Lendemain difficile - feat Aël Knight

Ce matin fût très compliqué pour Stan, à peine avait il ouvert les yeux qu'un mal de crane profond et intense l'avait frappé. Bon sang, quelle soirée...

Hier soir il était sortie comme souvent, mais pris d'une soudaine envie de s'amuser, il était partie dans un club pas très regardant sur la clientèle et avait enchainé les whisky et les amphétamines toute la soirée. Il était ensuite rentré difficilement chez lui, raide comme une planche. Il ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé après, mais au vu de l'état de l'appartement, le cirque Pinder avait du passer par là.
C'est bien simple, rien n'était à sa place.
Une assiette avec un blanc de poulet à moitié mangé sur la cheminé, des livres étalés sur le sol, un trou de cigarette dans le tapis, des menottes à froufrou rose au plafond (mais comment ?), des verres vides ou à demi remplies disposés un peu partout dans la pièce, une lumière de phare portuaire dans ses toilettes... il y aurai pu avoir un tigre dans la salle de bain que ça ne l'aurai pas étonné.

Face à tout ça, Stan était resté très passif. Son mal de crâne lui faisait entendre les couleurs, même après avoir bu eau, café, sucre et tout ce qui pouvait un peu l'aider à recouvrer ses esprits. Une barbe de trois jours, cheveux en bataille, yeux rouges, langue pâteuse... le tout en kimono de chambre et un sac de glaçons sur la tête, Stan contemplait son appartement.

"Bon... on va se dire que ça pourrait être pire..."

A ce moment là, on sonne à la porte.

"Et meeeeeeerde..., j'espère que c'est pour un coli recommandé"

Il se dirige vers la porte, l'ouvre et constate. Non, ce n'est pas le facteur.

« Bonjour Monsieur, je peux vous aider ? »

Kimono de Stan:

Aël tournait devant l'immeuble, indécis, comme toujours. L'heure approchait et il hésitait encore fuir, comme d'habitude, ou faire ce qu'il avait prévu. D'ailleurs iel devait sûrement avoir l'air louche. La pensée le traversa un court instant et iel stoppa son va et vient angoissé. Un coup d'oeil sur son téléphone lui confirme qu'il est temps de prendre une décision. L'albinos inspire un grand coup et suit les indications, non sans s'être assuré au moins trois fois que c'était bien le bon endroit où iel allait.
Aël passe une main dans ses cheveux, inspire de nouveau un grand coup, et toque à la porte. Même son coup était hésitant. Iel se maudit en silence.
A l'ouverture de la porte, iel se fige, pas certain de la conduite à tenir. Rien ne va dans ce que iel a devant lui et à vrai dire, peut-être même que Aël songe à éclater de rire tellement tout est absurde. Entre ça et le stress, tout ce que le pauvre arrive à articuler c'est "Rendez-vous" et son nom. Iel allait crever de stress, vraiment.

Hannibal regarde du mieux qu'il peut la personne en face de lui. Il le regarde de haut en bas en fouillant dans sa mémoire qui cela peut il bien être.

Soudain, tout s'illumine dans son cerveau malade : "Et meeeeerde... mon rendez vous de... 14h30 ? 15h ?"

« Vous venez voir de Dr Samobójstwo c'est ça ? Entrez, je vous en pris. Je vais vous le chercher.»

Il ouvre grand la porte laissant entrevoir la salle d'attente avec son armoire cassé et ses fauteuils renversé. Stan se retourne comme si de rien n'était, ne laissant paraitre aucune émotion de panique.
Il se précipite dans la salle de bain avec son miroir recouvert de bites dessinées au dentifrice et se lave le visage le plus rapidement qu'il peut. Il met de l'eau partout par terre et dans ses cheveux sans prendre la peine de les essuyer. Il se vide un reste d'aftershave sur sa barbe de trois jour pour se réveiller et se précipite vers sa chambre pour rapidement se changer.
Il enfile les premiers vêtements qu'il voit : une chemise rococo violette, son pantalon jaune canari et enfile des chaussettes noires. Décidément, rien ne va plus.
Avant de sortir, il enfile une paire de lunette de soleil en écaille de crocodile qu'il trouve derrière la porte de sa chambre, il les rendra si son propriétaire se manifeste.

Il retourne dans son salon ou la personne qui vient d'entrer est toujours en admiration devant ce chef d'œuvre d'art contemporain qu'est devenu son appartement.
Comme si de rien n'était, et avec l'air le plus naturel du monde, il lui dit :

« Veuillez m'excuser de ne pas vous avoir accueilli moi même, j'étais dans mes dossiers, j'espère que mon colocataire s'est montré bien aimable avec vous Monsieur... ?  »

Aël rentre dans l'appartement en remerciant la personne d'un hochement de tête, ne sachant pas trop quoi dire. Tant pis pour la première impression, pour le coup c'était sûrement pas lui le pire. Ça le rassure un peu, et iel en oublierait presque le bordel ambiant. Mais quand même, il s'était passé quoi ici ???
Pas sûr de ce que iel devait faire, l'albinos reste bras ballants au milieu de la pièce sans savoir où poser son regard. Quand psychologue revient dans la pièce, iel se retient de lever un sourcil. Son colocataire. Pas vraiment convaincu, Aël se demande ce qu'il fout là et si c'était encore temps de s'enfuir. Sûrement pas. Après un court instant de silence un peu gênant, iel se souvient qu'on attend une réponse orale de sa part. Raclage de gorge.

-Oui, oui, euh, très aimable.

