Tu te saisis les cheveux, regardant encore et encore cette succession de photos étalées de manière assez désordonnée sur ton bureau (ce qui ne te ressemble pas, c’est donc le signe de ton immense trouble.) Sang. Propre. Aucune trace. Pas d’ADN. Coupure chirurgicale. Propre. Sauf sur cette photo. Il a tremblé. Le tueur a tremblé, a eu peur de quelque chose. Peut-être a-t-il failli se faire surprendre ? Quelqu’un est arrivé ? Est-ce que ça veut dire qu’il découpe ses victimes sur place ? Non, c’est impossible. Premièrement, ce serait plus que stupide comme stratégie. Deuxièmement : les victimes sont entièrement vidées de leur sang. Le corps humain étant constitué d’environ 5 litres de sang, il ne pourrait pas faire ça aussi proprement. Sur les scènes de crime, il n’y a pas une seule petite goutte. Rien du tout. Simplement ces membres découpés, remplis de mystère et qui ont le don de te rendre complètement fou. Ou de t’exciter, tu ne sais pas trop. C’est vraiment horrible ce qui est arrivé à ces femmes, tu ne doutes pas qu’elles ont énormément souffert. Ce sont les chefs-d’oeuvre d’un tueur en série. Bordel, tu ne sais pas si tu adores ou détestes ces meurtriers. Ils sont plein de surprises. Ce sont les plus excitants, mais tu sais aussi que si tu loupes ton coup, ce sont ceux qui vont faire le plus mal.

Sinon, c’est peut-être un message ? C’est peut-être volontaire ? Calculé ? Pour être tout à fait honnête, ça ne t’étonnerait pas des masses. Tous les autres cadavres étaient impeccables. Tu ne vois vraiment pas pourquoi celui-ci diverge, si ce n’est qu’il essaye de vous communiquer quelque chose.

Mais tu es coupé net dans tes réflexions par Asteria. Tu relèves le nez. Merde. Là, tu prends conscience du bordel monstre qui règne sur ton bureau. Tout ça reflète assez bien tes pensées finalement… Tu attrapes toutes les photos et feuilles volantes et en fait un petit tas que tu t’empresses de ranger dans un tiroir. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Asteria. Tu le sais, tu as prévu quelque chose. Mais tu te rends compte que tu devrais peut-être passer un petit peu plus de temps avec elle. Et pas le nez dans tes histoires morbides.

Une fois que tu as caché ce véritable massacre, tu lances : Tu peux rentrer !Le bruit de la poignée qui se baisse. Le léger grincement de cette dernière. Le pas d’Asteria sur le parquet. Presque imperceptible : tu ne l’aurais probablement pas entendu si ton ouïe n’était pas particulièrement développée.

Elle a ce regard. Celui qu’elle a lorsqu’elle a besoin d’attention. Celui qu’elle a lorsque quelque chose la préoccupe. Tu tends légèrement tes bras dans sa direction, et déclares d’une voix qui se veut réconfortante : Viens ma grande. Elle obéit sans broncher et tu la prends dans tes bras. Tu déposes un baiser sur sa tête : Et tu ne me déranges jamais, ne t’excuses pas d’exister, c’est normal d’avoir besoin de réconfort parfois…

Tu l’éloignes légèrement de toi, ton regard se teinte de malice et tu lui lances un peu comme si tu lui confiais un secret : Surtout le jour de son anniversaire, n’est-ce-pas, Asteria ? Je ne devrais pas te laisser toute seule aujourd'hui, j'arrête, je reste avec toi.

@Asteria Ophiuchus

Tu la soulèves sans difficulté pour la mettre à califourchon sur tes genoux, t’amusant à tourner sur ton siège une seule et unique fois. Ce soir, tu as prévu bien plus qu’une simple soirée devant des séries. Quelque chose de bien mieux, qui lui correspond bien plus. C’est une jolie signification que celle qu’elle soit née aujourd’hui. Il va se dérouler pas mal d’évènements au niveau des étoiles et tu as prévu tout ce qu’il faut pour que vous puissiez aller les observer… tu vas même sortir la voiture, et ça, c’est extrêmement rare. Uniquement pour les grandes occasions qui nécessitent un peu de route.

