étouffer dans son câlin.

Au début, qu'est-ce qu'il jouait mal. Mais avec le peu d'argent de poche qu'il possédait, il s'acheta un petit guide pour apprendre les bases, et de fil en aiguille et en s'exerçant il s'améliora.

Le lycée fait partie de la période où il se fit le plus de potes. Il arrivait un peu mieux à se mêler avec les gens, son côté bon public aidant. Cependant, personne ne pouvait arriver à l'échelle de Rosa. Elle, c'était sa bestie.


Éveil des pouvoirs

Avec des potes, Tom monta un semblant de bande qui continua à se voir les weekends et certaines soirées en semaine pour jouer et composer du ramdam. Tom obtint son Realschul-abschluss (bac) à 16 ans et comme prévu retourna à la ferme aider ses parents.
Ces sessions musicales étaient ses moments de respiration et de pure effusion créative.

Au début, c'était génial. Tout le monde s'amusait, il y avait une ambiance un peu de garage avec quelques bières voire à l'occasion un ou deux tarpés, beaucoup de détente et de rigolade. Il était prévu qu'iels jouent dans un des villages alentours lors d'une fête annuelle.

C'est dans cette période que Tom commença à se sentir très... bizarre. Pas forcément vis-à-vis de ses potes, qui formaient un cercle assez sain. Mais en allant parfois en ville, il... comment dire... sentait les pulsions des gens autour ? Les pulsions agressives, destructrices... Négatives et toxiques.
Même les plus infimes.

Mais il y avait une nuance depuis quelques temps. Il ne savait pas si c'était dû au hasard, mais quelques fois, il s'attarda et se concentra sur certaines pulsions pour essayer de déterminer s'il était fou, ou en tout cas essayer de saisir pourquoi il ressentait tout ça...
Presque à chaque fois ça se terminait en bagarre à côté. C'est comme si... ces pulsions se retrouvaient... exacerbées sur l'instant ? Mais ça devait être son imagination. Il ne voyait là que du hasard, un hasard étrange mais un hasard tout court.

Puis un jour, un de ses potes arriva à l'une de leurs répétitions, quelques jours avant le concert. Il sentit que quelque chose n'allait pas... Il y avait comme un nuage noir autour de sa tête et de son cœur.

Iels apprirent qu'il venait de se faire larguer par celle qui était sa petite amie depuis bientôt cinq ans. Iels en discutèrent, il raconta tout. Cela ne dura pas longtemps à vrai dire.
Tom n'écouta rien, concentré sur cette ambiance sombre que dégageait son ami. Celui-ci se mit à se braquer petit à petit aux questions compatissantes du groupe puis finit par prendre la mouche à une remarque innocente d'un autre ami. La tension monta rapidement entre les deux. Ils faillirent en venir aux poings à un moment. Tom observait la scène sans rien faire, rien penser, il était comme déconnecté.

C'est Rosa qui s'interposa entre les deux en les rabrouant fermement, faisant baisser la tension d'un cran. C'est l'élastique de sa voix qui ramena Tom sur Terre. Le groupe était particulièrement perturbé par l'accès de violence des deux membres. Après un lourd instant de gêne orageux, chacun prit son poste pour travailler, comme l'avait si bien pointé Rosa. Tom prit sa guitare avec une sensation de malaise. Il venait d'assimiler ce qui venait de se passer. Il se rendit compte que le malaise venait non seulement de ce qui venait d'arriver mais aussi de ce qu'il ressentait. Il y avait comme une... frustration latente. C'est comme si une partie de lui avait apprécié de voir jusqu'où l'escalade irait. Il chassa cet horrible ressenti d'un frisson.

La musique balaya les mauvaises ondes. Les deux amis s'excusèrent après la répétition.

Tom eut la pensée que ça commençait à faire beaucoup de coïncidences. Mais en même temps, pourquoi penserait-il que c'est de sa faute ? Il n'a quand même pas le pouvoir de rendre les gens agressifs ? Non, ça devait être le hasard, l'ordre des choses. Il n'avait rien à voir là-dedans.

Le jour du concert arriva. Le groupe était hypé comme jamais. La nouvelle de l'évènement fit le tour des villages alentours. Un monde monstre se retrouva dans le petit bled, compressé autour de l'estrade. Le groupe de Tom n'était pas le seul à passer, ça allait être un gros évènement local. Et il se passa merveilleusement bien. Ce serait certainement l'un des meilleurs souvenirs de Tom si celui-ci n'avait pas été entaché peu de temps après. En descendant dans les coulisses improvisées, il n'y trouva pas Rosa. Il commença à s'inquiéter. Un sombre pressentiment lui passa par l'estomac. Il déposa sa guitare et partit à sa recherche.

Il la trouva quelques minutes plus tard dans les toilettes de la salle des fêtes, effondrée sur le carrelage.

- ...Rosa ?

Il s'approcha.
La première chose qu'il vit en dehors de son maquillage ruiné étaient les bleus sur ses bras.

- Rosa !

Il se précipita vers elle. Il la saisit dans ses bras, l'observant rapidement pour déterminer ce qu'il s'était passé. Son visage était devenu presque aussi pâle que celui de sa meilleure amie sous le coup de la panique.

- Was ist passiert??

Rosa ne répondait pas, les yeux creux. Tom la scrutait la bouche ouverte. Il avait la gorge sèche. Il comprit, ou plutôt accepta ce qu'elle ne lui disait pas.

... Nein.

Comment ?

Il sentit un long moment de déconnexion.
Puis il sentit quelque chose qui arrivait rarement. Une brûlure. Comme de l'acide, ça remontait sur sa gorge, ça la rongeait comme si ça souhaitait ressortir par ses glandes lacrymales, inonder tout son être, sortir en fumant par ses pores et attaquer tout ce qui existe alentours. Son sang commença à bouillir, l'air autour de lui à se teinter de bordeaux - métaphoriquement. Il sentit ses cheveux se dresser sur son crâne.

- Wer ?

Un murmure. Plus un crissement guttural.

Pendant une minute lui vinrent des images où il déchirerait la gorge du coupable en descendant sur son ventre pour l'évider en entier, lui broyer les bras et lui faire bouffer ses dents par les yeux. C'était tellement intense que ça aurait pu se matérialiser directement hors de son esprit à cet instant. Le bâtard haletait, bouffé par des vagues de mauvaises ondes.

On ne sait comment, il parvint à recueillir un brin de raison. Il devait emmener Rosa dans un endroit calme, loin de ce lieu d'horreur et de la foule. Loin d'ici.

- Kannst du aufstehen?   (Peux-tu te lever ?)

Il tremblait de ce qu'on lui avait infligé mais faisait de son mieux pour l'aider.
Rosa, cette Rosa si forte et déterminée, semblait une enveloppe vidée de volonté à cet instant. Elle se laissa redresser avec délicatesse et guider en dehors des lieux, entourée du bras protecteur de Tom. Elle ne dit rien.

C'est l'une des premières fois que Tom ressentit l'envie de tuer quelqu'un.



Tom rumina pendant des jours ce qu'il s'était passé.



Un jour, il proposa à Rosa de l'accompagner au poste pour que justice soit faite.

- Und was glaubst du, werden sie tun?   (Et que penses-tu qu'ils vont faire ?)

Rosa le regarda avec une ironie qui le blessa.

- Ich werde dir antworten. Sie werden wie alle Mädchen tun, die den Mut haben, dem Tabu zu trotzen, um bei den Behörden Hilfe zu suchen.
Nichts.
  (Je vais te répondre. Ils vont faire comme pour toutes les filles qui ont le courage de braver le tabou pour aller chercher de l'aide auprès des autorités.
Rien.)


Tom était bouleversé. Il cherchait quoi dire, mais cela sortait par des souffles silencieux. Rosa posa sa main sur sa joue, semblant s'adoucir, et braqua son regard dans le sien pour le capter. Elle parla fermement.

- Du hast getan, was du konntest, Tom.   (Tu as fait ce que tu as pu, Tom.)

Tu as fait ce que tu as pu, Tom.

Mais ce n'était pas assez. Ce ne serait jamais assez. Il se retint de sangloter et serra les poings.
Comment arrivait-elle à être aussi forte alors qu'il avait le sentiment de tanguer, et alors qu'il n'avait pas vécu ce qu'elle avait vécu ? Pourquoi c'était elle qui l'apaisait alors que c'était censé être dans le sens inverse ? Il se sentit minable. Il referma les lèvres. Il aimerait pouvoir lui enlever ce fardeau pour toujours.

Tout ce qu'elle demandait, c'était un peu de paix pour enfouir le traumatisme dans son esprit. C'était sa manière de gérer ce qu'il s'était passé.

Il s'approcha doucement pour lui faire un câlin, très délicatement pour ne pas la brusquer.
Il ne voyait pas comment lui communiquer autrement un peu de chaleur, un peu d'apaisement. Les mots et les actions semblaient tellement inutiles dans ces moments-là. Une larme glissa parmi les milliers qu'il retenait. Il aimerait pouvoir pleurer pour elle, si seulement ça pouvait la soulager. Mais il savait que ça ne changerait rien. La tête baissée, il s'écarta peu de temps après, sentant que les contacts physiques étaient encore trop pour elle.

- Sag mir, wenn du etwas brauchst.   (Dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.)  , fit-il la mine sombre.

Il voulait lui signifier qu'il était là.

Rosa n'arriva pas à le remercier, ni à rien dire en fait. Elle se contenta de hocher de la tête.
Tom la laissa tranquille.

L'incendie

L'ambiance s'était détériorée à la maison au fil des mois depuis le festival. Sans s'en rendre compte, Tom avait déteint sur Helge et Otmar, qui devinrent de plus en plus revêches l'un envers l'autre et de plus en plus distants, comme s'iels ne se supportaient plus à certains moments. Iels se contentaient de battre froid.

Puis un jour, il y eut une dispute.

- Du solltest reisen, Tom, statt auf der Farm zu bleiben. Wer weiß, ob sie nicht auch eine Mauer zwischen der BRD und dem Rest der Welt errichten werden.   (Tu devrais voir un peu de pays, Tom, au lieu de croupir à la ferme. Qui sait s’ils ne vont pas mettre un mur entre la RFA et le reste du monde aussi.)

Otmar faillit avaler de travers sa salive.

- Wovon redest du, Helge! Glaubst du, wir schaffen es, die Farm in unserem Alter zu führen?   (Qu'est-ce que tu racontes Helge ! Et tu crois qu'on va réussir à gérer la ferme à notre âge ?)
- Ich glaube, Tom ist noch jung, um in einer Ecke wie unserer zu bleiben. Wir müssen nur jemanden einstellen.   (Je crois que Tom est encore jeune pour rester coincé dans un coin comme le nôtre. On n'a qu'à embaucher quelqu'un.)
- Siehst du nicht, dass wir mit der ganzen Konkurrenz um uns herum finanzielle Schwierigkeiten haben?   (Tu ne vois pas qu'on galère assez financièrement avec toute la concurrence autour ?)

Tom ne savait quoi dire. Il n'avait pas vu ça venir. Quitter la maison, comme ça ? Il pensait aider ses parents encore quelques années. Oui, il était vrai qu'il avait pensé à partir avec sa guitare sur le dos pour sillonner les routes, inspiré par les groupes qui commençaient à émerger ci et là dans le monde. Mais pas maintenant. Pas comme ça ? Il n'était même pas majeur !

- Nun, lassen wir den Jugendlichen Platz und geben den Schlüssel unter die Tür zurück. Behalten wir nur etwas zu essen. Wir brauchen nicht viel.   (Eh bien, laissons la place aux jeunes et rendons la clef sous la porte. Gardons uniquement de quoi nous nourrir. Nous n'avons pas besoin de beaucoup.)
- Was redest du da?   (Non mais tu t'entends parler ?)
- Du reagierst, als wäre Tom dein Sklave. Er hat ein ganzes Leben zu leben. Ich denke, er muss wissen, dass er fliegen kann, wenn er will.   (Toi tu es en train de réagir comme si Tom était ton esclave. Il a toute une vie à vivre. Je pense qu'il faut qu'il sache qu'il peut s'envoler s'il le désire.)

Helge se tourna vers son fils.

- Willst du nicht nach Frankreich? Ich habe deinen Reiseführer unter deinem Schreibtisch gesehen.   (Ne veux-tu pas aller en France ? J'ai vu ton guide de voyage sous ton bureau.)
- I-ich weiß nicht...   (J-je ne sais pas...)  , bredouille-t-il, décontenancé.

Oui, il aimerait beaucoup remonter les traces de sa mère de sang. Il ne voulait pas en parler à Helge ni Otmar pour ne pas les mettre mal. C'était de la curiosité, rien de plus.

- Siehst du, er selbst will bleiben! Lass ihn in Ruhe, anstatt ihn auf die Veranda zu schieben.   (Tu vois, lui-même veut rester ! Laisse-le tranquille au lieu de le pousser vers le perron.)

Helge frappa la table de sa main.

- Du lässt ihn sich seine eigene Meinung bilden, ja?   (Tu vas le laisser se faire son propre avis oui ?)

La tension était montée d'un cran.
Otmar devint pâle de colère.

- So redest du nicht mit mir!   (Tu ne me parle pas comme ça !)
- Ich rede mit dir, wie ich will.   (Je te parle comme je veux.)
- Ach ja?   (Ah oui ?)
- G-genug...!   (A-assez...!)  , tenta d'intervenir Tom.

Cela mit en pause l'escalade, mais la tension entre leurs deux regards était pleine de colère.
Chacun se mit dans un coin de la pièce à s'occuper.
Tom, mal à l'aise, alla dans sa chambre à l'étage. Il referma doucement la porte derrière lui. Il soupira. C'était quoi ça ?

Il sortit sa guitare et se posa, la caressant au départ puis se mettant à tenter quelques accords expérimentaux.
Ça ne suffit pas à couvrir les cris qui résonnèrent quelques minutes plus tard. Tom renifla à la venue d'une odeur.

Ça sentait la fumée ?

Il déposa sa guitare et descendit en vitesse.
L'odeur venait du dehors. Helge et Otmar n'étaient pas dans la maison mais c'étaient bien leurs cris qui perçaient l'air. Tom fonça les rejoindre.

La grange était en feu.
Helge et Otmar s'activaient pour sortir les vaches qui y avaient été regroupées pour la saison froide, mais elles étaient effrayées par les flammes. Iels s'engueulaient en parallèle, les gorges en feu et les yeux haineux.

- Hast du das Heu weggeräumt, als es noch nass war?!   (Tu as rangé le foin alors qu'il était encore mouillé ?!)
- Bitte gib mir nicht immer die Schuld!!   (Arrête de reporter toujours la faute sur moi je te prie !!)
- Tom, hol ein paar Eimer Wasser!   (Tom, va chercher des seaux d'eau !!)  , hurla Helge en l'avisant.

