Du rock dans l'air × PHOBOS

Tu aimes bien ce genre de soirées. Tu peux allier plusieurs choses que tu aimes. Premièrement : l’alcool. Parce que c’est quand même vachement cool de boire des canons. Ça a plein de vertus, comme oublier de penser à elle. Par exemple. D’ailleurs, tu peux dire « à elles ». Pour des raisons complètement différentes néanmoins. Ange, c’est assez clair.

Céleste, c’est simplement que tu dois lutter pour ne pas fuir à nouveau. Et que c’est assez compliqué. C’est ta versus, vous finirez toujours par vous retrouver, et tu le sais. Mais tu aimerais vraiment ne jamais l’avoir rencontrée. Elle est incroyable, le problème n’est pas là. Tu es simplement une flipette quand ça parle d’amour. Puis tomber amoureux d’une archange… La giga merde quand même. Sur tous les êtres présents sur cette planète, il a fallu que ça tombe sur elle. Enfin bref, on a dit que l’alcool allait faire en sorte que tu n’y penses pas.

Deuxièmement : le sexe. Bon, ça, tout le monde s’y attendait, mais tu as des plans d’attaque. Généralement, tu aimes bien revenir de ce genre de soirées avec quelqu’un : hommes, femmes, non binaires, tu n’es pas compliqué. Et ça aussi, ça te permet de te changer les idées, de manière bien plus efficace de l’alcool vraisemblablement puisque tu as failli repenser à Céleste.

Et merde. Tu l’as fait. Non puis parfois, tu as l’impression que l’alcool a un effet célestan sur toi maintenant. Oui, c’est un néologisme. C’est simplement que tu y penses encore plus lorsque tu es bourré, et peut-être d’une manière bien moins saine que lorsque tu es sobre. A chaque fois, le lendemain matin, tu te réveilles en panique en priant pour ne pas lui avoir envoyer de messages terriblement gênants. Heureusement, ça n’a pas encore été le cas. BREF.

Et enfin : la musique. Ça te permet de découvrir des petits artistes que tu n’aurais pas écouté initialement. Chacun transmet à sa manière. Et ce rouquin qui vient de monter sur scène attire ton attention pour plusieurs raisons. Et vu que tu en as marre de faire des listes, tu vas tout balancer dans un bordel plus ou moins organisé. Sa voix, déjà. S’il y avait pu avoir une pancarte au-dessus de sa tête, il y aurait eu marqué un gros « Visé » dessus. Sa couleur de cheveux allié à l’aura qu’il a…

Uh oh. Tu n’es encore sûr de rien, mais ça commence à avoir un agréable goût de drama. Il semblerait que tu aies trouvé occupation bien plus intéressante que les femmes. Un petit sourire étire tes lèvres, tu l’observes chanter avec bien plus d’investissement que tu ne l’aurais fait s’il n’y avait pas cet étrange air familier.

Alistair. Abaddon.

Il lui ressemble énormément. Normalement, c’est toi qui fais ce genre de conneries, pas lui. C’est une surprise des plus étonnantes. Le show se termine, et toi, tu te lèves. Direction les loges. Tu es un habitué, il t’arrive même de monter sur scène. Alors lorsque la sécurité te voit, elle te laisse passer sans même te demander ton identité.

Tu cherches la loge du rouquin. La porte est encore ouverte. Tu t’adosses à cette dernière, et applaudis doucement, lentement : « Bravo petit, c’est une belle prestation que tu nous as donné là. » Ton regard est animé par quelque chose de particulier, ton aura est particulièrement puissante. J’aimerais pouvoir dire que c’est Phobos qui lui fait face, que cette situation ne satisfait pas le démon, mais il n’en est rien : c’est Arkan, dans toute sa médiocrité et sa splendeur, qui lui fait face.

Tu t’avances légèrement jusqu’à lui : « Elle visait quelqu’un cette chanson, non ? Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu quelqu’un chanter avec une telle émotion. Vous avez le chic pour ça, vous, les bâtards. Généralement, vous n’avez pas une vie simple, alors vous avez de quoi faire pour vous la jouer dramatique sur scène. »

Tu dois juste avoir l’air fou.

Il flippe. Tu le sens. Son cœur qui s’accélère. Ses poils qui se sont dressés. Son malaise. Oh oui, il te craint. Et toi, tu jubiles. Pas tant parce qu’il a peur, oh non. Davantage parce que ce pauvre bout de chou n’est pas au bout de ses peines. C’est franchement étonnant qu’il soit en vie si ta théorie est correcte. Abaddon n’est pas du genre à faire ce genre d’erreur. Loin de là même. Il en a loupé une grosse là. Tellement de possibilité pour l’emmerder avec… mais tu crains pour ta propre vie. Puis, il va falloir protéger celle de ce bout de chou. Le probable fils d’Abaddon. Une pièce à conviction. Bordel, il a vraiment dû en baver pendant sa période de folie.

Poli. Il garde le contrôle. Ses gestes sont assez précis. Il semble vouloir te faire croire qu’il est calme. Mais tu ne le crois pas un seul instant. Et vu ce que tu t’apprêtes à lui confier… ouais, il va lui falloir un peu plus que sa belle carapace pour rester aussi impassable. Tu vas rapidement voir à quel point il sait garder le contrôle.

Tu lâches un simple rire à sa question, pousse ensuite un sourire : « Par pitié, épargne-moi ce genre de questions stupides. Non, je ne suis pas musicien de métier, mais je l’ai sûrement été, il y a quelques millénaires. J’avoue que je ne m’en souviens plus, tout ce que je sais, c’est que je sais jouer de la musique. Maintenant que j’ai répondu à ta question, on peut passer à ce qui m’amène réellement par ici, pas vrai ? »

Tu souris de toutes tes dents, te retiens de t’approcher de lui. Ton but, c’est de bloquer la sortie. L’empêcher de fuir. Il va falloir que tu joues correctement. Il va falloir que tu attires son attention, juste ce qu’il faut pour qu’il écoute ce qu’il a à te dire : « Je te rassure, je ne suis pas du genre à vouloir bouffer du bâtard bêtement, je ne vais pas te faire de mal… En revanche, ton père… S’il savait que tu étais là… »

Il est assez probable qu’il sache qui de sa mère ou de son père est le démon. Dans tous les cas, tu comptes avancer l’ordre d’Alistair. Ça l’achèvera. Tu te fais confiance là-dessus : faire ta star, c’est ce que tu fais de mieux. Être sous le feu des projecteurs, c’est ton truc à toi. Tout ça, ce n’est qu’un énième de spectacle de plus qui te plait fortement, faut bien l’avouer. Bon, le coup de grâce maintenant : « Exterminateur, pas vrai ? »