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Encore un verre ?!

Ezequiel Curtis
Ezequiel Curtis
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Encore un verre ?! - Page 4 Empty # Jeu 30 Déc 2021 - 0:36
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Encore un verre ?!


Tu souris. Elle n'est pas prête à la question que tu vas lui poser. Tu le sais. Tu le sens. Et ça ne t'étonnerait pas qu'elle n'arrive pas à te donner de réponses, parce qu'elle n'en a probablement pas. Enfin, c'est ce que tu dirais si tu n'étais pas dans le domaine de la prostitution. Tu t'es vite rendu compte que ceux qui avaient les airs les plus innocents sont parfois ceux qui en ont fait le plus. Ne jamais se fier aux apparences.

Tu tapotes des doigts sur la table, et la regardes simplement. Sa sentence va bientôt tomber. Et force est de l'avouer, tu t'en fous de la réponse. Tu es juste quasiment certain qu'elle ne s'y attendra pas, et que ça la déstabilisera. Même toi, tu aurais vaciller pendant quelques secondes...

Tu pousses le jeu à son paroxysme, vous jouez tous les deux sur un terrain dangereux. Tu espères qu'elle ne s'imaginera pas de choses étranges après cette question. Aussi bizarre que ça puisse paraitre, tu vas la poser sans arrières pensées. Après tout, il faudrait que ce sujet soit un petit peu moins tabou.

"Kaela... Dis-moi tout, as-tu des fantasmes ?"

Tu prends une gorgée de cette douce boisson qu'est la bière. Tu as confiance en elle : elle ne partira pas en courant. Elle s'est engagée dans ce jeu, et tu as dit que tous les coups étaient permis.

Ouais. Tu as peur de lui faire peur. Lui poser cette question t'a clairement mis mal à l'aise. Tu fais ça pour le beau jeu, pour la surprise. En même temps, tout est correct... Tu as posé une question qu'on ne pose habituellement pas durant un premier date. Tu tentes tant bien que mal de te rassurer.

Le beau jeu, Ezequiel. Le beau jeu.

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Kaela Roy
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Encore un verre ?! - Page 4 Empty # Jeu 30 Déc 2021 - 15:36
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Elle avait beau être impatiente, il fallait qu’elle mange. La jeune femme le quitta des yeux et commença à découper son feuilleté. Elle avait à peine manger et, pour tout dire, elle n’avait pas faim. Mais malgré cela, elle devait reconnaitre que son plat était une merveille pour les papilles. Elle prit une bouchée et releva son regard vers la fenêtre.

La nuit se faisait de plus en plus sombre et les gens s’approchant n’étaient que des silhouettes sans visages. Seuls les autres clients présents sur le pas de la porte du bar était discernable. Un peu plus loin, un homme de dos, au téléphone, ne semblait pas d’aussi bonne humeur que ses voisins. Il gesticulait et avait l’air profondément agacé.

Kaela eu un petit sourire, lui souhaitant silencieusement que les choses s’améliorent pour lui ce soir. Sur le moment, elle aurait souhaité ça à n’importe qui. Elle se sentait bien, presque sereine, et pourtant c’était rare qu’elle le soit. Elle se servit une nouvelle bouchée silencieusement, jetant un regard vers Ezéquiel.

Il avait cet air malicieux, ce sourire amusé et cette lueur dans le regard qui en disaient longs sur la question qu’il lui avait préparée. Elle le regardait avec curiosité, ne voyant pas ce qu’il pourrait lui demander qui justifie une telle expression. Elle avait déjà refusé de répondre à la question. Il n’y avait rien de pire à ses yeux.

Kaela se pensait plus calme qu’elle ne l’était réellement, et sa difficulté à avaler sa bouché la mis face à son appréhension. Elle ne pouvait pas le nier, il avait un truc à demander et elle sentait qu’elle allait y passer à nouveau – même si elle ne voulait pas se l’admettre. Elle allait boire quand la question tomba. Son mouvement s’arrêta net, le verre était presque à sa bouche. Ses yeux s’agrandirent et ses joues s’empourprèrent. Lentement, elle apporta le contenant contre ses lèvre et but une plus grosse gorgée que celle initialement prévue.

Quand elle retira sa bière de devant son visage, elle n’avait pas retrouvé sa couleur naturelle ni sa capacité à réfléchir. Kaela revenait en arrière : il y avait pire comme question que demander à savoir son secret. Elle avait presque envie de rire tant elle se trouvait ridicule. Elle n’en fit rien, essayant tant bien que mal de se concentrer sur sa réponse.

Fantasmes.
t h i n k.


Elle reprit une fourchette de son feuilleté, faisant mine de réfléchir. Ses iris allèrent se planter dans ceux d’Ez pour quelques secondes, puis elle laissa son regard divaguer sur lui, observant plus en détail son apparence. Elle cherchait sa réponse sur lui, dans les petites observations qu’elle faisait. Une mèche rebelle, un pli de chemise, le reflet de la lumière sur la peau blanche de sa main. Elle ne se rendait sûrement pas compte de l’intensité présente dans ses prunelles grises, laissant ses pensées vagabonder.

C’était la technique qu’elle venait de trouver : se concentrer sur autre chose, laisser ses pensées libres, et attendre que la réponse lui vienne petit à petit. Elle posa la fourchette sur son assiette, n’ayant finalement pas mangé son contenu. Elle n’avait vraiment pas faim ce soir. Un sourire joueur réapparu sur son visage. La réponse était venue, elle savait ce qu’elle allait lui répondre. Elle entrouvrit ses lèvres pour parler, prenant une petite inspiration, avant de se raviser. Créer de l’attente. C’était presque volontaire, elle allait répondre, mais elle avait quelque chose à faire avant et n’hésiterait pas à le laisser poireauter en attendant.

« Si tu veux bien m’excuser, je reviens. »

Elle n’avait pas réussi à garder un ton calme, son amusement avait résonné dans sa voix. Elle s’était exprimée en se levant doucement et le laissa là, tout seul, sans réponse. Arrivée dans les toilettes du bar, elle souffla. Elle avait arrêté de respirer en partant de leur table et ne s’en était pas rendu compte.

Pourquoi est-ce que la bière était si diurétique ? Elle n’en savait rien, mais cela la forçait à prendre une pause. Ici, c’était plus silencieux, le brouhaha était étouffé par la lourde porte. Elle se lavait les mains en regardant son reflet. Kae jouait, mais elle savait qu’elle aurait du mal à exprimer sa réponse. Elle respira longuement à nouveau après avoir sécher ses mains. Elle essuya une trace de mascara sur sa paupière et poussa la porte.

Le bruit envahissait ses oreilles, prenant d’assaut ses tympans sans répit. Ses yeux trouvèrent Ezéquiel et elle se concentra sur lui, le rejoindre. Son cœur battait de plus en plus vite. Pourquoi avait-il demandé ça aussi ? Son secret, elle ne pouvait pas le dire. Le gage était inévitable. Mais là, il était hors de question qu’elle le laisse gagner à nouveau. Elle souriait doucement. L’effet qu’il avait sur elle était inhabituel. Jamais elle n’avait vécu ça auparavant.

Le flux de pensées fut interrompu par quelqu’un. Une main avait attrapé son bras, brisant sa concentration, attirant son attention. La poigne était forte, le mouvement rapide et violent. Elle se retrouva face à un homme qu’elle ne connaissait pas même s’il lui disait vaguement quelque chose. Il tournait le dos à Ez. Il était entre eux.

Kaela était sur ses gardes. Au début, elle s’est dit que c’était sûrement un mec un peu trop bourré qui l’a vue passer et voulait lui parler. Le souci avec cette théorie, c’est que son interlocuteur ne sentait pas l’alcool, n’avait pas de verre et avait l’air assez énervé. Elle tenta de dégager son bras mais il la tenait fermement, s’approchant d’elle. Il était trop près, sa bouche au niveau de l’oreille percée de la jeune femme. Elle sentait son odeur, mélange de parfum bon marché et de sueur, sa chaleur, son souffle. Il envahissait son espace, et elle, elle luttait contre elle-même. Personne ne pouvait voir les yeux de la bâtarde changer de couleurs rapidement.