Des seaux d'eau paraissaient dérisoires vu la vitesse à laquelle le feu gagnait du terrain. Mais Tom fonça, le sang pulsant aux tempes. Schnell, schnell !
Il revint le plus vite qu'il put, mais le bâtiment semblait condamné à s'écrouler d'une minute à l'autre. Une jeune génisse était encore coincée à l'intérieur. Helge était entrée pour tenter de l'en sortir. Iels semblaient avoir mis de côté leurs différends pour l'instant pour se concentrer sur la sauvegarde de leurs biens.
Helge arriva jusqu'à la génisse ainsi qu'à la guider vers la sortie.

Une poutre craqua.

- Helge achtung !   (Helge, attention !)

Otmar bondit sans réfléchir.
Il se reçut la poutre enflammée sur le côté droit, protégeant Helge. Il s'écroula à genoux. La génisse partit en courant vers l'extérieur, lui broyant une partie de la main gauche au passage. Helge hurla, Tom hurla.

- VATI !!

Il bondit les rejoindre dans les flammes pour aider à soulever la poutre et le, les sortir de là. Prenant chacun un bras, lui et sa mère tirèrent Otmar de là.
Peu avant la sortie, Helge reçut une brique sur le coin de la tête, l'assommant. Tom se retrouva seul à gérer cette situation critique. Les vaches s'étaient enfuies à vau-l'eau. Tout se brouilla et il passa en mode automatique.

Les secours mirent un temps infini à venir lui sembla-t-il.
Il s'en était miraculeusement sorti avec seulement quelques égratignures.

Le voici maintenant à attendre le verdict médical de sa mère, envahi par la peur et l'appréhension.


S'iels n'avaient pas été occupës à s'engueuler, iels auraient senti le feu bien avant et auraient pu l'éteindre, ou au moins s'en sortir sans blessures. Plus ça allait et plus Tom se disait que cette discorde dans son entourage venait de lui. Il n'était pas du genre égocentrique, mais c'était l'évènement de trop. Il ne comprenait pas pourquoi, mais sa présence incitait les autres à se faire du mal. Et rien ne pouvait être pire pour lui que de faire du mal à ses proches.

Il se dit que ça aurait pu être pire, que ses parents auraient pu mourir là-bas sur le coup, que la maison fusse partie en cendres elle aussi. Il fallait qu'iels survivent et guérissent, et iels pourraient tout reconstruire ensemble. C'était une chance que leurs moutons se trouvent dans un champ un peu plus éloigné, cela ne les avait pas touchés.

Iels reconstruiraient tout, puis Tom partirait. Il ne savait pas si un Dieu quelconque l'entendait, mais il en fit la promesse. Si ses parents survivaient et guérissaient, il les aiderait à reconstruire ce qui le doit puis partirait, si c'était le message qu'on essayait de lui communiquer.

- Tom !

Il redressa la tête et avisa Rosa. Elle s'approcha de lui et lui prit les mains.

- Ich kam so schnell ich konnte.   (Je suis venue le plus vite que je pouvais.)

Il la regarda d'un air désespéré. Elle l'enlaça.

- Wie sind sie ?   (Comment vont-iels ?)

Tom entrouvrit les lèvres pour répondre, quand l'infirmière de tout à l'heure entra de nouveau dans la pièce.

- Herr Pieper ?   (Mr. Pieper ?)

Rosa lâcha Tom, qui regardait avec angoisse la soignante. Elle lui adressa un petit sourire.

- Frau Pieper ist gerade aufgewacht. Die Ärzte sagen, dass sie mehrere Wochen Ruhe braucht, bevor sie sich bewegen kann, aber sie scheint aus dem Schneider zu sein.   (Madame Pieper vient de se réveiller. Les docteurs disent qu'il lui faudra plusieurs semaines de repos avant qu'elle ne se permette de bouger, mais elle semble sortie d'affaire.)

Il se serait écroulé de soulagement s'il n'était pas déjà assis. Il remercia tous les saints et divinités existants.

- K-kann ich sie sehe ?   (P-puis-je la voir ?)
- Im Moment ist es besser, sie sich erholen zu lassen.   (Pour l'instant non, il vaut mieux la laisser récupérer.)

Tom se sentait essoufflé comme s'il avait retenu sa respiration jusqu'ici. Il acquiesça et l'infirmière retourna s'occuper des autres patients. Il avait envie de pleurer pour se relâcher complètement mais il n'y arrivait pas. La main de Rosa apportait un peu de chaleur dans ses articulations néanmoins, ça lui faisait du bien.

- Jetzt wird alles gut.   (Maintenant, ça va aller.)  , lui souffla-t-elle.

Il se passa un long moment de silence ou plutôt de respiration. Tom regardait ailleurs.

Les mots sortirent simplement quand le calme fut en place.

- Du weißt, ich denke, ich werde gehen, wenn alles geklärt ist.   (Tu sais, je pense que je vais partir quand tout sera réglé.)

Rosa l'observa silencieusement.
Son pouce caressa la main qu'elle tenait.

- ... Ich weiß.   (... Je sais.)

Tom leva les yeux sur elle.
Qu'est-ce qu'elle adorait la bouille de chiot qu'il avait quand il était triste.
Mais à elle aussi ça lui faisait mal.

Il y avait quelque chose qu'il voulait lui demander mais il hésitait. Il baissa la tête.

- Ich gehe auf die Straße und versuche, meine Gitarre zu hören.   (Je vais partir sur les routes et tenter de faire entendre ma guitare.)

Il releva très légèrement les yeux vers les siens.

- Ich wünschte, du wärst meine Managerin.   (J'aimerais beaucoup que tu sois ma manager.)

Il avait l'impression de sortir ce projet de nulle part, mais se rendit rapidement compte qu'il y songeait depuis un moment en réalité. Il leva la main.

- Aber ich will dich nicht zwingen. Wenn du bleiben willst, ist es deine Wahl und ich werde es respektieren.   (Mais je ne veux pas t'y forcer. Si tu veux rester c'est ton choix et je le respecterai.)

Rosa l'observa longuement.

- Ich werde darüber nachdenken.   (Je vais y réfléchir.)

Cette promesse lui suffisait.



arc 2


We won't be sure what's legendary
Until we read the obituary

Il fallut plusieurs semaines pour reconstruire ce qui fut la grange. Otmar avait bien récupéré même si une partie de son côté droit restait pour l'instant paralysée. Helge allait beaucoup mieux même si elle avait régulièrement de gros coups de fatigue - elle devait y aller mollo d'après les médecins. Tom prit tout en charge lors de cette période.

La totalité des vaches s'étaient enfuies et perdues mais iels réussirent à en récupérer une. Iels firent une croix sur l'élevage bovin et gardèrent celle-ci pour leurs besoins personnels. Le nouveau bâtiment fut donc beaucoup plus petit et converti en seconde bergerie. Des amis de la famille (voire des voisins à quelques kilomètres) vinrent aider, ayant eu vent de ce qui leur était arrivé.

Helge et Otmar s'étaient réconciliés après l'accident. Iels ne comprenaient pas ce qu'il leur était arrivé pour se comporter comme iels l'avaient fait ces derniers temps, et avaient décidé que ce n'était pas important.
Ce qui était important, c'était qu'iels comptaient l'un pour l'autre, et que cette épreuve en était - de fait - une preuve. Qu'iels s'aimaient.

La ferme avait rarement connu autant d'activité sociale que lors des travaux. Il y avait régulièrement des personnes aux mains volontaires, et on peut dire que ce furent des semaines relativement douces à côté du labeur. Se sentir soutenu faisait toujours du bien de toute façon. Helge et Otmar nouèrent des relations amicales qui leur valurent des visites régulières même après le départ de Tom.

Iels apprirent bien longtemps après que l'incendie avait été provoqué par un vagabond qui avait cassé le cadenas pour trouver refuge dans la grange, et que ce dernier avait eu la mauvaise idée de fumer un coup... Et de s'endormir sans éteindre sa clope. Il suffit de quelques braises. Le vagabond se réveilla en sentant une chaleur. Paniqué, il fit du vent avec sa veste pour l'éteindre. Bien évidemment, ce fut la pire chose qu'il aurait pu faire. Il s'enfuit avant qu'on ne le remarque quand il comprit que c'était foutu. On connaît la suite.

Pour revenir au départ de Tom, quand celui-ci sentit que les choses s'étaient calmées et que ses parents ne dépendaient plus entièrement de lui, il se décida à leur annoncer la nouvelle. Ce qui avait été un sujet de dispute devint deux acquiescements muets. C'était assez exceptionnel comme réaction au vu de l'époque, puisque la majorité s'obtenait à 21 ans. C'était une marque de grande confiance qu'iels consentent à le laisser voguer librement où il le souhaitait.
Alina, une amie d'Helge était alors présente.

- Wann wirst du gehen?   (Quand comptes-tu partir ?)  , demanda Helge.
- In zwei Wochen.   (Dans deux semaine.)

Il voulait se laisser le temps de dire au revoir et de tout bien préparer. Mais il était décidé.
Otmar lui fit un câlin.

- Ich weiß nicht, was du vorhast, aber ich weiß, es wird wunderbar.   (Je ne sais pas ce que tu vas faire mais je sais que ça va être merveilleux.)  , lui souffla-t-il dans l'étreinte.

La confiance de son paternel fit naître une drôle d'émotion en Tom. Il n'avait aucune idée de ce que lui réserverait le lendemain, ni ce qu'il en ferait. Pour l'instant, celui-ci s'arrêtait à la corde au bout de ses doigts et à l'air dans lequel elle résonnerait. Qu'importe l'endroit, tant que ça plaisait.

Il parla aussi à Rosa de son départ.
Elle lui annonça qu'elle avait bien réfléchi mais qu'elle ne pouvait pas venir avec lui. Elle avait une bonne nouvelle : elle avait été reçue dans l'université qu'elle voulait. Elle allait être chercheuse !
Tom était heureux pour elle. Il aurait voulu continuer de l'avoir à ses côté mais l'idée de mettre des chaînes aux gens qu'il aime ne l'effleurerait jamais. Ce jour-là, ils se firent une virée à Francfort, repassant par les rues qu'ils ont arpentées quelques années auparavant, matant les vitrines et reconnaissant quelques mendiants et policiers placés toujours aux mêmes endroits.

En rentrant le soir, seul dans sa chambre, Tom fit face au mur du futur. Allait-il se briser dessus ou passer au travers et voir ce qu'il lui offrait ? Quelques doutes passèrent dans son esprit. Il sentait qu'il devait partir, voir de quoi était fait le monde, mais en même temps...

C'était dur. Dur de quitter tout ce et celleux qu'il avait connus. Il se retourna plusieurs fois dans son lit cette nuit-là.

Une surprise l'attendait le jour du départ.
Déjà, son entourage était présent dans son entièreté. Iels se firent câlins et aux revoirs dans le salon.
Mais ce n'était pas tout.

Une motocyclette neuve l'attendait dehors, étincelant comme un diamant sous le soleil.

Tom avait passé son permis véhicules légers dès ses 16 ans dans l'idée que ça serait plus pratique pour se déplacer d'un point A à un point B mais n'avait pas trouvé le temps de gagner assez d'argent pour s'offrir un véhicule à la portée de ses moyens (entre la ferme, le concert, les soucis personnels, etc.).

Il se figea.

- I... Ist das für mich?   (C... C'est pour moi ?)

Il était choqué. Les gens se marrèrent à sa tête. Il rougit sous l'émotion, ses yeux se brouillèrent.

- Nein, es ist für die Kuh. Geh und sieh dir diese Schönheit an.   (Non, c'est pour la vache. Allez approche voir cette beauté.)  , le charria Rosa.

Il s'approcha de la bécane, guitare au dos et sacoche au bras. Il osa à peine la caresser, craignant que ce ne soit pas vrai. Il releva la tête vers celleux qui l'entouraient.

- Ihr seid total verrückt...   (Vous êtes complètement fous...)

Et il pleura. En souriant.

- Komm schon, steig ein!   (Allez, monte en selle !)

Ce qu'il fit.

Putain.
Sa motocyclette quoi.

- Hättest du nicht gedacht, dass wir dich hier und da herumlaufen lassen?   (Tu n'allais tout de même pas croire qu'on allait te laisser vadrouiller à pied ci et là ?)

Il les regarda, un grand sourire ému sur la tronche.

- Danke... Vielen Dank an alle !   (Merci... Merci à tous !)

Il s'essuya le visage.
Mais ses yeux restaient encore tout brouillés. Iels l'avaient pris en traître là.
Il leva un instant le visage vers le ciel. Pas un nuage en vue.


Il enclencha le moteur.

Un dernier regard.

- Du wirst uns regelmäßig Nachrichten schicken, okay?   (Tu nous enverras régulièrement des nouvelles, d'accord ?)

Il hocha de la tête. Il passa sa sacoche sur son épaule pour ne pas qu'elle le gêne. Il prit une grande inspiration.

- Wünschen Sie mir Glück.   (Souhaitez-moi bonne chance.)

Vrooooooooom-

Il enleva la béquille, puis se tourna vers l'horizon.
Sa silhouette devint rapidement une tache noire et rousse au loin sous le regard de celleux qui l'avaient toujours connu.



Nancy - route


- Alors Tom, c'est comment l'Allemagne ?
- Oh, hm, c'est très... vert ? J'ai surtout vécu en campagne.
- Et Francfort ?
- C'est très... coloré ?
- C'est sûr qu'il fait souvent gris à Nancy.
- L'ambiance est chouette.
- À Francfort ou à Nancy ? , sourit Gustave.
- Les deux !
- Alors du coup, ça fait longtemps que tu joues ?
- Oh eum, lycée ?
- Tu sais mon bon Tom, je te parie que Nancy va être la reine du rock européen.
- Quand ça ? , rigole-t-il.
- Très bientôt ! Je sais pas si tu as eu le temps de te poser pour écouter des groupes sur ta route mais t'en as qui sont comme des diamants bruts dans le coin. Encore quelques années et ça va déchirer. "Lang lébeu diiie Lorraineuh !"

Gustave finit cul-sec sa bouteille de bière, qui vint rejoindre toutes celles qui jonchent la table et le sol. Il rejette légèrement la tête vers l'arrière en laissant glisser la fumée de sa clope entre ses dents.