Pour être honnête, en plus de l'angoisse qui, de toute façon, l'habite à peu près h24, iel se sent surtout stupide. La situation le dépasse un chouille. Aucune de comment ce truc allait finir. Enfin. Tant que iel ne finissait pas dans les faits divers... Ça devrait bien se passer. Hein ?

A vrai dire, Stan était là sans être là. La voix de son interlocuteur résonnait comme dans une grotte et lui faisait vibrer toute sa boite crânienne. Il restait imperturbable avec ses lunettes de soleil.

« Je vous en pris, suivez moi. Nous allons nous installer dans un endroit plus confortable. »

En disant cela il se rapprochait de la porte de son bureau sans prêter la moindre attention à toutes les feuilles de dossiers qui jonchaient le sol.
La porte eu du mal à s'ouvrir, pour cause, la bibliothèque était renversé et la masse de livre empêchait la porte de s'ouvrir correctement. Mais là encore, Stan faisait comme si tout était normal.
Etonnamment, le bureau, le fauteuil et le divan étaient à leur place. Il y avait même une tasse avec ce qui semblait être un reste café froid.

Il pointa en direction du divan et du fauteuil et dit : « Allez y, installez vous confortablement. »


Il s'installa à son bureau et sortie une aspirine d'un tiroir qu'il mit dans cette tasse de café. Il regarda sa pastille fondre pendant quelques secondes puis dit : « Alors monsieur... [il regarde une feuille posé sur son bureau] Knight ? C'est ça ? Quelle bon vent vous amène ? »

-Euh... Oui je vous suis.

Entre l'attitude du psy et le bordel ambiant, l'ambiance était... Ouais, c'était quelque chose. L'albinos le suit en faisant attention à où iel mettait ses pieds. C'était pas le moment de se péter une cheville, iel n'avait pas vraiment le luxe de pouvoir manquer ne serait-ce qu'une journée de travail. Le chat, les croquettes, tout ça.
C'est donc bon gré mal gré qu'il arrive au fauteuil, pas assez à l'aise pour le divan. Aël soupire à la question. C'était... Vaste. Et en même temps, pas tant. Iel passe une main dans ses cheveux et lâche un soupir.

-Oui. Oui, c'est ça. Aël Knight. Un sourire crispé étire vaguement sa bouche avant de disparaîre. Je... Ne sais pas trop.

Bouh le mensonge. Bien sûr que iel savait. Mais il allait sûrement falloir le forcer à parler un peu. Le jeune homme s'agite un peu sur le fauteuil. Son anxiété ne l'aide pas vraiment à tenir en place. Mais bon, iel essayait de faire preuve d'un peu de bonne foi, la preuve, iel était encore là et ne s'était pas enfuit en courant pour s'enfermer dans son appartement certes miteux mais rassurant. Mais Aël ne savait vraiment pas par où commencer. Et l'idée que tout ceci était stupide le traversa une nouvelle fois.

Stan l'écoutait parler. Puis il bu son café froid à l'aspirine qui visiblement contenait aussi de la cendre de cigarette. Il se disait qu'il irai gerber plus tard.

« Hmmm... vous ne savez pas...»

Heureusement que ses lunettes de soleil cachait ses yeux, sinon son patient aurai vu qu'il fermait les yeux pour essayer de se reposer.
L'effet fut étonnamment bon, une certaine lucidité lui était revenu.

« Je pense que vous savez très bien, mais que vous ne voulez pas encore en parler. Ou alors vous vous dites qu'allez voir un psy est assez ridicule et que vous n'êtes pas "légitime" pour en consulter un. Mais ça peut être aussi une certaine peur... vous n'avez pas l'habitude de vous confier, encore moins à un inconnu comme moi. »

Ils s'installa sur le divan, un stylo et une feuille de lettre posé sur un dossier.

«Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous poser des questions trop personnelles dès la première séance. Et de toute façon, vous pouvez répondre de la façon que vous souhaitez : vous pouvez mentir, cacher une partie de la réponse, ou ne pas répondre du tout. Vous faites comme vous le souhaitez. »

Il s'allongea une jambe sur le divan, on aurait pu croire qu'il allait faire une sieste

« Vous êtes à votre aise ? Parfait... dites moi donc, qu'est ce qui vous aimez dans la vie ? »

Honnêtemet, avec ou sans lunettes, Aël n'aurait jamais regardé ses yeux. Yeux qui se posent partout et nul part à la fois d'ailleurs. Il faudrait songer à se calmer. Inspire. Expire. Ça va aller. Pas sûr que iel soit très à l'aise. Nouveau gigotement, iel se contente de hocher la tête pour approuver avec un marmonement qui ressemble à un oui.

-Ce que j'aime dans la vie ?

Rien que ça c'était une question compliquée pour lui. Trop de temps passer en pilote automatique sûrement. Iel se gratte la joue, pensif.

-Euh... J'aime bien aller me balader dans la nature.

Plus vague tu meurs. Pas très personnel non plus. L'idée de se taper la tête contre le bureau le traverse mais iel se retient. Ça ne remettrait pas plus ses idées en place. Un petit rire gêné lui échappe.

-J'aime bien cuisiner.

Mais, pas comme à son taff, ça non par contre. Distraitement, iel joue avec une mèche de cheveux, le regard perdu vers la fenêtre, finalement fixer le dehors c'était le plus confortable. Pour l'instant. C'était toujours pas très personnel, mais en même temps les loisirs c'était plus des trucs commun non ? A moins d'être genre... Un tueur en série. La pensée lui tire un pouffement de rire tellement cette pensée était absurde. De toute façon rien n'avait de sens, ni l'environnement, ni la dégaine de Stanistlas, ni ses propres pensées. C'était iréel.