« Tu l’as payé combien pour qu’il passe la soirée avec toi alors qu’il devait faire la pute avec l’autre client relou ?! » Le type avait parlé avec une voix rauque et un ton énervé, chuchotant fort pour ne pas trop attirer l’attention.

Kae recula sa tête, un sourcil levé. Elle tenta un coup d’œil vers Ez mais elle ne le voyait pas à cause de la carrure de son interlocuteur. Elle n’avait aucune idée de ce dont il parlait, mais elle savait où elle l’avait vu. C’était l’homme au téléphone qui était énervé. L’homme auquel elle avait souhaité une bonne soirée. Elle retira toutes les bonnes choses qu’elle avait pu vouloir pour lui.

Etonnement, ses paroles avaient aidé la bâtarde à se stabiliser. C’était sa soirée de questions étranges et le date le plus improbable de sa vie, et elle irait presque à se demander si Ezéquiel ne lui faisait pas une blague en payant un gars random du bar pour la déstabiliser. Elle se doutait que non, et ça aurait été osé de sa part de faire une telle blague mais surtout, son date était et restait un bones.

Kaela n’avait pas switch, mais c’était tout comme. Elle était agaçée, son bras lui faisait mal et elle se sentait agressée. Ils se fixaient du regard, créant presque des étincelles dans l’air. Tout c’était passé si vite. De sa main libre, elle attrapa le coude de l’homme. Elle ne savait pas se battre, certes, mais ses connaissances anatomiques étaient un gros avantage. Elle savait, sans même regarder, où placer ses doigts. Elle appuya avec plus de force que nécessaire - prenant sa petite vengeance personnelle au passage – et siffla dans son oreille, un sourire carnassier aux lèvres :

« Zero. Je n’ai pas besoin de payer, il a même annulé pour moi. »

Il avait lâché son bras, mais la réciproque n’était pas vraie. Il grimaçait et se pliait lentement de douleur, essayant d’enlever la main de Kaela de son nerf compressé. Mais, étrangement, elle était plus forte que lui. Derrière la carrure imposante de l’inconnu se trouvait Ezéquiel, elle lui sourit victorieusement en le voyant, devenant tout de suite plus calme. Elle lâcha l’homme qui l’insultait copieusement depuis quelques instants et se dirigea vers son date en lâchant d’une voix amusée :

« Je pense qu’on devrai y aller. »


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Elle s’empourpre, ce qui te tire un énième sourire. Tu sais jouer sur les cordes sensibles. Tu sais les trouver, et les faire vibrer. Tu es quasiment imbattable à ce petit jeu, et tu le sais. Tu es dans une de tes zones de confort. C’est un peu traitre de ta part, mais elle le sait. Tu ne lui as pas caché, tu lui as dit d’entrée de jeu, en lui laissant le choix. C’est elle qui a bien voulu jouer avec toi : il faut assumer maintenant. Tu as sauté beaucoup d’étapes. Tu n’as pas pris le temps, tu as fait en sorte que le jeu soit rapide, pour ne pas trop lui laisser le temps de réfléchir. Les seuls moments où tu as fait durer le suspense, c’est quand tu t’apprêtais à lui poser une question, ou un gage. Ce qui est aussi un choix stratégique : la pression. Lui faire perdre ses moyens, pour que tu puisses circuler sur le terrain sans trop d’encombre. La preuve : elle a gagné un combat de regard, mais elle ne t’a pas encore fait tomber. Elle n’a pas encore eu l’opportunité de te poser un gage. Tu as une petite longueur d’avance sur elle, c’est du moins l’impression que tu as.

Elle finit par se reprendre, et te demande quelques instants de répit. Tu te contentes simplement d’acquiescer. Tu ne sais pas trop quel est le but de cette manœuvre. Elle t’aurait dérangé si elle l’avait fait lorsque c’était à son tour de poser une question, mais c’est toi le maitre du jeu à l’heure actuelle, alors bon… Sinon, elle a simplement envie de se soulager, ce qui est aussi une hypothèse. Tu vas toujours chercher trop loin, mais le sourire qu’elle t’a lancé avant de partir était trop malicieux pour que ce ne soit pas une démarche ayant un but précis. Ton regard se perd à l’extérieur, tandis que tu entends les pas discrets de la jeune femme s’éloigner, et se confondre dans le brouhaha ambiant. Tu es un drôle de bout d’homme, c’est étonnant qu’elle accepte encore de te faire face. Beaucoup aurait déjà fui, surtout qu’elle a déjà conscience que tu fais partie d’un réseau mafieux. C’est largement suffisant comme raison de mettre fin à un date. C’est une amie de ta sœur, elle est probablement aussi suicidaire qu’elle. Tu vas finir par croire que c’est lié aux études scientifiques.

Ton regard s’arrête sur un chat qui passe sur un petit muret accolé au petit bar. Il s’étire, puis s’assoit, et te regarde. C’est ainsi que tu as débuté un duel de regard passionnant avec un félin dont seuls les deux pupilles dénotent. Elles sont couleurs ambre, il est calme. Il baille : quoi, tu l’ennuies ? C’est que tu serais presque vexé, dis donc. Pourtant, il reste là, assis. Il ne veut probablement par perdre. Si tu étais superstitieux, tu aurais eu peur d’un mauvais présage. Tu ne comprendras jamais pourquoi certaines personnes craignent uniquement les chats noirs, mais pas des autres chats. Toi, tu les détestes tous, tu ne fais pas d’exception. Tu ne les comprends pas, tu as l’impression qu’ils te veulent du mal. C’est peut-être ridicule, mais vous avez vu le regard qu’il vous porte quand vous vous affairez à faire quelque chose ? Ils ne vous font réellement pas peur ? Des fils de Satan, tu ne vois pas ce que ça peut être d’autres. Des rejetons du Diable. Toi qui es si pur et angélique, il est tout à fait normal que les liens que tu entretiens avec eux sont un peu compliqués.

Tu te mets à rire tout seul. Voilà que tu dissertes sur l’affection que tu portes à ces animaux. Tu ne sais vraiment pas comment passer le temps en l’absence de Kaela, pourtant, tu es habitué à la solitude, tu passes plus de temps avec elle qu’avec ta sœur. Tu sais t’occuper, et tu n’es pas en guerre avec l’ennui. Ce sentiment n’est pas spécialement agréable, mais tu ne le détestes pas non plus. C’est… neutre. Les pensées qui peuvent t’habiter quand tu t’ennuies sont souvent davantage pertinentes que celles que tu as lorsque tu es actif, que tu occupes ton esprit. Oui, tu aimes être seul. Tu aimes n’être accompagné que ta personne. Tu es sûrement ton plus grand danger, une véritable bombe à retardement. Tu préfères exploser dans ton coin plutôt que d’emporter le peu de proches que tu as avec toi. Quoique, tu acceptes qu’Orpheus soit à tes côtés lorsque la bombe se déclenchera, c’est bien le seul pour lequel tu n’auras aucune pitié. Ce ne sera qu’un accident, de toute façon. Il n’avait qu’à pas s’approcher aussi près, il n’aurait eu aucunes séquelles. Ces pensées te font sourire. Tu ne sais pas réellement ce qui te dégoute autant chez lui, mais il y a quelque chose de pas net, que tu ne saurais pas expliquer.