- Et donc, tu comptes rester combien de temps dans le coin encore ?
- Euhm, quelques jours ?
- Tu sais, si tu m'avais pas sorti d'affaire il y a trois jours, il se peut qu'on soit jamais devenus potes. Ça me fume ce genre de hasards qui ne tiennent qu'à une situation.
- Et tu ne m'aurais pas erm, hébergé.
- Eh non ! Ils m'auraient cassé la gueule ces gars, sans toi. Tu sais d'habitude on s'en fout des tocards comme moi. T'es cool gars.
- Oh, euhm... Es, c'est normal.
- Non mais voilà ! Rien que ça ! Trop humble ! Bon sinon, tu viens au concert de ce soir au bar avec moi.

C'était comme ça avec Gustave, quand il décidait qu'il fallait aller à un concert avec lui, il n'y avait pas d'autres choix. Il fit découvrir à Tom un bon pan de la musique française. Sauf que ce soir-là, c'était une chanteuse américaine qui se présentait ; elle devait être pas loin de leurs âges. Tom trouva ses gestes captivants et sa voix plus encore.

- Et donc tu cherches ta mère tu m'as dit ?

La voix de Gustave le sortit du charme. Tom baissa le nez vers sa bière.

- Euhm, oui.
- T'as des pistes en dehors qu'elle semblait française ?
- Euhm, non.
- Ah bah d'accord. Mais sinon... Gustave glissa un peu ses coudes sur la table, la mâchoire affalée dans sa paume. T'as pensé à poster une annonce dans le journal ?
- Dans le journal ?

Non, il n'y avait pas pensé. Mais en même temps, il a tellement peu d'informations... Est-ce qu'un "Cherche Léandre - son fils Tom d'Allemagne" suffirait comme annonce ? Il se gratta la nuque.

- Je suis peut-être un tocard mais j'ai des potes dans le journalisme. Si t'as besoin de faire passer un mot, j'peux t'aider...

Tom le regarda d'un air surpris.

- Me regarde pas comme ça, tu me plais bien. T'es comme ces gars dans les fictions qui donnent envie qu'on leur file un petit coup de pouce. Apprécie.

Vesoul - route

- Hallo Rosa ?
- Tom ! Wie geht's ?   (Tom ! Comment ça va ?)
- Ich bin in Vesoul, in Frankreich. Ich dachte an dich, so wie du Brell magst.   (Je suis à Vesoul, en France. J'ai pensé à toi puisque tu aimes bien Brell.)
- Ooooh! Ich habe übrigens deine Postkarten erhalten!   (J'ai reçu tes cartes postales au fait !)
- Nun, du wirst auch eine von hier bekommen. Ey, wie geht es dir sonst?   (Et bien tu en recevras une d'ici aussi. Ey sinon, comment tu vas ?)
- Oh, der Unterricht hat begonnen und ich habe bereits einen Berg Arbeit zu tun, aber... Ich bin froh.   (Oh, les cours ont commencé et j'ai déjà une montagne de travail à faire mais... Je suis contente.)
- Super !
- Ich vermisse dich, Tom.   (Tu me manques, Tom.)
- ... Ich vermisse dich auch, Rosa.   (... Tu me manques aussi, Rosa.)


La capitale française !
Tom avait fait une sacrée trotte pour y arriver, et rencontré beaucoup de personnes au passage. Il se rendit compte au début qu'il était plus simple de jouer sur le trottoir que dans un bar quand il s'agissait d'une grosse métropole. L'enfant de fermier avait appris à gagner ses sous comme il le pouvait, faisant régulièrement la plonge ainsi que serveur pour subvenir à ses besoins. Il avait rallongé le temps qu'il restait un peu plus à chaque étape, l'essence pour sa motocyclette étant son frein principal.

Un jour, le guitariste du groupe qui passait le soir au bar choppa la gastro. Le patron laissait souvent passer Tom en fin de service pour tenter quelques morceaux, en général à peine écoutés par les ivrognes écroulés de fin de soirée. Le groupe ayant finalement décidé de ne pas se pointer, ce fut l'occasion pour Tom de briller.

Il se fit repérer par un jeune et ambitieux producteur présent ce soir-là, du nom de Patrick. Celui-ci vint le voir après sa performance pour lui laisser sa carte. Sa chanson "This Léandre I do not know" l'avait particulièrement marqué.

- Tom. Mach das schon.   (Tom. Go for it.)  , lui martela Rosa. Das Schlimmste, was dir passieren kann, ist ein Arschloch.   (Le pire que tu risques c'est de tomber sur un connard.)

Tom était en plein doute.

- Auf der anderen Seite eröffnet sich eine Vielzahl von Möglichkeiten. Dir ist bewusst, dass nicht jedem so etwas passiert? Dann mach es doch.   (De l'autre côté, c'est une multitude de possibilités qui s'ouvrent. Tu as conscience que ça n'arrive pas à tout le monde ce genre de trucs ? Alors fonce.)
- ... Du hast recht.   (... Tu as raison.)

Un autre bond dans l'inconnu.
C'était à la fois grisant et glaçant.

- Bon par contre te fais pas trop de rêve, tu seras pas une étoile dès le début. Là notre but, c'est de te faire connaître petit à petit en te faisant jouer dans des bandes sur des scènes de plus en plus grandes. Il te faut un carnet de contacts artistiques. Tu dois te faire remarquer.  , fit Patrick en tapotant sa cigarette au-dessus du cendrier.

Il avait commencé sa propre entreprise il y a deux ans et gérait déjà quelques musiciens, mais rien de gigantesque pour l'instant. Cependant, c'était un homme d'une grande ambition. Il sentait la culture musicale prendre un virement puissant en ce moment et comptait bien surfer sur sa vague.
Patrick était le petit canard dans sa famille de banquiers et de politiciens, à vouloir se lancer dans la musique plutôt que dans le business pur et dur. Patrick était d'accord pour gagner des sommes astronomiques, mais il faut qu'il y ait du piquant derrière, et quoi de mieux que de se nourrir sur le dos d'âmes purement créatrices ?

Il avait senti une sensibilité chez Tom qui, il le savait, pourrait toucher même le plus endurci des militaires. Il fallait juste la travailler et faire en sorte qu'elle se fasse entendre par tout le monde. Tom avait la volonté et le talent pour ça, ce qui lui plaisait doublement.
Tom était devenu son petit poulain aussi simplement que ça.

Comme prévu, Tom ne se fit pas grand dès le début. Patrick l'appelait parfois dans l'urgence alors qu'il était en plein service au bar pour qu'il file remplacer un musicien manquant pour des petits concerts ci et là. Tom apprit à galoper au gré des métros et des pavés. Cela paya car au bout de quelques mois, Patrick lui annonça qu'ils partaient pour le sud de la France. À partir de là, Tom se fit balader d'un bout de la France à l'autre, jouant par monts et par vaux. Il commençait à gagner de l'argent par sa guitare ; pas assez pour ne se relayer que sur celle-ci cependant.

Un jour Patrick lui parla de ce ton qui ne laissait aucune autre possibilité que ce qu'il affirmait.

- Tu vas prendre des cours de chant.

Il étire une jambe sur l'autre, appuyé contre son bureau.

- T'as une jolie voix et un bon grain de timbre mais ça manque de maîtrise. Il faut que tu soies polyvalent pour pouvoir faire entendre ta musique et pas que celle des autres.

Et Tom prit des cours chez une professeure recommandée par Patrick.

Quelques mois après, Patrick emmenait Tom pour l'Espagne. Puis l'Italie. Puis la Suisse. Tom n'était pas vraiment connu du grand public, mais dans le milieu de la musique, on commençait à se rendre compte de son existence. On aimait le gentil Tom et sa voix qui gratte le fond des tympans avant de venir adoucir les cœurs. Sans le faire exprès ni même vraiment s'en rendre compte, il s'est retrouvé sous l'aile d'un ou deux chanteurz assez renommës. Patrick était très fier de la voie que prenait son poulain. Bientôt, l'oseille.

Mais Tom ne devint jamais la grande star qu'il aurait voulu avoir. Il était plus le pilier des groupes que la figure de proue. Patrick le garda sous le coude avec une certaine amertume parce qu'il ramenait quand même de l'argent, mais se focalisa sur un autre de ses poulains, une pouliche en l'occurrence.

Tom revint de temps en temps en Allemagne rendre visite à ses proches et leur raconter tout ce qu'il vivait, ses rencontres, les concerts, tout.

Tom n'avait pas réellement de vie stable, mais c'était justement là sa stabilité. Cela faisait un moment qu'il ne vivait plus dans des squats, leur préférant des maisons d'artistes et parfois des colocations. Il restait rarement longtemps à un seul endroit. Il continuait à bosser dans des bars pour arrondir les fins de mois et ça s'arrêtait là.

Il aurait voulu aller en Angleterre et surtout en Amérique. Son souhait fut exaucé. Patrick avait trouvé la combine pour que celui qui avait été son poulain le plus prometteur et sa pouliche favorite du moment forment le meilleur duo qu'il puisse espérer.
Sa "pouliche", Alexandra Mercier, avait très rapidement monté en popularité avec son style surprenant mais bien calé avec leur époque mouvante. Mais il lui manquait un musicien pilier pour vraiment l'aider à décoller. Ce musicien fut Tom.


Derrière l'écran


Il s'agit ici de mon dernier QC, j'espère qu'il vous plaira et que l'on pourra construire plein de trucs hypants ensemble !!
(Je vous aime bande de bgs hug bis)






pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 662d1fad4e929431d80da7c82a096cb7
Tom O. Pieper
Tom O. Pieper
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Pronoms :
Il/Ael

Âge :
76 ans (20 d'apparence)

Occupation :
Guitariste, biker et serveur
$ CA :
671

Un autre truc à dire :
voix au chant :

Messages :
73

pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] Empty # Mar 15 Nov 2022 - 11:41
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arc 2 suite



Alexandra Mercier

Alexandra Mercier était une ange. En apparence. Enfin pas qu'en apparence. C'était le genre de femmes qui laissent l'impression de grande platitude mais qui sont en fait des putains de piranhas. Alexandra était insolente et d'une grande finesse d'esprit.
Mais surtout, elle adorait casser des choses sur scène. Jimi Hendrix était son artiste favori. "Quand tu veux casser la baraque, tu dois y aller franco ou sinon c'est pour de faux !" pour la citer.

Tom se sentit extrêmement mal à l'aise la première fois qu'il la rencontra, sans savoir exactement pourquoi. Il ressentait comme un sentiment de... danger. Comme lorsqu'une boule enflammée se trouve en face de toi, prête à te dévorer en entier. En fait il ne voulut pas rester seul avec elle les premières fois. Ce fut la première fois qu'il se prit à fuir quelqu'un. Mais on ne la faisait pas à Alexandra. Elle le coinça un jour dans les toilettes.

- Bon le bâtard, c'est quoi ton problème avec moi ?

... Elle venait de l'insulter ??
Est-ce qu'elle comptait le tabasser ?

- Rien...

Tom tenta de passer mais Alexandra bloqua l'issue, bien plantée sur ses deux pieds. Elle soupira fortement.

- Est-ce que pour une fois on ne peut pas mettre les différends entre races de côté et se concentrer sur quelque chose de cool ? Genre la musique ? C'est pas possible de continuer comme ça ! Si on est destinés à jouer ensemble, il faut qu'on puisse s'ouvrir l'un à l'autre.

Race.
Est-ce que c'était comme cela qu'elle voyait les allemands ? Le voyait-elle comme un de ces nazis plongés dans leurs doctrines à base de races et d'extermination ?
Tom fut meurtri par cette pensée. Son accent s'était effacé quand il parlait français dorénavant, mais est-ce qu'il se fondrait réellement dans la masse un jour sans qu'on l'associe à l'un de ces assassins ? Son visage se ferma.

- Laisse-moi passer.

Alexandra releva son visage avec la bouche pincée.

- Non.
- Je te dis de me laisser passer.
- Toujours non.

Tom sentit la colère monter. Ses mâchoires se serrèrent.

- Je te dis de me laisser passer, Alexandra !
- Je te laisserai passer quand tu me diras c'est quoi ton problème avec moi.
- Mais je n'ai pas de problème !!
- Alors pourquoi tu me fuis ?
- Je ne te fuis pas !
- Si, tu m'évites. T'as peur que j'enfonce mon talon dans ta boîte crânienne ?

Tom était hérissé maintenant. Alexandra roula des yeux.

- Tu sais, je suis pas ce genre d'extrémistes. Je ne ferai ça que si tu vires dingos et que tu cherches à blesser les gens autour. Ou à t'en prendre à un humain.

... Là par contre, c'est lui qui commençait à croire qu'elle était dingos. Il ne comprenait rien de ce qu'elle lui disait. Sa colère se transforma en confusion.

- ... Je ne comprends pas ce que tu me dis.

Alexandra se figea.
Elle porta sa main à ses lèvres.
Elle partit dans un fou rire.

- OHLALA MAIS LA CONNE !

Et elle rigolait. Une vraie folle. Rigolait de quoi, bonne question.

- Attend, à ton âge tu sais pas ??

Elle le regarde droit dans les yeux, toujours hilare mais essayant de parler avec un peu de sérieux.

- Mais mon coco... t'es un enfant de démon.

Il ne comprenait rien. Et il ne savait plus si elle essayait de l'insulter ou de lui coller des faits du passé sur le dos ou si elle pétait complètement un câble. Il décida que dans tous les cas, il avait eu sa dose. Il profita de son inattention pour passer vers la porte. Elle leva un bras.

- Attend ! Laisse-moi parler avant que tu te barres. T'as jamais eu l'impression de ressentir les pulsions et émotions négatives autour de toi ? L'impression que d'une certaine manière, tu accentuais certaines d'entre elles...? Le sentiment que dans la foule autour de toi, il n'y a pas que des humains mais aussi autre chose ? Ou des aptitudes que t'es pas censé avoir normalement ?

Tom s'était arrêté. Il regarda vers l'arrière avec les yeux légèrement écarquillés.
Mais comment savait-elle ça ?

- Bah c'est à cause de ton sang de démon. Tu sens ce que les autres ne sentent pas. Sérieux, je suis la première à te le dire ? Les anges et les démons existent et t'en fais partie. Enfin, en partie. T'es un bâtard, un hybride.

...
Error 404.

Était-ce une blague ?

- Non c'est pas une blague. Tu veux une preuve ?

Alexandra approcha sa main du robinet... et comme s'il s'était agi de glaise, le tordit vers l'arrière dans un grincement sinistre du métal.

- Essaye de faire pareil.

Tom était complètement abasourdi. Avec prudence, il s'éloigna de la porte pour s'approcher du lavabo... et toucha du bout des doigts le robinet comme s'il s'était agi d'un serpent. Il tenta de le remettre droit.
Impossible. Il regarda Alexandra d'un air involontairement horrifié et fit plusieurs pas en arrière. Elle ne déconnait pas sur le fait d'encastrer son crâne avec son pied.