Oublier. Comment oublier ? Comment oublier celle pour qui il s’inquiète à chaque instant de sa vie ? Celle pour qui il a quitté une vie qu’il estimait bien trop dangereuse pour elle alors même que c’est le genre de vie que toi, tu aimes mener. Initialement, tu n’es pas du genre à te poser dans une seule ville, dans un appartement comme tu l’as fait dans cette vie-là. Mais pour ses beaux yeux, tu serais prêt à le faire, encore et encore. Cette vie, puis la prochaine. Elle mérite tous les sacrifices du monde : « Sûrement pas non ! Cet anniversaire est celui d’une personne que j’aime bien trop pour l’oublier… »

Il saisit une fleur en origami qu’il a fait lui-même et lui met dans les cheveux. Il a un peu galéré mais il est vraiment satisfait du résultat. Il ne sait que trop bien à quel point elle aime les origamis alors il a essayé de s’y pencher aussi. Elle mérite au moins ça.

A nouveau, son regard se teinte de culpabilité, te tirant alors un petit sourire attristé. Tu aimerais pouvoir effacer tous ses doutes, toutes ces insécurités, tous ces cauchemars à l’aide d’une étreinte, de quelques mots et d’un soupçon d’amour. Mais c’est impossible et ça te dégoûte. De nombreuses fois, tu as pensé à contacter un archange pour que, peut-être, il puisse lui faire oublier tout ce qu’il y a de plus sombre dans son histoire. Puis finalement, tu t’es dis qu’elle risquait de se sentir encore plus vide si tu lui retirais tout ça sans son consentement. Lorsqu’elle grandira, si elle en ressent le besoin, elle verra pour le faire elle-même.
Le travail. Elle se met alors à te parler de ton travail. C’est donc ça qui la préoccupe autant ? Tu tiltes légèrement de la tête, la regarde en biais. Puis tu passes une des mèches de ses cheveux derrière son oreille : « Asteria, si à un seul moment dans ta vie mes actes t’ont laissé entendre que mon travail est plus important que toi, alors je m’en excuse. Ce n’est absolument pas le cas. Aujourd’hui, j’ai posé ma journée pour ton anniversaire. Mais il suffit que tu me dises que tu as besoin de moi, que tu as peur d’être seule, que tu ne te sens pas bien et je poserai autant de jours qu’il le faut. Lorsque tu tombes malade, je suis là. Et ça ne me coûte pas, je préfère de très loin m’occuper moi-même de toi que de demander à une baby-sitter ou je ne sais qui d’autre. Tu ne m’embêtes jamais Asteria, ô grand jamais. Au contraire : sans toi, ce serait bien plus difficile pour moi que tu ne le penses. Tu n’imagines pas à quel point tu m’as sauvé, mon ange… »

Tu déposes un baiser sur son front, encore une fois : « Je sais que je te le dis rarement, ce sont des mots qui perdent de leur importance à mes yeux lorsqu’ils sont dits trop souvent, mais sache que je le pense et que je le ressens dès que je te vois, ou même quand je suis au travail. Je t’aime plus que tout. Alors c’est avec plaisir que j’ai posé cette journée pour la passer avec toi. Ne culpabilise de rien. D’accord ? »

Tu plonges ton regard dans le sien. C’est assez rare que tu te confies autant sur ce que tu ressens. Tu as tendance à te renfermer sur toi-même, à ne pas parler. Les mots, ce n’est pas ton truc, tu es davantage dans les actes. Mais tu sais qu’elle, contrairement à toi, a besoin de ces discussions pour se rassurer.  Se sentir en sécurité. Alors de temps à autre, tu lui offres : « Ce que je te propose, c’est qu’on sorte, qu’on aille dans des magasins pour te prendre une tenue que tu vas aimer et dans laquelle tu vas te sentir bien. Ensuite, on va prendre la voiture et je vais t’emmener dans un endroit spécial… ça te va ? »

@Asteria Ophiuchus