Une voix, que tu connais que trop bien te tire de tes pensées. Tu te retournes aussitôt, laissant ce chat de malheur gagner votre petit duel. Ses cheveux bruns en épi, ses larges épaules, ses iris noirs qui se plantent dans les tiens lorsqu’il se retourne. Gregory. Comment est-il remonté jusqu’à toi ? En tout cas, les doigts fins de Kaela semblent l’avoir énervé. Il continue de se tenir maladroitement la main. Gregory ne se salit jamais les mains, il est faible, et ne s’attaque qu’à ceux qu’il estime être des minables. Tu ne fais pas partie de cette catégorie, il profite juste de son statut pour avoir le dessus sur toi. Puis, tu trouves bien plus amusant de lui lancer des pics. Le frapper ne mènerait à rien, il ne serait plus en mesure de beugler comme un idiot, et c’est ce qui t’amuse le plus. Excepté lorsque ses insultes sont dirigées contre Kaela, comme c’est le cas actuellement. Elle arrive à ta hauteur, tu inspectes son visage : elle est amusée par la situation. Etrange phénomène, ce bout de femme… Il te semble reconnaitre ici les cicatrices d’une enfance difficile. C’est peut-être pour cela que vous vous entendez si bien, te vois-tu un petit peu dans ses yeux ? Cet évènement te donne encore plus envie de connaitre les tenants et les aboutissants de son plus grand secret. Tu es pratiquement certain que ça a un lien avec le fait qu’elle ait réussi à maitriser Gregory, sans aucun mal. Et elle l’a vraiment piquée dans son égo. Le tout maintenant, c’est de masquer ton inquiétude. Elle reste face à un bones, et ça ne t’étonnerait pas réellement que des hommes de mains se cachent dans les ruelles que vous allez parcourir. Ce n’est pas vraiment le genre de Gregory de venir seul, c’est vraiment une petite tapette assoiffée de pouvoir, qui reste incapable de maitriser ses petits pions. Si un jour, tu viens à apprendre que son corps est retrouvé inanimé dans un caniveau, tu ne seras pas réellement surpris. Les faibles sont des cibles à éliminer chez les bones. Son poste n’est pas spécialement convoitable, pour être tout à fait honnête, tu ne risquerais pas ta vie si tu venais à lui désobéir. Il ne pourrait rien faire contre toi, la preuve, tu es avec Kaela ce soir. Et tout ce qu’il est capable de faire, c’est venir vous faire chier dans un petit bar.

Ça te tire un sourire. Tu te lèves, enfiles ton manteau, et laisses la monnaie sur la table. Tu fourres tes mains dans ton manteau, et lâches un regard glacial au bones qui vous fait face.

« Décidément, encore un point commun, je pense exactement la même chose ! »

Tu adresses un petit signe de la main taquin à Gregory, qui continue à fulminer dans son coin. Un pourri gâté, c’est réellement comme ça que tu le vois. Vous franchissez le palier de la porte sans encombre, et tu regardes autour de toi. Tu reconnais certains hommes. Tu murmures entre tes dents :

« Il n’est pas venu seul. Gregory a toujours été une tafiole. Mais il arrive à me décevoir systématiquement. Je ne m’attends à rien, mais il arrive toujours à me décevoir. Tu apprécies l’action, les courses poursuites ? C’est ce que je te propose pour notre premier date~ »


Tu lui as promis un jeu dangereux, celui-là a le mérite de l’être. L’adrénaline prend doucement le pas sur l’angoisse. Tu n’as pas le temps de réfléchir aux répercussions que cette rencontre entre Gregory et Kaela peut avoir. Il faut vous sortir de cette situation. Les mains toujours dans les poches, un grand sourire accroché tes lèvres, tu tournes à droite. Ils vont vous suivre, attendre le moment propice pour attaquer. Tu ne leur laisseras pas cette opportunité. Tu entends Gregory sortir en trombe du petit restaurant. Il braille toujours.

« Tu l’as vraiment piqué dans son égo Kae, faudra que tu m’apprennes. »

Tu jettes un regard par-dessus ton épaule. Il est donc accompagné par deux hommes. Tu ne le comptes pas dans les potentiels adversaires : il ne cherchera pas réellement à se battre. A ce rythme-là, dans quelques minutes, il est à votre niveau.

« Kaela. Tu veux qu’on fasse quoi ? Voyons tout cela comme un jeu. J’adore ceux qui sont à choix multiples personnellement. »


Le regard que tu lui lances est plein de malice. Tu ne risques rien au niveau de ton poste chez les bones, alors ça ne te dérange pas de jouer un petit peu. Ils ont déjà identifié Kaela de toute façon. Il faut juste que vous alliez vous mettre à l’abris chez toi. Eviter qu’ils connaissent l’endroit où elle habite, même s’ils vont franchement en avoir rien à foutre de sa gueule. Ils sont là pour toi, ils ne s’attaqueront pas à elle.


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Encore un verre ?! - Page 4 Empty # Jeu 30 Déc 2021 - 17:47
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Kaela secoua son bras en le frottant rapidement, faisant partir la sensation désagréable que la poigne de l’homme avait laissée sur elle. Ce dernier continuait de pestiférer, visiblement elle aurait mal moins longtemps que lui. Elle n’avait pas le temps de voir s’il lui avait fait un bleu ou non, il fallait s’en aller.

Son regard parcouru le visage d’Ezéquiel. Il connaissait visiblement son agresseur, et n’avait pas l’air de l’apprécier. Mais ce que Kaela regardait, c’était sa bouche. Peu importe ce qu’il trahissait comme émotion, elle remarquait qu’elle adorait le voir sourire. Mais elle n’avait pas le temps de l’admirer, elle avait compris que la présence de cet homme dans le bar était due au fait qu’Ez était un bones et, par conséquent, elle s’était mise l’un d’entre eux à dos.

Mais elle souriait. Elle attrapa sa veste rapidement et regarda sa bière avec une légère pointe de tristesse. Pas le temps de finir, tant pis. Elle s’étonnait elle-même, ce n’était pas ses réactions habituelles. Le mélange d’adrénaline et d’alcool la détendait. Elle n’avait pas assez bu pour perdre ses moyens et sa raison. Leur jeu l’avait aussi poussé dans cet état mental particulier.

Et son sourire grandit quand elle vit Ezéquiel narguer le prénommé Grégory d’un geste de la main. Elle lui lança un regard. Leurs yeux se rencontrèrent à nouveau, et les iris grises furent traversées d’un reflet rouge ; les noirs, elles, d’une lueur de confusion et peut-être même de peur ? Et la porte se referma derrière elle. L’air était frais mais elle n’avait pas froid. Kaela suivait Ez, un peu en retrait. Il avait l’air de savoir où il allait, du moins pour l’instant.

« J’aimerai bien peg un mec, un jour. »

Ce n’était pas ce qu’elle avait prévu de dire, mais c’est ce qu’elle avait répondu d’un ton nonchalant. Elle aurait pu attendre avant de répondre à cette question, voire même y échapper, mais elle trouvait ça bien plus drôle de le faire maintenant. Serait-il déstabilisé ? C’était le but.

Kaela enfila sa veste, elle ne voulait pas avoir à la tenir s’ils devaient courir. Elle avait écouté ses paroles sans trop y réfléchir. Il voulait qu’il lui apprenne quoi ? L’anatomie humaine ? Elle souriait encore plus, amusée par ses propres pensées. L’alcool avait peut-être pris le dessus de sa raison, finalement.

« Je sais pas me battre, mais je cours vite, j’ai de la force, et je connais très bien le corps humain, donc je peux quand même me débrouiller. » Elle souriait, mais ne savait pas vraiment dans quelle direction se diriger. Chez elle ? Chez lui ? Elle ne savait pas où il vivait. Elle commençait à sentir l’angoisse monter légèrement. Au fond d’elle, elle était plus inquiète pour lui qu’elle ne l’était pour sa propre santé. Si elle courait à fond, ils seraient semés en même pas 2 secondes. Mais elle ne ferait pas ça devant un humain. Courir à fond, ce n’était qu’en étant seule. Et puis honnêtement ? Ils avaient pas l’air incroyablement dégourdis.

« En tout cas, ce date restera gravé dans ma mémoire pour toujours. » Il te reste moins de 4 ans. Pensée intrusive. Ses yeux devinrent sombres avant qu’elle n’ait le temps de chasser l’idée. Les bruits de pas se rapprochaient d’eux et elle, elle regardait le visage d’Ezéquiel.

« Tu veux aller où ? » lui demanda-t-elle doucement, le regardant avec tendresse.

Elle n’en avait pas l’air, mais fixer Ez lui permettait de se concentrer. Elle écoutait, elle ressentait. Il n’y avait pas de surnaturels proches d’eux, seulement les 3 hommes qui arrivaient, dont un avait toujours une main sur son bras.


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Encore un verre ?! - Page 4 Empty # Ven 7 Jan 2022 - 21:19
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Tu lances un coup d'oeil derrière toi, et continues d'accélérer le pas. Tu ne connais vraiment pas les capacités de ses gardes du corps. C'est un petit bones au niveau de la hiérarchie, ils ne leur ont clairement pas donné les couteaux les plus aiguisés du tiroir. L'enfant que tu étais les aurait probablement semé sans trop de soucis, mais tu préfères les sur estimer, pour ne pas commettre d'erreurs qui peuvent être très compromettantes. La réponse de Kaela te surpris. Elle gagne un point.