- Non mais te barre pas comme ça. Si j'avais voulu te tuer je l'aurais déjà fait. Bon euh. J'imagine que je dois te raconter tout le bail ? Ou tu veux peut-être poser des questions d'abord ?

Tom s'enfuit par la porte.

- ... Ou te barrer pour processer tout ça. Oui, ça marche aussi. Elle haussa la voix : On se voit à la répèt' de demain Tom !

Elle remit en place le pauvre robinet.

Tom marcha en ville pour éviter la crise de panique sévère. Tout s'embrouillait dans sa tête.

Il ne vint pas aux répétitions pendant trois jours. Pendant trois jours, il se terra chez lui, sous sa couette. À l'évidence, Alexandra n'avait pas du tout conscience du manque de délicatesse dont elle avait fait montre pour lui balancer tout ça à la figure. Tom était d'autant plus secoué que ça expliquait certains ressentis qu'il avait eus au fil des ans. Cela faisait sens mais semblait tellement fou à la fois. Il avait peur de découvrir un pan caché du monde tel qu'il le connaissait... De découvrir un pan de lui-même.

Au troisième jour, quelqu'un tambourina à sa porte à neuf heures tapantes. Tom ne se leva pas pour ouvrir. Le silence revint.

Temporairement.

La porte s'écrasa sur le sol dans un bruit affreux. Tom se redressa en sursaut dans son lit - face à ladite porte. WHAT THE-

- Bon t'as fini ton cinéma ?

La voix d'Alexandra surgit de la silhouette se tenant dans la lumière artificielle du couloir - aveuglante. Elle s'avança de son lit pour l'en tirer fermement par le poignet.

- OK, t'es choqué par ce que je t'ai révélé ! Mais je te préviens, il est hors de question que cela nous fasse foirer notre prochaine représentation. Alors tu vas me faire le plaisir d'aller te laver et de ramener ton cul de guitariste aux répétitions.

Elle le jeta hors du lit.

Tom était choqué pour d'autres raisons, pour le coup. Il resta muet quelques instants à fixer le parquet.

- Tu te fous de moi ? Un murmure tremblant.

Il se releva, de plus en plus fébrile. Il arrive à avoir le courage de ramener son regard sur le monstre qui avait défoncé sa porte d'un coup de pied. Il prend avec peine une inspiration.

- Tu te permets de débouler dans ma vie avec tes affirmations folles... Tu me fous dans des états pas possibles parce que t'es pas foutue de prendre conscience des dégâts que tu peux infliger aux autres... Et maintenant, tu défonces ma porte ?! PUTAIN, ALEXANDRA ! La vie des autres, c'est pas une scène sur laquelle tu peux te permettre de péter des choses !! C'était parti en crescendo. Il poussa Alexandra en arrière avec force,  à une vitesse trop élevée pour être naturelle.

C'était rare que quelqu'un arrive à mettre en colère Tom. Il était déboussolé comme il ne l'avait jamais été.
Alexandra sembla perturbée que quelqu'un la remette à sa place et surtout que Tom porte la main sur elle sans qu'elle n'ait eu le temps de l'éviter. Cela lui rappelait qu'elle avait bien affaire à un rejeton de démon, et donc un potentiel danger. Elle ne perdit pas consistance cependant.

- Quoi ? T'aurais voulu que je t'enrobe la vérité de miel et de paillettes ? Désolé rouquin, c'est pas mon genre. Mais tu ne peux pas rester comme ça. Il fallait bien que tu l'apprennes un jour ou l'autre. Surtout que t'as pas beaucoup de temps devant toi avant que la vie t'en foute une plus grosse que moi. Je vais tout te déballer et après tu feras ce que tu veux.

Elle s'installe sur le bord de son clic-clac et croise une jambe sur l'autre ainsi que ses mains.

- À 25 ans, tu vas devenir fou. Peut-être moins. T'as bien dû sentir que ta partie démoniaque était plus présente en toi que les années précédentes. Ton démon intérieur va vouloir prendre le contrôle pour tout détruire autour de toi. T'es sûr de vouloir gaspiller ton temps à te terrer dans ton antre ?

Elle leva un index.

- Je peux t'aider. Déjà faire en sorte que tu ne te fasses pas trucider par les autres surnaturels, parce que les bâtards c'est très mal vu. Mais aussi t'armer au mieux pour que tu tiennes le coup mentalement. Mais pour ça, j'ai une condition, et je ne déconne pas. Je ne t'aide non pas parce que tu me fais pitié, mais parce que j'ai besoin de toi, de tes talents de musicien. Je veux que tu te donnes à fond dans la musique et qu'on déchire tout sur scène. Tu me donnes ça, et je te donnerai les infos dont tu as besoin et bien plus.

Cela ressemblerait presque à un de ces contrats démoniaques.

Tom était figé.
Une part de lui avait toujours envie de croire que tout ça n'était qu'une mauvaise blague. Son visage se froissa. Il avait envie de pleurer de confusion mais il se retint. Pas devant Alexandra.

- Allô ?

Il se passa une main sur le visage et se força à respirer profondément.

- ... J'ai besoin de quelques minutes.
- Je te laisse pas le choix en fait. C'est ça ou je me chargerai personnellement de ton cas, d'ange à bâtard. Mais va te rincer le visage si tu veux, t'es pâle comme si t'allais tomber d'un ravin.

Elle était horrible.
Tom alla se rincer la face. Cela lui fit du bien mais ses doigts tremblaient.
Il prit une inspiration pour se calmer.

Si tout ça était vrai, il n'avait pas le temps. Elle avait raison.

Il revint lui faire face.

- C'est d'accord.

Alexandra se claqua les cuisses et se releva.

- Iiiimpec ! Va te laver et on va ensemble à la répèt'. Oh et, je te rembourserai les réparations pour la porte. Hihi.

C'était peut-être l'ange la moins délicate et attentionnée de la Terre, mais pour l'instant, c'était son seul repère dans ce monde qu'il ne connaissait pas.

Alexandra lui expliqua tout ce qu'il y avait à savoir. Tom eut du mal à faire face à sa nature et à l'existence des anges et des démons. Cela paraissait tellement surréaliste.

Et surtout, il redoutait plus que tout l'idée qu'il pouvait faire du mal aux autres à cause de son sang bâtard. C'était ce qui lui faisait le plus peur, plus que ces anges et ces démons qui souhaiteraient le voir mort.

Il fut étonné de n'en avoir jamais rencontrés jusqu'ici. Certes, il vivait dans un bled paumé, mais Francfort était une grosse ville. Il avait régulièrement senti dans les foules qu'il y avait des individus différents des autres mais il n'avait jamais eu d'interactions directes avec elleux ni de confrontations. C'était une chance en soi, et certainement ce qui avait fait qu'il avait survécu jusqu'ici. Il eut une sueur froide à la pensée qu'il pouvait tomber sur un de ces "extrémistes" qui souhaitent éradiquer les bâtards autant que les démons.

Le manque de tact et le côté bourrin d'Alexandra le força à rentrer tête la première dans toutes ses craintes. Tom refusait catégoriquement d'utiliser ses pouvoirs. Alexandra l'obligea à s'en servir pour apprendre à les maîtriser un minima.

- Je vais pas être H24 à tes côtés à te baby-sitter et ça me ferait chier que mon partenaire musical préféré se fasse étriper. Tu veux survivre ? Alors tu fais ce que je te dis. Tu t'entraînes.

Il détestait du plus profond de son être ses pouvoirs. C'était comme avec un gun, il ne pouvait pas croire que l'utiliser ne pouvait pas ne pas faire du mal à quelqu'un. Il aurait voulu s'en débarrasser et juste se concentrer sur la musique.

Donc, en parallèle de tout ça, iels allèrent se produire en Amérique. Et ça c'était cool putain.
Malgré leurs différences, Alexandra et Tom étaient devenus plus proches (amicalement).

- T'y crois ça Bipper ?! NEW YORK baby !! , dit Alexandra, toute excitée face à l'effervescence de la mégalopole.

New York, oui.
Alexandra s'était mise à surnommer Tom "Bipper" en apprenant son nom de famille (Pieper).
Tom était... impressionné par la taille et l'activité incessante de la ville. Ça bougeait dans tous les sens, les bruits, les couleurs, les odeurs, les gens. C'était à la fois émerveillant et assourdissant.

Patrick attendait beaucoup de son duo de poulains ici. Iels joueraient dans des petits endroits mais il avait bon espoir qu'iels se fassent rapidement remarquer sur ce continent aussi. Alexandra était excitée comme une puce et voulait absolument voir Seattle, la ville de naissance de Jimi Hendrix. Voire rencontrer son idole.

Iels participèrent à quelques festivals mais toujours sur les petites scènes et dans des horaires pas forcément reluisants. Tant qu'iels jouaient avec un public, cela allait à Tom.
New York fut un échec, alors iels s'étaient rabattus sur des villes autour. Patrick était toujours au téléphone ou en train de courir pour obtenir des placements pour ses poulains. S'iels ne décollaient pas ici, iels ne décolleraient jamais. Il était facile de se faire absorber dans la masse des musicos existant aux Etats-Unis. Il fallait se démarquer, se démarquer et se démarquer pour devenir une star. L'Europe ne suffisait pas.

La pression est donc rapidement devenue monstre lors des passages sur scène.
Pour ne rien arranger, Tom sentait des choses bouger en lui. La folie commençait.



arc 3 [TW DROGUE ET PENSÉES SUICIDAIRES]


We crossed the water
Can't make it back




La folie

Je vais le tuer.

Ou alors tuer sa famille devant ses yeux avant de l'étrangler

Non mieux : on va les monter les uns contre les autres et les voir s'entre-détruire.

Qu'en penses-tu Tom, n'est-ce pas de ça dont tu as envie ?

Non !! Non. Tais-toi. Tais-toi.

- ...i ça continue comme ça, vous n'arriverez jamais à rien. Vous pensez que j'ai misé sur vous pour quoi ? Parce que vous avez du talent. Et que j'attends retour sur investissement. Là, ça là, ce qui s'est passé sur scène tout à l'heure ? C'est combien de coups de téléphone, d'heures de sommeil et d'argent de gaspillés vous pensez ? Ce concert était votre chance inouïe pour enfin vous démarquer. Alors je peux savoir ce qu'il s'est passé putain ? Alexandra ? Tom ?

Ou peut-être qu'on pourrait commencer par le torturer lui, l'attacher et le lacérer de coups. Écraser sa cigarette fumante sur ses mains puis dans ses orbites...

- Je ne comprends pas ce qu'il vous a pr...
- TAIS-TOI.

Tom pâlit plus encore quand il se rendit compte d'avoir parlé à voix haute. Le stress le liquéfiait sur place.
Il se leva puis s'enfuit à grands pas fébriles vers la porte.

- Je n'ai pas fini !!

Tom sortit.

Alexandra ne se sentait pas mieux.
Ce qu'il s'était passé sur scène...
Elle s'exprima d'une voix un peu blanche.

- Désolée Patrick. Je crois que Tom a besoin d'un temps de repos. Avec toute la pression...
- Mais c'est ça, le monde du spectacle ! C'est l'euphorie des concerts et la pression monstre de la quête de l'excellence et de la reconnaissance. Vous vous attendiez à quoi au juste ?
- Patrick. Des musiciens brisés ne servent à rien. Laisse-lui un temps.
- Des musiciens qui se foirent ne servent à rien non plus. Je vais vous laisser un temps pour vous reprendre mais faites qu'il ne soit pas trop long. Tout va vite dans ce monde-là. Un instant c'est la gloire puis l'autre c'est l'oubli total. Vous en êtes même pas au stade de la gloire.

Ce qu'il s'était passé plus tôt est dur à décrire. Tom a senti une forme de dissociation avant d'entrer sur scène, le brouhaha de la salle avait empli son être et avait laissé ressurgir quelque chose qu'il aurait voulu éteindre à jamais. L'excitation, l'anticipation, la sueur, la décadence, tout était entré par ses pores et l'avait envahi. Sa guitare comme sa voix étaient restées muettes tout du long.

- Ey Tom ça va ? T'es un peu pâle.
- Euhm, oui... C'est le stress, c'est tout.
- Le laisse pas te bloquer, ce soir est un grand soir ! On va en profiter à fond les ballons.
- Oui...

Putain d'ange trop lumineuse...


Elle le poussa un peu vers l'avant d'une paume dans le dos.

- Ça va être génial.

Oui. Iels attendaient ce moment depuis tellement de mois. Enfin une occasion de percer et de jouer aux côtés des grands. Tom avait un peu le trac mais lui aussi avait hâte. Ce partenariat inopiné avec ce chanteur célèbre était une chance inouïe. Bien sûr, c'était lui qui prendrait toute la place sur scène ou presque, mais si tout se passait bien, Alexandra et lui pourraient bénéficier un peu de sa lumière.
Patrick était étrangement à la fois stressé et serein. Il attendait beaucoup de ce concert.

- Ready kiddos ?  , avait lancé le chanteur au duo, qui acquiesça vivement.

Tom sentit une vague d'adrénaline à l'idée de jouer sur cette grande scène devant ce qu'il lui semblait être une foule immense.
Pourtant, il y avait comme quelque chose qui se déconnecta en même temps en lui, quelque chose qui lui laissa un sentiment étrange en bouche et la sensation que le temps devenait plus lourd et lent.

Iels furent accueillis sur scène par des cris et une agitation démontrant l'excitation du public à être présent ce soir.
Iel prirent place.

Les musiciens se regardèrent entre elleux pour s'assurer que tout le monde était prêt à déchirer sur scène. Un signal, puis le batteur donna la mesure avec ses baguettes.

Tom était concentré comme jamais.

Pourtant, au dernier temps de la mesure battue par son collègue, son regard se fit comme aspirer par un point dans la foule. Tom se figea.

Tom frappa le lavabo de ses poings en essayant de tuer le souvenir de ce concert foiré.

- SHEIẞ !!

Pourquoi ?!
Pourquoi maintenant ?!
À ce moment ?!
POURQUOI ?!


Il avait envie de s'arracher les cheveux.
Quelqu'un toqua doucement à la porte.

- Laisse-moi, Alexandra.  , gronda-t-il.

Son aura à travers la porte la trahissait plus que le son reconnaissable de sa respiration.
La porte s'entrouvrit sur elle.
Tom eut envie de la claquer à son nez avec sa vitesse mais il se contint. Alexandra ne dit rien, se contentant de l'observer.

- Il a bien choisi son moment pour apparaître ce connard. , se contenta-t-elle de dire sur un ton qui se voulait presque comique. Mais elle savait que ni lui ni elle n'avaient envie de rire.

Elle referma la porte derrière elle et s'adossa à elle.

- Le chanteur est tellement furieux qu'il a déboulé pendant que Patrick continuait de se lamenter sur mon dos.

