Oh toi, mon bouclier social !
Feat Ezequiel
Sa main s’aventure dans ta chevelure. Ses gestes te bercent et tu sens enfin ton esprit se calmer, lentement mais sûrement. Tes pleurs cessent, mais pas tes angoisses. Tu enfonces un peu plus ton visage contre son torse, tandis que tes bras entourent et serrent son corps un peu plus contre le tien. Ce câlin, tu en avais besoin. C’est fou que tu sois aussi dépendante de son état. Que tu ne puisses pas vivre pleinement, tant qu’il n’en sera pas capable. Enfin, tes raisons sont totalement légitimes, mais bon sang ! Tu as tellement de chose dont tu pourrais profiter dans la vie ! Mais non, tu n’y arrives jamais totalement. Même cette soirée, tu as réussi à la gâcher. Tu as bien vu l’expression de Ziel devenir glace, quand les premières larmes ont coulé sur tes joues. Ses larmes qu’il essuie en cherchant à te rassurer, et surtout, à te distraire. Son plan ? Crier le mot « Chat », en t’indiquant un félin, fièrement perché sur un muret adjacent. Ces deux éclats saphir en opposition avec vos éclats rubis, qui vous fixent longuement. Ezequiel veut te faire rire. Chasser cette morosité qui a prit le dessus, le temps d’un instant. Chez lui aussi, l’alcool commence à bien faire effet. Sa proposition est idiote. Assez idiote pour t’arracher à rire, tandis que tu frottes tes yeux rapidement pour en chasser l’humidité résiduelle.
- T’es con, je sais que t’aime pas les chats tout de même ...
Pourtant, tu as envie de participer à ce débat incongru sur le nom du chat. Jean-Sébastien ... Tu penses plutôt à Belle et Sébastien avec ce nom. Cette histoire avec ce gros chien dans les alpes ... Enfin, je crois que ce sont les alpes ? Enfin bon, la géographie, ce n’est pas mon truc, et toi, tu es ivre, alors on va partir sur ça ! Tout ça pour dire que le nom ne te satisfait pas complètement.
- J’aime bien l’idée du Jean quelque chose ... Qu’est-ce que tu penses de Jean-Eude ? Il a l’air de nous juger depuis son muret, un nom de bourge, ça lui irait bien.
Ouais, il a une tronche de Jean-Eude selon toi. Enfin, si ça se trouve, c’est une Elle ? Tu te rends compte que t’en as aucune idée, et tu ne vas pas aller vérifier. Tu commences à être trop crevée pour ça. Ton maquillage maintenant étalé autour de tes yeux te donnent un air rebelle assez beau en fait, même s’il paraît brouillon.
Il y a un silence entre vous, pendant de longues secondes, tandis que vous combattez le félin dans un duel de regard.
- Quand j’aurais mon doctorat, j’adopterais un chien. Un gros chien.
T’as toujours voulu un chien. Un toutou à câliner, et avec lequel passer du temps ! Mais sans ton diplôme, tu ne veux pas. Tu as peur de ne pas pouvoir lui offrir un bon niveau de vie malgré ta bourse. Pourtant, tu pourrais, tu en as les moyens Sam. Tu ne dépenses presque rien tellement tu es occupée à courir à droite à gauche. Peut-être que tu finiras par te laisser vivre au bout d’un moment ?
- Dis, finalement ... Tu me portes ? J’crois que je peux plus marcher, j’ai envie de dormir.
La fatigue t’as vite rattrapé avec l’éthanol dans ton sang et ta soudaine crise de larmes. Tu n’as pas envie de marcher. Peut-être que tu arriveras à lui faire pitié ? En fait, tu crois que c’est déjà le cas. Et tu espères avoir tout oublié demain.