"Vous avez toqué à la bonne porte mam'zelle."

Tu lâches un petit ricanement. Tu es relativement décontracté, juste agacé à l'idée qu'ils aient vu Kaela. Mais elle a l'air de se débrouiller, et tu sais que Gregory ne retiendra pas ses traits, il a déjà du mal à te reconnaitre... Alors que, pour le coup, c'est compliqué d'oublier ta tronche. Encore un coup d'oeil en arrière : ils gardent la distance pour l'instant. La rue est trop éclairée, et il y a encore trop de populations. Ils attendent sûrement que vous vous engouffriez dans de petites ruelles pour passer à l'action. Une action intelligente, probablement pas dirigée par Gregory.

"Bienvenue dans mon monde Kaela. Dirigé par de vieux dégueulasses qui ont du mal à connecter leur neurones et qui ne sont rien sans leur bras droit. Au moins, tu vois mon quotidien directement. Cela ne donne pas envie, mais parfois, c'est amusant ! "

Il va bientôt falloir tourner. Vous pouvez faire un grand détour pour rester dans les chemins éclairés, mais très franchement, ce serait tout aussi dangereux que d'emprunter les petites ruelles. Sur le long terme, tu ne sais pas à quelle point les rues sont remplies : vous pourriez vous retrouver dans une situation délicate, et bien trop loin de ton appartement.

"Je ne suis pas prêt de l'oublier non plus... On va chez moi, je ne veux pas les conduire jusqu'à chez toi, je préfère rester prudent."

Tu lui souris, puis saisis sa main, et t'engouffres dans une petite ruelle. Tu entends rapidement les pas de vos poursuivants s'accélérer, et se rapprocher de vous. Tu lâches un rire, et accélères. Fuir. C'est ce que tu as fait toute ta vie. C'est ce que tu as appris pendant ton enfance : fuir quand on te chopait en train de voler pour que ta soeur et toi puissiez manger convenablement. Fuir les autorités. Fuir, toujours fuir.

Coup d'oeil en arrière. Ils sont moins proches que tu ne le pensais.

"Ils ne tireront pas. Je suis une marchandise trop précieuse. Cela sert au final de lécher les bottes, il y a des résultats sur le long terme."

Ils comptent simplement vous rattraper. Vous allez vous en sortir sans trop de dégât.
Enfin, ça, c'est jusqu'à qu'un homme apparaisse calmement juste devant vous, effaçant aussitôt ton sourire. Tu stoppes la course aussitôt. Lui, c'est un problème. Il ricane, et retire doucement ses lunettes.

"Tu m'as manqué, Ezequiel, tu aurais dû rester sur les routes éclairées. Erreur de stratégie. Prévisible, chaton."

Tu serres les dents, sans répondre à ses provocations. Arthus. C'est aussi une prostituée, au passé un petit peu douteux. Vous êtes quasiment à égalité niveau force physique. C'est aussi un homme blessé, qui a plus ou moins grandit dans les rues, à croire que c'est un critère de recrutement des bones.

"On t'a coupé la langue ? Tu ne nous présentes pas ?"

Tu regardes Kaela, et reprends un sourire, joueur.

"Pardonne-moi. Kae, je te présente Arthus. Arthus, tu n'auras rien de plus que son surnom. Estime-toi heureux. Arthus est une personne frustrée de ne pas avoir pu m'enculer, il l'a mal vécu, il fait tout pour me pourrir la vie depuis."

Il lâche un rire en s'approchant doucement de vous, gardant pour l'instant une distance de sécurité respectable.

"C'est en effet plus ou moins cela... C'est quand même très résumé, c'en est presque vexant ! Ecoute, Kae, tu peux partir si tu veux. Tu n'as rien à voir avec cela, et je t'assure que tu ne préfères pas voir ça ma biche, alors file."

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Son visage s’éclaircit d’un grand sourire. S’ils s’en sortaient – ou plutôt : quand ils s’en sortiraient, elle pourrait peut-être réaliser son fantasme. Ils n’en étaient pas encore là, évidemment, mais la porte n’était pas fermée. Ezéquiel avait l’air de cacher bien d’autres surprises et elle avait hâte de tout découvrir. Elle était impatiente. Il avait piqué sa curiosité et sûrement plus qu’elle ne se l’admettait.

« Je savais pas que tu offrais des stages de découverte chez les Bones dès le premier soir. J’ai bien fait de venir en jean et en docs. »

Toujours un sourire. Et toujours aux aguets. Comment expliquer ce qu’elle ressentait à l’instant ? Kaela n’avait jamais été dans ce genre de situation. Elle n’avait jamais pris ce genre de risques, tout était toujours calculer. Faire profil bas pour vivre normalement. Elle ne pouvait pas dire si le jeu qu’ils avaient commencé influençait le fait qu’elle appréciait l’action et le danger de la situation. Elle ne savait pas où ils allaient, ni combien de personne était à leur trousse ; mais savoir qu’il n’y avait aucun surnaturel dans les parages la rassurait grandement. Cela lui donnait ce sentiment de contrôle. Au pire, elle pouvait toujours le porter et courir, laissant tout le monde derrière. Les conséquences seraient compliquées à gérer, mais au pire, elle pouvait utiliser ça.

« Avoue t’as tout prévu pour pouvoir ramener ton date chez toi, tu fais ça à chaque fois ? » Elle lâcha sur un ton amusé, le tout accompagné d’un petit clin d’œil. S’il faisait vraiment ça, elle prendrait sûrement la porte de sortie. C’était tordu de vouloir jouer les héros en engageant des gens pour créer une situation conflictuelle, et ce serait terrifiant de voir qu’Ez joue si bien son rôle. Mais l’idée était marrante, et elle voyait bien qu’il n’avait pas apprécier de croiser ces gens-là.

Le rythme est simple à suivre. Les hommes derrière ne sont pas si rapides. Même humaine, elle n’aurait pas été essoufflée. Elle courait bien trop souvent pour avoir si peu d’endurance. C’était étonnant qu’ils ne soient pas plus près. Quelque chose n’allait pas, elle le sentait. Son instinct sûrement – ou peut-être trop de séries policières l’influençaient et ils allaient s’en aller indemnes.

L’instinct avait raison. Kaela se stoppa une demi-seconde trop tard, se prenant le dos d’Ez en pleine face. Elle lâcha un petit soupir amusé, la situation était ridicule. La bâtarde observa la personne qui leur faisait face. L’homme était confiant, imbus de lui-même. Et Ez était tendu, elle le sentait dans leur main. Les pas des autres s’étaient arrêtés, les empêchant de faire demi-tour en bloquant la ruelle. Cependant, ils étaient suffisamment loin pour ne pas pouvoir intervenir rapidement – sûrement un ordre d’Arthus.

K s’était empêché de rire en écoutant la présentation d’Ez. C’était ridicule. Ça ressemblait un peu à présentation d’une nouvelle personne dans un groupe de soutien : « Arthus nous rejoint car il n’a pas réussi à surmonter son incapacité à enculer Ezéquiel » ; et les autres, tous en cœur : « Bonjour Arthus ». Non, il ne fallait pas rire. Mais c’était hilarant.

Son expression s’obscurcit légèrement. Son sourcil droit se leva. « Ma biche. » Elle le prenait personnellement et pour être honnête, elle ne le prenait pas bien. Elle détestait la condescendance qu’il avait, il pensait – à tort – qu’elle était une petite fille fragile et perdue dans un rencard ayant mal tourné. Il avait le mérite de lui offrir l’opportunité de partir. Mais elle n’en avait pas fini avec Ezéquiel pour ce soir.

Elle sourit à nouveau, de toutes ses dents. L’ombre dans ses yeux n’étaient que peu perceptible, les reflets démoniaques presque invisible. Il faut dire que cette ruelle était vraiment mal éclairée. K replaça sa main dans celle d’Ez, croisant leurs doigts entre eux. Il l’encrait dans la réalité et elle était sereine. L’adrénaline faisait des merveilles. Si ce n’était que ça.

« Je pense que j’ai tout à voir avec « ça », tu serai pas là ce soir sinon. » Elle marqua une pause, toujours souriante, toujours amusée. « Et je comprends ta frustration, perso il m’a déjà dit oui, mais si tu veux je pourrai te faire un débrief… Quoique, vu comment tu me traites, je sais pas si tu mérites que je perdes du temps à te parler. » Tant pis si Ez était gêné, mais voir le visage d’Arthus se décomposer était un plaisir qu’elle savoura.



