Run (Ft Galatée)

Vous savez, la nuit n’est terrifiante que pour ceux qui n’ont rien à se reprocher. Ils craignent que quelque chose leur tombe dessus parce qu’ils ne sont pas préparés, pas entrainer à se battre au besoin. Toi, tu n’es pas surpris. Tu es un Bones. La nuit, c’est ton domaine. Tu n’es toi-même qu’en pleine nuit, parce que personne de réellement proche traine là où tu traines en pleine nuit. D’ailleurs, personne de censée traine là où tu traines en pleine nuit. Les gens normaux dorment. Et ils font bien : c’est à l’extérieur que les cauchemars trainent. Ceux que leur offre le croque-mitaine, Pitch, ne sont que des balades champêtres à côté. Mais qu’ils continuent de cauchemarder de la perte de leurs dents pendant que vous les déchaussez réellement à l’extérieur. Bon, toi, tu as encore toutes tes dents, et encore heureux ! Tu tiens à ton sourire.

Ton pieds vient tracer un arc de cercle dans l’air avant de rencontrer avec puissance la joue de ton adversaire. Ce dernier fait alors son premier baptême de l’air, sa tête vient heurter le mur derrière lui. Tu grimaces légèrement, reculant la tête : « Ouch, ça a du faire mal ça mon vieux ! » Tu t’avances, et ramasses la dent qui repose justement au sol en lui envoyant un sourire railleur : « Tiens, t’as perdu ça. Apprends à mieux jauger le niveau de tes adversaires, ça t’évitera d’avoir à te payer de fausses dents. »

Tu lui rends, ou plutôt, tu lui lances dessus à l’aide de ton pouce, un peu comme tu lancerais une pièce. Tu te redresses, te retournes, et voir sa charmante bande de pote. Tu plonges tes mains dans tes poches. A la base, tu ne connais pas du tout ce type, il a juste un peu trop bu, et avait besoin de passer ses nerfs de mâle alpha sur la p’tite princesse du coin. Toi. Tu rentres du taf. Un trait d’eye lineur souligne magnifiquement ton regard irisé, tes vêtements te collent au corps. Tu sais te mettre en valeur, c’est ton taf en même temps. Et vraisemblablement, le côté « tapette » (pour le citer) a piqué son égo surdimensionné de pauvre mec. Ça ne sert à rien de parlementer avec ce genre de type. Ils ne pensent réellement qu’avec leur bite : c’est un concours perpétuel. Il a voulu se rassurer, se prouver qu’il en avait une plus grosse que l’autre pd du coin là. C’est toi aussi ça. Même si t’es pas pd. Ta clientèle est simplement masculine. ‘Fin bref, du coup, il a échoué, et ses copines aux gros muscles sont venus pour le sauver de la troisième pédale du vélo. C’est toi aussi. « Allez, première leçon chaton. Mise en situation : quatre grands et charmants monsieur arrivent, tu aimerais bien les mettre dans ton lit, mais vraisemblablement, leurs envies sont tout autre. Qu’est-ce que tu fais ? »

Il pousse un râle, toi, tu commences à reculer pour t’enfuir. « Eh non, mauvaise réponse ! Mais ce n’est que le début de notre cours, tu as tout ton temps pour progresser, on va à ton rythme ! Et n’oublie pas ta dent mon chou, je sais que c’est super viril les blessures de guerre. » Tu ne peux pas t’en empêcher, et c’est encore pire depuis que Jack est entré dans ta vie. Rien que de penser à lui, tu serres les dents. Tu fais volteface, sautes par-dessus la palissade et te tires en vitesse. Tu adores provoquer, tu n’y peux rien. Tu es pratiquement sûr que sur la vitesse et l’endurance, ils ne t’égalisent pas… Puis au pire, ce ne sera pas la première raclée que tu te prendras de ta vie ! Andrew sera là pour recoller les morceaux. Même si tu ne devrais pas tant en perdre que ça.