Tom ne bougea pas son regard du trou sans fond du lavabo.

- ... Il a dit quoi ?

Alexandra soupira.

- Il ne veut plus jamais t'avoir sur la même scène que lui. Moi il veut bien me laisser une seconde chance comme j'ai au moins tenté de rattraper le cheval. Mais je pense que ça lui passera, Patrick saurait corrompre même la plus innocente des brebis. Je ne pense pas qu'il a pour intention de te laisser tomber à l'heure actuelle pour sa part, même s'il est franchement en colère. Tout dépend de ce que tu as envie de faire toi.

Le diaphragme de Tom trembla légèrement.
Ses mains quittèrent le lavabo pour se caler contre son visage, dans ses cheveux. Il s'adossa maladroitement au mur comme s'il allait s'écrouler.

- Je n'en ai pas la moindre idée, Alexandra... Je pensais que j'avais au moins un an devant moi avant que...

Des larmes coulèrent entre ses doits serrés. Il sanglota.

- Je ne suis pas prêt pour ça... Je ne suis pas prêt pour ça...

Il ne voyait pas comment il pourrait lutter face à des ténèbres aussi pénétrantes. C'était partout, partout autour, dans son champ de vision et dans son esprit, se répandant comme de la mélasse. Elles riaient, prenaient quartier, prêtes à le noyer.
Alexandra lui mit un coup sur la caboche.

- Ah non hein ! Tu arrêtes de chialer et tu te reprends ! Comment ça t'es pas prêt ?! Et je t'ai coaché pour de la merde moi ? Je me suis cassée le cul juste pour que tu abandonnes dès le départ ? Non mais tu te fous de moi ??

Tom se recroquevilla sur lui-même sans rien répliquer ni même se plaindre de la douleur lancinante qu'elle lui avait infligée.
Il savait qu'Alexandra faisait ça avec de bonnes intentions. Et elle l'avait bien coaché malgré ce qu'elle disait. Mais elle ne pouvait pas comprendre. Tom n'avait aucune idée que c'était ce qui l'attendait, et surtout pas aussi tôt. Que se passait-il si la prochaine fois il arrivait à jouer et que l'autre arrivait ? Il commençait à avoir la peur que sa musique soit soudainement un vecteur de violence. Que ses concerts tournent en bains de sang à cause de son sang d'exterminateur. Et rien que cette pensée lui foutait la nausée.

Alexandra lui prit la tête pour la relever.

- Regarde-moi !

Il la regarda.

- T'as pas le droit d'abandonner. Tu n'as pas le droit.

Il tint son regard quelques instants avant de le baisser.
Il se sentait vide et fatigué.

- ... J'ai besoin d'un moment seul s'il-te-plaît.

Alexandra le fixa pendant encore quelques secondes. Elle le lâcha.
Il se dirigea d'un pas gris vers la porte. Les ténèbres en lui restèrent silencieuses, mais il savait qu'elles observaient.

Ce point dans la foule qui l'avait coupé du concert, c'était lui, l'autre. Lui et l'autre. Celui qui siégeait dans son être et qui venait de pleinement se réveiller. Celui qui lui avait très clairement signifié qu'il comptait bien s'emparer de son corps et de son esprit. Il ferait avec lui comme ce qu'il avait fait avec la foule et la salle dans son entièreté. Il le couverait dans des ténèbres complètes et impénétrables, dans la sécurité de son ronronnement malveillant pendant qu'il répandrait son chaos et sa violence à l'extérieur. Cette vision plus que tout, était ce qui avait paralysé Tom sur scène.



Il n'osa pas sortir pendant plusieurs jours. Son sommeil était erratique et il mangeait mal, un peu comme si inconsciemment se rendre malade rendrait malade le démon en lui et l'affaiblirait. Mais il n'en était rien. Il était silencieux mais il le sentait se déverser dans son esprit, se cachant derrière chaque pensée même les plus anodines. Tom avait le sentiment de l'entendre préparer son plan pour conquérir l'entièreté de son être. Il était terrifié, c'était plus fort que lui. Il aurait voulu pouvoir lui mettre un coup de boule comme Alexandra l'aurait certainement fait. S'affirmer. Mais à aucun moment quand il avait appris qu'il était à moitié démon s'était-il douté qu'une telle masse de malveillance vivait en lui depuis tout ce temps.

Patrick laissait des messages sur son répondeur. "Hello Tom... C'est encore Patrick. Écoute je sais que ça s'est mal passé. Mais tu ne dois pas t'arrêter à un seul échec. Contacte-moi pour qu'on voie la suite ensemble. Bonne journée."
Un autre producteur l'aurait complètement abandonné après un tel échec et se serait concentré entièrement sur Alexandra. Mais Patrick tenait de sa famille une niaque à toute épreuve. Et l'idée même d'avoir gaspillé du temps sur Tom était ce qui le motivait à le faire revenir. Il n'avait pas le droit à l'erreur s'il voulait gagner le respect de sa famille, et son duo favori était trop bien parti pour que ça soit avorté prématurément. Alexandra la sauvage et Tom le sensible, que rêver de mieux comme alchimie sur scène ? Les deux se complétaient parfaitement musicalement.

Patrick ne fut pas le seul à tenter de le joindre.

"Hallo Tom ! Hier Rosa !... Es ist schon eine Weile her, dass ich von dir gehört habe, also habe ich mich gefragt, wie es dir geht... Ich dachte, es wäre schön, wenn wir uns diesen Sommer treffen? Ich muss los, aber ruf mich zurück! Tschüss Tschüss !"  (Coucou Tom ! Ici Rosa !... Ça fait un moment que je n'ai pas eu de tes nouvelles donc je me demandais comment tu allais... Je me disais que ça pourrait être sympa qu'on se voie cet été ?Bon il faut que je file, mais rappelle-moi ! À plus !)

Entendre la voix de sa meilleure amie fit se sentir Tom très faible. Il eut la furieuse envie de la rappeler et de prendre le premier avion pour l'Allemagne, revoir tous ses amis d'enfance et sa famille. Retrouver un environnement où il se sente en sécurité, un environnement bienveillant qu'il connaissait depuis toujours. Il fut à ça de le faire.

Puis il eut peur. Il se rappelait comment Helge et Otmar s'étaient mis à se disputer après ses seize ans. Et de la dispute qui avait failli dégénérer en bagarre entre ses amis de lycée. Maintenant, il savait que son aura démoniaque y était certainement pour quelque chose. La pire chose qu'il pouvait lui arriver était qu'il fasse du mal à celleux qu'il aime. Donc il n'y irait pas. Ça le rendit malade, car il en aurait eu bien besoin. Mais peut-être que c'était l'autre qui le pressait d'y aller pour mieux tout détruire. Il ne prendrait pas le risque.

Tom rappela Rosa.

"Hallo Rosa... Ich kann diesen Sommer nicht kommen... Wir haben viele Konzerte geplant. Es tut mir leid, dass wir uns in letzter Zeit nicht gemeldet haben, aber Patrick ist sehr daran interessiert, so viele Veranstaltungen wie möglich zu besuchen. Ich hoffe, es geht dir gut!"   (Coucou Rosa... Je ne vais pas pouvoir venir cet été... On a la masse de concerts de prévus. Désolé de ne pas avoir donné de nouvelles récemment, Patrick est à fond pour qu'on participe à un maximum d'évènements. Histoires de visibilité, tu sais. J'espère que tu vas bien !)

Il espérait qu'elle ne le prendrait pas mal. C'était mieux ainsi.

Il hésita un instant puis se décida à rappeler Patrick.
Il espérait qu'il n'était pas trop tard. Il détestait mentir à Rosa, et ce fut ce qui le motiva à retourner vers son producteur-agent-manager.

"Bonjour Patrick... Je suis désolé pour le silence. Et pour tout en fait. Mais ça va mieux. Je veux... Je veux retourner sur scène. Je te promets que je ne foirerai pas tout cette fois. Je... Bonne journée."

Non, ça n'allait pas mieux. Mais l'idée de réussir pour Rosa était plus reluisante que de réussir pour lui-même.

Patrick fit des mains et des pieds pour leur booker de nouvelles représentations. Jamais la musique de Tom ne fut autant chargée d'émotions, et ces "électrochocs musicaux" (terme employé par une des gérant.e.s des salles où iels jouèrent) amenèrent petit à petit un public assez conséquent à connaître les noms de ce duo de musiciens français. Pas aussi connus que les Beatles ou Johnny Hallyday, mais loin d'être les inconnus qu'iels étaient en arrivant sur le continent...

Cela monta si fort qu'iels se lancèrent dans la réalisation d'un disque, qui se vendit plutôt bien même si de nos jours ils font partie de la catégorie des groupes complètement oubliés par l'histoire. Il est rare de tomber sur un de leurs vinyles de nos jours.

Un jour, iels furent amenës à jouer de nouveau avec le chanteur célèbre qu'iels avaient à moitié planté sur scène. En fait ledit chanteur s'était mis à dépendre un peu d'eux parce que sa côte de popularité avait assez baissé, à l'inverse de la leur. Cette fois, ça se passa étonnamment bien.
Tom et Alexandra notèrent une différence chez ce chanteur quelques semaines après la représentation. Il était désormais maudit, et sa renommée remontait considérablement en flèche. Il n'avait certainement pas apprécié dépendre de ces deux jeunes talents qui s'étaient foirés à leur premier concert avec lui et qui maintenant menaçaient de le dépasser.

Du côté de la folie de Tom, cette dernière lui bouffait le sommeil et l'agressait de visions pernicieuses en plein jour. Le maquillage ne fit rien aux grosses poches qui apparurent sous ses yeux, mais la fragilité qu'il dégageait ajouta un quelque chose à ses performances qui toucha l'audience en plein cœur. Son désespoir et ses insécurités se mélangeaient diablement bien avec l'agressivité et la franchise d'Alexandra. Patrick était ravi de la tournure que prenait leur situation. Les gens en redemandaient, ça n'annonçait que du bon.

Alexandra fut toujours présente pour le ramasser quand il faisait des mental breakdown. La fatigue le faisait se sentir comme s'il n'était jamais totalement réveillé et flouait son rapport avec le réel. Il était engourdi, assommé, mais en même temps se forçait à garder un brin de lucidité pour ne pas perdre le contrôle. C'était très dur car les hallucinations étaient à chaque fois plus fortes. Son démon intérieur cherchait à le briser petit à petit, grignotant son territoire mental morceau après morceau. C'était une lutte constante qui durerait pendant des années.

Mais Tom allait de plus en plus mal. Son aura se densifiait, ressemblait plus à celle d'un démon des fois. Dans ses cauchemars, tout brûlait et tout le monde s'entretuait. Et ce qui lui faisait le plus peur, comme à chaque fois, c'était qu'il était présent et qu'il appréciait le spectacle, la destruction ambiante. C'était le plan que prévoyait sa partie démoniaque pour eux. Il sentait que l'autre voulait observer à quel point les humains pouvaient s'entre-détruire et se faire du mal sans forcément que ce soit toujours à cause des démons... Il voulait les voir souffrir et se forger dans les malheurs de la terre. Un peu comme lui. Tom était impuissant à chaque fois et devait subir les mêmes scènes en boucle.

Tom le sensible devint Tom le torturé. Il cachait sa souffrance mais ses regards étaient trop nerveux et ses tics trop récurrents pour leurrer quiconque l'observait de trop près.

Plusieurs mois après, il lui arriva d'avoir des trous de mémoire, ou plutôt des vides. Il ne se souvenait plus d'où il était allé ni de ce qu'il avait fait. Cela arrivait souvent en début de soirée. Cela le rendit fou de rage que son démon intérieur se permette de lui voler son être de la sorte. Bientôt, les trous devinrent plus récurrents, apparaissant à des horaires plus variés.

Un jour, ce fut une journée entière que le bâtard perdit. Injoignable, Alexandra et l'équipe bien plus conséquente qui les accompagnait dans leurs répétitions s'étaient inquiétés qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Il s'était réveillé sur le tapis poussiéreux d'un endroit qu'il ne connaissait pas, entouré de gens ensommeillés qu'il ne connaissait pas plus. Un mal de crâne féroce l'attendait au réveil. Ses narines le brûlaient... Il avait envie de gerber. En se rendant compte qu'il n'était pas du tout chez lui et que rien n'était normal, la panique monta en lui. Il s'enfuit d'une démarche maladroite en évitant au mieux d'écraser quelqu'un, le cœur cognant à ses tempes trop douloureuses. En sortant, il fut aveuglé par la lumière du jour. Ce que retenait son estomac finit en bile sur le sol. Maintenant, il avait la gorge en feu. Il avait soif. Il chercha avec angoisse ses poches pour trouver ses clefs et son portemonnaie alors qu'il ne savait même pas où il se trouvait, et les trouva avec soulagement. Tremblant, il s'appuya au mur pour avancer jusqu'à une cabine téléphonique non loin. Il dut s'y reprendre à deux fois pour composer le numéro d'Alexandra.

- A... Alexandra...
- Tom ?? T'es où ??
- Je ne sais pas, je... Je n'en sais rien, je ne me souviens de rien...S'il-te-plaît, aide-moi...
- Ok. Décris-moi ce que tu vois autour de toi.

Il promena un regard erratique autour de lui.

- J-je crois que je suis pas loin d'une mairie... Il y a un bar nommé le "Gobelin's tooth"...
- Ok. Tu as de l'argent sur toi pour un taxi ?
- J-je crois...
- Va chez toi, je t'y attendrai.
- Ok...

Putain, pourquoi tout ça lui arrivait-il ? Il raccrocha en se retenant de sangloter.



Il put toujours compter sur Alexandra au fil de sa crise de folie, sans manquement. Même quand il apprit que son corps présentait des signes de manque. Mais ses trois premières années de folie jonglèrent entre la perte de contact avec le réel, le sentiment intense et profond qu'il ne s'appartenait plus à lui-même et... des coups de high qui n'arrangeaient rien à son état si ce n'est temporairement. Son humeur devenait de plus en plus lunatique et les répétitions devenaient soudainement chargées d'ondes de violence entre tous ses participants. Alexandra parvint à grande peine à le mettre en détox pendant une année entière, le surveillant sans relâche. Cette année sans substances pour lui donner l'illusion de sortir de son enfer quotidien le laissa vidé de toute volonté pendant plusieurs mois.

Si bien qu'un jour, malgré la vigilance accrue d'Alexandra, Tom tomba sur une mauvaise rencontre. En réalité, ils s'étaient disputés il y a de ça quelques jours. Ce n'était pas étonnant, elle aussi était à bout de le porter ainsi depuis des mois, des années durant. Quand il lui avait dit que peut-être ce serait plus simple si elle le tuait, que ça lui ferait un souci en moins, elle n'y tint plus et lui mit un coup de poing dans la gueule, ne lui adressant plus la parole. Elle refusait de laisser tomber son partenaire et ami, mais elle ne pouvait tolérer que de telles pensées traversent sa tête de rouquin. Elle ne pouvait accepter l'idée d'un échec et d'une perte aussi violente. Elle s'était vraiment attachée à Tom et le considérait comme un frère.