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Ezequiel Curtis
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Encore un verre ?!


Tu as soudainement du mal à garder ton calme. Tu ne ressens ni colère, ni doute, ni peur. Non, c’est de l’amusement qui traverse ton regard, et te tires un rire discret. Elle l’a allumé, tu n’aurais pas aimé être à la place d’Arthus à ce moment précis. C’est marrant, ce n’est que votre premier date, mais vous voilà face à un de tes plus grands ennemis, main dans la main, à batailler ensemble. Tu sais comment ça va se finir, tu ne garderas pas ses doigts fins dans les tiens bien longtemps. Tu connais Arthus, ses méthodes. Ce n’est pas la première fois que tu es dans ce genre de situation, tant qu’il n’aura pas eu ce qu’il veut, il ne vous lâchera pas. Et il peut se montrer particulièrement collant. C’est d’ailleurs probablement lui qui t’a balancé.

Tu profites de sa mine déconfite. Tu l’as rarement vu dans cet état, serait-il surpris qu’elle ait autant de mordant ? Elle traine avec toi pourtant, il te connait un petit peu, il devrait savoir que pour te supporter réellement, il faut dans un premier temps, être un petit peu barge, de deux, avoir du tact. Il ne faut pas se laisser faire, tu ne choisis pas tes proches aléatoirement. Tu préfères d’abord juger de leur capacité à entrer ou non dans ton monde. Kaela en est tout à fait capable. Elle semble avoir en elle une force que tu ne peux même pas imaginer, ses yeux la dégage, son assurance. Même si elle est fausse, mais si ce n’est qu’apparence, ça fait son taf. Ça a presque cloué le bec de votre interlocuteur.

Tu oses enfin lâcher un rire, te mets à hauteur de la jeune femme, et poses une main contre sa joue. Il y a un petit peu de fierté dans ton regard, tu peux difficilement la dissimuler. Tu vas entrer dans son jeu. Ce que tu t’apprêtes à dire n’est pas significatif, c’est juste pour foutre la mort à Arthus davantage.

« Tu me laisses régler cette petite bagatelle, on rentre, et tu pourras lui faire ce petit débrief dès demain matin. »

Ton regard glisse jusqu’à l’homme, et ajoutes avec amusement :

« Et ce sera gratuit pour elle. »

Tu ponctues le tout d’un joli sourire. Puis, tu relâches la main menue de Kaela, et tu approches d’Arthus, qui finit par sortir du silence.

« Intéressante la minette Ez, bonne pioche. »

"Dommage pour toi du coup, je ne te laisserais pas l'approcher" Retorques-tu en le fusillant du regard.

Tu retires ta veste, la déposes soigneusement sur un rebord, et dévoiles tes bras. Ils sont parsemés de quelques blessures, due aux mauvais soins que tes parents t’ont administré. Tu passes tes mains dans tes cheveux, cherches à les dégager un maximum de tes yeux. Il faut que ta vision soit optimale, Arthus est aussi fort que toi, si ce n’est même plus sur certains points. Tu sais d’avance que tu n’arriveras pas à te concentrer uniquement sur ce qu’il va se passer. Tu ne peux t’empêcher de penser à ce début de soirée, et à ce qu’il va se passer par la suite. Tu te questionnes. Jusqu’où tout ça va aller ? Quand pourras-tu lui parler de tous les démons qui te hantent, qui ont marqué la quasi-totalité de ton corps ? Quand pourras-tu lui parler de tes craintes, celles de ressembler à ton père ? Être un mauvais ami, un mauvais frère, un mauvais petit ami. Être mauvais, c’est tout.

Encore une fois, c’est Arthus qui te tire de tes pensées. Tu es vraiment dissipé. Tu l’as toujours été, tu as toujours été dans les étoiles. Tu as de petits soucis d’attention, tu divagues facilement.

« Bon, ce que je vais dire compte autant pour les Bones qui sont quelques mètres plus loin que pour la jolie p’tite brune. Ma biche, ne te mêle pas de ce qu’il va se passer. Peu importe l’issu, quand l’un de nous deux tombera à terre, je vous laisserais tranquille. Ezequiel est habitué, ne t’en fais pas. »

Tout en lui sonne faux. Son sourire, sa voix, sa sympathie. Il a d’ailleurs bien appuyé le « ma biche » ayant probablement noté que ce petit surnom avait eu l’air de grandement l’agacée. Il remarque facilement ce genre de détails, c’est d’ailleurs peut-être pour cette raison qu’il s’est tu, qu’il n’a rien dit de spécifique après les provocations de Kaela. Il l’analysait, la détaillait précisément, cherchait à déterminer à quel point elle peut être dangereuse. Tu n’en as toi-même pas conscience, alors il peut toujours essayer.
Il te tend la main. Tu rajoutes :

« A la loyal, Arthus. »

Il se contente d’acquiescer. C’est un connard, mais il a des valeurs. S’il ne cherche pas trop à faire son intéressant face à cette inconnue qui a clairement attirer son attention. Tu espères vraiment qu’il ne va pas se mettre à lui courir après. Il peut vraiment être lourd, tu le sais que trop bien. Vos mains se joignent en une poignée vigoureuse. Dès que c’est fait, en un bond en arrière, tu prends une distance de sécurité. Il relève à son tour ses manches. Il regarde pendant quelques minutes le sol. Il se concentre. Lorsque ses yeux quittent le bitume, l’aura qu’il dégage a totalement changé. Ses yeux brillent d’une lueur toute nouvelle. La voilà, toute la haine qu’il ressent pour toi. C’est ce qui se dégage de son corps fin, c’est très proche d’une envie de meurtre pour être totalement honnête. Tu vas le laisser attaquer en premier, tu veux évaluer son état physique. Est-il fatigué ? A quel point Kaela l’a-t-elle mis en rogne ? Avec la colère, il peut faire des dingueries. Tu as rarement été aussi alerte. Il est imprévisible. Pour être tout à fait franc, tu détestes te battre contre lui. C’est encore plus compliqué que de descendre Andrew. Ton mentor, tu connais son schéma de pensées. Certains de ses gestes sont prévisibles, tu sais comment le déstabiliser, comment l’esquiver. Tu ne connais pas grand-chose de cet ennemi, d’autant plus qu’il semble changer de stratégie systématiquement.
Tout ce que tu sais, c’est que tu dois le laisser attaquer en premier, et te contenter d’esquiver. Il finit par bondir agilement à son tour, prend de nouveau ses appuis juste à côté de toi, et t’attaques de côté. Tu pares le coup, et lui décroches un premier poing, qui ne semble pas l’ébranler plus que ça. Vous partagez une résistance semblable aux coups qu’on peut vous asséner. Le passif fait que vous supportez plus qu’autrui. C’est pratique, excepté lorsque ton ennemi partage cette capacité.

Gregory hurle en arrière-plan, vous ordonnant d’épargner vos pauvres visages. Il est totalement con, les clients n’en ont rien à foutre de vos belles gueules. Puis, vous êtes déjà trop occupé sur votre petit duel pour prendre en compte ce qu’il se passe en dehors de votre petite bulle.

Ce n’est pas totalement vrai. Une partie de tes pensées ne veut pas quitter Kaela. Tu n’oses pas la regarder. Pas que tu aies honte : elle était au courant. Tu crains juste d’être trop déstabilisé, tu l’es déjà bien assez comme ça. Tu fais un pas en arrière, et jettes un rapide coup d’œil. Le mur est encore loin derrière toi, la ruelle est plus large que tu ne l’avais imaginée. Ta vision te joue vraiment des tours. Tu as un coup d’avance. Il te charge une nouvelle fois, tu l’évites de peu. Le timing est suffisamment serré pour que son poing rencontre tes lèvres. Tu sens le goût métallique du sang envahir ta bouche, tu passes rapidement ta main contre tes lèvres. Lorsque tu regardes ta main, tu y vois une petite trainée rouge

« Fais pas la gueule Ez, ça te rend encore plus sexy. Avec tes cheveux en batailles~ »


Maintenant qu’il te le dit, c’est vrai que tu ne vois plus grand-chose à travers le barrage que tes cheveux ont créé. Tu tires un beau sourire de ta poche, et réponds simplement :

« C’est gentil de penser à ça Arthus, la scène que je lui offrirai au lit après n’en sera que plus torride grâce à toi ! »

D’un geste bref de tête, tu désignes Kaela. Elle t’a donné une arme en lui lançant un pic tout à l’heure, elle n’imagine même pas à quel point elle a pu t’aider. Tu vas pouvoir forcer là-dessus, à fond. Comme le sale petit con que tu es~
Cette fois, tu prends les devants. Il faut que tu restes proche de lui, finis la distance de sécurité. Ce n’est pas que tu ne trouves pas cette petite scène amusante, mais tu aimerais finir ta soirée tranquillement avec Kaela.