Ta fuite se déroule à merveille. Comme déjà dit plus haut, les gens normaux dorment à cette heure-ci. Alors est-ce que quelqu’un peut t’expliquer ce que cette jeune femme que tu viens de heurter fout dehors, dans ces rues sombres de Current River ? Tu ne veux pas faire de raccourcis trop rapides, mais à son air légèrement hébété, l’incapacité qu’elle a eu à se rattraper efficacement, et l’incompréhension qui marque son visage, tu devines facilement qu’elle n’a absolument rien compris de ce qu’il vient de se passer. Ou qu’elle est très bonne comédienne. Dans tous les cas, tu n’as pas le temps d’y réfléchir davantage. Les idiots bourrés de testostérones regagnent du terrain. Tu te baisses, l’aides à se relever et l’attrapes rapidement par le poignet, lui ordonnant en haussant davantage la voix que tu ne l’aurais voulu : « Cours ! »

Bordel, voilà que tu te retrouves à faire la baby sitter, mais tu ne veux pas prendre le risque qu’il la prenne comme nouvelle cible. T’en as marre que des gens souffrent à cause de toi. Tu viens de reprendre ta vie en main (à peu près, vu la situation dans laquelle tu te mets, tu comprends si cette phrase en fait sourire plus d’un, mais c’est ta vie… Et au fond, ce danger, tu crois que tu l’aimes bien. Il a un petit côté addictif… Et ce qui ne tue pas rend plus fort pas vrai ?) « Tu t’es perdue ? Ne fais pas de phrases trop longues, tu vas t’épuiser inutilement. »

Toi, tu t’en fiches, tu as l’habitude. Mais elle… Tu n’en sais rien, mais selon sa réponse, tu seras fixé.

C’est marrant comme, dans ce genre de situation, vous oubliez toutes les formalités de politesse qui existent. Tutoiement direct, pas bonjour, ni comment ça va, ni « Enfaite, mon prénom, c’est Ezequiel ! Mais tu peux aussi m’appeler le porteur de poisse, ça match super bien aussi ! » Nan puis, c’est trop long à dire, tu aurais probablement la flemme. Vraisemblablement, la mam’zelle n’est pas perdue.  Il ne faut pas que vous vous enfonciez trop profondément dans la ville, sinon, elle pourrait bien finir par l’être. Tu jettes un regard en arrière. Les colosses vous suivent de près, mais ne vous rattrapent pas. Ils continuent d’aboyer stupidement des paroles que tu n’entends même pas : ils s’épuisent tout seul ces cons. Ils te feraient presque de la peine, tu devrais leur donner encore quelques leçons ! Les premières minutes sont gratuites, et ce sont les prix que tu offres aux personnes particulièrement stupides et inaptes aux courses poursuites. Ils ne t’auront pas sur l’endurance. T’es un véritable monstre là-dessus. Probablement un peu moins maintenant que tu as une compagne, mais ce n’est pas dramatique… Vous vous en sortirez, tu y crois : « Booof, non, de p’tites chamailleries~ Ils sont particulièrement susceptibles, de vrais gamins à l’égo particulièrement fragiles ! »  

Tu lâches un petit rire. Pour une fois, tu n’as pas parlé trop fort, tu as fait en sorte de ne pas les énerver davantage. Mieux vaut prévenir que guérir : l’adrénaline fait faire de véritables folies à l’humain de temps à autre, et tu ne veux pas que l’un d’eux se sentent soudainement poussé des ailes. Ce serait vraiment ennuyeux. Tu attrapes une nouvelle fois le poignet de la jeune femme et tournes vraiment au dernier moment, en espérant que l’élan que les hommes ont vous permettra de gagner quelques secondes précieuses. Bingo : ils se sont arrêtés trop tard, le temps qu’ils comprennent, vous avez gagnés du terrain. Endurante la p’tite ! Tu lui lances un grand sourire, étonnant comme première rencontre…

Et tu ne peux t’empêcher de penser à Kaela. Elle aussi a eu la joie de découvrir ta vie de mafieux dès la première rencontre, même si le contexte de base est totalement différent… Quoi que, dans les deux cas, tu leur es rentré dedans ! A la différence que c’est bien plus littéral avec… Tu n’en sais rien, tu ne connais pas son prénom. Puis, la collision avec Kaela était voulue… Tu l’as clairement dragué d’entrer de jeu, tu n’as jamais cherché à le lui cacher. C’était un date. Un date qui s’est très bien terminé, malgré les petits dérangements. Elle te manque. Tu lui enverras un message si tu sors en un seul morceau de cette altercation digne des plus grandes cours de récrée de maternels.  

