Tu lui as envoyé des signaux contradictoires. Tu en as totalement conscience… Ou pas, tu ne sais pas trop enfaite. Tu ne cherches pas à contrôler tes réactions, ni tes paroles, tu dis ce que tu penses comme ça te vient. Et vu que vous changez de mood toutes les deux minutes, c’est un peu compliqué de tenir un discours logique et continu.
« Eh bien je suis ravi que ce soit ceux-là que tu aies préféré~ »
Tu n’en peux plus de sourire, mais tu n’arrives pas à faire autrement. Condamné au bonheur ce soir, quelle terrible destinée ! Sa main se dépose doucement sur la tienne, il n’est même plus question de jeu, simplement de vous deux, le toucher. Vous vous découvrez, pas si doucement que ça, vous dévorant du regard mutuellement. Le toucher. Ses lèvres contre les tiennes. Ses jambes, sa main. Tu veux tout découvrir, maintenant. Ou plus tard ? Tu te perds. Tu réfléchis trop, encore une fois !
Elle en veut d’autres. Bordel, c’est réellement possible de sourire plus que tu ne le fais. Un petit rire. Tu la suis rapidement. Et dire que vous n’avez même pas réellement bu, qu’est-ce que ça aurait été si vous aviez été sous l’emprise de l’alcool ? Sa main se glisse sur ton torse. Tu as envie de fermer les yeux, pour te concentrer un maximum sur ses mains qui parcourent ton corps, sur la sensation que ça te procure, mais tu n’es pas encore prêt à rompre le contact visuel. Tu la regardes, sans trop oser la toucher. Elle ne semble pas être une enfant de chœur, mais tu continues de craindre d’aller trop vite.
« Mais ça me va très bien. »
Elle confesse que ce monde aussi est nouveau. Comment sera-t-il, ce monde que vous pourriez construire ensemble ? Sera-t-il plat ? Circulaire ? Sera-t-il tangible dans vos esprits ? Vous accorderez vous sur une vision commune ? Doucement Ezequiel, tu vas trop vite en besogne là ! Elle remonte sa main à ton cou, puis attrapes ta nuque, t’attirant toujours un petit peu plus contre elle. Vos lèvres se rencontrent une énième fois, te remplissant un petit peu plus de joie. La comparaison est horrible, mais y’a pas à dire, ça n’a rien à voir avec le taf ! Son autre main caresse ta joue. Sa tendresse… Son sourire, ses baisers, tout ça, tu y es déjà accro. Vos fronts sont collés l’un à l’autre, tu entends son souffle, tu distingues son sourire. Tu entends le rythme de ton cœur sans réussir à savoir s’il bat vite, ou lentement. Tout est si confus…
Sa requête te tire un sourire. Toi aussi, tu aimerais que le temps s’arrête. Que vous restiez bloqué l’un avec l’autre, loin de tous les soucis du quotidien. Loin des Bones, loin de toutes les inquiétudes, loin de son si grand secret. Une petite bulle de bonheur : vous n’avez suivi aucunes règles ce soir, tu t’es livré à elle comme tu ne l’as jamais fait avec qui que ce soit. Tu l’as embrassé comme tu n’as jamais embrassé qui que ce soit, tu lui as confié des sentiments qui sont plus authentiques qu’ils ne l’ont jamais été.
Mille merci à ta sœur, définitivement. Elle te vole un rapide baiser, puis t’enlaces. Tu n’es vraiment pas habitué à autant de tendresse. C’est compliqué de se l’avouer, mais ta sœur et toi n’y avez jamais eu le droit… C’était loin de vous tout ça, et surtout de toi. Mais c’est par choix : tu t’es volontairement éloigné des personnes qui auraient réellement pu t’apporter un soutien stable et sain. Tu as du mal à imaginer que tu le mérites… Tu la sers dans tes bras.
« J’allais te poser la même question… J’aurais bien aimé, mais je crois bien que nous sommes condamnés à devoir nous revoir pour perpétuer ce genre de moments… ! »
Tu n’as aucune envie de la lâcher. Une part de toi veut recommencer à jouer, à être plus dynamique. L’autre veut simplement profiter de ce moment, continuer de l’embrasser… Tu passes une main dans ses cheveux, en profites pour dénouer quelques nœuds : ça te rassure, elle est humaine, ses cheveux sont capables d’avoir des nœuds. Cette pensée te tire un sourire. Tu as l’impression d’être stupide tant tu es heureux. Tu perds le contrôle sur la situation, et c’est agréable. Tu lâches un petit rire, puis déposes un baiser sur sa joue, puis un deuxième. Tu as réellement des bouffées d’affection là ? Un soir. Il vous a fallu un soir. Qu’une seule personne ose me dire que vous n’étiez pas fait l’un pour l’autre, et je lui envoie Scarlet dans la face. Seulement quelques heures, et voilà que tu as tous les symptômes du mec amoureux. Tu me surprends, Ezequiel. Je ne t’aurais pas pensé capable d’autant de lâcher prise ! Tu as envie de lui demander tant de choses… De lui promettre tant de choses, ouais en bref, tu as envie de tout sauf de prendre ton temps. Tu vas cesser de changer d’avis, même moi je commence à me perdre !
Ta chère voisine doit enrager. C’est satisfaisant d’y penser, mais tu ne veux pas y penser trop longtemps non plus. Tu ne sais pas trop ce que tu as envie de faire à l’heure actuelle… Tu relâches la pauvre femme que tu enfermais dans une étreinte, et prends un peu de recul pour l’observer, ta main caressant ta joue. Qu’a-t-elle vécu dans sa vie ? D’où vient-elle ? Quelles blessures conserve-t-elle en elle ? Tant de questions sans réponses. Tant de questions auxquelles tu espères trouver des réponses un jour ou l’autre.
Quel monde espère-t-elle découvrir avec toi ? Avec un être aussi minable que toi ? Non, Ziel, ne commence pas à douter, tout allait si bien. Bouge si tu en as envie, reste sur place sinon. Profite simplement de ce moment, ne te laisse pas perturber par tes démons, ne les laissent pas pénétrer cette bulle. Même moi, j’arrive à me sentir de trop, alors eux, ils n’ont vraiment rien à foutre là.
Tu ne sais même plus à qui c’est de poser la question, et tu t’en fiches. Tu l’embrasses une nouvelle fois, d’une manière bien plus douce que le dernier baiser que tu lui as offert. Puis tu la soulèves, et te mets à la porter dans ton appartement, la faisant virevolter. Plus aucune gêne entre vous, c’est terrible.
Tu la relâches, passes un doigt contre sa mâchoire, la caressant doucement. Un nouveau baiser. Rapide, bref. Tu commences à ne plus tenir en place : tu as envie de tout faire avec elle, tu te sens pousser des ailes. Des ailes que l’on t’a pourtant coupées bien trop tôt. Tu as envie de faire des choses. Quoi, tu n’en sais rien, mais une chose est sûre : tu en as envie ! Tu as envie de sautiller sur place comme un enfant.
« Je craignais que la voisine finisse par nous tirer dessus si on restait trop près de la fenêtre ! »
Pew pew. Exactement comme ça. Tu souris, retenant un rire, mais ayant du mal à retenir le ton excité que prend ta voix, sans que tu ne puisses réellement le contrôler. On dirait un chien heureux de retrouver son maitre.
« Tu as envie de faire quoi ? J’ai besoin de bouger un peu, j’vais exploser sinon ! Faisons une activité, n’importe quoi, ce que tu veux, je m’en fiche ! »