Mauvaise stratégie. C’est ce qu’il semblait attendre, tu le comprends en voyant son pied balayer l’air, afin de rencontrer ton ventre violemment. Tu n’es vraiment pas concentré, c’est terrible. Même si la manière la plus simple de se débarrasser de lui, c’est de le laisser le plaisir de te vaincre. Dans des conditions normales, tu n’aurais probablement pas commis cette erreur de débutant. Andrew t’aurait éclaté s’il t’avait vu agir de la sorte. Tu veux juste en finir rapidement, et ce n’est pas en passant ton temps à esquiver pour établir la meilleure stratégie possible que tu y arriveras.

Tu vacilles sur quelques mètres, le goût du sang se faisant de plus en plus intense. Tu pousses un petit râle, esquives un coup, lui en assène un, plus maladroit qu’autre chose. Merde Ziel, reprends-toi. Un nouveau coup. Exactement au même endroit que le dernier, alors même que la douleur est toujours intense, te poussant un petit râle. Tu auras un vilain bleu. Tes gestes sont de plus en plus aléatoires, tu perds complètement le fil de tes pensées. Tu secoues la tête, dans l’espoir de reprendre ton sang-froid, mais c’est vraiment compliqué. Tu n’arrives pas à t’énerver, c’est compliqué de se battre quand tu n’en as absolument aucune envie.

Tu regardes derrière toi. Le mur. Il est proche maintenant. Il t’a fait reculer. Bon. C’est foutu. Oui, tu abandonnes vite. Même si c’est compliqué de dire ça alors même que tu n’as jamais réellement été motivé. Son pied rencontre une nouvelle fois ton ventre, il sait que tu as abandonné. Tous tes signaux corporels le hurlent. Ta tête heurte le mur, un filet de sang s’échappe de ta bouche. Tu t’effondres sur le sol, il t’assène quelques coups supplémentaires au niveau du ventre, encore une fois. C’est loyal de frapper un ennemi qui est à terre ? Tu n’en es pas sûr… Vous n’avez jamais établi ce genre de règles remarque. Il finit par se mettre à ta hauteur tandis que tu forces sur tes bras pour te remettre debout. Il saisit ta tignasse blanche, et te forces à le regarder dans les yeux. Il murmure alors doucement, de manière à être entendu de personne, en caressant doucement les lignes de ta mâchoire, et en essuyant un peu de sang du bout de ses doigts.

« Le souci avec toi Ezequiel, c’est que tu es trop gentil… »


Il sort un couteau de son manteau et le plaque contre ta gorge. Bon. Ça, tu en es sûr, ce n’est clairement pas loyal. Un rire t’échappe. Il a déjà gagné, il veut quoi de plus ?

« Tu as déjà tué quelqu’un Kaela ? Et toi, Ezequiel ? »

Son regard se braque en la direction de la jeune fille, sans attendre ta réponse. C’est elle qui veut descendre. Il veut lui mettre la pression. La voix de Gregory stoppe le petit jeu d’Arthus, lui ordonnant de te lâcher. Après quelques secondes, ses doigts relâchent tes pauvres mèches dans un soupir. De tes bras tremblants, tu t’assois contre le mur. Il n’y est pas allé de mains mortes… Contrairement à toi. Tu sais que cette victoire lui laissera un goût amer en bouche, suffisamment pour qu’il ne s’en réjouisse pas. Il s’éloigne, ne manquant pas d’adresser un signe de la main à Kaela.

« On se recroisera, ma biche~ »

Ils disparaissent dans l’angle de la rue, tu peux enfin laisser libre cours à… ta souffrance. Tu grimaces, et poses une main contre ton ventre endoloris. Tu poses ta tête contre le mur, observant la faible lumière qu’émette les quelques lampadaires. Dans un râle, tu jures :

« Putain d’enfoiré de merde. »

Puis, tu t’autorises à rire. Ça te fait mal, mais tu t’en fous, tu trouves ça drôle.

« Désolé que tu aies eu à voir ça, Kaela. T’as été incroyable, je n’ai jamais vu Arthus tiré une gueule pareille !»

Ton regard se pose enfin sur elle. Tu vas relativement bien pour une personne à qui on vient de mettre la misère…

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Kaela Roy
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Elle ne l’avait pas gêné, bien au contraire, il l’avait suivie. Si la situation n’avait été dangereuse, Kaela aurait sûrement rougit. Rougit de ses mots, rougit de son contact. Mais elle voyait le jeu de la provocation, elle comprenait sa raison, son sens. Alors elle lui sourit, doucement, posant sa main libre sur celle du jeune homme contre sa joue ; avant de le laisser partir.

Minette. Il la prenait vraiment pour une enfant. Elle soupira doucement ; il n’était personne. Kaela ne lui laisserait plus ce pouvoir sur elle. Il n’était qu’un élément perturbateur dans sa soirée, rien de plus. Ma biche. Il recommençait, il recommencerai. Mais Arthus avait raison, elle ne pouvait pas tenter de faire quoique ce soit. Elle ne pouvait qu’attendre, que regarder. Et son amusement partait, tandis que sa frustration montait. Kaela n’y connaissait pas grand-chose en Bones mais il était évident que se mêler de ça ne lui attirerait que des ennuis. Et elle devait faire profil bas. Elle le savait. Et sa lutte débuta.

Ils se serrèrent la main. Les premiers coups partirent. Kaela avait reculé de quelques petits pas. Il ne fallait céder ni à l’excitation de l’action, ni à l’amusement de la soirée, ni à la frustration provoquée par Arthus, et encore moins à ses sens développés en alertes. Le bruit de chaque impact, l’odeur du sang, les battements de coeurs qui s’accélèrent.

Elle regardait la scène sans réellement la voir, tout allait vite et tout était ralenti. Son sourire avait disparu et ses yeux ne reflétaient plus d’émotions. Les personnes voyant son visage pouvaient se dire qu’elle était en état de choc, il n’en était rien. Elle était loin, dans son propre combat pour sa vie, pour sa liberté.

« Si je devais te donner un conseil, quand les données sensorielles deviennent intenables… Essaie de mâcher de la menthe poivrée. Ça atténuera les migraines. »



Luke !? Elle l’avait entendu. Les mots se répétaient en boucle dans la tête de la bâtarde. Elle eut un petit soupir, accompagné d’un petit sourire. Elle avait rencontré cet ange il y a déjà un sacré moment, elle ne l’avait jamais revu et elle ne voulait pas, mais c’était lui qui lui rappelait ce si bon conseil. Depuis ce jour, elle avait toujours sur elle une petite boîte en métal remplie de feuilles de menthe poivrée. Elle avait testé l’astuce quelques fois, c’était pas miraculeux, mais ça marchait suffisamment bien pour lui faire gagner un peu de temps. Kaela glissa sa main dans sa poche, et sortit deux feuilles du récipient froid. L’odeur fraîche de la plante entra dans ses narines, couvrant l’odeur du sang, tandis qu’elle commençait lentement à mâcher. Les sensations étaient si fortes qu’elles en étaient presque désagréables, mais elles la forcaient à s'ancrer dans la réalité.


Impact.


La tête d’Ezéquiel venait de rencontrer le mur. Ouch. Kaela retint une grimace. Elle ne savait pas trop ce qu’il s’était passé, mais le résultat final était sous ses yeux. Arthus s’acharnai inutilement sur l’homme au sol. Elle allait lever les yeux aux ciel mais un reflet attira son attention. La vision de la lame contre le cou d’Ez n’était pas plaisante. Elle scrutait l’assaillant, cherchant la moindre tension musculaire, le moindre indice qui indiquerait un passage à l’acte. Elle n’était pas en position pour bondir sur lui, mais elle était prête à le repousser avant même qu’il n’ait le temps d’atteindre le derme.