N'empêche, ils ont vraiment un égo de merde pour se frustrer pour deux petits traits d’eye liner, tu aurais limite de la peine pour eux, vraiment. Leur vie doit être ultra compliquée à vivre si même quelque chose d’aussi banal les pique. Puis, t’as pas ton arme sur toi en plus. Ouais, ça n’a rien à voir, et il n’y a pas de transition, et alors ? Remarque, eux non plus, ils vous auraient liquidés depuis longtemps sinon. Tu as rapidement vu le genre, et tu sais d’or et déjà qu’ils doivent avoir beaucoup de mal à connecter les quelques neurones survivants dans leur grosse boite crânienne. Ils ne se rendent pas spécialement compte que ce n’est pas spécialement cool pour eux de tirer sur des gens en pleine nuit, ils ont bien plus à perdre qu’à gagner. M’enfin bon, personne ne s’est pris de balles pour l’instant, c’est que vous vous en sortez relativement bien : « J’espère que t’avais rien de prévu ce soir, ils ont l’air d’être de véritables acharnés ! »  

Un nouveau coup d’œil par-dessus l’épaule. C’est qu’ils ne lâchent pas l’affaire. Il accélère un peu, conservant une petite part de son attention sur la jeune femme. Elle tient bien. Elle doit être sportive. Même si, avec le temps, il a appris à se méfier des plus endurantes… ça cache des choses louches de temps à autre. Genre des détectives un peu trop suicidaire mais incroyablement tenace. Hein frangine ? Elle te serait d’une grande aide à l’heure actuelle d’ailleurs… Tu n’aurais pas à fuir comme un imbécile. Si l’italienne n’avait pas été là, tu te serais déjà arrêté. C’est le seul moyen pour toi d’estimer la puissance physique de ces hommes. Mais elle pourrait être un dommage collatéral. C’est une faiblesse. Et tu ne veux prendre aucun risque supplémentaire. « Certain ! »

C’est vrai quoi, à l’échelle des Bones, ce ne sont que de futiles bagarres de cours de récré, rien de plus. Même toi, tu as connu bien pire que ces boules de testostérones ambulantes…Ton mentor te tuerait s’il te voyait fuir comme une fillette. Il préfère de très loin te récupérer dans un état lamentable que de te voir échapper à ton destin. Bordel, mais pourquoi dès que l’adrénaline monte, tu t’fais ta p’tite réunion de famille dans ta tête ? Aucune idée. D’une certaine manière, tu règles tes comptes… M’enfin bref. La femme. « Une fois que nous sortons de cette merde, j’te promet de te payer un verre pour compenser un peu ! »

Tu lui envoies un sourire rayonnant. Bien trop rayonnant pour la situation d’ailleurs. T’es bien trop habitué à ça Ezequiel, c’en est flippant. Un nouveau coup d’œil : « J’ai une excellente nouvelle, ils s’épuisent ! Mais si on veut être sûr de leur échapper, j’ai peut-être une solution… Tu vois l’escalier là-bas ? Tu penses pouvoir sauter suffisamment haut pour pouvoir y accéder ? Je peux te donner une légère impulsion, mais il va falloir être vraiment rapide ! »

Un escalier de secours. Vous n’aurez clairement pas le temps de le descendre pour y accéder correctement. Puis vu la masse de vos poursuivants, avant qu’ils n’arrivent à y monter, vous aurez eu le temps de vous enfuir.