C'était réciproque, mais Tom ne se sentait pas à la hauteur de ses attentes. À vrai dire, il était au-delà de l'épuisement même. Il ne savait même pas s'il restait des fragments intacts de lui-même. Il avait le sentiment que les ténèbres avaient tout envahi et étouffé. Il avait même envoyé chier Rosa quand elle était venue le voir il y a deux ans de cela en visite surprise, le trouvant pour tout dire complètement défoncé sur son canapé. La honte d'être vu en telle position de faiblesse s'était transformée en colère et il avait craché son poison sur sa meilleure amie, la dégageant comme une malpropre alors même qu'elle cherchait à l'aider. Il ne répondit plus à ses coups de téléphone suite à ça. Il valait mieux qu'elle ne s'approche pas de lui. La culpabilité, la faiblesse et le misérabilisme le tuaient à petit feu, amis de sa folie.

- T'as la tête de quelqu'un qui veut crever gamin.

La voix avait résonné dans la ruelle mal éclairée contre laquelle Tom s'était laissé tomber. Il fixait le sol depuis plusieurs minutes ou heures, il ne savait pas, il ne savait plus, dos au mur et jambe tendue. C'était une voix douce à l'aura sordide. Tom n'avait pas répondu, même pas levé le regard. Il s'était contenté de boire au goulot de sa bouteille de bière, tiède et fadasse. S'empoisonner n'arrivait pas à tuer le démon en lui, alors il se tuait l'esprit à la place.

- Je peux t'aider.

Tom n'avait aucune volonté.

Tue-moi, cela fera une misère en moins dans ce monde. Il ne dit rien, mais c'est la pensée qui passa dans son esprit au ralenti. Il rebut au goulot, mais sa bouteille était vide. Il la laissa rouler et teinter contre le mur d'en face.
La voix s'approcha.

- De toute façon, tu n'as rien à faire dans ce monde. Tu n'es qu'une aberration, n'est-ce pas ?

Tue-moi.

- Je peux mettre fin à ça tout de suite, maintenant.

Vas-y.

Un sourire dans les ténèbres. La lueur maudite d'une arme surnaturelle.

- Dans la seconde.
- TOM !!!

La voix d'Alexandra avait déchiré l'air.
Les yeux vitreux de Tom se rallumèrent et se levèrent un peu trop lentement. Il vit un coup passer. Des gouttes de sang s'écrasèrent contre son visage.
Il regarda Alexandra sortie de nulle part, abruti. Du sang coulait de son épaule fumante, blessure infligée par la lame démoniaque de l'inconnu.e.

- Mais c'est mon jour de chance aujourd'hui... , dit-iel.

Plus les secondes passaient et plus les yeux de Tom s'écarquillaient. Son cerveau se reconnecta violemment à la réalité. Alexandra faisait face à un démon trop puissant pour elle et se ferait tuer par sa faute s'il ne bougeait pas.

Bouge.

PUTAIN MAIS BOUGE !!

Son corps ne répondait pas.

La vision de ses parents à l'hôpital remontant à plus de dix ans l'agressa en flash. Il commença à bouger. Quelque chose résonna en lui.

Tu ne pourras jamais éviter ça si tu coupes ta force en deux. Tu as besoin de moi pour réagir à temps.

Ta gueule fils de chien.

Je suis la partie forte de notre être. Renie-moi et tu ne resteras qu'une pauvre merde qui crèvera dans la faiblesse. Je ne comprends même pas pourquoi tu ne souhaites pas la mort de cet ange.

Ta gueule.

Elle va crever. Et ça sera de ta faute.

- Dégage et tout se passera bien.

C'était sorti tout seul de sa gorge.
L'être démoniaque retint son geste un instant.
Son regard croisa celui étincelant de Tom.

- C'est à moi que tu dis ça ?

Il ne savait pas. Il se releva, les jambes en coton et un goût âcre dans la bouche. Il tanguait. Alexandra était devant mais à genoux, les mains sur sa blessure qui la faisait souffrir et qui continuait de s'écouler malgré ses soins. Il s'appuyait la main contre le mur.

- Bon, tu me répondras après que j'ai récupéré son essence.
- Non.

Le coup partit.

Tom s'abandonna en lui-même.

Il se sentait tellement petit et faible. Il détestait cette part de lui, ainsi que l'autre. Mais il ne pouvait pas laisser Alexandra crever à sa place à cause de sa faiblesse. Elle avait la force de continuer, elle. Alors il s'abandonna à l'autre.

L'autre lui envahit volontiers l'esprit, empli de désirs de violences et de destructions. Tom coula.

La dernière chose qu'il sut, c'est que ses paumes coinçaient la lame du démon et que ses pieds ancrés dans le béton ne la laissaient pas avancer d'un millimètre. Les traits de Tom étaient déformés par la colère et l'envie de détruire cellui qui lui faisait face.

La lame disparut. Tom se prit un coup de poing dans le diaphragme, trop rapide pour être vu. Son estomac rendit en partie la bile et la bière acidifiée qu'il avait digérée. Sa main saisit automatiquement la cheville du démon qui l'avait contourné pour s'occuper d'Alexandra, qui s'était relevée, le regard brûlant de détermination.

- Je n'ai peut-être pas de sceptre mais je vais te casser la gueule connard. , cracha-t-elle.

Et elle s'élança, lançant un poing de son bras valide. Lu démon esquiva, le poing créa un impact dans le mur. À vrai dire, lu démon était surtout occupë à essayer d'arracher sa cheville de la serre pantelante du rouquin. Iel lui écrasa le bras mais il ne lâcha pas. Iel grinça des dents en soupirant.

- Et dire que je voulais rendre service.

Iel lança son pied libre dans la tête de Tom. Il perdit momentanément connaissance.

Il ne se rappelle de la suite que par des sons lointains. Des bruits de pas toujours plus nombreux, et cette voix mielleuse et empoisonnée.

- Je te tuerai lorsque personne ne viendra nous déranger, bâtard.

Il se réveilla dans son lit, un bandage autour de la tête.
Il apprit par la suite que deux anges étaient venus en aide en sentant leurs auras, et que c'était grâce à elleux qu'Alexandra et lui étaient toujours en vie. Alexandra gardera à vie une cicatrice à l'épaule, et lui devrait rester plusieurs jours au lit après le choc qu'il s'était pris sur la tête. Son Soi démoniaque en profita pour le tourmenter une énième fois.

Si tu n'avais pas cherché à me maîtriser et que tu t'étais totalement abandonné à moi, nous aurions pu nous en tirer nous-mêmes. Tu es vraiment têtu.

Ce soi s'exprimait toujours poliment dans son être, mais cette politesse de façade renfermait d'immondes envies de massacre.

Tais-toi.

Tom était épuisé. Il s'endormit. Pour une fois, d'un sommeil sans rêves ni cauchemars.


Tom O. Pieper
Tom O. Pieper
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Il/Ael

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76 ans (20 d'apparence)

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Guitariste, biker et serveur
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pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] Empty # Jeu 12 Jan 2023 - 20:19
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arc 3 fin


It's energy,
It's nothing but everything


L'arme démoniaque

Tom ne faisait que dormir. Il tentait de se convaincre qu'en restant au lit il ferait moins de dégâts aux autres, que peut-être quand il se réveillerait, tout irait pour le mieux. C'était tellement plus simple de tomber dans l'engourdissement des draps et des couettes. À peine boire, pisser et manger, puis retourner dans ce cocon de chaleur et de sueur.

L'autre pouvait bien causer, et il le faisait à sa manière sans mots, il ne quitterait plus cet endroit. Tout était de sa faute, de la leur. Rosa avait été blessée, Alexandra avait été blessée, à qui d'autre le tour ? Si seulement ce démon l'avait tué avant qu'elle n'arrive.
Tom bannit cette pensée justement en pensant à Alexandra. Sa culpabilité gonfla d'un cran encore. Elle méritait mieux que ça. Mieux que lui comme ami. Mieux que les pensées qui le traversaient.

Quand elle passa lui rendre visite, il lui demanda une faveur. Celle de l'empêcher de sortir de chez lui tant qu'il n'aurait pas vaincu sa partie démoniaque.

Il avait assez fui pendant quatre ans.

Elle accepta.

Pendant trois semaines, Tom changea de mode opératoire avec son sang démoniaque. Au lieu de le subir et de se laisser écraser par lui, il tenta de mettre en place un dialogue.

Il se rendit compte que l'autre ne pouvait pas lui imposer de visions ni de mauvaises émotions s'il posait fermement qu'il n'y était pas consentant, qu'il les refusait même. Qu'en posant des règles sans y insuffler d'émotions ou de peur, celles-ci s'imprégnaient dans l'amas de chaos qui avait envahi son esprit... Qu'en réalité, Tom était capable de lui donner la forme dont il avait besoin pour atteindre une espèce d'équilibre.

D'accord, tu existes. Tu fais partie de moi. En tant que tel, tu es sujet à ma volonté et non l'inverse. Je suis maître de moi-même.

À chaque réponse de son côté démoniaque, Tom le désarmait bout par bout, si bien que l'amas de négativité devint une petite boule pelucheuse qui aurait pu tenir au creux de sa paume.

Être épuisé émotionnellement aida grandement Tom à ne se concentrer que sur sa détermination d'en finir.
Sentir régulièrement la présence d'Alexandra derrière sa porte lui était d'un grand réconfort. C'était elle qui lui donnait ses repas, comme un geôlier le ferait avec son prisonnier. Sauf qu'il s'agissait ici d'un combat pour la liberté.

Au bout de vingt-et-un jours, Tom parvint à transmuter l'essence démoniaque dont il était pourvu, et à la modeler à son image. Au lieu de chercher à détruire cette autre partie de lui-même ou de se détruire tout court, il l'avait absorbée et l'avait fait sienne. Ainsi, plus jamais elle n'aurait les rennes, puisqu'il s'agirait des leurs. La conscience démoniaque s'évanouit, laissant place à la volonté du rouquin.
Une arme se matérialisa dans ses mains. Sa lame était rouge comme le sang, la pierre de sa poignée reluisant comme l'œil d'une bête sauvage, mais la poignée était d'un ivoire et d'un or lumineux. Une épée courte pour défendre et non pour attaquer.

Tom eut l'impression de respirer comme il ne l'avait fait depuis des années. Il prit calmement sa victoire comme d'autres montent les marches d'un temple. C'était fait.

Il se leva lentement, chancelant.
Alexandra était derrière sa porte à ce moment, grattant sur sa guitare.

Il toqua.
La guitare s'arrêta.
La porte s'ouvrit. Alexandra l'observa.
Il montra l'arme. Elle la regarda.
Iels se regardèrent.
Iels fondirent en larmes.



arc 4


"Where have you been ?"
"I've been here and, I've been there and, I've been in between"



Reprise de vie

La vie de Tom fut plus douce après la fin de sa folie. Il put reprendre correctement ses concerts avec Alexandra même s'iels retournèrent en Europe. Iels avaient fait leur temps aux Etats-Unis. Tom laissa tous ses mauvais souvenirs de l'autre côté de l'océan.

Après plusieurs semaines, silencieusement encouragé par Alexandra, il reprit contact avec Rosa. Il tremblait en tenant le téléphone dans sa main. Il était terrifié par ce qu'il lui avait fait.

- Hallo ? La voix de Rosa résonna dans le combiné.

Tom avait la gorge serrée.

- ... H... Hallo Rosa. Es ist Tom.

Silence.
...

- Ich... wollte von dir hören.   (Je voulais prendre de tes nouvelles.)

Silence.
Tom était glacé d'appréhension.
Elle finit par prendre parole.

- Oh. Ich habe mein Studium abgeschlossen und arbeite in einem Forschungslabor in München.   (Oh. J'ai fini mes études et je travaille dans un labo de recherche à Münich.)

Elle avait répondu d'un ton détaché. Mais son oreille tentait de lire les expressions que son regard ne pouvait voir.

- Ich habe einen Sohn, Jakob.   (J'ai un fils, Jakob.)

La nouvelle l'assourdit. Il aurait voulu la féliciter pour ses réussites scolaires et professionnelles, ainsi que sur le fait qu'elle ait un enfant.
Mais cela aurait sonné tellement factice après des années de silence. Pourtant c'était ce que ressentait Tom avec sincérité. Il était content pour elle.
Il avait tellement mal de l'avoir bannie de sa vie alors qu'elle est l'une des personnes auxquelles il tient le plus ici-bas. Sans cette folie... Sans son sang démoniaque, il aurait pu suivre pas à pas toutes ses avancées. Mais ça ne servait à rien de s'attarder sur le passé. Il avait des choses... Des choses à réparer. À retisser. Si elle... Si elle l'acceptait.

- Er ist zweieinhalb Jahre alt und weiß schon, wie man „Mama“ sagt.
Weißt du, Peter und ich würden dich gerne zu Hause willkommen heißen. Du konntest das Kind sehen.
  (Il a deux ans et demi et sait déjà dire "maman".
Tu sais, Peter et moi serions ravis de t'accueillir à la maison. Tu pourrais voir le petit.)


Cette proposition lui mit un coup au cœur.
Les larmes montèrent.
Il eut du mal à parler, à la limite du murmure tellement sa gorge était serrée.

- S... Sogar nach dem, was ich dir angetan habe? Ich... Bin ich wirklich willkommen?   (M... Même après ce que je t'ai fait ? J... Je suis vraiment le bienvenu ?) Il souffrait.

Rosa réarrangea le fil de son téléphone, cela cliqueta un peu contre l'oreille de Tom.

- Du warst da, als ich dich brauchte. Ich bedauere, dass ich nicht in der Lage war, dasselbe zu tun, als du es brauchtest. Das ist alles. Kommst du nur, wenn du möchtest.   (Tu as été là quand j'en ai eu besoin. Je regrette de ne pas avoir pu faire de même quand tu en as eu besoin. C'est tout. Ne viens que si tu en as envie.)

Une larme coula, que Tom essuya.
Il lui sembla ne pas mériter ça.
Il parla d'une voix chargée.

- Es tut mir so leid, Rosa. Für alles.   (Je suis tellement désolé, Rosa. Pour tout.)

Il se retenait pour ne pas qu'elle sente les larmes qui coulaient sur ses joues.

- Pass auf dich auf, das ist alles, was mich interessiert, Tom.   (Prend soin de toi, c'est tout ce qui m'importe, Tom.)

