Hold-up au ras des pâquerettes × ERINA

T'avais toujours aimé les vieux magasins, ou les magasins qui vendent du vieux. Avec Rosa, vous passiez des heures à faire du lèche-vitrine à Francfort. C'est probablement dans un de ces magasins qu'elle t'avait acheté la guitare que tu avais toujours précieusement avec toi d'ailleurs.

Bien évidemment, tu n'allais pas manquer de remarquer cette boutique d'antiquités située dans le même quartier que le bar à crêpes où tu travailles. Mais aujourd'hui, au lieu de passer devant, tu y entres.

C'était devenu une blague avec Alexandra, de savoir si vous seriez capables de retrouver un des vinyles de votre album parfaitement méconnu. Il ne s'agissait pas d'un disquaire ici mais tu voulais tenter ta chance... Notamment parce que l'anniversaire d'Alexandra approche à grand-pas. Vous n'aviez jamais fait de spectacle au Québec mais qui sait, certains objets voyagent loin.

Avant d'embêter la vendeuse que tu avais aperçue de l'extérieur, tu commenças à scanner calmement les rayons avec tes prunelles, marchant dans une première allée. Tu avais bien évidemment dit bonjour avec ta bouille de vingtenaire comme se plaisait à l'appeler Alexandra.

T'étais derrière un rayon quand ça arriva.

- LES MAINS EN L'AIR, CECI EST UN HOLD-UP !

À vrai dire, tu l'avais senti arriver avant que le type n'entre dans le magasin. Ça avait l'odeur de quelqu'un prêt à utiliser la violence. Mais même si tu t'étais instinctivement un peu tendu au niveau de la nuque, le temps que ça se connecte à ta conscience, la jeune femme se faisait déjà menacer avec un flingue.

...
Sérieusement, qui braque une antiquaire ?

Tu t'apprêtas à t'accroupir pour te dissimuler (pour agir) mais le type avait bien vu qu'un autre client était entré avant lui.

- TU SORS DE CE RAYON OU JE LA FLINGUE !

Merde.

Tu sortis lentement, les paumes visibles.
T'étais pas bien, mais t'étais pas aussi stressé que ce que t'aurais dû l'être devant un flingue tenu par un type visiblement très nerveux. Première fois ? Tu glisses ton regard vers la jeune femme puis de nouveau sur lui.

- LES MAINS DERRIERE LA TÊTE, TU BOUGES JE VOUS TUE TOUS LES DEUX ! Il tourne le gun vers la rousse. Tu vas m'ouvrir ta caisse sans chipoter. ET TOI JE T'AI À L'OEIL ! T'adresse-t-il.

Ok, tu t'attendais clairement pas à un hold-up quand t'étais entré dans ce petit magasin de quartier.

T'eus la pensée brève mais vivace que cette femme était suicidaire. Mais qu'en même temps tu respectais son audace. Par contre tu ne savais pas si ça valait le coup de mourir pour une caisse d'argent ou pas. Mais tu ne perdis pas de temps.

Ton pied partit comme une flèche à la verticale pour désarmer l'homme. C'est arrivé tellement vite que le flingue aurait écarquillé des yeux s'il en avait, avant de s'envoler vers l'autre bout de la boutique comme une soucoupe volante. Puis tu te jettes sur lui et lui fais une clef de bras qui le cloue au comptoir. Tu étais loin d'être puissant physiquement, alors il faudra soit que tu arrives à raisonner le type, soit que l'humaine soit réactive en cas d'échec de ta part.

- Désolé si ça fait mal... Mais je ne pouvais pas vous laisser faire.

T'étais sincère, tu ne voulais pas en venir jusqu'à le coincer comme ça.
L'autre avait le souffle coupé mais il geignit :

- Lâchez-moiiiiiiiii...
- Non. Pas temps que vous n'aurez pas répondu à ma question.

Tu pris une inspiration pour ne pas manquer en force.

- Pourquoi avez-vous fait ça ?

L'autre sembla surpris. Il bégaya.

- Qu'est-ce que ça peut vous foutre...? Vous allez appeler les flics de toute façon. Je suis foutu.

Il se mit à pleurer.

- Toute ma vie est foutue de toute façon...

Tu jetas une œillade vers l'antiquaire.

- Pourquoi est-ce que vous dites ça ?

L'autre renifla, des fluides corporels fuyant de ses yeux et de ses narines progressivement vers le beau bois du comptoir.

- Je me suis fait avoir... Par des gens qui vont me tuer si j'en parle à la police. Je vais tout perdre si je ne leur trouve pas l'argent.