« Ca peut s’arranger. » lâcha-t-elle en croisant les bras, tandis qu’il libérait Ezéquiel. Kaela regarda la silhouette s’éloigner avec tout le mépris qu'il lui inspirait écrit sur son visage. Quand les ombres des squelettes ne furent plus visibles et qu’elle entendait toujours les pas s’éloigner, elle se concentra sur Ezéquiel.

Il rigolait. Kae eut un petit sourire intrigué. La tension et la frustration étaient descendues. Elle mâchouillai toujours sa menthe quand elle arriva en face de lui. Elle plia aisément ses jambes afin de se mettre à sa hauteur.

« Aller, montre moi ça. » La future médecin apporta sa main au visage du jeune homme, attrapant délicatement sa mâchoire, avant de repousser les mèches blanches recouvrant le visage abîmé. Elle l’observait avec intensité, concentrée sur la meilleure stratégie à adopter. Le regard habitué parcourut le corps endolori puis elle sortit un petit paquet plastifié de sa poche. Elle épongea le sang qui avait coulé sur la mâchoire et dans le cou de son date avant de se redresser.

« Je sais que j’en ai pas l’air mais je suis plus forte que ce que tu penses.. » Elle attrapa la veste d’Ez avant de reprendre. « Donc tu vas prendre appui sur moi, quitte à mettre tout ton poid si t’as besoin, ne m’épargne pas ; et on va bouger d’ici. » Son ton n’était pas impératif mais elle ne lui laissait pas le choix. Il était évident qu’il n’irait pas aux urgences, mais il fallait qu’elle puisse mieux voir son état.

Après l’avoir aidé à se redresser, elle plaça la veste sur ses épaules. Il avait sûrement chaud, mais elle ne pouvait pas lui faire risquer de faire de l’hypothermie. Kaela enlaça la taille d’Ez en plaçant le bras de ce dernier sur ses épaules. Elle le guida vers l’autre côté de la ruelle, qui était visiblement le chemin qu’il avait voulu emprunter.

« C’est quoi ton adresse ? » demanda-t-elle. Au moins, s’il tombait dans les vapes, elle saurait où l’amener.


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Encore un verre ?!


Tes pensées commencent à tourner dans le mauvais sens. Le coup que tu t’es pris sur la tête ne t’a pas fait du bien, tu le sens. Tu sens que tu chavires, que tu as encore du mal à réellement reconnecter. C’est amusant, les effets de ce genre de désagrément se font toujours sentir quelques minutes après l’évènement qui les déclenche. Ils ont un peu les mêmes effets que l’alcool sur toi : ils te rendent faible.  Ce n’est pas réellement une faiblesse physique dont il est question : si ton cerveau tournait rond, tu arriverais à y pallier.

Non. Ta faiblesse se traduit actuellement par une attirance décuplée pour la jeune bâtarde. Ses doigts fins qui caressent ta mâchoire, balayent tes mèches à la recherche d’une blessure. Elle te scrute minutieusement, ne voulant omettre aucune plaie. Cela t’offre une certaine proximité avec elle, que tu ne trouves pas désagréable. Son odeur chatouille une nouvelle fois tes narines, tiens, il ne t’a pas semblé remarquer cette touche mentholée quelques heures plus tôt. Tu adores la menthe, c’est un de tes parfums préférés en glace.

Tu repenses à tout ce qu’il s’est passé ce soir. Tu repenses aux allusions qu’elle a fait un petit peu plus tôt, à ces mots que tu as prononcés, explicitant une fin de soirée torique. Quelles ont été ses pensées lorsque tu es rentré dans son jeu ? Etais-tu sérieux ? Toi-même, tu ne saurais pas répondre à cette question, il semblerait bien que tes neurones ne soient pas encore suffisamment connectés pour y parvenir. Tout ce que tu sais, c’est que malgré cette rencontre hasardeuse, tu as encore une fois l’impression d’avoir passer du bon temps. C’est dangereux. Les Bones, qui entrent en contact avec une innocente. Enfin, innocente… Tu n’en sais rien, tout ce que tu sais, c’est qu’elle ne fait pas partie des Bones, mais qu’elle est dorénavant dans la ligne de mire de l’un d’entre eux. Arthus. S’il y a bien une personne que tu aurais aimé éviter, c’est bien lui. Il t’a agacé. Cette fausse proximité qu’il s’est imaginé avec elle, avec toi. Tout chez lui te gonfle profondément.

Des paroles. Plus forte que ce que tu penses. Tu ne penses rien, tu ne t’es pas avancé sur ce sujet. Tu ne la sous-estimes pas, tout comme tu ne la surestimes pas. Tu te contentes simplement de laisser couler, pour une fois, sans te poser de question sur la force physique de ta compagne. Tes yeux suivent les courbes de son corps. Il est compliqué de deviner si Kaela est sportive ou non. Enfin, tant qu’elle est habillée. Tu secoues la tête, priant pour que ce type de pensée disparaisse totalement de ton esprit. Tu ne veux pas laisser de place à ce genre de choses, tu veux prendre ton temps, tu veux te remettre de cette soirée, de toute cette agitation. Hein ? Comment ça Arthus ? Non, pas du tout ! Je parle du bousculement qu’a provoqué la rencontre avec celle qui deviendra bientôt un élément important de ta vie. Mais ça, tu ne le sais pas encore, ce sont mes super-pouvoirs de narratrice !  Tu parles de ces rougeurs qui manquent d’envahir tes joues à l’idée de l’observer de plus près. Tu parles de toutes ces petites réactions que tu n’as pas en temps normal, pour la simple et bonne raison que, pour une fois, la personne que tu as en face de toi t’intéresse. Ce ne sera pas un coup d’un soir comme toutes ces nanas que tu as pu ramener chez toi, ce ne sera pas une simple connaissance avec laquelle tu as échangé des banalités, et ce n’est pas non plus une personne que tu désires éloigner de toi pour la protéger. Étonnement, tu as le sentiment qu’elle est capable de te soutenir, d’affronter Arthus et ses pics au besoin.

Elle finit par se relever, attrape ton manteau qui se lève quelques mètres plus loin. A l’aide du mur, tu pousses sur tes jambes, et te redresses, Kaela se rajoute assez rapidement au mur, se proposant comme soutien physique. Tes gestes sont un peu maladroits, mais tu sens que tu vas réussir à te reprendre rapidement. A vrai dire, tu pourrais probablement marcher seul si vous attendez quelques instants de plus, mais tu apprécies l’idée de t’appuyer sur Kaela. Un petit peu plus de proximité… Tu es vraiment chelou ce soir, je ne sais pas si tu t’en rends réellement compte, tu me ferais presque peur. Je n’ai pas l’habitude de te décrire de la sorte, tu me fais sortir de ma zone de confort Ezequiel !

Son bras autour de ta taille. Ses mots à la fois doux et autoritaires, emplis de sonorités plus paradoxales les unes que les autres. Votre premier date… Vous n’êtes pas prêts de l’oublier, il restera marqué dans vos mémoires. Seulement dans les vôtres, tu aimerais éviter de parler des détails à Sam par exemple, elle pourrait s’inquiéter pour Kaela. Et peut-être t’en vouloir de l’avoir mis dans cette situation délicate. Pourtant, Kae n’a pas l’air de si mal le vivre que ça.
Vous commencez à avancer dans la petite ruelle. Fort heureusement, vous êtes à environ 5 minutes à pied de ton appartement. En comptant le fait que tu es un peu cassé, et dans les vapes. La voix de la jeune femme te tire de tes pensées, décidément, vous êtes connectés. Au moment même où tu commences à penser au trajet, elle te pose une question dans le même sujet.

« Au cas-où, ne t’en fais pas, je ne vais pas m’évanouir. J’ai vécu bien pire. La prochaine à droite, tout droit. J’habite au [insérer une adresse]. Il y a quelques étages à monter, normalement, l’ascenseur fonctionne. »

Tu parles beaucoup pour une personne qui n’arrive pas à aligner deux mots dans sa caboche.