Tom prit son temps pour visiter toutes les personnes qui comptaient pour lui, dont ses parents adoptifs. Il se rappela des choses, des souvenirs précieux qui lui avaient été volés pendant ces quatre années et demi. Il put se reconnecter sainement au son de sa guitare et faire vibrer sa voix avec plus d'apaisement que de souffrance. Il put commencer à se réparer tout doucement.

Les années coulèrent.
Patrick avait monté un petit empire de la musique à force d'actions et de machinations. Il fut particulièrement choqué quand Alexandra lui annonça vouloir arrêter la musique pour lancer sa propre maison de disques. Elle réussit plutôt bien d'ailleurs, à la surprise de beaucoup - c'était une petite maison mais elle tournait bien.
Leur duo avec Tom devint bientôt méconnu, mais Tom continua de se produire dans des petits endroits, fort de son expérience. Patrick tenta de le lancer en solo mais Tom refusa. Il voulait... prendre son temps ? Il voulait composer de nouvelles chansons, et pour ça il devait y aller à son rythme pour qu'elles aient du sens. Donc le rythme de star d'usine, très peu pour lui. Patrick finit par lui lâcher la grappe, se focalisant sur d'autres musiciens prometteurs. Son nez d'homme d'affaires lui disait qu'ils ne gagneraient pas plus qu'ils n'avaient déjà gagné jusque-là - une belle somme malgré tout.

Cela nous emmène à ses 36 ans. Sa mère Helge est morte depuis deux ans, en 1980. Cela faisait quelques temps que Tom avait repris les routes comme dans son adolescence, et c'est en Suisse que l'étape suivante de sa vie se déroula. Il avait été mis en guitariste de soutien à un petit groupe américain dont la chanteuse était en vogue. Elle se nommait Morgan Harrisson.

Tom l'avait déjà rencontrée quand il avait débarqué pour la première fois à Nancy, en direction vers Paris. Il ne connaissait alors pas son nom mais sa voix l'avait vraiment touché. Il s'en rappela en l'entendant de nouveau. Son chant s'était approfondi avec le temps, même si le monde du spectacle ne pardonnait pas toujours la prise d'âge à sa gent féminine.
Elle avait connu un beau pic de popularité dans sa vingtaine jusqu'à ses trente ans, puis s'était trouvée délaissée passé cet âge. Mais cela n'enlevait rien à sa beauté ni à son talent, et elle continuait ses performances même à quarante ans.

Tom tomba amoureux d'elle. Follement. De sa sensualité, de sa sensibilité, de sa douleur et de son courage. Mais elle le traitait comme un petit jeunot de vingt ans. C'est que Tom ne faisait pas ses trente-six ans. S'il avait dit son véritable âge, on se serait moqué de lui sans le croire. Tom souffrit pendant deux ans, trop plein de son attirance et de son affection. Mais surtout blessé pour elle, car elle ne faisait que tomber sur des sales types qui lui brisaient le cœur. Il aurait voulu pouvoir lui apporter tout cet amour qui débordait de son être, mais elle refusait même de le voir. Elle s'arrêtait à son apparence de jeune homme, et probablement à la crainte des racontars si jamais elle se mettait à le regarder autrement que comme un ami. Cela allait à Tom, même si ça lui faisait mal. Si seulement elle était heureuse.

Un jour cependant, alors qu'elle noyait son énième douleur dans une bouteille d'alcool, Tom se lança à l'eau. Elle disait qu'elle ne connaîtrait jamais un amour sincère et non intéressé. Il lui avoua sa flamme.
Elle aurait pu l'éconduire. Mais pour la première fois en deux ans, elle ne le traita pas comme un enfant - à sa manière involontaire. Elle lui serra la main, cherchant à savoir si c'était vrai. Tom répéta, les yeux brouillés et le visage rouge, la voix serrée d'appréhension.

Leur histoire dura un an jour pour jour. C'était une histoire parfaite. Mais un jour, Morgan fut traitée de cougar sur le ton de la blague. Cela la mit en fracas. Elle se mit à remettre en question ce qu'elle ressentait pour Tom et commença à prendre de la distance, devenant plus dure avec lui malgré elle. Jusqu'au jour final où elle lui dit qu'elle ne pouvait pas continuer avec lui.

Cette histoire brisa le cœur de Tom.
Il quitta la Suisse pour ne plus jamais y revenir. Il lui prit pendant plusieurs années de prendre une cigarette de la marque qu'affectionnait Morgan, dans l'idée de s'apaiser alors même qu'il détestait fumer. Cela ne lui laissait qu'un goût amer dans la bouche et la trachée.

À ses 41 ans, Alexandra invita Tom à son anniversaire chez elle et ses parents - des anges tout comme elle. Iels l'accueillirent avec bienveillance malgré son sang de bâtard.

C'est à cette occasion notamment que Tom rencontra sa mère, Agathe Mercier.
Oui, le monde est petit. Cela faisait des années que Tom avait lâché l'idée de retrouver une trace de sa mère. Quand Agathe comprit qui il était, elle lui raconta tout ce qu'elle savait. Le fait d'avoir devant elle le fils de feu sa meilleure amie d'antan ravivait de fortes émotions en elle. Il avait son regard, selon elle, et les traits de son visage.

Il apprit que Léandre avait fugué de sa maison en apprenant qu'un mariage arrangé l'attendait à la fin du lycée. C'était quelqu'un pour qui la liberté importait plus que tout. Mais la vie était dure pour une femme seule à cette époque. Elle fut contrainte de faire ce qu'elle pouvait pour survivre, refusant de retourner sous la tutelle de ses parents. Elle s'embarqua aux bras des militaires jusqu'en Allemagne. Elle était revenue à la fin de la guerre et mourut d'une pneumonie sévère. Agathe ne savait rien du père de Tom.

Bien que ce soit l'anniversaire d'Alexandra, celle-ci laissa sa mère et Tom discuter dans une pièce à côté avec un petit sourire en coin avec son père, où Agathe se répandit en anecdotes et souvenirs sur Léandre.

Cela fit du bien à Tom de lever ce voile sur ses origines.


Tom se prit à aimer la vie sur les routes, dédaignant la plupart du temps les trains et avions, toujours à bord de sa vieille motocyclette. De toute façon, personne n'aurait cru aux quarante années marquées sur son passeport accolées à sa photo d'identité. Il ne connaissait pas les démons dans l'administration qui s'occupaient des cas comme les siens. Cela viendrait après.
Il pourrait tout simplement mettre à jour son passeport en se transmutant en un visage plus âgé, mais... Il avait la flemme ? Il avait la flemme. Et il connaissait les frontières comme sa poche.

Tom n'a jamais eu l'intention de signer le moindre contrat avec quiconque, de sa vie de bâtard. Pourtant cela arriva une fois, sur le bord de la route. Un accident était survenu. Le conducteur était en sang, celui de l'autre véhicule, un cadavre.

- Je ne veux pas mourir... Le conducteur pleurait, immobile au sol. S'il-vous-plaît, je ne veux pas mourir...

Tom arriva sur la scène et le blessé tourna son regard vers lui. Il avait une grave hémorragie.

- Sauvez-moi, s'il-vous-plaît, je ne veux pas mourir...

Il n'y avait pas de cabine téléphonique autour ni de village, seulement la campagne et la route. Les secours n'arriveraient jamais. Tom prit la main de l'accidenté.

- Sauvez-moi...

Tom tenta d'arrêter l'hémorragie en plaquant ses mains dessus, mais elle était trop importante. Il fit de son mieux mais le sang coulait et la personne gémissait.

-Sauvez-moi....
- Je ne peux pas... Mais je peux vous accompagner. Vous ne serez pas seul.
- Je n'ai pas pu m'excuser auprès de ma fille... Je ne peux pas partir... S'il-vous-plaît...

Tom ne savait quoi faire. Il y avait bien un moyen pour sauver la vie de cet humain en effet. Mais le prix était tellement lourd. L'humain ferma les yeux, pleurant de regret.

- Je ne pourrai jamais reposer en paix.

Son cas toucha Tom et le mit dans un dilemme.

- Je...

Il baissa les yeux.
Il reprit la parole.

- ... En échange de votre âme, je peux vous guérir. Mais... À votre mort, vous irez en Enfer. Vous ne pourrez plus vous réincarner.

Il se fit regarder comme s'il était fou. Puis le mourant sembla accepter l'opportunité qui se présentait devant lui, aussi folle puisse-t-elle être.

- Peu m'importe ce que je perds. Ma fille le vaut bien. Je dois... Je ne dois pas faire la même erreur qu'avec ma femme.
- Vous vous ferez probablement torturer.
- Mes pensées me torturent déjà.

Tom pleura. Le sang continuait de couler, il faisait nuit. Seules les flammes des deux véhicules explosés éclairaient le lieu.

- Si... Si vous êtes sûr de vous... Alors serrez-moi la main. Vous survivrez.

L'homme tendit faiblement sa main et la lui serra, pâle. Un frisson passa. Une énergie emplit Tom, tandis que sous ses yeux les plaies disparaissaient et l'homme retrouvait ses couleurs.
Ce dernier ne lui posa aucune question, trop sonné de ne plus se sentir mourir mais plutôt bien en vie. Il ne mourrait pas aujourd'hui, mais un autre jour.
Il l'emmena à dos de sa motocyclette pour le déposer dans la ville la plus proche, son véhicule étant cramé. Il ne sut jamais ce qu'il devint.

Tom perdit beaucoup de ses proches au fil des années. Son père tout d'abord, puis Rosa à soixante ans. Il disparut plus que jamais sur les routes.



arc 5


Choose the undecided
And move on my friend



Le démon

Vers ses soixante-quinze ans, Tom refit la rencontre du démon qui avait failli les tuer lui et Alexandra aux États-Unis.

- Toujours en vie à ce que je vois... Et rempli de puissance. Et si tu m'amusais pour un temps ?

Iel attaqua Tom. C'est de là que Tom tient sa légère cicatrice à l'œil. Tom se contenta de fuir. Mais ça ne suffit pas. Il fut contraint d'utiliser son arme démoniaque pour se protéger des coups adverses. Il ne voulait pas se battre. Le démon arrêta sa série d'attaques, le scrutant.

- ... Tu me déçois. Où sont ces pulsions de destruction que j'ai senties la dernière fois ? Ne m'en veux-tu pas d'avoir blessé ton amie l'ange ?

Tom avait toujours sa garde levée. Il était essoufflé, l'autre l'avait obligé à utiliser sa célérité pour tout parer.

- Je ne suis pas celui que tu as connu.

Il n'était plus cette chose faible qui attendait la mort au coin d'une rue.
Lu démon était vraiment déçu.e.

- Tu sais petit, je sais d'où te vient ton aura. Fais-moi plaisir et je te le dirai.

Tom eut un air confus. Il se refit attaquer.

- C-comment ça ? Difficile de parler quand on essaye de survivre.
- Je connais un démon qui a la même aura que toi.

Tom para férocement le coup.

- Ne me mens pas !
- Enfin voyons, je n'ai pas besoin de mentir avec quelqu'un comme toi. Hautain.

Les attaques se multipliaient, mais lu démon semblait s'ennuyer de ça. Iel préférait savoir ce qu'il se passait dans la tête du bâtard. Tom perdait du pas. L'autre le désarma et pointa sa lame contre sa gorge, un grand sourire vicieux sur les lèvres.

- Alors ? Tu veux savoir ?

Tom était en sueurs.
Il allait mourir ici ? Comme ça ?

- Je me fous de mon géniteur. Il n'avait jamais existé dans sa vie autrement que par le poison dans ses veines.

La lame s'enfonça un peu plus.

- Vraiment ? Mais n'es-tu pas curieux ?

Tom ne répondit pas, figé par la caresse de la mort. La lame se balada sur sa gorge alors que le sang coulait doucement du côté droit de son visage. Elle finit sous son menton.

- Dis-moi ce que tu as en tête petit bâtard.
- Vivre.

Une réponse simple.
Lu démon le scrute.

- Pour un exterminateur, tu n'as pas beaucoup d'ambition.

Cela l'intriguait et l'agaçait à la fois. Iel regarda la guitare laissée sur le côté.

- Tu comptes vivre comme ça jusqu'à ta mort ? C'est bien piteux.
- Je pensais que j'étais une aberration. En quoi mon sort t'intéresse ? Tom regarde durement son opposant.

Lu démon réfléchit.

- Hmm.

Iel fit un peu pivoter sa pointe contre sa peau.

- Disons qu'une aberration comme toi est parvenue à faire tomber quelqu'un dont j'aimais observer l'ascension. Un démon plein de potentiel, un véritable génie dans son domaine.

Iel retira sa lame de la gorge de Tom. Iel pencha un peu la tête.

- Je suis curieux de savoir si tu es capable de mieux. Je t'ai beaucoup cherché tu sais... Tu es dur à attraper à bouger d'un coin à l'autre de la carte.

Iel le jauge.
Iel finit par prendre une inspiration et fait disparaître son arme.

- Je veux que tu ailles au Québec. Balade-toi. Mêle-toi aux gens. Si tu fais ainsi, je te laisse la vie sauve. Iel l'observerait de près. Je sais que tu as refait ton passeport il y a quelques années... Je te paye le billet d'avion. Va là-bas et vis donc.

Tom avait l'échine gelée.
Mais qu'est-ce qu'il lui voulait ? Iel le surveillait et le poursuivait depuis combien de temps ?
Ce démon était... sinistre. Dans toute son attitude et son aura même.

- Si un jour tu atterris à Thunder Bay... Restes-y un bon moment. Si tu quittes le territoire, je te tue.

Tom avait la main sur sa gorge, confus.

- Qu'est-ce que tu me veux au juste ?
- Oh, tu n'es qu'un personnage parmi d'autres dans cette pièce. Je veux juste voir ce que ta présence pourrait faire. Mais j'en ai trop dit. Va donc vivre.

Iel lui tendit des billets.

- Tu pars lundi.
- Et si je refuse ?

Lu démon le regarda.
Un moment après, Tom se fit violemment écraser par son aura, qui le figea sur place. Elle lui coupa le souffle, lui donnant la sensation de se faire pulvériser. Comment... Comment avait-iel camouflé une telle puissance ? Et aux États-Unis alors, iel ne faisait que jouer avec lui et Alexandra...? Il avait l'impression de se faire noyer par un flot de morbidité. L'aura arrêta de l'envelopper. Lu démon sourit mielleusement.

- Je te le déconseille.

Tom reprenait avec peine son souffle. L'autre s'éloignait déjà.

- Qui es-tu ?

Iel s'arrêta.

- Vous le saurez bien assez tôt.

Et iel disparut dans la nuit.

Ainsi forcé et contraint, Tom partit pour le Québec. L'idée qu'il était surveillé lui mettait de vilains frissons dès qu'il y songeait. Il ne comprenait pas ce que ce démon lui voulait. Rien de bon en tout cas.

- Âllo Alex ?
- Saaaaluuuut Bipper ~ Quoi de beau le roadtripper ?
- Je... Et bien... Tu te souviens de ce démon aux États-Unis ?

La voix d'Alexandra perdit sa détente, soudainement plus sérieuse.

- ... Tu l'as recroisë ?
- ... Oui.
- Tu vas bien ?
- Oui... Pour l'instant. Je vais juste... être obligé d'aller au Québec pendant un moment.
- Hein ?? Pourquoi le Québec ?
- C'était sa condition pour me laisser la vie.
- Mais... Ça n'a pas de sens.
- Je suis bien d'accord. Mais... Je ne fais pas le poids. Et toi non plus. Je voulais juste te prévenir de mon départ, et surtout te dire de faire attention à toi.
- Je sais que je ne suis plus toute jeune mais j'ai encore du mordant tu sais...
- Alexandra... Je tiens à toi. Prend soin de toi.
- ... D'accord. Toi aussi... Sois prudent ? Et tiens-moi au courant. Ah ! Au fait ! Quand tu auras une adresse fixe, donne-la moi, j'ai un cadeau pour toi.
- Euh, d-d'accord ?
- Non mais c'est bon, je ne vais pas t'envoyer une bombe. Enfin, façon de parler. Héhé. Bon, on s'appelle plus tard, j'ai mon émission de yoga qui va démarrer.
- D'accord. Te fais pas de lumbago comme la dernière fois. Il sourit.
- Hé, ça c'était à cause des courses !

Iels rigolèrent puis raccrochèrent.
Mais Tom restait inquiet. Il n'aimait pas cette tension dans l'air, comme celle d'un animal traqué par un prédateur.

Il prit ses affaires et partit lundi comme ordonné par lu démon. Il réfléchit pendant tout le trajet en avion.
Il décida d'appliquer la méthode Alexandra. Au lieu de vadrouiller par monts et par vaux au Québec, il se dirigea immédiatement à Thunder Bay, le cœur des intrigues qui l'attendaient. Cela fait maintenant un peu plus d'un an et demi qu'il travaille en tant que serveur ici, toujours accompagné par la guitare que Rosa lui a offerte de son vivant.






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Ezequiel Curtis
Ezequiel Curtis
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pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] Empty # Mar 24 Jan 2023 - 14:57
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GOGOGOOO !!!



A nous deux Lulu !!

CARTE D’IDENTITÉ


Les surnoms, je fonds, ils sont trop chouuuus... Ils donnent envie d'en rajouter deux, il a une tête à avoir plus de personnes qui l'appellent par des surnoms que par son prénom  héhé

C'EST VRAI QUE C'EST LE COPAING ALLEMAND D'HELIOS, ON VA SE FAIRE DE CES RPS ENTRE EUX DEUX !!  rainbow sheep

Oooooh, un musicien pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1662507746 là aussi, on a des choses sympa à exploiter  sing

L'arme qui a un peu la vibe de celle d'Ali... ce n'est pas lui qui va finir par la comparer à un cure dent ? pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1662507746  papy (< c'est Ali)

All good ici ✨

CARACTÈRE


Je t'avais déjà dit que j'adore son caractère je crois, et ça n'a pas changé, il est incroyable  hug
Le clash entre la nature profonde et le côté démoniaque, ça va être tellement intéressant à exploiter en RP  omg
Adore les animaux : travaillant sur Aloysius en ce moment, sache qu'il a hurlé dans mon fort intérieur GOOD BOI  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2924372741
Ooooooh la vibe du shiba pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1662507746 (je veux vraiment un lien avec Aloysius, ça pourrait être génial)

OOOOH LE DETAIL DE LA VOIX, J'ADORE !!!! Je ne peux pas écouter parce que j'écris ça en cours, mais j'adore vraiment l'idée !!  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 3084361233

Tout est clair ici aussi ✨

HISTOIRE


C'est le moment où je me craque les doigts. Est-ce une vengeance pour toutes les corrections que je t'ai fait faire ?  ouiiiin

Le résumé est très clair, je n'ai rien à dire de spécial dessus !

Arc 1 : Celui-là, je sais que je l'ai lu au fur et à mesure que tu le postais, et qu'il m'a brisé le coeur... Il est temps de me briser le coeur une seconde fois... happy dance

J'aime comme tu nous mets directement dans la tête de Tom. Les introductions d'histoire in medias res, ce sont mes préférés, et tu fais ça à merveille !!  humaindonnemoimanger

C'EST PAS TA FAUTE CHOUUUU  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin
Enfin si, mais laissez-moi tenter de l'apaiser un peu svp

DE L'ALLEMAAAAAND <333333333

J'ai envie de lui faire un câlin, j'avais oublié à quel point chacune de ses émotions avaient été sublimé par ton écriture, on sent que tu as très bien adopté Tom et son habitude, et c'est vraiment plaisant à lire (même si on souffre un peu du coup)

Le regard de l'infirmière qui apaise et accentue le désespoir en même temps, je comprends que trop bien... Perso, je sais que je déteste juste, courage Tom :')

J'aime beaucoup l'histoire de sa naissance, puis tout le reste est si bien ficelé, on sent qu'il y a eu les recherches historiques derrière (par contre, Tom, t'es une vraie pipelette)  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 551899440

SAME TOM, MOI AUSSI J'ETAIS CETTE ENFANT LA DANS LA COURS DE RECRE (et je parlais aux pigeons aussi jpp)

Mme Eberhard, je pense que je vais vous aimer. Rosa aussi... mais je sens que je ne dois pas trop m'y attacher, j'ai un mauvais pressentiment...

"Aber du bist wie ein Sohn für uns" .... il en faut moins que ça pour me tuer, c'est trop chou jpp.
OMGGGG J'ADORE LE CÔTE IMAGINATION DEBORDANTE !!! Il va bien s'entendre avec une de mes futures perso pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1662507746

High5 pour le trop de stimulation Tom chou- MAIS ROSAAAAAA !!!! BORDEL MAIS FAIS-MOI L'AM- Non rien. J'allais dire une bêtise.

Sa bestie bestie, ou bestie comme Sam était la bestie d'Orph ?  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 62658441 Franchement, je suis moi-même en train de tomber amoureuse de Rosa

C'est assez fou, et je ne sais pas comment tu as fait ça ni comment expliquer ça, mais cette scène où la tension montre dans le groupe, on arrive à sentir dans ton écriture que Tom en est complètement déconnecté. Moi-même en lisant, j'ai eu l'impression de me déconnecter légèrement, mais c'est vraiment juste par ta manière de l'écrire. C'est vraiment bien fait, c'est fou ce que ta plume est incroyable, tu arrives à faire des mots des émotions, et c'est vraiment sublime  humaindonnemoimanger

ROSA NOOOOOOON  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin  ouiiiin

Arg la description de ce qu'il veut faire à l'agresseur... Franchement, legit, same bro. Tu m'donnes des histoires (ça m'a foutu les frissons, ton écriture encore une fois...)

Rosa dit les termes, malheureux termes, mais les termes quand même mdr. ALORS TOM, FAIS LUI JUSTICE TOI-MÊME !!!

SCHNELL TOM, SCHELL !!! Pardon, j'ai oublié de réagir à cette partie, j'étais trop dedans.

MADAME PIEPER EST REVEILEEEEEEEEEEEE !!!

Bon, tout concorde dans l'arc 1, c'est ultra clean, très bien fait !

Arc 2
Cette vibe d'Encanto dans la reconstruction de la maison haha

Jpp, le vagabond, c'était Brian face à Nobody : il a essayé de calmer le truc, mais il n'a fait que tout empirer, ça en devient presque mignon jpp

Les parents sont mais tellement adorables, des crèmes, gros câlins à eux  ouiiiin

Mooow le cadeau de la motocyclette...  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2924372741

MDRRR MAIS ROSAAAAAAAAAAAAAA (la vache est super contente de son cadeau, elle me l'a dit dans l'oreillette)

Gustave. Il est en France, assurément ~ J'aime trop les vibes de ce genre de discussion, elles sont reposantes.

AAAAH LA BOUTEILLE DE BIERE EN CUL SEC !! Je reconnais là les traits de notre pays ~

PTDRRR LE COUP DE L'ANNONCE !!! Mais oui Tom, c'est très clair. Même si je rajouterais un : "Je suis roux" pour plus de précisions quand même.

ROSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA (oui, je vais hurler dès qu'elle repop) Tu me manques aussi Rosa. Stp, remarque moi... NOTICE ME SENPAI Pardon

ROSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA (je vous avais prévenu).

Merci à Patrick. Enfin, c'est un peu un connard, mais il semble l'aider quand même, donc tranquille. Bon. Je viens de lire le paragraphe d'après. J'sais pas. Je suis perdue sur Patrick.

Enfaite, j'aime beaucoup leur relation. On sent que les deux évoluent dedans et réussissent à y trouver leurs comptes !

Du côté du début de l'arc 2, c'est impec aussi !

La suite :

Mdrr, la précision du : "elle adorait casser des trucs". J'adore.

Ptdrrrr, je l'adore. Elle me fait rire. (Mais Rosa >>>>>>)

Je l'aime quand même beaucoup. Moi aussi, je veux qu'elle m'insulte de bâtarde. Svp. Roulez-moi dessus madame.

Alex, tu lui dois une porte.  HIHI  (je suis sûr qu'elle était fière de son entrée en scène en plus.)

Miel et paillettes... Liam n'a pas hurlé trop fort dans ton fort intérieur, ça va ? ✨

Uh oh, le début de la folie, je sens que le troisième arc va être sympa... (et au vu des TW, je ne me trompe pas.  pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1334156028 )

Arc 3:
Eh bien ça commence bien, on sent que ça va être good vibes !! wouhou dance

C'est vraiment tellement bien écrit ossekour... J'aime vraiment beaucoup Alexandra. (Rosa revient quand ouin ?)

ROSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA love bis

Tu décris super bien la montée de leur musique n'empêche, c'est vraiment très vraisemblable, gg !! omd

Je me demande ce qu'il s'est passé quand il a disparu... Aaaah c'est frustrant ! Encore une fois, ton écriture fait sentir que c'est frénétique, et que Tom ne comprend vraiment rien. Gros câlin à lui <33

OUAIS ALEX, COUP DE POING DANS LA GUEULE, CA MARCHE AUSSI !!! Pardon angel

ROSAAAAAAAAAAAAAAAaa... aaa... a. Choupette :c TOM TU FAIS DU MAL A ROSA, T'ES NUL !!! papy

Mais qui est-ce mystérieux individu ?

Ah, quelqu'un d'Alexandra ne va pas apprécier, manifestement.

QUOI ??? NON NON NON, JE REFUSE !!! PUTAIN MAIS LULU JE SUIS EN COURS MAIS SKJdkdfqgj

BOUGE TOM, BOUGE !!!

Bon. Alex est en vie. C'est tout ce que je voulais. Saloperie va. Y'a pas à me faire peur comme ça. sad 3

Arc 3, fin :

Bon, je suis désolée, j'ai pour le coup pas grand chose à dire si ce n'est... BRAVO LOULOUUUUU ! J'ai de la chance d'être en cours, sinon, j'aurais pleuré avec vous... hide (j'aime bien mettre des smileys qui n'ont aucun rapport !)

Encore une fois, aucun soucis de compréhension sur l'arc 3, c'est purfect !!

Arc 4 :
ROSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA love bis love bis love bis love bis

Non. Je voulais un Tom x Rosa. Je vais pleurer. Tu viens de briser tous mes rêves.

Rosa chou, tellement adorable sad 3

Rip Helge, on t'aimait <33

OOOOH DU LOVE ! (Rosa à jamais dans mon coeur quand même)

Bon. Ce fut rapide. Par contre : bonjour Agathe coucou

Sympa le premier contrat ✨

ROSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474 pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 2210333474

Impec ici aussi !! ✨

Arc 5 :
Bordel, mais il a la confiance le démon sérieux... Il m'énerve. fire

J'ai rien dit, il me hype. Je l'aime bien, je veux en savoir plus sur lui.

Bon. C'est terminé. Et j'ai vraiment adoré.
BRAVO CHAMPION


Tom promet beaucoup, et je suis vraiment content d'avoir lu cette fiche, elle est incroyable ! J'ai hâte de voir ce que tu nous réserves, et comment tu vas développer ton personnage ! Vagabonde donc, et file rp Lulu d'enfer ✨
La Déviance
La Déviance
Compte Fondateur
Pronoms :
il/elle/iel

Occupation :
bloggeuse
$ CA :
805

Un autre truc à dire :
ne crois pas tout ce que tu vois...

Messages :
290

pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] Empty # Jeu 4 Avr 2024 - 16:05
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TES STATS

Les niveaux attribués à ton personnage sont basés sur son parcours, sa race et son âge. Il y a toujours moyen de discuter au besoin si l'une des compétences ne colle pas à ton personnage selon toi.


FORCE

Force LVL 3 Tom a toujours été actif, mais c'est pas Hulk non plus.

PERCEPTION

Perception LVL 6 Tom a toujours eu une sensibilité exacerbée sur son environnement + une vie entière de vadrouille où il devait faire gaffe pour ne pas se faire zigouiller.

PRECISION

Précision LVL 4 Merci la vie à faire de la musique stars

RESSOURCES

Ressources/Chance LVL 5 Il a hérité de son père démoniaque (Alistair) stare

RAPIDITE

Rapidité LVL 4 Il s'est souvent retrouvé dans des situations où sa rapidité lui a sauvé la vie. Mais c'est vrai que la plupart du temps il compte plus sur la vitesse de sa moto quoi nose

MENTAL

Mental LVL 7 Victoire sur la folie + l'avantage d'avoir vécu librement sur les routes, il s'est laissé le temps de se connaître et de se reconstruire pieper tom - sweet breath of life, sweet taste of death [PEGI 15 : drogues] 1662507746

ENDURANCE

Endurance LVL 4 Tom n'a jamais su rester en place, il est très tonique.

TRANSMUTATION

Transmutation LVL 5 Il n'a pas souvent eu à l'utiliser mais il s'est entraîné si jamais il devait s'en servir pour s'enfuir ou se défendre.

INFLUENCE

Influence LVL 7 Traumatisé d'avoir déteint sur ses proches lors de l'éveil de ses pouvoirs et après, il s'est entraîné pour contenir son héritage démoniaque.

SPECIALITE

Spécialité LVL 7 C'est très clairement l'héritage de son très vieux père exterminateur + le fait d'avoir réussi à survivre par lui-même jusqu'ici et à se stabiliser smile

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