« Ha oui. Je suis bordélique. Pour moi, mon appartement est relativement bien rangé en ce moment. Si tu es maniaque, tu risques de faire une crise dans la seconde. Et je suis juste rentré dans ton jeu tout à l’heure, ne vois pas ça comme un manque de ma part, ou une avance, ou je ne sais trop quoi…  Enfin si, je te fais clairement des avances plus ou moins sous entendus, mais celle-ci, c'en n'était pas une !»

Tu dis n'importe quoi. Tu secoues une nouvelle fois la tête, ta langue claque, signe d'agacement. Paroles aussi aléatoires que ton schéma de pensées.

Tu te reprends. La lueur inquiète qui allumait jusque là ton regard est rapidement remplacé par une nouvelle touche d’amusement. Le grand Ezequiel Curtis est de retour, prêt à mordre à nouveau ! Tu as besoin d’une clope. Cette envie se réveille en même temps que la reconnexion de tes neurones. Tu regardes autour de toi, cherchant à t’ancrer dans la réalité. Tu passes une main dans tes cheveux. Tu te fais moins lourd, tes jambes te portent mieux. Ton corps se réveille doucement mais sûrement. Tu rajoutes avec un faux air innocent (ton regard ne dupe personne, le jeu recommence.) :

« A moins que ce soit ce que tu désires, auquel cas on peut s’arranger~ »

Tu n’as toujours pas atteint ses limites, tout comme elle n’a toujours pas effleuré les tiennes. Vous n’avez pas encore atteint vos buts respectifs, et c’est inadmissible. Tu retiens un rire. Vous tournez, avancez sur la ligne droite. Tu désignes du doigt un immeuble. Tu sors tes clefs, qui comportent le badge qui te permet de pénétrer dans l’enceinte. Tu le poses contre le petit appareil, un signal sonore vous annonce l’ouverture de la porte. Vous vous dirigez vers l’ascenseur. Tu te sépares de Kaela, tu peux marcher tout seul. Certains soirs, tu es allé chez Andrew dans des états bien plus minables que celui dans lequel tu es actuellement. Arthus a franchement été petit joueur face à certaines des personnes que tu as affrontées. Tu appuies sur le petit quatre, les portes se ferment rapidement. Certaines de ces machines ont deux de tension, avec celle-ci, il vaut mieux faire attention à son derrière : c’est tout le contraire. Les grands pants en métal coulissent, et tu t’engouffres dans le couleur en boitillant légèrement.

« Merci de m’avoir aidé Kae. »

Tu lui lances un petit sourire, sincère et simple. Ça te touche qu’elle ait été inquiète pour toi, et qu’elle cherche déjà à prendre soin de ta petite tronche. Décidément, que ferais-tu sans ces petits bouts de femmes ? Ta sœur te porte à bout de bras, cherchant désespérément à ralentir ta chute. Kaela a fait un peu pareil, ce soir. Vous arrivez face à la porte verte. Du mauvais goût, mais ce n’est qu’une porte. Tu insères la clef dans la serrure, tournes deux fois, et pousses la porte. Tu évites de faire des gestes trop amples : ton ventre est encore très douloureux.

Ton appartement est réellement dans un état plus que raisonnable. Pour être tout à fait honnête, tu ne savais pas comment allait se terminer cette soirée, alors tu as limité un peu les dégâts. Encore une fois, tu l’as fait sans arrières pensées. Tu habites juste bien plus près du restaurant qu’elle, selon le degré d’alcoolémie qui allait parcourir votre sang, il y avait un monde dans lequel elle dormait chez toi dès le premier soir.

« Bienvenue dans mon humble demeure, gente demoiselle. »


Tu pénètres dans ton salon, et te diriges immédiatement dans le canapé. Tu peux marcher, mais faut pas déconner non plus, tu préfères t’économiser un peu pour le moment.

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Kaela Roy
Kaela Roy
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Elle

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Occupation :
Obsessed with Ezequiel Curtis || 6ème année d'étude de Médecine || Externe à l'hôpital
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Elle s’attendait à ce qu’il lui résiste un peu plus, mais il n’en fit rien. Il ne broncha pas et la laissa le soutenir. S’il n’était pas blessé et sonné, mais simplement bourré, elle l’aurait lâché avec un petit « ok bad boy » avant de se moquer. Mais ce n’était pas la situation dans laquelle ils se trouvaient, malheureusement. Il avait peut-être vécu pire, mais il devait avoir oublié que son rendez-vous était avec une étudiante en médecine qui travaillait actuellement aux urgences. Il lui était impossible de ne pas prendre son état au sérieux. S’il lui restait de l’alcool dans le sang, elle n’en ressentait plus les effets. Tout était redescendu.

Kaela eut un sourire amusé. Il déblatérait ses pensées sans y réfléchir. Elle avait tendance à faire la même chose quand elle paniquait ou avait trop bu et ne voulait pas gêner. Elle connaissait l’agacement que cela procurait au blessé. Elle dû retenir un rire quand le claquement de la langue résonna dans l’air frais de la nuit. Ses doigts pressèrent légèrement la taille d’Ez, tentant vainement de le rassurer. Elle avait simplement agi, sans réfléchir à si oui ou non c’était la bonne chose à faire.

Elle sentait le poid sur ses épaules s’alléger lentement mais sûrement. Il reprenait peu à peu le contrôle de son corps - et probablement de son esprit aussi. C’était une bonne chose, il allait bien, mieux. Les mots plein d’assurance la firent rire doucement. Ezéquiel voulait à nouveau jouer. Elle lâcha un soupir faussement contrarié, tel un parent agacé par le comportement d’un enfant.





Leur séparation physique, en bas de l’immeuble, laissa un vide. Malgré ses épaules soulagées du poid d’Ez, Kaela ressentait surtout l’absence de chaleur. Elle s’y était habituée bien trop vite. Elle restait cependant proche du jeune homme, prête à l’attraper au moindre souci, même si elle essayait de ne pas trop le lui montrer. Cette précaution était inutile puis le Curtis atteignit son canapé avec succès.

« Tu pourras dire merci quand j’aurai fini. »

La jeune femme jeta un rapide coup d’oeil autour d’elle, non pas pour juger la déco ou le bordel mais pour trouver la salle de bain et la cuisine. Elle se dirigea dans cette dernière et jeta le mouchoir de sang qu’elle avait enfoui dans sa poche avant d’ajouter les pauvres bouts de feuilles de menthe massacrées par ses molaires. Elle détestait les garder en bouche plus longtemps que nécessaire mais ce soir, elle n’avait pas eu le choix. Elle vérifia également s’il possédait des glaçons, ou n’importe quoi de congelé en fait. S’il fallait mettre des nuggets dans un torchon pour calmer un gonflement, elle n’hésiterait pas.

« Je me permets. » annonça-t-elle en se dirigeant au niveau du placard de la salle de bain, celui du lavabo, là où tout le monde range son kit de premiers soins. Un peu plus détendue et joueuse, elle reprit : « C’est pas comme si tu pouvais m’en empêcher. »

L’eau froide rencontra la peau tâchée de sang. Le savon retira les tâches et autres saletés pouvant infecter une plaie. Elle sécha rapidement ses mains avant d’attraper la boîte et de retourner dans le salon. Elle enleva sa veste et s’installa à côté de lui, ouvrant le contenant.

« Tu sais, si tu voulais jouer au docteur, fallait me le dire directement, t’avais pas besoin de te mettre à ce point là dans le rôle… » D’un oeil avisé, elle fit un rapide inventaire ce qu’elle avait à disposition pour le soigner. « Tu veux de l’aide pour te désaper ou …? » Son ton était de nouveau joueur, et l’amusement avait rejoint ses yeux ; tandis qu’elle lui lançait un petit regard en coin.

Elle rigolait mais elle ne comptait pas le laisser s’en sortir sans avoir désinfecté ses plaies et vérifié son état général. Le ventre étant le plus inquiétant. Les doigts habiles se glissèrent le long du tissu de la veste - qui avait miraculeusement tenu jusqu’à présent - et Kaela l’attrapa avant de la faire voler jusqu’à la sienne. Elle attrapa le premier bouton de la chemise mais ne le défit pas, et d’un mouvement rapide, sa bouche rejoignit l’oreille d’Ezéquiel : « Cela dit je peux commencer par ton visage et tes mains… »


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